Chapitre 2




William était en train de lire les comptes quand il sentit une violente secousse qui projeta ses feuilles au sol. Par chance, il put s'accrocher à une étagère pour ne pas perdre l'équilibre. Quand tout redevint stable, il ramassa tout ce qui était tombé au sol, puis se rendit en cabine pour s'assurer que personne ne soit blessé. Tous les voyageurs en classe économie semblaient en bonne santé, cependant certains paraissaient déboussolés, confus, tandis que d'autres étaient étaient en proie à une véritable panique.

Il aperçut Mila au fond qui était à terre. Une jeune femme l'aida à se relever. Il se précipita vers elles.

- Est-ce que ça va ?

Mila se massa le poignet en faisant une petite grimace.

- Oui oui ça va merci, juste le poignet qui me lance un peu, elle se tourna vers Annamária, vous allez bien, madame ?

- Oui ça va, merci.

Anna avait pu se raccrocher à la poignée de la porte des toilettes, ce qui n'a pas été le cas de Mila qui s'est retrouvée les quatre fers en l'air.

- Qu'est-ce que vous faisiez là ?

- J'accompagnais cette dame à une nouvelle place puisqu'elle a eu un différent avec sa voisine.

William se gratta le menton, songeur.

- Le plus important pour l'instant, c'est que tu ailles te faire soigner. Va chercher Amy, elle pourras t'aider. Je m'occupes de ramener la dame à sa nouvelle place.

- Non, pas la peine, protesta Mila. Je peux m'en occuper, tu as plus important à faire.

- Je vais pas me répéter Mila, vas chercher Amy et fais-toi soigner.

Résignée, la jeune femme partit à la recherche de sa collègue.

Annamária suivit le chef de cabine qui l'installa, comme convenu, sur un siège près d'une sortie de secours.

- Je suis navré, lui dit William, mais c'est la seule place disponible.

- Cela ira très bien monsieur, merci.

- Tout le plaisir est pour moi, madame, et veuillez nous excuser pour ce désagrément.

William repartit voir le pilote après avoir chargé Michael d'aller en première classe pour rassurer les passagers. Chiara reçut la même tâche mais en classe économie.

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Aux commandes, Alaric rassurait son jeune copilote, Asher, qui était déstabilisé par le choc qu'avait reçu le New Blackburn. Cela arrivait souvent, mais c'était juste impressionnant. Il n'y avait pas mort d'homme. Il suffisait de reprendre les commandes principales avec calme tout en s'assurant qu'aucun fusible n'avait sauté ou bien qu'il n'y avait pas de failles dans le système, ce dont Alaric était sûr, puisqu'en arrivant au travail ce matin-là, il avait vérifié en compagnie de William, le chef de cabine, d'un Officier Mécanicien Naviguant et de quelques autres experts la cellule comprenant le fuselage, la voilure, l'empennage et le train d'atterrissage, le groupe motopropulseur à hélice et pour terminer les commandes de vol. Il avait laissé le soin à l'OMN de terminer les dernières tâches secondaires.

Alaric ne pouvait compter toutes les fois où il avait ressenti les secousses d'avion, c'était assez récurent.

L'arrivée de William mit fin à ses pensées.

- Comment ça va, avec les passagers ? Lui demanda Asher.

- Pas d'inquiétudes, aucun blessé, à part Mila qui s'est foulé le poignet. Par contre, ils sont tous en train de paniquer, il faudrait que tu fasses une annonce, Rick.

William et Alaric avaient souvent voyagé ensemble, à bord du New Blackburn. Ils se connaissaient depuis quelques années et travaillaient régulièrement ensembles.

- J'allais m'en occuper juste après les vérifications. Ça va aller pour Mila ?

- Elle se fait soigner par Amy, on verra bien. Il réfléchit quelques secondes, dis-moi, c'est pas grave, la perturbation ?

- Non, pas de soucis à se faire. On entre dans une zone de turbulences, c'est normal.

- D'accord. Je vous laisse, je retourne bosser.

- À plus, Will, salua Asher avec un grand sourire.

Apparemment, il avait retrouvé sa joie de vivre. William les salua avant de partir.

Alaric prit le micro afin de faire l'annonce pour rassurer les voyageurs.

- Mesdames et Messieurs, s'il-vous-plaît votre attention, ici votre commandant de bord, nous traversons actuellement une zone de turbulences. Merci de bien vouloir attacher votre ceinture de sécurité. D'autres perturbations sont à prévoir, cela peut paraître impressionnant mais il ne faut pas paniquer, vérifiez que vous êtes bien attachés et tout ira bien. Merci de votre compréhension.

Le pilote reposa le micro et soupira. Il espérait que ses consignes soient bien écoutées. En vérité, il pouvais dépasser la zone de turbulences, mais ce faisant, il perdrais une quantité énorme de carburant, et il ne pouvais pas se le permettre, quitte à passer outre le confort des passagers.

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Assis en première classe, Wade attacha sa ceinture. Il préférait rester raisonnable, pas comme le garçon à côté de lui. Apparemment, il n'avait que faire des recommandations du pilote, ou alors il ne l'avait pas entendu, ce qui était tout de même assez étrange puisqu'il n'avait pas d'écouteurs. Peut-être était-il dans ses pensées ?

- Tu devrais t'attacher, lui conseilla-t-il, tu n'as pas entendu l'annonce du pilote ?

Le jeune homme leva les yeux vers lui, et le détailla de la tête aux pieds.

- Si.

Wade ne chercha pas plus loin. Après tout, il était assez grand pour décider tout seul. Étant étudiant en droit, Wade en voyait beaucoup comme son voisin, des jeunes qui se fichaient pas mal des règles et qui faisaient ce que bon leurs semblaient. Mais lui-même n'était pas comme ça. Il avait reçu une éducation stricte. Sa mère l'avait élevé quasiment toute seule, puis-qu'à l'âge de treize ans, son père fût condamné à une longue peine de prison. Il était persuadé qu'il était innocent et voulait l'aider à sortir de là. C'est pour cela que, dès la fin du lycée, il s'est inscrit en faculté de droit. Il voulait agir contre l'injustice judiciaire. Il ne voyait son père qu'une fois par mois, celui-ci lui ayant interdit de lui rendre visite. Toutefois, le jeune homme tenait absolument à le voir et passait outre l'interdiction de son père. Il avait bien compris que ce dernier ne voulait que son fils voie comme il était devenu, affaibli et maigre. Wade voulait redonner espoir à son père. Il s'était promis de le sortir là. Il pouvais réussir, il en avait la conviction.

En attendant, il partait rendre visite à sa tante à Charlotte. C'était la plus grande ville de la Caroline du Nord, la sœur de sa mère s'y plaisait beaucoup. Elle y habitait depuis tellement longtemps que Wade ne se souvenait pas quand elle y avait emménagé. Il était encore un enfant à ce moment-là, insouciant de ce qui l'entourait. Ses seules préoccupations étant quel jeux de Playstation il voulait comme cadeau ou bien encore quel goûter il aurait pour l'école. Ah ! Comme il aimerait retourner à cette époque. Une époque où sa famille était encore réunie et nageait en plein bonheur.

- Comment ça se fait que tu voyages en première classe ?

Surpris que son voisin lui adresse la parole, Wade ne répondit pas tout de suite.

- Pourquoi ça t'étonnes ? Tu crois que j'en ai pas les moyens ?

- Bah, disons que, commença-t-il en bégayant, eh bien tu n'as pas vraiment le profil d'un fils à papa et tu as l'air jeune pour subvenir à tes besoins.

Sur ce point, Wade devait bien admettre que l'adolescent n'avait pas tord. Il était habillé modestement, portant un pull over bon marché, un treillis et des baskets pas beaucoup plus chères. Sa tante avait tenu à lui payer le billet, et elle lui avait pris une place en première classe.

- C'est vrai, admit-il. Mais ne dit-on pas que les apparences sont trompeuses ?

Le garçon sourit.

- Peut-être, mais t'as quand même l'air de venir ici pour la première fois. Je me trompe ?

- Non, tu as raison. Toi, en revanche, ce n'est pas le cas.

- Donc, d'après toi je ressemble à un fils à papa ?

- C'est pas ce que j'ai dis. Mais ça se voit que t'es un habitué.

- Ah bon ? Comment ça ?

- T'es à ton aise, expliqua Wade. T'es pas franchement plus étonné des services qu'ils proposent ici et du confort nettement plus supérieur qu'en classe éco.

Après quelques secondes, il lui tendit la main.

- Moi, c'est Wade.

- Eliott, se présenta-t-il en lui serrant la main. Tu vas où ?

- Chez ma tante, à Charlotte. Et toi ?

Eliott soupira avant de répondre.

- Je dois rejoindre mes parents à New-York. Ils travaillent beaucoup et de temps en temps, je vais leur rendre visite.

- Vous n'habitez pas ensemble ?

- Pas vraiment. Moi, je suis inscrit dans un lycée à Denver. Eux,ils voyagent souvent.

Wade fût étonné. Donc il habitait seul ? Il trouvait cela triste. À son âge, lui habitait avec sa mère et sa petite sœur. Même si son père était absent, sa famille était là pour combler le vide.

- Du coup, tu vis tout seul à Denver ?

Mais Wade n'eût pas l'occasion d'entendre sa réponse. Un cri strident résonna dans tout l'habitacle. Instantanément, les deux garçons se levèrent pour aller voir ce qui se passait. Ils coururent vers l'avant de l'avion, se frayèrent un chemin parmi l'attroupement de voyageurs curieux, et découvrirent, soulagés, qu'il ne s'agissait que d'une petite fille qui étais tombé et qui avait le genou éraflé.

- J'ai mal, maman, pleurnicha-t-elle.

Sa mère, à côté d'elle, la pris dans ses bras et se releva.

- Je sais, ma chérie, je vais voir si on peut te soigner.

Wade aperçut un steward se diriger eux, sûrement alerté par le hurlement de la petite.

- Veuillez retourner vous asseoir, s'il-vous-plaît. Nous sommes dans une zone de turbulences. Tant que le commandant de bord ne l'autorise pas, il faut rester attaché.

Petit à petit, la foule se dispersa. Quand les derniers voyageurs furent assis, dont Wade et Eliott, Mike se tourna vers la mère.

- Que s'est-il passé, madame ?

- Ma fille a fait tomber sa peluche, elle a voulu aller la chercher mais elle a trébuché.

- Elle n'étais pas attaché ?

- Si, mais je ne sais pas comment elle a réussi à se défaire de sa ceinture. Je n'étais pas concentrée sur ce qu'elle faisait.

- Faites plus attention, madame, comme je l'ai dis, nous traversons une zone de turbulences. Cela aurait pu être plus grave.

La femme rougit de honte et n'osa rien répondre.

- Retournez vous asseoir, ma collègue passera s''occuper de votre fille.

La mère s'exécuta après l'avoir remercié. Mike, lui, partit à la recherche d'Amy. C'était la seule à avoir suivi une formation adéquate pour ce genre de situations. Clara, une collègue, l'informa qu'elle s'occupait de Mila.

- Pourquoi Amy soigne Mila ? s'étonna-t-il.

- Elle serait tombée pendant la secousse . Apparemment, elle accompagnais une passagère qui souhaitait changer de place.

- Ah, oui ! J'étais là. Elle a demandé à avoir une nouvelle place suite à une dispute avec sa voisine. Bref, tu saurais pas où elles sont ?

- Je crois qu'elles sont dans la remise près de la classe éco.

Comme l'avait dit Clara, Mike trouva ses collègues dans la petite salle adjacente à la classe économie. Amy était occupée à mettre un bandage autour du poignet de Mila. Cette dernière grimaçait de douleur.

- C'est pas grave, ne t'inquiètes pas. D'ici quelques jours, tu ne sentiras plus rien. Il faut juste que tu pense à mettre de la crème à chaque fois que tu changeras ton bandage. En attendant, évites de trop l'utiliser.

- Merci beaucoup, Amy.

Mila se releva en tenant sa main blessée.

- Ben dites donc, ma petite Italienne, tu t'es pas loupée.

Les deux jeunes femmes se tournèrent vers Mike.

- Qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit Mila.

- Je cherchais Amy. Il y a une petite fille en première classe qui s'est blessée en tombant, rien de grave, mais il faudrait désinfecter.

- Je m'en occupes, dit Amy.

- Décidément, c'est la journée des blessés, plaisanta Mila. Je me sens moins seule.

- Oh ! Mais t'es unique petite Italienne, n'en doutes pas. Ne te mets pas dans le même panier que les autres.

- Je vais prendre ça comme un compliment.

- Bon, Amy rangea son matériel, je vous laisse.

- Nous aussi, il faut qu'on retourne travailler.

- Comment ça, "on" ? Questionna Mike. Je te signale que tu peux pas bosser dans ton état.

Amy les abandonna à leur "querelle" et repartit travailer.

- On devrait aller voir William, décida Mike, on verra bien ce qu'il va te dire.

Mila voulut rétorquer, mais une autre secousse, plus violente cette fois-ci, l'en empêcha. Elle se tint à Mike pour ne pas perdre l'équilibre. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient entendre les hurlements de certains passagers paniqués. La jeune italienne resta accrochée à Mike, tandis que ce dernier s'appuyait sur un meuble dans la pièce. L'avion redevint stable, et tous les cris s'estompèrent aussitôt. Mila et son collègue sortirent et partirent à la recherche de leur chef. Ils rejoignirent la classe économique, et pendant qu'ils remontaient une des allées centrales, des murmures leurs parvinrent aux oreilles. Mila sentait bien que certains voulaient leurs poser des questions, mais il fallait d'abord qu'elle trouve William.

Ce dernier se trouvait en compagnie de personnes inquiètes qui l'assaillaient de questions. Il essaya de répondre tant bien que mal.

- Est- ce qu'il va y avoir beaucoup de turbulences ?

- Écoutez , commença William avant de se faire couper.

- Cela va-t-il durer longtemps ? Mes enfants sont effrayés.

- S'il-vous-plaît, s'écria-t-il, votre attention ! Je vous prie de retourner vous asseoir en attendant que nous passons la zone de turbulences, ce qui ne devrait plus être très long maintenant. Suivez nos conseils et tout se passera bien. Tant que vous restez attachés à votre siège, il n'y a pas d'inquiétude à avoir.

Le groupe se dispersa et Wiliiam aperçut Mike et Mila se frayer un chemin parmi la foule.

- Je vois qu'Amy t'as déjà soigné. Que t'as-t-elle dit ?

- Pas d'inquiétude, Will. C'est rien de grave, je peux travailler.

- C'est faux, intervint Mike. Elle lui a dit qu'elle devait bouger le moins possible pendant quelques jours.

- Eh ! s'écria la jeune femme.

Mike haussa les épaules avec un petit sourire en coin.

- Bon alors va te reposer, dit William. Mike se débrouillera avec Chiara.

Mila ouvrit la bouche pour protester, mais son chef ne lui en laissa pas l'occasion.

- Vas-y Mila. Si on a vraiment besoin de ton aide, on t'appellera.

- Bon, d'accord. À plus.

Elle leur fis un signe de la main et s'en alla en salle de repos.

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Perrine soupira pour la énième fois. Ces turbulences l'empêchaient de dormir. Elle espérait que cela ne durerait pas trop longtemps. Elle avait délaissé son livre depuis un moment, elle n'arrivait pas à se concentrer depuis son altercation avec sa voisine. Enfin, elles n'étaient plus voisines, et maintenant que la place à côté s'était libérée, elle avait pu s'y installer et ainsi mettre le plus de distances entre son voisin transpirant et elle. Elle aperçut l'hôtesse de l'air, Mila, si elle se souvenait bien, remonter l'allée suivie du steward. Elle avait un bandage autour du poignet, et Perry se demanda si c'était une des secousses qui l'avait mise dans cet état.

Perry se détourna et reprit finalement son iPod, choisit une playlist et ferma les yeux en posant sa tête contre le siège. Peut-être que d'écouter de la musique l'aiderait à faire passer le temps, et sortir de ses pensées la dispute qu'elle avait eue avec la femme, si on pouvais appeler ça une dispute. La jeune fille pencherait plus pour le terme accrochage.

Finalement, elle s'endormit grâce aux bercements de la musique.

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Et voilà le deuxième chapitre.

Dites-moi ce que vous en pensez.

À bientôt.

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