Chapitre 16

J'ai suivi Elias dans les recoins les plus sombres de sa propriété, hésitante certes, mais je l'ai fait pour tout avoir des réponses. Nous avons donc emprunté une porte dissimulée sous les escaliers qui débouchaient sur d'autres marches. Je suis donc au milieu de ce qui s'apparente le plus à une bibliothèque, des livres de tout âge sont entreposés sur les étagères, et une malle est cachée dans l'obscurité de la pièce qui a une table en son centre. Cette pièce est un cliché à elle seule, j'ai l'impression d'avoir remonter le temps et d'être dans un repère de sorciers.

Lui, il n'a pas bougé, il n'a pas lâché ses yeux de moi. J'essaie de ne pas y prêter trop d'attention, il me déstabilise autant qu'il me rend mal à l'aise. Le plus étrange c'est que j'apprécie sa présence, du moins mon corps semble inévitablement attiré par lui. Le silence devient tout de même gênant, alors même si jusqu'à présent j'évitais son regard, je bloque mes yeux dans les siens, juste le temps qu'il faut pour capter son attention. Inutile de s'attarder sur son regard, sachant ce que cela provoque chez moi je veux éviter ça le plus longtemps possible.

- Alors...? fais-je hésitante.

- Tu trouveras toutes les réponses dont tu as besoin ici, fini par déclarer Élias. Je vais t'expliquer les grandes lignes de mon histoire, l'histoire des personnes comme moi.

- Pourquoi m'avoir emmenée ici pour ça ?

Il fait quelques pas dans la pièce, les yeux rivés sur les ouvrages.

- Tu sais maintenant où tu pourras te documenter dans le cas où tu voudrais plus d'informations (il se tourne vers moi), je n'ai rien à cacher Bryséis.

- Tu m'as menti pourtant, tranché-je.

- Comment aurais-je pu m'y prendre autrement ? ricane t-il. Tu aurais bien réagi si je t'avais dit la vérité dès le début ?

Non, certainement pas. Je lui aurai ri au nez, parce qu'il y a de ça un mois, je n'y aurai pas cru. Qui aurai pu?

- J'ai voulu t'éloigner de tout ça Bryséis, souffle t-il, mais j'ai échoué.

Mes sourcils se froncent. C'est donc pour m'éloigner qu'il s'est ainsi comporté au début ? 

- Pourquoi voulais-tu tant m'éloigner ?

Elias soupire.

- Mon monde n'est jamais bon pour les humains, il n'est pas sans danger, dit-il simplement.

Je hoche la tête, il est vrai que nos différence de forces nous mettent en position de faiblesse, en cas de différend ça peut s'avérer dangereux. 

- Depuis combien de temps vous s'exister ? Quel est vôtre origine ? 

- Les loups sont là depuis le début, on a toujours été là, commence-t-il. Nous avons vécu pendant des décennies auprès des hommes. Il y a plusieurs légendes différentes en ce qui concerne notre apparition, certaines parlent de déesse, d'autres de virus mais ce n'est pas ce qui importe le plus, nous sommes là. Toutes les histoires que tu as déjà pu entendre sur nous découlent de ces légendes, à une époque c'était ce que l'on racontait aux enfants pour leur faire peur, aujourd'hui c'est une véritable fiction. Mais peu savent la vérité, ou alors c'est justement pour la cacher.

J'écoute attentivement chaque mot qui sort de sa bouche. J'essaie de comprendre, malgré moi assaillie par l'idée que tout est de la fiction. Je dois déconstruire toutes mes certitudes une à une.

- Comment devient-on un loup un garou ? 

- C'est de naissance, même si dans de rare cas on peut devenir un loup par la morsure, ça reste presque impossible, me répond t-il.

Mon cerveau est en ébullition, les questions s'enchainent dans ma tête, il y a tellement de chose que je veux savoir.

- Comment s'organise la..., bégaygé-je,...meute ?

Il me jette un regard en coin, le loup semble presque amusé par la situation.

- Nous vivons généralement en meute, c'est très rare que ça ne soit pas le cas, mais je vais rester dans le cas le plus simple, poursuit-il. Je suis un bêta, ma famille fait partie de la meute depuis quelques centaines d'années, depuis ses début.

- Qu'est-ce que ça veut dire, un bêta ? le coupé-je.

-Les bêtas endossent le rôle de guerriers, protecteurs de l'alpha. S'il ne peut pas mener les loups au combat c'est à nous de le faire. Il faut faire partie de la meute depuis très longtemps pour avoir ce titre. Mais le facteur le plus important reste la force , dit-il plus sérieusement.

Ce mode de fonctionnement me donne l'impression d'avoir fait un saut en arrière dans le temps.

- Le reste de la meute est constituée des gammas. Nous sommes environ une trentaine pour le moment, dont trois bêta et l'alpha.

- Et... hésité-je, quelles sont vos aptitudes exactement ?

Le bêta me considère un instant, interpelé par mon hésitation. Il semble vouloir savoir si tout va bien, et pour être honnête je ne sais pas tellement quoi penser.

- Tout nos sens sont décuplés, nous voyons, entendons et sentons ce qui n'est pas à votre portée, nous sommes plus rapides et plus forts. (il fait quelques pas vers moi ) C'est grâce à ça que je peux entendre ton coeur s'affoler lorsque je suis proche de toi.

Un sourire s'étire au coin de ses lèvres.
Je croise les bras contre ma poitrine, mon coeur rate un battement. Il sourit un peu plus et je lui lance un de mes regards les plus noirs. Elias ricane doucement. Pour qui se prend-il ? Il veut jouer au plus malin, alors certes ses sens lui permettent d'entendre mon coeur mais il n'est pas questions que je lui montre quoi que ce soit.

- Tu me terrifies, il est donc normal que mon coeur batte plus vite en ta présence, lancé-je sèchement.

Il fronce les sourcils avant de faire quelques pas en arrière. Une ombre passe dans l'éclat de ses yeux et laisse place à un air abattu sur son visage. C'est le coeur soudainement serré que je garde position. Je ne compte pas plier malgré la peine que cela me fait, je ne suis pas prête à lui faire confiance, et aussi brute que cette vérité paraisse pour lui, elle est honnête.

- Mon but n'est pas de te faire peur, ça ne l'a jamais été, soupire-t-il d'une voix éteinte. 

Il ne me regarde plus, un air froid frappe ma peau. La sensation est étrangement désagréable, elle traverse la totalité de mon corps jusqu'à m'en donner le vertige.

- Vous les humains, vous êtes doué pour tiré des conclusion hâtives sur les autres, en particulier lorsqu'ils sont différents, c'est une des raison pour lesquelles nous ne révélons pas notre identité, crache-il, parce que peu importe ce qu'on fera on sera toujours que des montres à vos yeux.

Je suis sans mots, les siens ont été si durs, mais brutalement vrais. Ils ont l'effet d'un coup de poing dans mon estomac. Je me sens honteuse. Il m'a sauvé la vie, je devrais lui montrer de la gratitude et non du déni. Mais n'est-ce pas dans la nature de l'être humain ? Avoir peur face à quelque chose qu'il ne peut expliquer, quelque chose plus fort que lui ? Je devrais probablement avoir peur de moi-même, dans ce cas.

- Je vais faire venir quelqu'un pour toi, je serai revenu ce soir.

- Elias je..., commencé-je honteuse.

Il me contourne sans un regard avant de monter les escaliers. Un long soupire s'échappe de mes lèvres et la culpabilité serre mon coeur. 

***

Je ne sais pas exactement depuis combien de temps il est parti, et depuis combien de temps j'attends, assise sur l'un des tabourets de la cuisine. Le stress me broie l'estomac, je toujours incapable d'avaler quoi que ce soit et je n'arrête pas de penser. Les paroles de Élias me font toujours aussi mal, je culpabilise, j'ai peur. Mais ce qui fait trembler mon corps, c'est la colère. Je suis en colère contre les individus qui m'ont fait vivre ce calvaire, en colère contre lui, et son complice Jake, mais par dessus tout, je suis énervée contre moi-même.

Je manque de tomber du tabouret lorsque la porte d'entrée claque. Des pas se rapprochent de plus en plus de ma position, je n'ose pas bouger, les yeux fixés vers la provenance du bruit. J'espère qu'il n'y a pas de mauvaise surprise, je ne saurai pas comment en gérer une de plus.

Contre tout attente, la personne que je finis enfin par apercevoir me soulage, Anne. Je respire de nouveau, elle arbore un beau sourire rassurant et n'hésite pas à s'avancer jusqu'à moi.

- Comment te sens-tu ? demande-t-elle d'une gentillesse infinie.

- Mieux que ce que j'aurais pu espérer.

- Je suis soulagée de l'entendre, fait Anne en m'offrant une accolade.

Elle finit par s'asseoir à mes côtés, toujours le même sourire sur le visage. Voir une personne familière m'apaise énormément, mais ce sentiment ne s'éternise pas. Anne est avec moi, chez Élias, en toute logique elle est la personne qu'il a envoyé pour moi. Je suis de nouveau inquiète.

- Qu'est-ce que vous faites ici Anne ?

- Je suis désolée de ne t'avoir rien dit avant, mais je connais Élias depuis sa plus tendre enfance. Alors lorsqu'il a besoin d'aide, je suis présente.

- Est-ce que vous-

- Je suis bien humaine Bryséis, me coupe-t-elle.

Je hoche tout simplement la tête, le poids sur ma poitrine disparait aussitôt, rassurée et en confiance. C'est peut-être le bon moment pour lui poser toutes mes questions.

- Je suis perdue Anne... je ne comprends pas comment tout ceci est possible... je peine déjà à comprendre ce qu'il m'arrive et maintenant ça... dis-je d'une voix tremblante.

Je suis dans l'incapacité de contenir mes émotions, je suis terrifiée par ce qui se passe autour de moi, perdue dans un vaste brouillard que je tente de traverser avec le peu de moyen que j'ai, mais je n'y vois pas clair.

- Elias se démène pour comprendre ce qu'il t'arrive trésor. (elle pose sa main sur la mienne) Tu es différente Bryséis et les personnes qui s'en sont pris à toi le savaient. Mais il faut que tu fasses confiance à Élias.

- En quoi suis-je différente ? Et comment je pourrais lui faire confiance après l'avoir vu se transformer en un loup géant ? déblatéré-je prise par les émotions.

- C'est ce qu'on cherche à savoir, c'est pour ça que tu dois coopérer. Et en ce qui concerne les loups garous, ils ne sont pas les plus à craindre, tente-t-elle de me rassurer. Il y a des bons et des mauvais loups garous mais en quoi est-ce différents des hommes ? Nous sommes très similaires Bryséis, leurs différence ne fait pas du tout d'eux des monstres.

De ce point de vue là je ne peux qu'être d'accord avec elle. Après tout les humains sont capables des pires atrocités du monde et ça depuis des siècles, on nous l'apprend en histoire depuis notre plus jeune âge. Mais les métamorphoses font partie des légendes de ce qu'on pense être irréel et aujourd'hui j'apprends qu'elles ne le sont pas. La peur est une réaction parfaitement logique face à l'inconnu mais est-elle justifiée ? Pendant longtemps des hommes animés par la peur ont condamné d'autres hommes à cause de leurs différences physiques ou spirituelles mais ils n'étaient pas vraiment différents. Nous sommes tous pareil, est-ce que dans ce cas c'est la même chose ? Dire que je suis semblable aux loups garous serait une erreur. Je sais que nos ADN sont différents, nos capacités physique aussi, alors oui, nos différences sont bien réelles. Mais est-ce une raison pour commencer à les rejeter et en avoir peur ? Qu'est-ce que je vaudrais si je ne prenais pas le temps d'essayer de comprendre ?

- Il existe tellement d'autres espèces Bryséis, et cette diversité est pour moi un cadeau, mais il existe bien des monstres qui ont décidé qu'il était trop dangereux de les laisser vivre... compte-elle tristement.

- Comment ça ?

- Les chasseurs, des humains, traquent les personnes différentes comme les loups-garous pour les tuer, eux et tous ceux qui ose s'interposer. Hommes, femmes, enfants, ils n'ont aucune pitié Bryséis. Les monstres ne sont pas ceux que l'on croit.

Je me sens soudainement très triste, personne ne méritent d'être massacrées pour être nées différentes des hommes.

- Ai-je répondu à tes questions ?

Anne me sourit de manière bienveillante, je lui souris à mon tour.

- Tout ira bien Bryséis...

- Comment pouvez-vous en être sûre ?

- Je connais Elias, il ne laissera plus rien t'arriver, me sourit-elle.

Des frissons traversent le long de ma colonne vertébrale, sans aucune raison apparente mais le fait de savoir que le jeune bêta porte un tel interêt à mon égard ne me laisse pas indifférente. Je me sens en sécurité pour la première fois depuis longtemps. Mais j'espère ne pas à avoir à rester ici, j'aimerais reprendre ma vie. Mon coeur accélère. J'en avais complètement oublié mes amis et mes parents, se sont-ils inquiétés de ma disparition ?

- Mes parents et mes amis, comment vont-ils ? demandé-je précipitamment.

Anne semble d'un seul coup gênée, comme si elle ne savait pas comment me dire les nouvelles, ce qui m'inquiète encore plus.

- Disons que ceux qui vous ont fait ça ont fait en sorte que personne ne s'inquiète de savoir où tu étais... dit-elle l'air désolé.

- C'est-à-dire ?

- Après t'avoir admise dans le service psychiatrique, ils ont dit à tes proches que tu ne voulais aucune visite, tu avais signé les papiers qui le certifiaient et par la suite ils ont reçu une lettre de ta part afin de les rassurer de ton état.

- Je n'ai signé ni écrit quoi que ce soit !

- Oui je me doute bien mon enfant, ils ne voulaient pas se faire prendre. Mais c'est peut-être mieux ainsi...

Certainement oui, au moins ils n'ont pas été mis en danger, mais comment je vais revenir ? Tout est si compliqué.

Tout ceci, toutes ces révélations et ces questionnement me donnent finalement la nausée, je me sens vacillante. Accablée par tant de choses d'un seul coup, je regrette l'époque où les partiels étaient ma pire préoccupation.

- Grand Dieu tu es tellement pâle ! (elle pose une main sur mon front), tu n'as pas l'air d'avoir de fièvre mais tu devrais te reposer un peu.

- Je vous assure que ce n'est pas nécéssaire...

- Évidement que ça l'est !

Anne me tire jusqu'au salon malgré mes protestations. Je sens la fatigue dans tout mon corps certes, mais j'ai peur de fermer les yeux et de me retrouver là-bas... Elle me force à m'allonger sur le canapé avant de rabattre un plaid sur mon corps froid.

- Je reste près de toi, tu n'as pas à t'inquiéter, fait-elle de façon presque maternelle.

Malgré mes réticences, m'endormir s'avère plus simple que prévu.

***

Plongée dans la pénombre, je peine à distinguer ce qui se trouve autour de moi. Tout ce que je vois sont les silhouettes des arbres et la seule chose que j'arrive à ressentir est ce vent glacial qui m'atteint progressivement jusqu'à l'os.

L'écho d'un rugissement de loup me parvient aux oreilles. Surprise, je sursaute, mon coeur tambourine dans ma poitrine. J'ai un très mauvais pressentiment, je ne suis pas en sécurité ici. La boule au ventre, je me décide enfin à avancer, ça serait pire de rester sur place à la merci d'autrui. Je prends appui sur les arbres, seuls moyens de repère. C''est beaucoup trop calme, et encore une fois, je n'entends que ma respiration.

D'autres hurlements retentissent, ils semblent nombreux et de plus en plus proches. Je frissonne, peureuse, mon coeur bat de plus en plus vite, je tremble de tout mon corps et je suis incapable de faire le moindre mouvement. Je vais mourir.

D'autres cris retentissent, des hurlements humains. Je relève vivement la tête et sens de nouveau le sang circuler dans mon corps, mes muscles ne tremblent plus, alors je me mets à courir le plus vite possible.

Absolument rien ne vient perturber ma course, je suis concentrée sur le mouvement de mes jambes, leur vitesse, il n'y a que ça qui compte. Toujours de plus en plus vite, les cris me poussent un peu plus au fur et à mesure de ma course, en ignorant le rythme acharné de mon coeur, la respiration calamiteuse, je dois continuer de courir.

La densité des arbres est de plus en plus importante, j'ai des difficultés à courir à présent. Je trébuche plusieurs fois, je me relève, sous les hurlement des loups et des hommes. Les mains en avant, je dégage tout ce qui se pose en travers de mon chemin.

Et d'un seul coup, je suis devant une maison. Je m'arrête, elle m'est étrangement familière. Dans la cour de celle-ci, je vois plusieurs individu en pleurs sur les corps de leurs proches. Ils sont tellement nombreux, étendus sur le sol, sans vie. L'odeur du sang est abondante, j'en ai la nausée, le ventre douloureux. La peine poignarde mon coeur, je ne peux retenir mes larmes. C'est une atrocité sans nom. Mes yeux tombent sur une femme penchée au dessus du corps d'un petit garçon. Ses hurlements me déchirent le coeur. Elle tient fermement, désespérément le corps du petit dans ses bras, je n'ai jamais vu de douleur aussi grande. Qui peut faire ça ? Ils ont été tués sans aucune pitié, des enfants, des femmes et des hommes, massacrés. Je suis profondément choquée, sans mots.

Mon regard s'arrête sur une autre femme. Debout sur le perron, elle me regarde fixement. Je la connais. Je l'ai déjà vue, au lac. Ses long cheveux sombres et humides tombent contre sa robe blanche, et elle reste là. Les autres passent à coté sans aucun attention pour elle, comme si elle n'était pas là. Tout ça n'est pas réel.

Elle détourne son regard de moi et va le poser sur quelqu'un d'autre. Je le suis, me retrouvant face à Jake. Il est accroupi au sol, le visage couvert de sang, face à un autre corps. Je pose mes yeux sur l'homme sans vie. Et mon cœur rate un battement.

Elias.

Une atroce douleur vient torturer ma poitrine, mes membres se remettent à trembler et ma respiration s'accélère. Je peine à avancer jusqu'a lui, je suis au ralenti. Tout autour de moi bouge si vite, je n'arrive pas à suivre le rythme, je ne peux pas détourner mes yeux de lui. Bouge Élias, je t'en prie, respire.

J'arrive enfin jusqu'à eux. Jake ne lève pas la tête, comme si je n'étais pas là. Élias est si pâle, le regard livide, fixe. Il n'y a aucune vie dans ses yeux. Un pic de douleur perce mon ventre et j'ai soudainement l'impression qu'on m'arrache le coeur. Mes jambes fléchissent, je tombe à coté de lui.

Un sanglot s'échappe de mes lèvres, je pose mes mains sur ses joues. En vain, je le secoue doucement, essayant d'avoir la moindre réaction.

- Elias...

Pourquoi ça fait si mal ? Qu'est-ce qui se passe ? Je me sens partir, tout ce que je ressens c'est la douleur. Il n'y a rien d'autre et tout semble de plus en plus sombre autour de moi, je ne suis plus rien.

- Elias ! hurlé-je cette fois.

Quelqu'un me touche l'épaule, je me lève brusquement vers mon interlocuteur. C'est cette femme. Et autour d'elle, ils sont si nombreux. Hommes et femmes, en cercle autour de moi, tous vêtus du même accoutrement, taché de sang pour la plupart. Je recule et constate qu'Elias et Jake ont disparu, je suis seule face à tous ces inconnus.

- Qui êtes vous ? demandé-je tremblante.

Ils ne disent rien. Ils se contentent de me regarder, le visage peint d'une expression douloureuse, indéchiffrable.

Ils font un pas vers moi.

- Qu'est-ce que vous voulez ?! crié-je.

Le vent siffle, ils se rapprochent de plus en plus, je suis paniquée. Mais soudainement, tout s'arrête.

Quelques secondes s'écoulent en silence, j'entends mon coeur battre contre ma poitrine avec violence.

Puis, ils hurlent.

Les cris sont perçants, douloureux. Je protège mes oreilles avec mes mains, en vain. Cela ne suffit pas, ma tête tourne, je sens le sol se dérober sous mes pieds, et je hurle.

***

J'ouvre brusquement les yeux, la première chose que j'entends est mon propre cri. Je suis enveloppée d'une douce chaleur, tous mes membres tremblent encore malgré la pression qu'on exerce dessus. Ma tête est maintenue doucement par une grand main contre le torse de quelqu'un. Je lève les yeux, Jake est debout face à moi, complètement paniqué. Je ne suis plus dans un salon, mais en pleine forêt. Je relève la tête et croise le regard inquiet de Elias.

Il me tient fermement entre ses bras, accroupi à ma hauteur sur le sol. Il est tout aussi paniqué que son ami. Et il est bien vivant. Je sens des larmes rouler le long de mes joues. Le bêta passe ses deux mains sur mon visage pour venir effacer toute trace d'eau sur mon visage. Il plonge ses yeux dans les miens, je suis tout de suite envahie par une douce chaleur protectrice. J'ai l'impression de pouvoir enfin respirer.

- Tout va bien, souffle-t-il. C'est fini.

Je prends une grande inspiration, les yeux clos. Je me sens toujours fébrile, faible, mon coeur instable. Qu'on ne me dise pas que ce ne sont que de simples cauchemars, c'est bien plus que ça. Je le sens, il se passe bien trop de chose inexplicables lors de mes nuits et si je rajoute ce que j'ai vu dans l'amphithéâtre et à l'hôpital, je ne peux définitivement pas croire que c'est le stress.

- Bryséis ? m'appelle doucement Élias.

J'ouvre les yeux, il est toujours penché sur moi, me couvrant d'un regard doux mais pas moins inquiet.

- Qu'est-ce qui m'arrive Elias ? fais-je, profondément désespérée.

Je vois la lueur de ses yeux changer. Il semble triste. Le loup caresse encore tendrement mes joues sans rien dire, puis il lève les yeux vers son ami. Je peux voir sa mâchoire se serrer, il est contrarié. Le bêta glisse ses bras autour de moi et je laisse ma tête retombée contre son torse. Élias frotte délicatement mon dos, je soupire.

Qu'est-ce que cela signifie ? C'est la deuxième fois que je vois Élias mort dans mes rêves. Je suis très inquiète, parce que même si mon coté rationnel vient me rappeler sans cesse que ce n'est qu'un rêve, au fond de moi, une petite voix me chuchote de me méfier. Une petite partie de moi est convaincue que tout ceci a du sens. Et le mauvais pressentiment qu'un danger pèse sur Élias est omniprésent.

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Enfin voilà la suite, de quoi bien fêter la nouvelle année !

J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes, que vous avez pu profiter de vos proches et je vous souhaite à tous une bonne année, une bonne santé, de la réussite et que du bonheur

Alors que pensez-vous de ce chapitre ? C'est beaucoup d'informations d'un coup, et le chargement de point de vue de Bryséis par rapport aux loups commence doucement, mais il va encore falloir du temps vous vous en doutez bien 😂

N'hésitez pas à me donner votre avis, je vous embrasse !

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