Chapitre 9


Nashoba était tout le contraire de ce qu'avait imaginé Anna. Elle s'attendait à voir un homme âgé, petit et bedonnant, et elle se retrouva face à une montagne de muscle. Le grand chef n'était pas vieux, il devait arborer la quarantaine, avait une longue chevelure sombre retenue en chignon, et ses yeux intimidèrent la jeune hongroise qui évita de le regarder en face.

Chogan les avait conduit dans une grande maison, celle de Nashoba apparemment, et ils étaient tous installé face au chef. Ce dernier ne prononça pas un mot, observant ses visiteurs les uns après les autres, analysant leur physique et leur comportement, comme s'il essayait de voir à qui il avait affaire. C'était le silence total dans la salle de séjour, même Eliott, qui habituellement n'en perdait pas une pour plaisanter, garda la bouche fermée. Chogan, lui, était nonchalamment appuyé contre un mur derrière Nashoba, observant ce qui se déroulait devant lui.

- Alors, commença le chef, comment vous êtes vous retrouvés dans ce coin perdu ?

Sa voix était grave, un peu rauque.
Annamária échangea un coup d'œil avec les autres, se demandant qui allait prendre la parole. Finalement, ce fut William qui se lança. Il raconta le crash d'avion et tout ce qui s'était passé depuis qu'ils s'étaient retrouvés dans cette lugubre forêt.

- Vous avez atterri dans un endroit dangereux, vous en avez conscience je pense, vu l'état de votre ami.

- D'ailleurs, qu'est-ce que sont ces bêtes, monsieur ? demanda Mila.

Le grand chef plissa les yeux et observa la jeune femme. Quelque chose dans son regard dû lui plaire parce qu'un petit sourire étira ses lèvres.

- Appelles-moi Nashoba, je te pries, quémanda-t-il sous l'œil surpris de Chogan, derrière lui.

- Très bien, Nashoba, savez-vous ce qu'est la créature qui a attaqué notre collègue ?

- Avez-vous déjà entendu parler des Wìdjigò  ?

Mila fit non de la tête.

- Les Wìdjigò, ou Wendigo comme les appelles les Américains aujourd'hui, sont des créatures cannibales qui autrefois étaient des humains. Pour vous aider à mieux visualiser, je vais vous raconter une petite histoire. Quand les natifs Américains étaient les seuls à vivre aux États-Unis, ils étaient répartis en plusieurs tribus, et parmi les tribus d'algonquins, le cannibalisme, même pour sauver sa propre vie, est considéré comme un tabou. Durant la première famine qui décima de nombreuses tribus, certains de nos peuples, en désespoir de cause, ne trouvèrent guère mieux comme solution que de tuer et manger les plus faibles. Ils avaient faim, et ne réfléchissaient plus correctement, aussi s'étaient-ils tournés vers la voie la plus simple, le cannibalisme. Seulement, les mangeurs de chairs ont étés puni, et ils se sont transformés en Wìdjigò. C'est un crime très grave que de se tourner vers le cannibalisme.

Le silence qui accueillit le monologue du grand chef ne dura pas. Pas avec Eliott, qui ne pouvait pas se taire très longtemps.

- Mais, attendez, vous croyez que ces bêtes, les Wendigo, sont des personnes qui ont été transformé en monstre parce qu'ils ont mangé d'autres personnes ?

- C'est ce que certains de mon peuple pensent, en effet.

- Mais vous y croyez vous même ? insista l'adolescent.

- Ce sont des légendes, petit, mais force est de constater que ces créatures là dehors ressemblent étrangement aux cannibales des histoires que content les anciens des natifs américains.

- Et comment se fait-il que vous viviez ici, dans cette forteresse ? demanda Annamária. Je ne pensais pas que de tels endroits existaient encore.

- C'est mon grand-père qui a construit cette   cité, quand les attaques des Wìdjigò se faisaient de plus en plus nombreuses. Avec d'autres hommes de plusieurs tribus différentes, comme les algonquins, les cris et les cheyennes, ils ont fortifié leurs villages et ainsi est né Dhenema.

- Dhenema ?

- C'est le nom du village, dit Chogan qui ouvrit la bouche pour la première fois.

Nashoba se tourna vers lui et d'un signe de tête lui indiqua d'approcher.

- Chogan, cinksi (fils), veux-tu bien aller chercher Meika ?

Chogan opina, sortit de la maison et Nashoba se tourna vers ses invités.

- Vous pourrez rester ici jusqu'à ce qu'on vienne vous chercher. Mais il y aura des règles à respecter.

- Bien sûr, assura Mike. Tout ce que vous voudrez.

- Pour commencer, vous ne devrez sortit sous aucun prétexte, c'est dangereux dehors.

- Mais on a déjà vu les Wendigo, dit Perry. Et puis on pourra toujours sortir avec certains de vos hommes armés.

- Je ne parlais pas des Wìdjigò, et j'ai besoin de mes hommes ici, pour monter la garde. Je n'ai pas assez de soldats pour maintenir Dhenema. Il existe d'autres menaces à l'extérieur, plus féroces que les cannibales. C'est pourquoi je souhaite vous garder ici jusqu'à votre départ.

- Quelles sont ces autres menaces ? William planta son regard d'acier dans celui sombre du dirigeant de Dhenema. Cela a-t-il un rapport avec la silhouette étrange que nous avons croisés sur la route ?

À ces mots, la mâchoire de Nashoba se contracta et son regard devint plus dur qu'à l'ordinaire.

- Une silhouette ? Vous avez croisé une silhouette ? Quand ? 

- Sur le chemin du retour, répondit Mila d'une voix mal assurée.

Nashoba se leva d'un bon et se mit à faire les cents pas au moment où Chogan revint avec une jeune femme, ressemblant énormément à Nashoba.

- Vous avez fait vite, constata-t-il.

- Tu voulais me voir, ate (père).

La fille de Nashoba vint embrasser son père sur le front. Ce dernier lui sourit tendrement, oubliant momentanément ce qui l'avait mit de mauvaise humeur.

- Oui, winchinchilas (ma fille). Nous avons des invités de l'extérieur, ils vont rester  jusqu'à ce qu'on vienne les chercher.

Meika jeta un regard peu amène au reste de l'assemblée, détaillant leurs vêtement et leurs postures avec un regard méprisant. Cependant, puisque son père en avait décidé autrement, elle se retint de les jeter dehors.

- Bien, ate (père). Et en quoi puis-je t'être  utile ?

- Il faudrait que tu ramène les femmes dans l'ancienne maison de la vieille Ashaisha, et leur donner de quoi se laver et se changer.

- Bien, ate, répèta la jeune fille en serrant les poings.

- Chogan, peux-tu faire la même chose avec les messieurs ?

Le chasseur acquiesca, les bras croisés.

- Avant de vous laisser partir, il y a d'autres points que nous devons éclaircir. Je vous ai demandé de ne pas sortir, sous aucun prétexte. Vous devrez aussi participer à la vie ici, à Dhenema, rien n'est gratuit. Vous devrez payer votre nourriture. Quand votre ami sera guéri, vous partirez. S'il succombe, il pourra être enterré ici. J'espère pour vous que votre peuple viendra vous chercher, parce que je ne vous reprendrait pas ici. Je ne peux me permettre de prendre plus de risques.

II sourit, satisfait en voyant Annamária et ses amis consentir à toutes ces conditions imposées.

- Puisque nous sommes d'accord, vous pouvez disposer.

- Attendez, monsieur... Nashoba, se reprit Mila sans faire attention aux yeux meurtriers de Meika. En quoi consistera notre travail ? Et à partit de quand commenceront-nous ?

- Vous vous reposerez aujourd'hui et demain, puis quand vous vous serez habitués aux lieux, vous commencerez. Votre travail sera différent selon la personne que vous accompagnerez. Vous ne ferez jamais la même chose tous les jours.

Après avoir salué le dirigeant de la cité, Chogan laissa passer Meika et les étrangers devant lui, et alors qu'il allait fermer la porte d'entrée, la voix de Nashoba lui parvint.

- Je voudrais te parler, Chogan, reviens après les avoir accompagné.

Sur la route, Chogan se demanda de quoi voulait parler le chef, il ne voyait qu'une chose mais il ne pouvait pas être au courant, sauf dans le cas contraire où l'un des étrangers avait parlé. Il jura tout bas, pestant mentalement contre ces blancs qui se pensaient tout permis. Il ne voulait pas affoler Nashoba, c'est pourquoi il n'avait rien dit sur la récente apparition de l'Ombre.

La maison dans laquelle les filles s'installèrent ressemblait à celle du dirigeant mais en plus petite. II y avait une pièce commune, deux petites chambres et une salle d'eau. Meika avait préparé un petit feu dans la cheminée avant de laisser Mila, Anna et Perry. Alors qu'elle allait fermer la porte derrière elle, l'adolescente lui demanda :

- Pourquoi est-ce qu'on est séparé des garçons ?

La fille de Nashoba haussa un sourcil en dédaignant du regard la jeune fille.

- Tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de place pour tout le monde, et que chez nous les hommes et les femmes ne cohabitatent pas ensemble s'ils ne sont pas mariés. Si vous voulez rester ici il va falloir vous faire très rapidement à notre façon de vivre, on est pas chez les blancs !

Sur ce joli discours, Meika claqua la porte et laissa Perrine pantoise. Elle échangea un regard avec ses nouvelles colocataires et ces dernières haussèrent les épaules, aussi stupéfaites que l'adolescente.

- Eh ben, on peut dire qu'elle est pas commode, commenta Annamária.

- Carrément pas, approuva Perry. Elle a un balais coincé dans le cul. Et pas un petit, ça je peux vous le dire.

- Elle n'est peut-être pas si mauvaise, elle ne doit juste pas nous aimer, argua Mila. Quoi ? demanda-t-elle en voyant le regard sceptique que lui lança Anna, il ne faut pas penser le mal.

Annamária poussa un soupir en s'asseyant sur un coussin. Sa cheville lui faisait encore mal même si c'était moins pire qu'au début. Elle était épuisée par les heures de marche de ces derniers jours. Elle rêvait d'une bonne douche et de dormir dans son lit, dans les bras de Frank, son mari. Ce dernier devait sûrement s'inquiéter de ne pas avoir de ses nouvelles, et la jeune hongroise se demanda s'il était déjà au courant pour le crash. À l'heure actuelle, il croyait sans doute qu'elle était morte.

- On fait quoi maintenant ?

Perrine avait rejoint Anna par terre tandis que Mila regardait par la fenêtre.

- Je ne sais pas, Perry, répondit Mila. Je crois qu'on doit juste attendre.

- Mais attendre quoi, exactement ?

- Je ne sais pas, répèta l'hôtesse de l'air en haussant la voix. Je suis perdue, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas tout simplement !

Mila se prit la tête entre les mains et respira un bon coup. Elle colla son front contre la vitre et la fraîcheur du carreau lui fit du bien. Complètement calmée à présent, elle se tourna vers Perry, une moue désolée au visage.

- Excuses-moi, je n'aurais pas dû crier, tu n'y es pour rien, je n'avais pas à m'en prendre à toi.

L'adolescente haussa les épaules, indifférente.

- C'est pas grave, il fallait bien que tu craques à un moment, tu avais l'air de prendre la situation si bien que je me demandait si tu n'étais pas une espèce de robot ou quelque chose du genre.

L'italienne éclata de rire, et fut rejointe par Anna et Perry. Des coups à la porte les interrompirent et Mila, celle qui était la plus proche, ouvrit à Dena, toute souriante.

- Coucou, dit-elle en entrant dans la pièce. Vous vous souvenez de moi ? Je suis la sœur du vieuf grincheux qui vous a amené ici. J'espère que vous êtes bien installés. C'était la maison de la vielle Ashaisha, mais elle est partie vivre avec sa belle-fille depuis que son fils est mort. Faut dire que c'était un chouette type, mais ceux qui sont chargés de partir en expédition ne reviennent pas tous. Oh ! Mais ça arrive que très rarement, ajouta-t-elle en voyant les visages épouvantés des nouvelles locataires.

Elle eut un petit rire gêné et se gratta la nuque, soudain nerveuse.

- Je suis désolée, je parle trop. Mon frère me le dit tout le temps, enfin il me le dit pas, il me le grinche à la figure. Euh ça se dit ? Grincher à la figure ? Enfin, c'est pas le sujet, je me suis emballé, encore, dit-elle en levant les yeux au ciel.

- Euh, excuse-moi, c'est quoi ton nom ? interrogea Anna. Il me semble que tu t'es présenté tout à l'heure mais il faut avouer que je ne suis pas très douée pour retenir les prénom.

- Oh, je suis désolée, Dena se tapa le front avec le plat de la main. Je suis Dena, la sœur de Chogan.

- Moi c'est Mila, voici Anna et Perry.

Perrine fit un petit coucou avec la main et Anna lui dit qu'elle était enchantée de faire sa connaissance.

- J'étais venue vous donner ça, annonça Dena en leur tendant des vêtements. Et Nashoba m'a chargé de vous amener aux bains, si vous souhaitez vous laver.

- Oh ! S'exclama Perry. Ça serait merveilleux, j'ai l'impression que je pourris dans ses vêtement depuis des semaines.

L'amerindienne rigola et leur fit signe de la suivre. Elles sortirent de la petite maison et traversèrent quelques rues sous le regard mauvais de certains habitants, et interrogateurs venant de l'autre moitié.

- Ne faites pas attention, recommanda Dena. Ils ne sont juste pas habitué à voir des Blancs... enfin des étrangers. On est plus très loin, elle désigna une sorte de hutte située légèrement à l'écart des autres habitations. C'est ici qu'on se lave, d'habitude on vient le matin, mais étant donné les circonstances, vous avez droit à un petit traitement de faveur.

- C'est vraiment gentil, nous ne saurions vous remercier comme il se doit, déclara Anna.

- Non ce n'est rien, si on peut aider, c'est avec plaisir, repondit Dena en ouvrant la porte de la petite cabane. Voilà, c'est ici que les femmes viennent se doucher.

L'intérieur était composé de plusieurs petites cabines individuelles en bois qui étaient alignées tout le long du mur circulaire. Au centre de la pièce se trouvaient des bancs où deux jeunes filles finissaient de s'habiller en papotant. Elles se turent dès qu'elles virent les nouvelles venues.

- Qu'est-ce que vous faites là ? s'enquit Dena. Vous n'êtes pas venue ce matin ?

- Non, répondit la plus petite. On était dans les champs pour aider Su. Il nous a dit que c'était inutile de se laver avant d'aller suer à grosse gouttes.

- Il a pas tord, admit Dena. Je vous présente Mila, Anna et Perry.

- Enchantée, s'exclama celle qui avait parlé, moi c'est Arank, mais tout le monde m'appelle Ari.

Elle se tourna vers son amie et lui donna un coup de coude dans les côtes. Poussant un profond soupir, elle se présenta en croisant les bras. Anna apprit qu'elle s'appelait Elsu, et elle n'avait pas l'air très ravie de leurs présence à en juger par son accueil glacial. Elle se tourna vers Ari.

- On y va ?

Arank hocha la tête, elle récupéra ses affaires et suivit son amie dehors, en faisant au revoir de la main avec une moue désolée aux lèvres.

- J'espère qu'on pourra parler plus longtemps, la prochaine fois.

- Ça serait avec plaisir, Ari, dit Mila.

Ari sourit et ferma la porte derrière elle.

- Je suis navrée pour le comportement d'Elsu, s'excusa Dena. C'est pas une fille méchante, mais elle est méfiante avec les personnes qu'elle ne connaît pas, et elle est très poche de sa cousine.

- Qui est-ce ?

- Sa cousine ? C'est Meika.

- J'aurais dû m'en douter, marmona Perry.

Dena, qui entendit ce commentaire, eut un sourire contrit. Elle prit les vêtements des mains des filles et les déposa sur un banc. Elle ouvrit ensuite un placard et en prit des serviettes propres qu'elle leurs donna.

- Il y a tout le nécessaire pour toilette dans chaque cabine, je vais rester là si vous avez besoin de mon aide.

- C'est gentil, la remercia Anna. Vous avez l'eau courante ?

- Oui depuis quelques années seulement. Avant on devait aller à la rivière.

- Oh, vous avez une rivière ?

- Et oui, heureusement parce que le cas contraire on aurait dû aller se laver dans le lac quand on avait pas l'eau courante et c'était dangereux de sortir d'ici. Enfin ça l'est encore mais il y avait plus d'attaques à l'époque.

Anna frisonna d'horreur, elle n'osait pas imaginer ce qu'elle avait dû endurer. Elle se sentait chanceuse de vivre dans une ville et non pas en pleine forêt. Dena alla s'asseoir sur un banc et les filles allèrent se doucher. Une fois propres, elles suivirent l'autochtone qui leur fit visiter la ville. C'était plus grand que ce qu'elles s'étaient imaginé au début. Elles s'arrêtèrent un moment dans un parc pour se reposer et faire connaissance, Mila demanda quand elles pourraient rendre visite à Alaric et l'amerindienne lui répondit qu'elle demanderai à Nashoba et qu'il était toujours entre les soins d'Adlsila, la guérisseuse et que s'il y avait eut un problème tout le monde serait au courant. Puis Dena les amena dans ce qu'elle appelait l'owotetipi pour aller manger. Cela signifiait restaurant et c'est là que les villageois se réunissaient pour manger.

- Mais vous ne mangez pas chez vous ?

Perry avait posé la question à la sœur de Chogan alors qu'elles se dirigeaient vers la grande salle. Elle était étonnée de leurs façon de vivre, bien différente de la sienne.

- C'est très rare mais ça arrive. Ceux qui veulent s'isoler sont en général les personnes âgées et les jeunes mariés. Nous préférons nous réunir pour conserver ce lien affectif que nous entretenons, je trouve que c'est convivial et si nous ne le faisions pas, nous ne nous verrions que très rarement, seulement au travail et ça serait vraiment dommage.

En entrant dans l'owotetipi, Dena accompagna les filles jusqu'à une table libre. Anna ne s'attendait pas à ce que la pièce soit aussi grande, elle avait imaginé un restaurant avec des décors cheyennes ou des mosaïques indiennes, mais pas à ce que ça soit si neutre. Il n'y avait aucune décoration hormis quelques peaux de bêtes accrochés sur quelques murs, aucune fenêtre non plus n'occupait la place, les seules ouvertures étant la porte d'entrée et une porte menant à une arrière salle où, la hongroise supposait, que les femmes devaient cuisiner.

La plupart des tables étaient occupées par des familles. Annamária repéra Nashoba assis non loin d'elle, Meika à côté de son père et Elsu installée à côté avec un petit garçon. Elle se souvint que Dena avait mentionné Elsu comme la cousine de Meika, donc c'était logique qu'elle se trouve à la même table que son oncle. Le grand homme chauve, Pez, vint s'asseoir avec un autre homme à la même table qu'eux. Anna reconnut le deuxième homme comme étant celui qui discutait avec Pez quand ils étaient arrivés dans la cité plus tôt dans la journée, et que le rasé s'en était pris à Chogan parce qu'il avait ramené des étrangers.

- Installez-vous, les garçons ne devraient plus tarder.

- Ils font quoi ? demanda Perry. On les a pas revu depuis cet aprèm.

L'algonquienne haussa les épaules en prenant place à côté de Mila.

- Je sais pas du tout, comme c'est mon frère qui est chargé de s'occuper d'eux, ça m'étonnerais pas qu'ils aient poiroté pendant que mon frère sculptait ou s'entraînait au combat.

- Oh, ton frère est sculpteur ? s'enthousiasma Mila, les yeux pleins d'étoiles.

- Je dirais pas ça, il a toujours été polyvalent, et la sculpture fait partie de ses activités préférée. D'ailleurs, c'est lui qui a décoré la plupart des nouvelles maisons.

- Vous n'aviez pas d'objet de décoration dans vos maisons avant ?

- Si, bien sûr, mais c'est mon père à l'époque qui s'en chargait. Il a enseigné tout ce qu'il savait à Chogan.

Ce dernier arriva d'ailleurs près de leur table,la mine patibulaire, suivi de près par William, Asher, Mike, Wade et Eliott. Ils s'installèrent et une femme arriva pour les servir. Chogan observa la table voisine, où Nashoba était installé, il aurait dû s'y asseoir si ce dernier ne l'avait pas considéré  comme un baby-sitter. Il repensa à sa discussion avec lui plus tôt dans la journée, et lui en ayant voulu de n'avoir rien dit sur le retour de l'Ombre, son chef l'avait exhorté à s'occuper des intrus jusqu'à leurs départ, puisque c'était lui qui les avait amené à Dhenema. Il croisa le regard de Pez, qui le nargua en haussant les sourcils avec un sourire narquois. Ça l'amusait bien ce bougre, il s'attendait à recevoir ses remarques après le dîner. Quelle galère !

Dena se pencha vers son frère pendant les retrouvailles de leurs voisins en murmurant :
- Que t'arrives-t-il, Cho ?

- Ça me saoule de devoir rester avec eux alors que ma place est auprès de l'okima (chef de tribu).

- Mais c'est toi qui les a amené ici.

- Crois bien que je le regrette, maugrea-t-il.

Sa sœur leva les yeux aux ciel et croisa, à son tour, les yeux de Pez. Elle rougit aussitôt et baissa la tête, ce qui n'échappa pas à Perrine, elle qui avait l'air si sûre d'elle et confiante, en tout cas de ce qu'elle en avait vu de la journée, ce petit manège l'amusa. Elle se demandait si le frère de Dena était au courant de l'attirance que sa sœur épreuvait pour celui qui était visiblement son meilleur ami.

- Qui est l'homme assis à côté de ton ami ? questionna Perry.

Chogan leva les yeux et constata qu'elle s'adressait à lui. Il suivit sont regard et vit qu'elle parlait de Lenno, assis comme toujours à côté de Pez. Comme il ne répondit pas, sa sœur s'en chargea à sa place.

- C'est Lenno, le fils adoptif de Nashoba et le futur héritier de Dhenema, et accessoirement le meilleur ami de mon crétin de frère.

Nashoba lui lança un regard meurtrier et se concentra sur son assiette. Il n'avait rien à faire ici !

- C'est pas celui au crâne rasé, son meilleur ami ?

Encore mieux, voilà qu'ils se mettaient à parler comme s'il n'était pas là !

- Pez ? Si, aussi.

Pendant qu'ils mangeaient, les garçons racontèrent aux filles qu'ils avaient visité les environs et qu'ils avaient participé à certaines activités pour aider les villageois. La plupart d'entre eux ne furent pas ravis d'être ainsi envahi par des étrangers, bien qu'une minorité les accueillirent avec enthousiasme. À leur tour, les filles expliquèrent ce qu'elles avaient fait de leur après-midi, au grand dam de Chogan qui se lassa de ses conversations qu'il jugeait inutiles. Il préférait largement discuter de bataille et de plan d'action à mettre en place pour repousser l'Ombre et ses soldats. Les Wen se faisaient plus nombreux et plus enragés, et ils devaient trouver une solution au plus vite.

- Avez-vous des nouvelles d'Alaric ? lui demanda soudain Asher, le sortant de ses pensées.

- Pas depuis que j'ai vu Adsila, comme je vous l'ai dit, votre ami est pour l'instant sortit d'affaire mais on en saura plus demain matin.

C'était probablement la phrase la plus longue qu'il avait prononcé en leur présence, songea Anna. Il était habituellement adepte des mobosyllabes.

À la fin du repas, des personnes vinrent débarrasser les tables tandis que l'owotetipi se vidait peu à peu.

- On ne les aide pas ? s'insurgea Mila tandis que Dena les entraînait dehors, les hommes les suivant de près.

- Pas ce soir, vous avez besoin de repos. Vous commencerez à participer à la vie communautaire après-demain. C'est ce que l'okima à dit.

- C'est quoi, un okima ?

- Oh ! Désolée. Ça signifie chef de tribu en algonquin.

Perry hocha la tête. Elle avait hâte de se mettre au lit et de pouvoir récupérer quelques heures de sommeil. Le petit groupe sortit dehors et, alors qu'ils n'avaient parcouru que quelques mètres, une explosion retentit au loin.

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Bonsoir tout le monde !
Ça faisait longtemps que j'avais pas posté mais me revoilà avec le chapitre 9.

On m'a fait la remarque de ne pas mettre les dialogues en gras, du coup j'ai tenté pour ce chapitre de laisser tel quel. Vous en pensez quoi ?

Dites-moi aussi ce que vous pensez du chapitre, il ne se pas pas grand chose mais c'est essentiel de passer par là pour la suite.

À bientôt 👋

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