Chapitre 6



Quand William arriva enfin, il aperçut Perrine et Wade recroquevillés, dans les bras l'un de l'autre et tremblant. Le bandage autour de la cuisse de la jeune fille était teinté de rouge, et de nombreuses égratignures et de bleus avaient pris place sur sa peau.

- Wade ? Perrine ?

Les adolescents se redressèrent et firent un bond en arrière, effrayés.

- Doucement, ce n'est que moi.

Le soulagement put se lire sur leurs visage quand ils reconnurent William et Elliott, qui se tenait non loin derrière l'adulte.

- J'ai entendu crier. C'était vous ?
- Oui... C'était moi, souffla Perry, les yeux hagards. Je.. Il y avait.. C'était tellement horrible !

Elle éclata en sanglots, et Wade entoura ses épaules de son bras. Le jeune homme jusque-là silencieux, prit la parole.

- Allons-nous en d'ici, je vous expliquerais tout quand on sera en sécurité, si on peut l'être, ajouta-t-il si bas que seule Perry put l'entendre.
- En sécurité ? Mais enfin, que se passe-t-il ? Vous avez croisé une bête sauvage ?
- Je ne sais pas vraiment ce que c'était, Will.
- Comment ça ?
- Je t'expliquerais tout au campement, mais pour le moment,  il faut partir.

William céda, et arrivés à destination, le jeune homme lui raconta ce qu'ils avaient vu : l'appel au secours, les mains grisâtres tirant le pauvre homme, leurs fuite et la chute de Perrine à cause de sa blessure.

- C'est pour ça que tu as crié ?  demanda Eliott.
- Oui, désolée de vous avoir fait peur. Ma blessure s'est rouverte et puis, j'étais franchement pas rassurée de savoir que la bête qui avait attaqué cet homme rôdait dans les parages.

Elle jeta un regard inquiet aux alentours,

- C'est compréhensible, dit Will. Venez vous mettre à l'abri dans l'avion.

Elliott étouffa un rire et mît sa main devant la bouche.

- Ce qu'il en reste plutôt.
- On ne va pas jouer sur les mots, Elliott, s'exaspéra l'adulte en levant les yeux aux ciel.

Le petit groupe rentra dans la cabine de commandement, ou, comme l'avait fait remarquer Elliott, ce qu'il en restait, et ils s'assirent en patientant pendant quelques minutes. Puis Wade brisa le silence pesant où tous se regardaient dans les yeux et sursautaient au moindre bruit provenant de l'extérieur.

- On fait quoi maintenant ? On attend là sans rien faire ?
- Pour le moment, se contenta de répondre l'adulte.
- Pour le moment ?
- Oui, Wade, pour le moment on patiente ici jusqu'à ce que Alaric et Asher reviennent.
- Et après on fait quoi ?
- On avisera à ce moment-là, écoutez, il soupira en fermant les yeux, les secours sont prévenus et je n'ai pas plus de nouvelles que vous, donc en attendant, allons manger et nous reposer. Nous verrons avec Alaric pour la suite.

Quand ils finirent de manger et que la nuit commença à tomber, les adolescents s'installèrent pour dormir dans le cockpit et William alla s'adosser contre la tôle à l'extérieur : il n'y avais pas assez de place à l'intérieur pour contenir tout le monde et de toute façon, quelqu'un devait monter la garde et il ne laisserait certainement pas un des enfants s'y coller. Il resta une dizaine de minutes à observer le ciel quand il fut rejoint par Perry.

- T'arrives pas à dormir ?
- Non, les garçons ronflent aussi fort l'un que l'autre. Enfin Eliott est moins bruyant que Wade, mais il est quand même chiant.
- Pénible, rectifia Will.
- Oh, vous les adultes ! Maugréa la jeune fille.

Elle leva les yeux au ciel, et donna un petit coup de coude à Will pour lui signifier qu'elle n'était pas sérieuse.

- Y a pas que les garçons, dit-elle d'une petite voix après quelques minutes de silences pendant lesquelles ils contemplaient les premières étoiles apparaître. Dès que je ferme les yeux, je suis assaillie par des images du crash, et ça m'empêche de dormir. J'ai peur, j'ai vraiment peur et je suis pas sûre d'être capable de gérer un truc pareil. C'est complètement dingue, on voit ça dans les films mais ça peut pas se passer en vrai ! Comment on a pu survivre ? Et tous les autres ?? Ils sont où ? On a même pas vu leurs corps ! Ils ont peut-être réussis à s'échapper, mais, si c'était le cas ils auraient envoyés de l'aide non ? Bien sûr qu'ils l'auraient fait...
- Doucement, respires. Inspire et expire, reprends ton souffle, Will lui caressa le dos et peu à peu, l'adolescente repris son calme. Ça va mieux ?

Perry acquiesça et ne parla pas avant un bon moment. Elle finit par lui demander pardon du bout des lèvres et cacha sa tête entre ses mains.

- Ne sois pas désolée, lui dit William. C'est tout à fait normal par les circonstance de faire une crise de panique. Je pense comme toi, mais hélas, je craint que nous ne soyons plus avancé sur le sujet des autres passagers tant qu'on ne les trouves pas, en vie ou pas. Et puis, nous devons faire confiance au pilote. Il a dit qu'ils avaient prévenus les secours, alors la seule chose qu'on puisse faire, ç'est attendre. Si ça t'intéresses, on écrira un livre quand on rentrera.
- C'est une bonne idée mais autant te prévenir de suite, j'ai pas du tout de talent pour les mots, la seule chose que je pourrais faire c'est de dessiner la couverture.

William rigola de bon cœur.

- On fera comme ça alors. Mais il faudra bien que tu me contes ta version des faits.
- On pourrait tous te raconter notre point de vue. Ça pourrait très bien se vendre.
- Oui tu as raison, c'est une bonne idée. Tu m'as dit que tu aimais dessiner, tu dois être douée.
- Oui un peu, admit Perry. Après le lycée j'aimerais bien me spécialiser en art.
- Je trouve que c'est une merveilleuse idée. Il faut toujours que tu fasses ce que tu veux et non ce que l'on veut que tu fasses. Exauce tes rêves. Personne ne le fera pour toi.
- Je te pensais pas si poétique, ricana Perry.
- Tu n'as pas encore découvert tous mes secrets, jeune fille.
- Montre-les moi, alors.
- Peut-être un jour, si tu est sage, répliqua-t-il en lui faisant un clin d'œil.
- Tu me parles comme si j'avais 6 ans ! Mais pour ta gouverne, je suis toujours sage.

Sous le regard inquisiteur de l'adulte, elle ajouta :
- Enfin en partie.

Ils passèrent une partie de la nuit à discuter et plaisanter. Ils ne virent pas le temps défiler et malgré la fraîcheur et l'obscurité, ils restèrent dehors, observant les alentours et la magnifique vue que donnait le ciel étoilé.

- Au fait, tu ne veux pas aller dormir ?
- Je préfère me montrer vigilant et monter la garde, on ne sait jamais. Et puis il n'y a pas assez d'espace pour qu'on s'allonge tous les quatres.
- Pourquoi tu veux monter la garde ? Tu crois qu'on risque quelque chose ici !
- Je ne penses pas, mais après ce qui vous est arrivé tout à l'heure, avec Wade, je préfère me montrer prudent.
- Ok. Si tu veux, on fera des tours de garde, comme ça, tu pourras te reposer.
- C'est gentil de le proposer, mais je ne préfère pas.
- Pourquoi ? Parce qu'on est plus petits ?
- Ce n'est pas que ça. Il vaut mieux que vous vous reposiez, on ne sait pas ce qui nous attends demain.
- Ce qui vaut pour nous vaut aussi pour toi. On fera des tours de garde. De toute façon, si on voit quelque chose de bizarre, on t'appellera, tu seras juste à côté.

Le chef de cabine eut un instant de réflexion puis finit par admettre qu'elle avait raison. Perry arbora un signe de victoire qui amusa William.

- Va te coucher la première, on alternera après.
- Non, ça sent le coup foireux. Je prends le premier tour de garde, parce que tu me réveilleras pas.
- Est-ce que c'est une habitude chez toi de contester l'autorité des plus âgés ?
- Peut-être pas une habitude, mais disons que ça m'arrive souvent, répondit-elle avec un grand sourire, ce qui provoqua un soupir de Will.
- C'est d'accord, capitula finalement ce dernier. Mais tu me réveilles dans deux heures, et c'est non négocia...

Un bruit de branches qui craquent le coupa dans sa phrase. Aussitôt, raide comme un piquet, Will se leva, imité par Perrine. Il observa les alentours pendant des minutes qui lui parurent très longues, et quand il amorça un mouvement pour se rasseoir, un autre bruit, plus proche cette fois-ci, l'en empêcha. L'instant d'après, une bête filiforme se laissa tomber du haut d'un arbre, et leur fit face en grognant. Ce n'était pas un animal, cela ressemblait plus à un humain, mais avec des jambes plus longues et la peau rosée, Perrine se demanda d'ailleurs si c'était vraiment son derme. De plus, ses membres inférieurs et supérieurs étaient de couleurs grises, ce qui détonnait clairement avec la couleur vive du reste de son corps. Elle possédait des bras musclés mais plutôt petits, et un visage émacié, les yeux globuleux et pas de lèvres, juste un trou énorme avec des dents pointues. Bien qu'elle ait forme humaine, l'étrange créature n'en avait pas la posture : elle se tenait à quatre pattes et de déplaçait comme un animal.

William fit reculer la jeune fille tétanisée derrière lui, et fit protection avec son corps. Il ne lâcha pas des yeux ce qui se tenait devant lui, et resta immobile tandis que la bête marchait devant eux en les observant. Cela fit frissonner d'angoisse Perry qui s'imaginait déjà dévorée par ces crocs acérés dégoulinant d'ailleurs d'hémoglobine. Et ce sang devait appartenir au pauvre homme qui avait été tué par ce qui se trouvait devant elle.

Prise soudain de tremblements, la créature s'arrêta et s'étouffa, avant de cracher un objet brillant sur l'herbe. Titubant, elle fit demi-tour et repartit aussi vite qu'elle était arrivée.

William patienta un moment afin de s'assurer que la bête était vraiment partie, et s'approcha de la forme brillante, sous les protestations de Perry.

- Vous approchez pas, elle lui tint le bras, s'il-vous-plaît. Restez avec moi, rentrons à l'intérieur. Elle est sûrement dans les parages, vous allez vous faire tuer.
- Ne t'inquiètes pas, Perrine, je vais juste voir ce qu'elle a vomi, et je reviens de suite. Tu penses que c'est ça qui a tué le monsieur coincé sous l'avion, cet après-midi ?
- Oui, j'en suis sûre. C'étaient les mêmes mains grisâtres.
- Je vois. Je ne sais vraiment pas ce que peut être cette bête. Je n'en avait jamais vu avant.
- Moi non plus, on aurait dit un humain transformé. C'était horrible.
- Va te mettre à l'abri avec les garçons, je reviens de suite.
- Non, protesta-t-elle vivement en s'accrochant désespérément à lui, je reste avec vous. S'il-vous-plaît, ne me laissez pas seule.
- Encore en train de me contredire, hein ? Bon, d'accord, mais reste près de moi.
- Absolument d'accord, approuva-t-elle en entourant son bras du sien.

L'objet était en fait un bracelet, une pierre de lune entourée de petits diamants tout autour. William observa plus attentivement le bijou en fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Perry.
- J'ai déjà vu cet objet, quelque part, murmura-t-il en observant d'un œil inquiet le sang régurgité sur le bracelet.
- Ah bon ? Où ça ?

William ne répondît pas de suite, essayant de se rappeler à qui il appartenait. Son visage se pâlit d'un coup, et il sentit son cœur manquer un battement.

- Quoi ? Vous savez à qui il est ?

Will hocha la tête, toujours sous le choc.

- À qui ?

Il tourna la tête vers la jeune fille, et répondît d'une voix tremblante :

- À ma collègue, Chiara.


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Désolée de cette longue absence, mais à cause de problèmes de santé, je n'ai pas pu publier avant. Mais je vous ai pas oublié et je vais faire mon max pour être plus présente.
En espérant que ce chapitre vous plaise.
N'oubliez pas de voter,
À bientôt,

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