Les deux nouveaux adversaires se regardèrent, Zepar avait expliqué les règles et la balance derrière, inquiétaient Iluri et Naoru qui n'avait pas d'autres choix que d'observer la scène.

Alors que les deux se lançaient dans un discours enflammés du pourquoi, du comment ils devaient devenir roi et que leurs compagnons écoutaient. Les deux servantes de Serendine ne doutaient pas de sa capacité à obtenir le pouvoir de ce djinn, comme Sinbad ne doutait pas de sa capacité à l'obtenir.

- Tu peux te servir de moi comme tremplin pour obtenir ce que tu veux, argumenta Serendine. Comme j'ai plus de légitimité à devenir roi à cause de mon sang. Je suis de sang royal, je suis apte à gouverner...

Un petit rire coupa le discours de Serendine, même Zepar qui écoutait en fut surpris, il avait vu la balance penchait chez Sinbad, le garçon tourna sa tête vers l'enfant qui riait.

- Attends, attends!, s'écria Naoru en riant se tenant à Iluri qui la regardait d'un air blasé. Tu penses que ton sang est spécial parce que tu es de sang royal? C'est ridicule!

- Pardon?, s'écria Serendine. De quel-

- Non, mais c'est vrai, en quoi tu es en droit de te décrire comme spécial?, argumenta Naoru. Est-ce toi qui a conquis le premier donjon? Ou même où étais-tu quand Sinbad l'a conquis? Au lieu de ça, tu as envoyé tes hommes tout droit en enfer. Tu aurais conquis le premier donjon, alors là oui, tu aurais été spéciale. Là, tu n'es rien qu'une femme qui ne pense qu'à se venger d'un homme qui a gâché ta vie. Tu feras quoi de ton djinn? Tu iras récupérer Parthévia, whaouh, quelle vie que de la passer à se venger! Ton 'sang' si spécial, te procure-t-il quelque chose?

- Naoru, ça suffit!, s'opposa Hinahoho.

- Fufu, qui aurait cru qu'une enfant aurait de tels arguments?, s'exprima Zepar. Laissez-là continuer, ça devient intéressant.

- Quelque chose?, questionna Serendine. Il m'apporte le droit de régner.

Naoru soupira d'exaspération face à cet argument aussi pourrie, alors qu'Iluri écoutait d'un air intéressée et admirative face aux arguments de Naoru, qui elle se remerciait presque d'avoir suivi des études de lettre au départ dans sa précédente vie.

- Te donne-t-il des pouvoirs?, continua Naoru sans se laisser démonter par le regard assassin de Serendine. Te donne-t-il la force d'un fanalis? Te donne-t-il des pouvoirs comme les magiciens? Te donne-t-il un avantage autre que le 'droit de régner'? N'importe qui peut monter sur un trône, le temps qu'il a la même approbation du peuple. Hélas, toi et ta famille vous n'aviez plus le soutien de ce même peuple qui commençait à se rebeller car vous ne vous souciez que de vos petites vies rondement mener. Alors, maintenant j'attends, vas-y, dis nous tes arguments, explique moi pourquoi ton sang te donne le droit de régner spécialement et pas Sinbad qui lui se soucie des autres?

Un long silence régna, l'atmosphère lourde laissa place aux seuls bruits de respiration de Serendine qui se retenait d'exploser de colère face à l'enfant qui l'humiliait sans lui laisser le temps de répliquer. Le silence qui régnait fut interrompu par le rire de Zepar, qui regarda l'enfant.

- Qui aurait cru que quelqu'un interviendrait ainsi!, rit Zepar. Avec autant d'arguments! C'était presque préparé!

- Je n'ai fais qu'exprimer mon humble avis, répondit Naoru d'un ton bas. Je ne voulais blesser personne? Enfin peut-être personne. De toute façon, en tant que fanalis je ne peux pas avoir de djinn. Et comme, je le disais tout à l'heure, je ne voyage que parce que Masrur est là et souhaite en savoir plus sur nos origines, je ne compte pas rester au service de Sinbad ensuite. Ce serait bien trop ennuyeux. Alors, je suis désolée d'avoir interrompu votre argumentation, je me tais et vous laisse continuer. Je voulais seulement lui faire part de mon avis, qu'elle soit contente ou non, si elle veut diriger, elle devra accepter les avis de tout à chacun.

Zepar retint un nouveau rire face à l'argumentation presque irréprochable de l'enfant. Il voyait que cette intervention avait lancé un froid sur l'assemblée et que désormais les deux femmes qui accompagnaient Serendine lançaient des regards assassins à cette enfant qui avait osé dire du mal de leur maîtresse. Iluri et Naoru s'étaient mises à discuter à voix basse, sous les yeux du djinn qui fit reprendre le cour du combat des idéaux. Quel autre mot aurait-ce pu être?

***

Dépités, voilà ce que ressentait le groupe alors qu'ils atteignaient de nouveau la ville de Carthago. Sur tout le chemin du retour, Naoru n'avait pas pipé un mot lancé des regards noirs à Serendine qui les lui rendaient plus que ce qu'elle devrait. Iluri regardait son amie inquiète après que Serendine ait obtenu Zepar. Sharrkan avait suivi le groupe sans broncher après que son frère l'ait banni d'Héliohapt pour cause de conspiration envers le nouveau roi. Alors que le voyage dans le désert les avaient tous épuisés, une nouvelle surprise les attendaient dans la ville.

- Vous en avez mis du temps!, s'exclama le petit garçon aux longs cheveux noirs.

- Judal?, appela Serendine qui se détendit en voyant le jeune magi. Que fais-tu ici?

- Je suis venu voir comment se passait les affaires!, répondit le garçon.

Iluri calcula qu'il devait à peine à être plus âgée qu'elle et Naoru. Elle regarda avec appréhension les rukhs noirs volait autour du magi qui finit par encrer ses yeux rouges dans ceux de la fillette. Un sourire narquois éclaira le visage de l'enfant, alors qu'il s'approcha rapidement de l'enfant en volant, surprenant même la fanalis à côté d'elle. Le regard noir que lui lança la fillette lui parut bien futile alors qu'il ricanait, il fixa intensément Iluri qui paniquait déjà face à tant d'attention.

- Tu les vois, non?, demanda alors Judal.

- Les rukhs? Oui, répondit faiblement Lurme.

- Pourquoi n'as-tu rien dit?, interrogea Drakon.

- Simple précaution, pesta Naoru de mauvaise humeur.

- Tu broie du noir, déclara Hinahoho à l'enfant en soupirant.

- Cela ne change rien que tu n'as donc aucune connaissance? Viens avec moi, je pourrais t'apprendre plein de choses sur la magie, tu verras!

D'un regard paniquée, Iluri regarda la fanalis à côté d'elle qui l'encouragea d'un regard. Soupirant la fillette regarda l'enfant de son âge en face d'elle aux longs cheveux noirs et finit par accepter sa requête après un long moment de silence. Après tout n'était-ce pas le moment pour elle de pouvoir vieller sur Serendine sans se faire repérer?

Après de longs en revoir entre les deux fillettes et de courts avec le reste du groupe, l'embarcation de Serendine s'éloigna du port faisant soupirer la fanalis de fatigue attirant les regards désormais des adultes.

- Quoi?, demanda Naoru sentant qu'elle allait prendre les remontrances de son comportement dans le donjon.

- C'était quoi cette scène?, demanda Ja'far.

- Scène? J'en vois pas, si j'avais voulu faire du théâtre je vous l'aurais dit, répondit Naoru avec un sourire narquois. De toute façon, j'suis pas la mieux placé pour faire du théâtre j'voudrais m'enterrer bien avant d'être sur scène. Bien, où est-ce qu'on dort?

Naoru lança un sourire aux adultes puis se tourna vers Sharrkan avec un énorme sourire et lui chuchota quelques mots à l'oreille forçant l'enfant plus âgé et plus grand en taille à se baisser pour écouter la fanalis.