-"Papa !" Leila secoue son père pour la troisième fois. "Papa, ça va ?" Demande-t-elle quand enfin Billy immerge.

-"Merde." Dit-il alors qu'il se redresse et tombe pratiquement du canapé. "Leila ? Quelle heure est-il ?"

La nuit a été plus que courte, aussi vite que le sommeil le quitte, les souvenirs de la nuit dernière ressurgissent. Sans vraiment s'en rendre compte, il jette un regard vers la mezzanine. Aujourd'hui il devra parler plus sérieusement avec Cassie mais avant tout il doit se préparer et aller au gymnase.

-"Il est sept heures trente." Lui répond Leila finalement. "Papa tu vas me dire ce qui se passe ou je vais devoir le deviner ?" Cette phrase sonne curieusement à ses oreilles. C'est bien sa fille.

-"Leila." Commence le boxeur alors qu'il se frotte la tête d'un geste las. "Cassie est là." Dit-il. "Mais elle n'est pas super en forme." Rajoute-t-il rapidement quand il perçoit l'enthousiasme de sa fille.

-"Est-ce qu'elle va bien ?" Demande la jeune fille alors inquiète.

-"Ça peut aller." Il se lève et se serre un café dans la petite cuisine. Il explique dans les grandes lignes les événements de la nuit passée.

Leila est choquée, peinée mais elle est ravie que Cassie soit ici, bien que les circonstances soient déplorables. Elle ne la connaît que par les histoires et ce que lui a dit son père. Peut-être que cette femme pourra remplir le fossé que le décès de sa mère a creusé dans le cœur de son père. Elle finit par se préparer et file rapidement au collège.

Billy se glisse dans la salle de bain, il se dit qu'une douche froide devrait réussir à le réveiller un peu.

Il est huit heures passée quand il débarque dans sa salle de boxe. Les gamins du quartier sont déjà là.

-"Hey ! Coach ?" Appelle l'un des jeunes alors qu'il donne un coup de coude à son pote en montrant la tête fatiguée de leur entraîneur.

-" La nuit a été courte ?" Demande James dans une question implicite. "Vous avez eu de la compagnie ?"

-"Ça va les gars hein !" Commence le boxeur alors qu'il s'approche. "Gardez vos commentaires." Il dépose les serviettes propres sur le banc et vient au bas du ring commencer à entraîner les garçons. "Au moindre sous-entendu, c'est cinquante pompes."

À côté à l'étage Cassie s'éveille, une migraine abominable lui vrille la tête. Elle se redresse doucement et se souvient finalement de ses mésaventures de la nuit dernière.

-"Billy." Chuchote-t-elle.

Un peu tremblante, elle pousse le drap et se redresse avec précautions. Tout son corps crie de douleur, comment pourrait-il en être autrement ? Avec ce qui s'est passé hier.

Elle déambule dans l'appartement qu'elle n'a fait que survoler cette nuit et observe son environnement.

Ses doigts glissent sur le meuble où sont disposé plusieurs cadres photo, elle les observe une par une, Leila et Maureen, Billy et sa fille, Billy et un homme à l'étrange œil bleu clair et Leila une paire de gants de boxe roses sur ses poings. Sur le mur il y a un cadre avec une photo de plusieurs jeunes qui semblent tous différents. Certainement les gamins que Billy entraîne dans sa salle de sport.

Et si elle acceptait son offre après tout. Plus elle y pense et moins elle a envie de quitter Billy et de retourner danser au Sixty Nine.

Elle se permet de prendre un café, suivi d'une douche amplement méritée. Elle fait attention à son pansement. Et observe longtemps toutes les nuances du ciel que ce type a marqué sur sa peau.

Une queue de cheval fera l'affaire. Elle se rhabille de son jean mais emprunte un tee-shirt au boxer, effectivement, son petit haut gris est couvert de son sang. Puis bien décidé à le trouver pour enfin discuter comme il se doit, elle se faufile dehors. Elle se glisse dans le couloir et descend une foulée de marches qui la dirige directement vers le gymnase.

À travers la porte elle perçoit des bruits et des voix dont celle de son ami. Elle écoute encore un peu, ses deux mains posées à plat sur le bois. Que doit-elle faire ? Peut-elle tout quitter et recommencer une nouvelle vie ? Mais avant tout, a-t-elle le droit de mêler Billy et Leila à tout ça ? Presque immédiatement les larmes lui montent aux yeux. Elle est encore tellement secouée de tout ce qui lui est arrivé. Elle pose son front contre la porte et baisse ses paupières. Puis elle entend de nouveau parler, sa voix la transperce, la transporte, elle se sent capable de vivre pour l'éternité à ses côtés. Mais le souvenir de Maureen vient briser ce rêve. Elle était son amie.

Cassie efface les traces de larmes sur sa peau et respire plusieurs fois pour reprendre contenance. Les mains tremblantes elle ouvre enfin la porte.

Quand elle pénètre dans la salle de sport, tout de suite, l'odeur de cuir et de sueur lui saute au nez. Vient ensuite le bruit des chaussures de sport qui grincent sur le parquet, la corde à sauter qui siffle dans l'air, les gants qui s'écrasent sur les sacs de frappe et la voix de Billy.

La salle est grande et lumineuse, à droite immédiatement il y a le bureau du boxeur. Et à côté, les vestiaires et les sanitaires. Quand la jolie brune observe plus attentivement, elle voit aussi que la salle est en hauteur et qu'il y a certainement un accès à une autre salle en contrebas. C'est de ça que lui parlait Billy les autres matins quand ils se rejoignaient pour prendre leur petit déjeuner au MC Guffin. Le bas, là où elle pourrait former des jeunes filles à la danse.

James et Tommy sont sur le ring et se battent l'un contre l'autre. Tommy esquive un coup et frappe sur le casque de James puis il renouvelle son coup et frappe encore. Son adversaire et ami est immobile, les yeux grands ouverts.

-"Défends-toi Jimmy !" Crie l'ancien champion. "Lève ta garde !" Il s'énerve et hurle. "JAMES ARRÊTE DE RÊVER."

Tom s'arrête à son tour et fait un geste du menton vers ce qui a détourné l'attention de son ami. Un à un tous les autres s'arrêtent et bientôt, il n'y a plus aucun bruit dans le gymnase.

Billy tourne la tête et comprend mieux. Cassie est là et elle l'observe.

-"Je reviens les gars." Dit-il.

-"Coach ?" Appelle un autre élève. Billy le regarde mais quand il voit le sourire sur son visage il intervient.

-"Pas un mot, souvenez-vous..." Commence-t-il alors qu'il se dirige vers son amie. "Cinquante pompes ! C'est clair ?"