Chapitre 17

La lune au plus haut dans le ciel, je n'ai que peu dormi depuis mon escapade dans la forêt, toutes sortes d'idées se bousculent dans ma tête et me maintiennent éveillée. C'est étrange, la sensation qui ne me quitte pas depuis ma dernière nuit dans cet hôpital. J'ai la certitude que tout ceci à un sens, bien que je n'en ai point trouvé concernant l'existence surnaturelle, et mes cauchemars sont eux aussi une réalité inexpliquée. Je suis terrifiée, mais ce qui me fait le plus peur est de ne pas savoir, de vivre ainsi le restant de mes jours sans comprendre. Et tout cela me ramène à penser à la jeune femme de l'hôpital. Je ne rêvais pas lorsque je l'ai vue, mais j'étais pourtant bien la seule à la voir. Même si j'aurais pu avoir un doute sur sa réalité, j'ai vu son dossier. Cette femme est morte et elle m'a amenée à chercher ces dossiers. Maintenant c'est le sentiment qu'Élias et probablement les autres loups sont en danger qui plane, et j'ai beau y réfléchir, je ne trouve pas de lien avec tout le reste. Je n'ai sûrement pas tous les éléments de réponse, et je reste persuadée que si je trouve ce qui m'arrive, j'arriverai à savoir ce que cela signifie.

Je suis bien décidée à me ressaisir, ne plus craindre ce qui pourrait encore me surprendre, trouver des réponses, et je n'y arriverai pas si je persiste à avoir peur.

Je repousse les couvertures afin de sortir de ce lit, et ouvre discrètement la porte de ma chambre. Le long couloir est silencieux mais je perçois quelques lueurs de lumière dans les escaliers, je descends en priant pour pour qu'il n'y ait personne. Il n'y a aucun bruit, seules les grandes baies vitrées laissant place à la lumière de la lune.

Il me faut des informations, mes sources les plus proches sont dans cette macabre bibliothèque. Bien que les livres doivent probablement traiter pour la plupart de la lycantrophie, je n'ai rien à perdre à regarder tout de même. Je vais jusqu'à celle-ci avec l'espoir de trouver un semblant de réponse, la lumière allumée, je fais face à un nombre incalculable d'ouvrages. Je ne me souviens pas qu'il y en avait autant, j'étais bien trop occupée par le loup qui m'accompagnait.

Un long soupir s'échappe de mes lèvres, je vais en avoir pour longtemps. Je m'avance à travers les livres, l'odeur du papier emplit mes narines, j'attrape divers ouvrages, parlant des loups évidemment mais aussi de créatures diverses, mes bras sont encombrés. Je m'assois dans un coin sur le sol prête à me plonger dans une longue lecture.

Les légendes sur l'origines des loups ne manquent pas à l'appel. Certains disent qu'ils doivent leur existence aux dieux, d'autres à la science ou encore au hasard, il n'y a pas vraiment d'explications, mais est-ce bien différent pour les hommes ? Cependant, plus je m'enfonce dans ma lecture plus les loups garous m'apparaissent comme des créatures fascinantes, effrayantes certes, mais passionnantes. Il est presque impossible de devenir un loup par la morsure, et dans le cas où ça arrive, il devient fou. Ils ressentent les émotions beaucoup plus intensément que nous, ce qui explique parfois leur manque de contrôle, il leur faut apprendre tout au long de leur vie pour parvenir à un contrôle presque parfait. Certains en revanche s'abandonnent totalement à leur instinct animal, et ils demeurent donc en loup jusqu'à la fin.

Dire que je pensais ressentir tout plus que les autres, je n'avais pas idée que ça pouvais être pire. Il n'y pas que la force chez eux qui sont décuplés et si quelqu'un pouvait douter de leur manque d'émotions, ce que je viens de lire pourrait démentir leurs dires. C'est incroyable.

Je tourne la page suivante.

- La transformation des loups, lis-je à voix haute. Celle-ci peut surgir à n'importe quel moment, de la journée et de la nuit, tout dépend du contrôle qu'ils ont sur eux même. La lumière de la lune les pousse néanmoins à se transformer, et à ce moment, leur instinct animal peut prendre le dessus. Lors de la pleine lune, il devient bien plus difficile de ne pas se transformer.

Donc les légendes ne comptent pas que des âneries.

- La première transformation est extrêmement douloureuse, poursuis-je. Bien que la douleur s'atténue au fur et mesure que celles-ci se répètent, elle ne disparait jamais complètement.

Ils sont condamnés à avoir mal tout au long de leur vie. J'ai un soudain pincement au cœur, et une image d'Élias en train de se transformer me traverse l'esprit. Et savoir que cela lui fait mal est loin de me réjouir, même pour Jake. Je pense que toute personne ou créature quelle qu'elle soit n'a pas à souffrir. Si elles sont capables d'empathie, de gentillesse, si elles ressentent les choses...

Je fronce les sourcils lorsque j'aperçois le titre de la page suivante.

- Les âmes soeurs, lis-je perplexe.

C'est étrange. Tout le monde a entendu parler de ça, le coup de foudre, l'amour de notre vie. Et bien que beaucoup semblent s'accrocher à cette belle illusion, je n'ai jamais fais partie de ces personnes là. C'est trop beau pour être vrai. Loin de moi l'idée de critiquer ceux qui y croient, tant mieux pour eux, ils ont plus de foi que moi, mais je suis quelqu'un de trop réaliste et pessimiste pour ça.

- Chaque loup en possède une, continué-je. Une âme à qui se lie la sienne pour le restant de sa vie, un sentiment unique qui naît à partir du moment où il croise le regard de son âme soeur. À partir de ce moment là, le loup ne peut plus vivre sans elle. Les sentiment ressentis à son égard sont inégalés, le besoin d'être avec cette personne en permanence est presque vital. Si l'une des deux âmes soeurs venait à disparaître, l'autre mourrait de chagrin. C'est pour cela qu'on parle d'âmes soeurs. Elles sont indissociables. C'est probablement la chose la plus importante qui peut arriver dans la vie d'un loup bien que celle-ci soit rare à trouver. Si cela concerne deux loups, chacun des deux sera capable de ressentir ce que ressent l'autre, le phénomène accentué après le marquage. Cependant, s'il s'agit d'un loup et un être humain le processus est plus compliqué. Le loup est capable de tout ressentir, mais l'être humain se limite à une forte attraction, rendant l'acceptation plus dure.

Je nage en plein délire, mon coeur est serré sans que je sache pourquoi. Et si c'est ce qui était en train de se produire ? Non, aucune chance, ce n'est qu'une légende comme pour nous les hommes. Je ferme brusquement le livre. Ce n'est pas parce que les loups garous existent que je dois me mettre à croire en tout et n'importe quoi.

J'ouvre un nouveau livre et me replonge dedans.

« Au fil des siècles, diverses créatures ont été répertoriées. À l'origine des légendes les plus anciennes, il en existe de moins en moins. Parmi elles, se distinguent ce qu'on appelait des sorcières. Personnes ayant le contrôle de la magie, on a longtemps cru que seules les femmes pouvaient avoir de telle capacités, mais hommes se sont révélés simple minorité. Des milliers de femmes ont été brulées, sur de fausses accusations pour la plupart, et d'autres non. On s'est fait de fausses idées sur leurs pouvoirs, un grand nombre pensait qu'ils étaient dangereux, on parlait de magie noire, sorcellerie. Or, leurs capacités étaient très limitées et se résumaient à une particularité, la guérison, la prémonition... Les sorciers n'entraient pas dans la catégorie "dangereux" contrairement à ce que l'on pensait. »

***

- Bryséis ?

Je me redresse en sursaut, les yeux maintenant grands ouverts. Je me suis bel et bien endormie sur le sol avec pour oreiller un de ces livres. Elias est debout non loin de moi, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Les bras croisés contre sa poitrine, il suit de ses yeux mes mouvements, et je me sens terriblement embarrassée. Le loup est déjà habillé, mais ses cheveux en bataille sur le haut de sa tête m'indiquent qu'il n'est pas debout depuis longtemps. Mon coeur bat plus vite que la normal en sa présence, c'est affolant. Son regard me brûle la peau, je suis partagée entre le fait que je veux qu'il détourne les yeux et celui, au contraire, qu'il continue à me regarder ainsi, et qu'il ne s'arrête jamais.

J'ai l'impression de ne plus le voir comme hier, j'ai un regard neuf sur lui, sur ce qu'il est. Et si ces derniers temps ce que j'ai ressenti le plus envers lui est de la peur, ce n'est plus le cas maintenant, enfin presque...

Le silence pèse, je me rends soudainement compte que je le fixe depuis une bonne minutes sans rien dire. Je détourne vite les yeux et me racle la gorge en espérant camoufler mon malaise.

- Il est quelle heure ? demandé-je d'une voix enrouée.

- Presque neuf heures.

Je suis restée là pas mal de temps, je le ressens dans tout mon corps engourdi, douloureux. Il y a facilement une dizaine de livres autour de moi.

- Tes recherches ont été intéressantes ? s'enquiert le loup.

- Ou-oui, bégayé-je, je vais ranger tout ça...

Un ricanement s'échappe des lèvres d'Élias.

- Détend toi Bryséis, je ne vais pas te manger, se moque t-il.

Je tourne expressément la tête vers lui, le loup me fait un clin d'oeil moqueur, accompagné de son éternel sourire taquin sur les lèvres.

- C'est censé me faire rire ? raillé-je.

- En théorie.

- Crétin.

Ma remarque n'a que pour seul effet de le faire rire encore plus. Mon cœur se réchauffe. Il est toujours le même que j'ai rencontré, incroyablement arrogant et prétentieux, mais charmant d'une certaine manière. Un sourire s'étend sur mes lèvres.

- Elias, hésité-je, je suis désolée je n'aurais pas dû te parler ainsi la dernière fois. Je sais que tu essaies de m'aider et de faire en sorte que je me sente bien... J'ai juste besoin de temps.

 Son regard de braise posé sur moi, je n'ose plus bouger ni dire un mot de plus de peur de briser cet échange. Je me sens enveloppée dans une douce chaleur, une sensation réconfortante, quelque chose que je ressens que peu souvent, tout ça par le seul fait de son regard.

- Je ne t'en veux pas Éys,  me rassure le loup.

" Éys". L'effet de ce surnom n'est pas des moindres, j'ai eu bien des surnoms avant mais aucun n'a eu cet effet là. Mon coeur rate un battement, cette attention me fait plaisir. Je ne peux définitivement pas condamner quelqu'un de si compréhensif et de patient.

- Viens manger quelque chose.

Elias tend sa grande main vers moi. D'abord hésitante, je prends une grande inspiration avant de glisser mes doigts entre les siens. Un long frisson court le long de ma colonne vertébrale, la chaleur de sa paume se propage dans la mienne et mon coeur s'emballe. Mes yeux sont bloqués sur nos mains liées, je me sens soudainement intimidée par son regard. Il tire mon bras avec force et douceur à la fois et en un rien de temps, je suis sur mes deux jambes. Je fais face à son torse et je suis contrainte de lever mes yeux jusqu'aux siens. La distance entre nous est faible, ma poitrine touche presque la sienne, son souffle chaud s'abat sur mon visage, je suis plongée dans ses yeux noirs. J'ai l'impression de ne plus être capable de respirer, mon coeur cogne de plus en plus fort contre ma poitrine, je ne peux pas me détourner de lui à cet instant précis. C'est effrayant et à la fois troublant de savoir qu'on est capable de ressentir une telle chose, bien que je ne sache pas ce que c'est exactement. Est-ce qu'il ressent la même chose en ce moment ? Je n'ose pas imaginer ce que ça doit être pour lui si c'est la cas, d'après tout ce que j'ai lu, ses émotions et sentiments sont décuplés. Je frôle à peine la sensation que lui doit avoir.

Qu'est-ce que je suis en train de faire ?

J'enlève ma main de la sienne et baisse les yeux.

Je le sens s'éloigner de moi, mais je ne peux pas relever la tête. Je dois probablement rougir comme une tomate, la situation est bien assez embarrassante comme ça.

- Il est temps de monter, déclare-t-il d'une voix grave.

J'acquiesce et le suis sans prononcer un mot. Mon coeur peine à se calmer, je reprends enfin ma respiration. Je suis complètement perdue, comme depuis le premier jour où je l'ai vu. Je me demande encore et encore comment c'est possible de ressentir ça ?

Je suis Elias jusqu'à la cuisine, il y a déjà quelqu'un assis sur un des tabouret autour de l'îlot central, qui se retourne vers nous lorsque l'on s'approche. Jake.

- J'ai presque cru que tu étais morte ! s'exclame t-il. Tu vas bien ? Tu nous as fait une belle frayeur hier soir.

J'avais oublié pendant un instant ce détail.

- Je vais bien, fais-je monotone.

Je ne vois pas ce que je peux dire d'autre, ayant peu d'informations sur ce qui m'arrive je n'ai pas d'élément de réponses. Il ne semble pas convaincu par ma réponse, je le contourne pour venir m'asseoir en face de lui. Élias me suit de près, s'installant à coté de moi.

- Tu te souviens de ce qui s'est passé ? m'interroge Jake.

- J'ai fait un cauchemar.

- Les cauchemars ne provoquent pas une telle chose ! s'énerve t-il.

- Jake, réprimande froidement Élias.

Il lance un regard noir à son ami qui soupire.

- Il nous faut des réponses Elias, tu le sais. Surtout si on doit avoir ces psychopathes à nos culs !

- Mais il n'est pas nécéssaire que tu lui parles sur ce ton.

Étonnée qu'il prenne ma défense face à son ami, je sens mes joues rougir, ma tête se baisse automatiquement. Jake se tait, le regard noir de son ami aura eu raison de lui, un silence gênant s'installe.

- De qui tu parles ? demandé-je en me raclant la gorge.

- Des personnes qui t'ont retenue à l'hôpital, soupire Elias.

- Je suis désolé Bryséis, mais on a besoin de savoir ce que tu sais, ce qui se passe, dit Jake.

Ces personnes en ont vraiment après eux à cause de moi ? Parce qu'ils m'ont sauvée ?

- Ils en ont après vous...?

- Ouais, disons qu'ils n'aiment pas qu'on se mêle de leurs affaires, marmonne Jake.

Mon inquiétude n'échappe pas à Elias. Il pose une main sur mon épaule m'incitant à tourner la tête vers lui. Son regard plein de douceur, il tente un léger sourire en espérant me rassurer mais ce n'est pas le cas. C'est de ma faute.

- Ne t'inquiète pas, nous sommes en mesure de nous défendre, assure Élias.

- Devons-nous te rappeler qui nous sommes ? rit Jake.

Mes yeux se posent sur lui. Des loups garou, je ne le sais que trop bien. Un autre soupir sort de mes lèvres. Dès qu'une chose s'arrange, une autre revient me pourrir la vie. Le loup à côté de moi lance un nouveau regard noir à son semblable avant de se tourner vers moi.

- Il faut que tu nous dise ce que tu sais Bryséis, insiste Elias.

J'avale difficilement ma salive, tout ce que je fais c'est causer des problèmes, sans réponses je ne peux leur apporter mon aide. Le poids sur ma poitrine se fait de plus en plus pesant et l'horrible sensation que tout s'écroule sous mes pieds sans que je ne puisse l'en empêcher est insupportable. Il est impératif que je trouve des réponses.

- C'est ça le problème... murmuré-je.

Je relève les yeux vers Elias, ses sourcils sont froncés, les traits de son visage peinent à masquer son inquiétude.

- Je ne sais rien.

***

Les deux loups m'ont laissée m'éclipser dans la salle de bain afin d'entretenir une conversation entre eux, j'en ai donc profité pour prendre une douche et m'habiller. Je suis bloquée devant le miroir, et bien que je paraisse beaucoup moins pâle et fatiguée, mon manque d'alimentation se voit toujours. Je le ressens tous les jours, je me sens faible, mes jambes ne sont plus aussi stables qu'avant. C'est bien sur ça que je pouvais compter avant. Peu importe ce qui se passait, mes jambes étaient capable de m'emmener jusqu'au bout du monde. J'espère avoir la force de les retrouver mais je vais avoir besoin d'aide.

Je sors enfin de la salle de bain.

Elias est dans la chambre, à l'embarrure de la porte, il se redresse aussitôt.

- Je suis vraiment curieux de savoir ce qu'on donné tes recherches, avoue t-il.

- Pourquoi ?

- Tu sembles différente aujourd'hui, plus disposée à écouter.

Elias fait finalement quelques pas dans la chambre.

- J'ai appris certaines choses en effet et je pense que je ne devrais pas faire l'erreur de juger trop vite uniquement parce que je suis confrontée à quelque chose d'inconnu.

Je soutiens son regard pour essayer de lui prouver mes dires, que je n'ai pas peur, du moins plus autant qu'au début.

- Je vous laisse le bénéfice du doute, mais j'ai besoin de temps et d'espace, déclaré-je gentiment.

- Je comprends. Néanmoins avec le danger qui pèse sur toi, je crains de ne pas pouvoir rester très loin, me prévient-il.

C'est vrai que des "psychopathes", comme les nomme Jake, sont à mes trousses, du moins c'est ce que je suppose.

- D'accord mais il est hors de questions que je reste plantée là sans rien faire, il me faut des réponses sur ce qui m'arrive, fais-je catégorique.

Je serais stupide de refuser la protection d'un ou deux loups sachant ce qui se trame, je suis faible à côté d'eux, je ne fais pas le poids. Cependant il n'est pas questions qu'ils agissent seuls. Ce n'est pas négociable.

- Et je t'aiderai à les trouver ces réponses, Bryséis.

Je lui offre un léger sourire. Me voilà légèrement rassurée. Je n'y arriverai pas seule, ce monde m'est inconnu et je ne serai pas capable de traverser ça en solitaire, sans lui. 

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Voilà un dix-septième chapitre très important pour la suite et j'espère qu'il vous plaît autant que moi j'ai aimé l'écrire ! 💕

Qu'est-ce que Bryséis va faire de ces informations ? Va-t-elle en apprendre plus sur elle même ?  La suite arrive prochainement ne vous inquiétez pas 🙏🏼

Je voulais vous dire aussi que j'ai créé un compte Instagram pour faire connaître mes histoires et pour vous, pour que vous puissiez être au courant de mon avancée dans les chapitres, des nouvelles et pour qu'on puisse mieux communiquer 😁 Ce dernier point est important pour moi, j'aimerais échanger avec vous sur mes histoires pour m'améliorer et ainsi mieux vous connaître 💕 Donc si vous aimez mes aventures, n'hésitez pas à aller suivre ce compte : gagou29_watty

Je vous remercie pour tout, n'hésitez pas à me donner votre avis !

Bisous ❤️

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