Chapitre 5




- Qu'est-ce qu'on va faire ? gémit Chiara.

La jeune femme était assise contre un fragment de l'avion.

- Je n'en ai pas la moindre idée, dit Mila. On devrait peut-être aller chercher de l'aide.

- Il n'y a personne ici, rétorqua Mike. On est ici depuis des heures, si quelqu'un devait nous trouver, ça serait fait depuis longtemps.

- Donc tu penses qu'on est les seuls survivants ? s'affola Chiara.

- Je n'ai pas dit ça.

- -Ç'était tout comme, certifia Mila.

Mike soupira en haussant les épaules. En vérité, il ne savait pas ce qu'ils devaient faire. S'aventurer dans cette forêt ne lui paraissait pas être une bonne idée, mais il ne pouvaient pas rester ici.  Il était déboussolé, il pouvait se souvenir s'être assis sur un siège dans le New Blackburn, avoir serré très fort Mila contre lui, puis les cris assourdissants, terrifiés, de Chiara et des autres voyageurs, la chute libre de l'avion. Puis Mila, allongée près de lui, qui l'avait réveillé, tandis que Chiara, qui paraissait encore inconsciente, avait soudain poussé un hurlement. Mike s'était levé en sursaut, avait regardé autour de lui, hébété, avant de reprendre conscience des tragiques événements survenus plus tôt. Il remarqua une entaille profonde sur le dos de sa main, cependant, ce n'était rien comparé à Chiara- qui continuait de crier- paniquée en voyant l'état de son pied. Ou plutôt ce qu'il en restait, puisque une bonne partie  de ce dernier avait été arrachée. Elle n'avait plus d'orteils, il ne lui restait plus que le talon. Mila s'était empressée de lui faire un garrot avec une écharpe traînant à proximité. Faisant fi de son dégoût devant cette vision malplaisante, Mike lui apporta son aide, essayant de calmer la jeune femme, lui murmurant des mots doux et apaisant qui finirent par calmer la jeune femme, à deux doigts de tourner de l'oeil.

Ensuite, ils avaient entrepris la même démarche que William et les adolescents, en fouillant les quelques bagages trouvés ici et là autour de l'avion.  Dans l'une des valises, noire et rectangulaire, Mila avait trouvé un talkie walkie. Néanmoins ce dernier ne fonctionnait pas, il n'avait pas tenu dans le crash, et Mike et ses collègues ne pourraient donc contacter personne.

- On peut aller voir si d'autres personnes ont survécu, proposa la jeune italienne. On est sûrement pas les seuls.

- Et comment on fait, avec Chiara qui ne peut pas se déplacer ?

- Alors j'irai seule.

- Hors de question ! s'écria le steward. Tu ne t'aventures pas dans cette forêt toute seule.

Il réfléchit quelques secondes, puis annonça :

- C'est moi qui irai, vous restez là jusqu'à ce que je reviennes, on avisera de la suite à ce moment-là.

- Non, protesta Chiara. Je peux très bien rester seule, je n'ai aucunement besoin d'être maternée. Allez-y tous les deux.

- Mais ...

- Pas de "mais" qui tienne, jeune homme, plaisanta la jeune femme. Sérieux, j'ai pas besoin de baby-sitter, partez ensemble, et puis que voulez-vous qu'il se passe ici, rien ne va m'arriver.

- T'es sûre ?

- Et certaine !

Mike s'avança vers elle et lui tendit un sifflet qu'il avait trouvé quelques instants plus tôt.

- Au moindre problème, tu siffles et je rappliques aussitôt.

- Ok, papa.

Mike sourit légèrement, puis se tourna vers Mila.

- On y va ?

Cette dernière hocha la tête. Elle se dirigea vers son amie et la serra dans ses bras.

- On ne devrait pas être longs. Dans le sac à côté, il y a de ...

- De la nourriture, je sais. Je vous ai vu en mettre.

Mila sourit et lui serra les mains avec douceur. Son regard se dirigea vers son pied, enroulé dans un tissu gorgé de sang.

- Tu as mal ?

- Pour l'instant ça va, c'est moins pire qu'à mon réveil, ça doit être l'adrénaline, ou quelque chose comme ça, je suppose.

- Sûrement, bon, alors à toute à l'heure.

- À toute, Mila. Prenez-soin de vous.

- Merci, toi aussi.

Les deux collègues s'équipèrent d'un sac à main chacun, faute de mieux, contenant une petite bouteille d'eau et quelques denrées alimentaires, puis ils se mirent en route. Pendant un moment, ils suivirent un chemin, découvrant quelques débris par-ci par-là du New Blackburn.

- C'était un bel engin, quand même.

- Hein ?

- Je parle du New Blackburn, expliqua Mike.

- Je rêve ou tu t'inquiètes plus d'un avion que de nos propres sorts ?

- C'est pas le cas, je fais simplement une constatation.

La jeune femme aquiesca, puis lui demanda d'une petite voix :

- On va s'en sortir, hein ?

Mike observa la jeune femme quelques instants, silencieux, avant de répondre finalement, la tête levée vers le ciel.

- Tu veux que je te répondes sincèrement ou que je te rassures ?

- Je sais pas, un peu des deux, je pense.

- J'aimerais te dire que tout va bien se passer, comme dans ces films à l'eau de rose, mais là, on est pas dans un film et honnêtement, je sais pas ce qui nous attend. Mais, ajouta-t-il en voyant le regard embué de Mila, on va sûrement trouver quelqu'un qui pourra nous aider.

La jeune femme ne répondit pas, et ils continuèrent à marcher en silence.

Mila observa la forêt, la verdure et tenta d'apercevoir le ciel. Or, un brouillard glissant entre les arbres l'en empêcha. Sur un tronc d'arbre, elle vit d'étranges symboles, qu'elle n'avait jamais vu. On aurait dit que ce n'était pas humain, et elle songea que cela paraissait vraiment complexe pour le cerveau d'un homme. Elle allait prendre son téléphone dans sa poche, mais se souvint qu'elle ne l'avait plus.

" Tans pis, pas de photo "

- Par là, dit Mike en montrant un sentier, on va le suivre.

La jeune femme acquiesça et suivit son collègue.

Le sentier monta petit à petit, et le brouillard se fit plus épais. Arrivés au sommet de la plaine, ils virent une partie de l'épave de l'avion, coincée entre plusieurs branches en haut d'un arbre et       les deux collègues s'en approchèrent.

-  Il doit y avoir des choses à récupérer, des vivres, non ?

- C'est possible, mais il faudrait grimper, et ça peut tomber d'un moment à l'autre, répondit Mike.

- Tu crois ? Ça m'a l'air pourtant stable.

- Ne jamais se fier aux apparences, ma douce.

- Comment on fait alors ?

Mike réfléchit en contemplant l'épave.

- Je vais monter, décida-t-il finalement.

- Quoi ? Mais t'as dit que ...

- Je sais ce que j'ai dit, mais on a pas d'autres choix. Si on attends que ça tombe tout seul, ça peut durer des heures et on ne peut pas prendre le risque, Chiara nous attends.

- Laisse-moi y aller, je suis plus petite.

Mike secoua la tête et s'avança vers l'arbre.

- Non, c'est trop risqué, et puis tu ne peux pas, avec ton poignet.

- Ça va mieux, je t'assure.

- Même si c'était vrai, ça ne changerai rien.

- T'as remarqué que tu contestes toujours mes décisions ?

Le jeune homme sourit en coin, et lui fit un clin d'œil. 

- C'est parce que je suis un gentleman.

Cette fois, ce fût au tour de Mila de rigoler de bon cœur.

- Je vais faire comme si j'avais rien entendu, décréta l'hôtesse de l'air.

- C'est ça, et puis tu sais, j'étais un pro, gamin, les arbres étaient mes amis, j'te jure, ajouta-t-il sous l'air exaspéré de sa collègue. Un jour, mon paternel m'a mis une bonne fessée, j'avais le derrière tout rouge, et bien même comme ça, j'ai commencé à grimper...

- Mike !

- Ah oui, pardon, je m'égare un peu, là, il se gratte la tête en regardant Mila, t'es sûre que tu veux pas entendre la fin ? C'est une bonne histoire.

- Mike ! C'est pas le moment.

- Quelle rabat-joie ! maugréa-t-il doucement. Bon, c'est vrai qu'on a pas le temps, mais je te promets de te la raconter plus tard.

L'italienne leva les yeux au ciel.

- Attends-moi là, je fais aussi vite que possible.

Mila observa son collègue vider un des sac-à-main et le mettre à l'épaule.

- Tu es très jolie, ça te va très bien. Très mignonne.

- Bien sûr, tout me va. Tu le savais pas ? J'embellis tout ce que je porte.

Elle éclata de rire quand son collègue fit des mouvements de hanche très exagéré, imitant les mannequins sur le podium.

Mike commença ensuite son ascension, il grimpa tant bien que mal avec le sac qui glissait de son épaule, tout en faisant attention à l'avion pour s'assurer qu'il était stable. Arrivé tout en haut, il cala le sac dans un coin. Une exclamation de surprise lui échappa soudainement en observant l'intérieur de la carcasse.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Mike lui jeta un regard anxieux depuis son perchoir.

- Il y a une femme à l'intérieur, cria-t-il. Elle est inerte, je sais pas si elle vit encore.

- Vérifies son pouls !

Le jeune homme mit un genoux au sol en prenant garde à ne pas faire bouger le New Blackburn, il s'approcha ensuite de la silhouette attachée au siège, plaça ses doigts sur son cou et poussa un soupir de soulagement. Elle était en vie. Il détacha la ceinture et la réveilla. Cela dura quelques instants et enfin elle entrouvris les yeux.

Annamária se sentait tellement fatiguée, elle voulut crier au steward de la laisser dormir encore, mais sa mâchoire ne semblait pas du même avis. Elle réussis à ouvrir les yeux et vis un homme accroupis devant elle. Elle ne le reconnut pas de suite, mais c'était le steward qu'elle avait appelé suite à son accrochage avec l'adolescente.

- Madame ? Vous avez mal quelque part ?

Anna se demanda pourquoi il lui demandait une chose pareille, avant de remarquer que l'avion ne volait plus dans les airs, qu'il était bel et bien... dans un arbre ! Elle regarda de l'autre côté pour voir les autres passagers, mais elle était seule. La tôle avait été arrachée et il ne restait plus que son siège. Elle sentit monter la panique et son pouls s'accéléra.

- Que s'est-il passé ?

- Essayez de vous calmer. Il faut descendre rapidement avant que l'avion ne tombe plus bas.

- Me calmer ? Mais comment pourrais-je me calmer alors que l'avion s'est écrasé ?

- Je sais que c'est bouleversant, mais s'il-vous-plaît, reprenez vos esprit, il faut sortir de là, et rapidement.

Anna hocha la tête, les larmes aux yeux et prit une grande inspiration, puis expira lentement. Elle répéta cette exercice jusqu'à ce que son pouls reprenne un rythme normal.

- C'est très bien, l'encouragea le steward. Est-ce que vous pouvez bouger ?

- Je crois, oui.

Elle bougea doucement ses bras et remua ses jambes.

- Ok ! Vous allez vous mettre à genoux doucement, puis rejoindre cette branche là.

Il pointa du doigt la plus épaisse.

Elle fit ce que lui avait dicté Mike, et sursauta en sentant l'habitacle tanguer dangereusement.

- Merde ! Vite, Grimpez sur l'arbre !

La jeune hongroise obtempéra et descendit aussi vite que possible, Mike derrière elle.

- Vite ! s'écria Mila, paniquée.

Ils descendirent aussi vite que possible tandis que ce qui restait de l'avion débutait sa chute, rattrapant dangereusement Mike et Annamária.

- Sautez ! Sautez ! Vite !

Mike se risqua à jeter un œil au dessus de lui et constata avec effroi qu'ils n'auraient pas le temps de descendre en passant de branche en branche.

- Sautez ! cria-t-il à Anna. On a plus le temps !

- Quoi ? Non, je ne peux p...

- Il le faut ! Vite ! Ou on y reste tous les deux.

Anna s'accrocha à la branche la plus proche et se laissa tomber au sol. Elle poussa un cri de douleur en posant sa main sur sa cheville enflée. Mila courut vers elle et l'aida à se relever, tandis que Mike atterrissait à son tour sur l'herbe.  Le bruit de la tôle qui glissait leur fit relever la tête.

- Dégage de là ! Dépêche ! invectiva Mila en voyant son collègue planté comme un piquet au même endroit, sans bouger. Mike ! Barre-toi !

Ce dernier se réveilla de sa paralysie en entendant son amie crier. Il rejoignit les deux femmes, et à cet instant, ce qui fût auparavant le New Blackburn s'écrasa au sol, à quelques centimètres de l'endroit où Mike se trouvait, quelques secondes plus tôt.

- Nom d'une crotte de bique desséchée, je l'ai loupé belle, celle-là.

- T'aurais pu mourir, lui reprocha l'italienne. Comment tu peux le prendre à la légère ?

Mike ouvrit la bouche, mais la jeune femme l'interrompit :

- Et puis pourquoi t'as pas bougé ? Tu voulais crever ou quoi ? Ce monstre de métal allait t'écraser, et t'es resté planté là !

- Euh, Anna se racla la gorge, je pense qu'il a fait une crise de panique.

- Et toi tu fais une crise d'hystérie, chérie, dit Mike. Whouah ! Vous avez vu la classe ? J'ai fait une rime, je suis un poète dans l'âme, que voulez-vous.

Anna eût un petit rire et Mila devint rouge.

- Tu trouves ça drôle en plus ?

- Détents-toi, c'était pour blaguer. Mais elle a raison, je pouvais plus bouger, j'étais paralysé, incapable de remuer le moindre pouce.

- On dit le moindre orteil, Mike, pas pouce.

- C'est du pareil au même, ma petite italienne.

- Si tu le dit, soupira la jeune femme, lasse.

Elle s'accroupis devant Anna qu'elle avait mise en sécurité pendant la chute de l'épave.

- Ça va, votre cheville ?

Anna secoua la tête en tenant son membre blessé entre ses petites main.

- Laissez-moi voir, dit doucement Mila, ce qui contrastait grandement avec ses cris quelques minutes plus tôt. Je pense que vous vous êtes foulé la cheville, conclut-elle après avoir inspecté son pied. Mike ! Il faut retourner voir Chiara, il y a de quoi la soigner là-bas.

Mike approuva. Il porta sur son dos la jeune hongroise et ils se mirent en route.

- Au fait, moi c'est Anna.

- Oh ! Joli prénom.

- Merci. C'est le diminutif de Annamária.

- Moi c'est Michael, mais comme tu as pu le constater, tout le monde m'appelle Mike. Et voilà Mila.

- Je me souviens de vous, vous m'avez changé de place dans l'avion.

- Exact. On était ensemble après la première secousse.

- Comment va votre main, d'ailleurs ?

- Ça va, dit la jeune femme en observant son bandage. En comparaison de ce qui nous arrive, je trouve ça bien dérisoire.

- Je comprends, je ressens la même chose.

À cet instant, Mike poussa une exclamation stupéfaite.

- Qu'est-ce qu'il y a ? interrogea sa collègue.

Elle suivit son regard, et déclara, épouvantée :

- C'est horrible !

Le spectacle qui s'offrait à leurs vues était en effet macabre. Des dizaines de cadavres mutilés et dépecés d'animaux jonchaient le sol de la forêt, certains membres se trouvaient en hauteur, dans les arbres, et une quantité énorme de sang recouvrait une bonne partie de l'endroit. Les corps laissaient penser qu'ils avaient été dévorés, au vu des os et de la viande arrachée.

-Oh ! Quelle odeur !

Installée sur le dos de Mike, Anna porta une main à son nez, étant donné l'odeur nauséabonde qui flottait dans l'air et qui agressait ses sinus.

- Faut pas traîner ici, intima Mike.

Ils se remirent en route, faisant le chemin inverse. Quand il fut épuisé, le steward déposa Annamária pour se reposer.

- Cinq minutes, le temps de reprendre mon souffle, et on repart.

Mila hocha la tête, fouilla dans le sac, puis lui tendit une bouteille d'eau. Le jeune homme la remercia et bu une longue gorgée. Se sentant coupable, Anna lui fit remarquer qu'elle pouvait marcher, cependant Mike réfuta, catégorique.

- Ça va, ajouta-t-il sous les yeux perplexes de la jeune femme. Vous n'êtes pas très lourde, c'est juste que ça fait un moment qu'on marche.

La hongroise acquiesça, ne cherchant pas à argumenter. Après avoir mangé, ils se mirent à discuter, faisant connaissance. Anna écoutait leurs anectodes avec plaisir, heureuse de penser à autre chose que leur situation plutôt périlleuse. Elle appris que Mike était célibataire, et qu'il travaillait avec Mila depuis deux ans, quand elle avait commencé sa carrière. En retour, elle leur raconta son histoire, comment elle avait rencontré Frank et l'avait suivi jusqu'aux USA.

- Tu n'as pas d'accent, pourtant, fit remarquer l'hôtesse.

- Tu trouves ?

- Bien sûr, je ne me serais jamais douté que t'avais pas grandi ici.

- Je suppose que...

Elle fut coupée par un bruit derrière elle. Aussitôt, Mike se leva et se plaça devant les filles pour les protéger, le corps tendu comme un arc. Des bruits de pas leurs parvinrent aux oreilles, et l'instant d'après, émergents des arbres, le souffle court, deux hommes firent leur apparition. Le premier portait un uniforme de pilote et le second un uniforme de copilote. On pouvait le reconnaître grâce au nombre de barres sur les épaules : le commandant de bord avait quatre barres de galon et le copilote n'en avait que trois. Ils étaient aussi différents que le jour et la nuit. L'un était brun, plutôt de grande taille et plus âgé. L'autre était tout le contraire de son aîné, ses cheveux étaient clairs, presque blonds, il dépassait d'une tête son collègue et n'avait pas encore atteint la trentaine.

On pouvait lire sur leurs visages le soulagement et la fatigue. Ils avaient dû passer la journée à explorer les bois.

- Oh ! J'y croyais plus, je pensais pas qu'on trouverait d'autres survivants.

Le pilote lui donna un coup de coude dans les côtes et s'adressa aux autres :

- Veuillez excuser mon ami, il peut parfois se montrer ...

- Merde Alaric ! C'est toi mon vieux ?

Mike s'avança et lui donna une joyeuse accolade.

- Michael ! Je ne t'avais pas vu, heureux de te voir en bonne forme.

- Comme toujours, mon frère.

- Tu n'as pas changé, dit Asher en cognant son poing contre celui du steward.

- J'espère que toi non plus, tes blagues pourries commençaient à me manquer.

Mila se joignit aux retrouvailles, et ses collègues, bien qu'étonnés de la voir, la prirent dans leurs bras. Asher la garda plus longtemps que nécessaire d'ailleurs, et le pilote lui lança un regard amusé.

- Anna, voici Alaric et Asher, respectivement le pilote et le copilote de l'avion.

- Enchantée, enfin, autant qu'on puisse l'être dans ces circonstances. Je suis Annámaria, mais appelez-moi Anna.

Elle serra la main aux nouveaux venus.

- Si on m'avait dit qu'un jour je rencontrerai ceux qui dirigent l'avion dans lequel je voyageais, je ne l'aurais jamais cru.

- Et pourtant...

- Que faites-vous ici ? demanda le steward.

Alaric leur expliqua tout. Sa découverte du problème technique, son réveil, les autres survivants dont William, qu'ils avaient laissé pour partir à la recherche de potentiels survivants, les longues heures de marche, et enfin leur rencontre.

- La suite, vous la connaissez.

- Vous en avez trouvé d'autres ?

- D'autres ?

- D'autres survivants ? précisa Anna.

- Malheureusement, non, soupira Alaric. Vous êtes les premières personnes qu'on croise.

- Il doit bien y avoir d'autres personnes vivantes, s'insurgea Mila.

- Je l'espère, mais les chances s'amenuisent au fil du temps qui s'écoule.

Mike observa le ciel et se racla la gorge.

- C'est pas pour vous interrompre, les gars, mais la nuit ne va pas tarder à tomber, et on doit retrouver Chiara.

- Elle est vivante ?

- Oui, mais grièvement blessée. On a dû la laisser, puisqu'elle ne pouvait pas nous accompagner.

- Dans ce cas, je propose que nous partions la chercher ensemble, puis que nous rejoignons Will et les gosses avant la tombée complète de la nuit.

- Je suis d'accord avec Asher, approuva le plus âgé.

- Alors allons-y.

- Vous vous souvenez du chemin ?

Mike et Mila se regardèrent, effarés.

- À vrai dire, je comptais sur Mike pour mémoriser le chemin.

- Mais oui, t'inquiètes pas ma petite italienne. Je crois me rappeler par où on est passé.

La jeune femme fut prise d'un fou rire incontrôlable et se serra le ventre des deux mains.

- C'est pas compliqué, puisqu'on a continué tout droit depuis qu'on est partis.

Anna se joignit aux rires de Mila, sous la mine déconcertée de Mike.

- Tu te rappelles du chemin, alors ? Tu t'es foutu de ma gueule ! T'avais l'air effrayée quand ils ont demandé si on s'en souvenait.

- Oh, mon petit américain, le prends pas comme ça, ricana-t-elle en passant son bras sous le sien, sous l'air renfrogné d'Asher. Je plaisantait.

- Puisque c'est toi qui le demandes ma belle...

Le reste de la ballade, si on pouvait l'appeler comme ça, se fit sous les rires les plaisanteries de chacun. Il n'y avait que le copilote qui transpirait la jalousie à plein nez, et il ne se joignait pas à la bonne humeur générale, ce qui était étrange, puis qu'habituellement, il était le premier à blaguer et taquiner tout le monde.

Cela pouvait d'ailleurs paraître bizarre de les voir plaisanter et de bonne humeur,étant donné les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient, mais ils avaient besoin de souffler et d'évacuer la pression après la rude journée qu'ils avaient passé. Le trajet effectué jusqu'à Chiara était comme une parenthèse, une bulle où ils pouvaient respirer avant le retour brutal à la réalité.

Qui se fit à l'instant, où, approchant de l'endroit où Mike et Mila avaient laissé leur collègue, ils virent d'énormes traces de sang qui partaient de l'avion et s'étiraient vers une direction opposée de l'endroit où se trouvait Chiara quelques heures plus tôt.

Cependant, il n'y avait plus personne.

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