Chapitre 15




Le jour du départ, Perry s'efforçait de faire sortir Mila de la maison. Les hommes n'allaient pas tarder à partir, et Mike se trouvait parmi eux, bien décidé à aller jusqu'au bout. Ils se trouvaient tous dans la grand place, et si elles voulaient avoir une chance de dire au revoir à leur ami, Perry et Mila se devaient de faire vite. Seulement, l'italienne était têtue comme une mule et ne voulait rien entendre. Elle ne voulait pas voir Mike, n'ayant toujours pas digéré ses paroles assassines, et, plus important encore, elle n'avait pas le courage d'aller lui dire au revoir. Elle était terrifiée à l'idée de le perdre. 

- Ça suffit ! Vociféra Perry, à bout de nerf. Tu arrêtes de faire l'enfant et tu m'écoutes !

Depuis une vingtaine de minutes, elle avait essayé de convaincre Mila de l'accompagner à la grand place. Anna avait lâché l'affaire et avait préféré rejoindre les autres avant qu'il ne soit trop tard. Perry regretta de ne pas être partie avec elle, mais elle craignait que l'entêtement de Mila blesse Mike, et elle ne voulait pas qu'il s'en aille dans cet état. 

Mila l'observa avec des yeux rond, ne s'attendant pas à se faire réprimander, et encore moins par une enfant. Non, se dit-elle, en contemplant le feu animer les beaux yeux verts de Perrine. Ce n'était plus une enfant, c'était une jeune femme qui avait vécu des épreuves et qui, au contraire de la briser, ne l'en avaient rendu que plus forte encore. 

- On a plus le temps de discuter, alors tu mets ton manteau, tu te chausses et tu viens avec moi !

Mila allait protester, mais Perry ne lui en laissa pas le temps.

- Je ne te laisserais pas te faire du mal, ni à toi, ni à Mike. Si tu te fiches de ce que tu ressens, de la culpabilité qui va te ronger si tu ne m'accompagne pas, penses à lui ! Penses à Mike, bon sang ! Comment crois-tu qu'il va se sentir, en ne te voyant pas ? Il risque de se mettre en danger s'il a la tête ailleurs ! Alors, tu vas te dépêcher et on va courir jusqu'au lieu de départ, en espérant qu'il ne soit pas trop tard.

C'est ce qu'elles firent. Elles coururent jusqu'au rassemblement, poussèrent des coudes pour pouvoir passer, et virent que les grandes portes avaient étaient ouvertes, au loin, et que les hommes étaient en train de se diriger vers elles. 

- Non ! s'exclama Mila, le souffle court, en essayant de repérer son ami. Mike ! Mike !

Quelques chuchotements se firent entendre derrière elle, les Dhenemiens se demandant pourquoi une des étrangères se faisait remarquer. Mais Mila n'en eût cure. Elle continua d'appeler Mike, désespérée. Elle croisa le regard de Nashoba, qui se tenait droit, les cheveux attachés en chignon, la fixant d'un air curieux. 

Mike finit par arriver, un air étonné peint sur ses traits. 

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Mila ne répondit rien, se jetant dans ses bras en sanglotant. Mike referma ses bras autour de sa taille, en la berçant doucement. 

- Je suis désolée, geignit Mila.

- Chut, c'est rien, ma petite italienne. C'est moi qui suis désolé, je ne pensais pas ce que je t'ai dit.

- Moi non plus, j'étais juste inquiète. Je ne veux pas te perdre, Chiara n'est plus là, et...

- Je sais, tu ne me perdras pas. Avec ces guerriers d'antan, je suis peut-être plus en sécurité que toi, plaisanta Mike.

Mila lui fit un petit sourire, et s'essuya les yeux. Au loin, Pez s'impatientait, et appela Mike, car ils ne pouvaient s'attarder alors que les portes étaient ouvertes. Des wendigo pouvaient entrer à tout moment. Mike serra une dernière fois Mila dans ses bras, fit un clin d'œil à Perry, puis partit rejoindre Pez.

Ce dernier jeta un regard à Dena, qui l'observait déjà depuis un certain temps. La jeune fille ne cessait de penser aux moments qu'ils avaient passés ensembles ces deux derniers jours. Elle avait fini par trouver, la veille au soir, le courage de lui annoncer qu'elle l'aimait aussi. Pez en avait été tellement fou de joie qu'il s'était permis un rapprochement physique, bien qu'il ne soient pas mariés. Il l'avait serré dans ses bras et lui avait dit qu'il demanderait sa main à Chogan quand il reviendrait. 

Pez sourit à Dena, complice, lui fit un clin d'oeil puis sortit, suivit des autres hommes, de l'enceinte de Dhenema. 

- Il est venu me voir, hier soir, déclara Nashoba en venant se placer à côté de Dena, le regard rivé sur ses hommes.

- Qui, donc, okima ?

- Adriel, affirma Nashoba, l'annonçant comme si c'était évident. Il est venu me demander ta main.

Pez était le surnom que tout le monde lui donnait, suite à une anecdote de son enfance, mais son vrai nom était Adriel. 

Dena eut le souffle coupé, ne s'attendant pas à ce genre de nouvelle. Elle avait espéré cela depuis tellement longtemps. Elle avait toujours cru que Pez la considérait comme une petite sœur, qu'il ne la voyait pas en tant que femme. Et maintenant que ça arrivait réellement, il devait partir. Et, bien qu'il soit expérimenté, elle redoutait plus que tout qu'il se fasse attaquer, qu'il finisse comme Alaric, comme ses parents...

Le regard pétillant de malice de celui qu'elle considère comme un père la fit sortir de ses songes. Il croisa les mains dans le dos, et, taquin, se pencha pour chuchoter à son oreille.

- Tu ne veux pas connaître ma réponse ?

Les joues cramoisies, Dena hocha timidement la tête.

- J'ai dit à Adriel que, pour ma part, il n'y avait aucun problème. Que je pourrai même vous marier, dans l'éventualité où ils reviennent avec le remède. Mais, ajouta-t-il en voyant les yeux de Dee briller de bonheur, je lui ai aussi dit qu'il devrait d'abord en parler avec ton frère, quand il sera sur pied.

Le « quand » redonna de l'espoir à la jeune fille. Le dirigeant de Dhenema avait toujours eu une bonne intuition, alors elle le croyait avec plaisir et son cœur s'emballa.

Mon frère sera sauvé, et je pourrai me marier.

Bien sûr, il faudra attendre l'approbation de Chogan, mais Dee doutait que son frère refuse  car il avait toujours su pour ses sentiments envers son meilleur ami, il ne lui en avait juste jamais parlé, par pudeur, peut-être, par manque de volonté, certainement. Chogan n'avait jamais été vraiment éloquent.

Quand les portes de la cité se fermèrent, il y eut beaucoup d'agitation. Nashoba conseilla à tout le monde de rentrer chez soi, le virus n'étant pas encore éradiqué. Il fallait se montrer prudent jusqu'au retour d'Adriel et de ses hommes. 

- Ça va ?

Perry venait de rejoindre Dena qui s'éloignait en direction de sa maison. Mila, Anna et les garçons étaient partis en direction de la maison de ces derniers.

- Je vais bien, sourit Dee, passant son bras sur les épaules de Perrine. Juste un peu inquiète. Et toi ? Ta jambe te fait encore souffrir ?

- Un peu, avoua l'adolescente, qui avait l'impression de se plaindre d'un bobo alors qu'il y avait plus grave. Mais ça va, s'empressa-t-elle d'ajouter en voyant l'inquiétude dans les yeux de son amie.

- On devrait aller voir Adsila, tu ne peux pas rester comme ça ! Et si ça s'infectait ?

- Tu sais bien que c'est impossible, Nashoba a bien spécifié que ceux qui sont confinés dans la clinique ne peuvent pas sortir. Exception faite pour Bly, et toi, ajouta-telle dans un chuchotement.

Dena lui sourit, complice, puis ouvrit grand les yeux, et s'écria en frappant dans ses mains :

- Je sais ! Si on ne peut pas voir Adsila, on ira voir la seule personne qui l'a assisté depuis quelques mois.

Perry lui jeta un regard interrogateur.

- Qui ça ?

- Sa nièce, Aranck.

Maintenant qu'elle en parlait, Perrine se souvint que la guérisseuse lui avait parlé de la fille de sa sœur qui venait parfois l'assister à la clinique.

- Tu crois qu'elle a ce qu'il faut pour m'aider ?

- Je suis pas sûre, répondit Dee, mais on peut quand même aller voir.

Aranck était chez elle, avec son petit frère. Un grand sourire vint étirer ses lèvres quand elle reconnut ses visiteuses. 

- Dee ! Comment vas-tu ?

Elle se poussa de l'entrée pour la laisser passer avec Perrine.

- Ta mère n'est pas ici ? s'étonna Dena. Bonjour, Ahmuk.

Le petit garçon rougit violemment, sous le regard moqueur de sa grande sœur.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, Ahmuk ? Tu te transformes en tomate parce que Dee t'a juste salué ? Il se passera quoi si elle te fais un bisou ?

- Ari ! protesta Ahmuk, en s'entourant de ses bras.

- Arrêtes de l'embêter, intervint Dena, le regard espiègle. C'est mon petit chouchou.

Si c'était encore possible, Ahmuk devint plus cramoisi. Il se leva précipitamment et courut dans sa chambre.

Les filles rirent en voyant sa porte se claquer.

- Bon, brève de rigolade. Pour répondre à ta question, non ma mère n'est pas ici. Su ne s'en sort plus, alors elle est partie donner un coup de main.

- Je ne pensais pas que c'était à ce point-là, s'inquiéta Perry. Il y a autant de personnes malades ?

Ari secoua la tête, et leva les yeux au ciel.

- Non, c'est juste que les gens ont peur, donc ils ne sortent plus de chez eux. Ils prennent les recommandations de Nashoba à la lettre, alors que le travail dans les champs est le plus important. Bref, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Si vous êtes venues voir ma mère, elle ne reviendra que très tard.

- C'est toi qu'on voulait voir, annonça Dena. La blessure de Perry la fait beaucoup souffrir. Et comme on ne peut pas voir ta tante, on espérait que tu puisses faire quelque chose.

- C'est l'accident d'avion, la cause de ta plaie ? s'enquit Ari, les sourcils froncés.

Perry acquiesça, les yeux voilés de chagrin. Elles partirent s'isoler dans la chambre qu'Aranck partageait avec sa mère, pour que la jeune fille puisse ausculter Perrine en toute intimité. Cette dernière retroussa la robe que Dee lui avait prêté, et défit le bandage autour de sa cuisse. 

- Est-ce que tu as appliqué de la crème dessus ?

- Pas depuis quelques jours, avoua Perrine. Je pensais pas que c'était encore nécessaire, puisque ta tante m'avait précisé de le faire pendant trois jours.

- Et tu ne l'as pas revue, depuis ?

- Non, avec l'épidémie...

Elle n'eut pas besoin de finir sa phrase, Aranck hocha la tête, puis se pinça le nez, soucieuse.

- Quoi ? s'alarma Perry.

- Rien de grave, s'empressa de la rassurer Ari. Le truc, c'est que pour éviter l'infection, il me faut une certaine plante, que je n'ai pas ici.

- Où peut-on la trouver ?

- Dans les bois, répondit Dena. Je sais où elle se trouve, j'y vais souvent avec Adsila et Ari pour la récolter. Je peux y aller, je te la rapporterai en fin d'après-midi.

- Super, t'assures, Dee. Je t'aurais bien accompagnée, mais je dois garder Ahmuk. Ma mère me tuerait si elle savait que je l'avais laissé sans surveillance, surtout après l'histoire de l'explosion...

- Je sais, ne t'inquiètes pas, la rassura Dena avec un doux sourire. Et puis, je n'ai pas besoin de toi, je saurai me débrouiller toute seule.

- Minute papillon ! Se récria Perry. Je vous suis plus là, vous voulez qu'on sorte de l'enceinte de Dhenema, pour aller chercher de l'herbe, au milieu des très vilains wendigo ?

- C'est l'idée, oui, confirma Dee.

- Sauf que, déjà, c'est pas de l'herbe, c'est une plante qui pourrait te sauver la vie, du moins ta jambe, renchérit Ari. Et, en plus, on ne sort jamais seul de Dhenema, il y a toujours un garde avec nous.

Perrine se sentit plus rassurée, mais ses craintes étaient toujours là.

- Il n'empêche que ça me fout vraiment les jetons, rien qu'à l'idée de sortir d'ici...

- Oh, mais tu ne viens pas avec moi.

- Hein ? Comment ça ? Tu ne peux pas y aller seule, en plus c'est pour moi qu'il faut ces plantes, alors c'est normal que...

- Non, c'est trop dangereux pour toi, contesta Dena d'une voix ferme, le regard soudain plus sérieux. Moi, j'ai grandi ici, et je suis sortie des centaines de fois. Et, comme te l'a dit Ari, on ne sort jamais seules. Je serai accompagnée d'un garde.

- Ça ne me rassure pas vraiment, Dena. Il y a sûrement une autre solution.

- Non, il n'y a rien d'autre à faire. Il me la faut absolument, je ne veux pas prendre le risque que ça s'infecte.

- Perry, ne t'en fait pas, assura Dena. Je serai de retour très vite. En attendant, vas rejoindre tes amis.

- Bon, okay. Mais fais attention à toi, d'accord ?

- Bien sûr.

Tandis que Perry se rendait chez elle, Dena alla trouver Paco, qui était le seul disponible pour l'accompagner. Après avoir eu l'accord de Nashoba, chacun alla se préparer. Dena enfila un long gilet par dessus sa robe, prit un panier pour y entreposer sa récolte et rangea dans sa bottine un poignard que son frère lui avait confectionné il y a des années, pour assurer sa propre sécurité, lors de ses rares sorties. 

Elle retrouva Paco à l'entrée de la cité. Le jeune homme l'attendait déjà, discutant avec les hommes postés à la surveillance des portes. Quand il vit Dena, il fit un signe de tête à ses interlocuteurs. 

- C'est arrangé, dit-il. T'as tout ce qu'il te faut ?

La jeune femme montra son petit panier, et Paco hocha la tête. 

- Très bien, suis-moi.

Une des deux grandes portes de Dhenema s'ouvrit légèrement, laissant juste assez de place pour laisser passer Paco et Dena. En faisant le moins de bruit possible, ils se rendirent dans la clairière à une dizaine de minutes. La jeune amérindienne repéra les fleurs qu'il lui fallait, et en cueillît un bon nombre tandis que, posté près d'elle, Paco surveillait les alentours d'un œil de faucon, les mains près de ses armes.

- C'est bon, j'ai fini, déclara Dena, en se relevant. On peut rentrer.

Paco hocha la tête, et, toujours sur ses gardes, prit le chemin de retour.

- Tu as des nouvelles de Hateya ?

Le visage du soldat se ferma, et poussant un profond soupir, répondit :

- Non, je sais juste qu'elle ne s'est pas encore réveillée, et je ne peux toujours pas lui rendre visite.

- Je suis désolée, dit Dena d'une voix douce. Ca va aller, tu verras, Pez va revenir avec l'antidote et ils seront tous sauvés.

- Oui, tu as raison, le jeune homme offrit un sourire forcé à son amie. Et toi, tu as des nouvelles de ton frère ?

Dena préféra passer sous silence la visite qu'elle avait rendue à Chogan.

- Je sais qu'il a repris connaissance, avoua-t-elle.

- C'est déjà ça.

- Oh, oui. Je suis soulagée, j'avais vraiment peur qu'il ne se réveille pas. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui, il est tout pour moi. C'est ma seule famille.

Paco posa une main réconfortante sur son épaule, et il fut récompensé par un sourire qui exprimait toute la gratitude de la jeune algonquine. 

- Tu n'es pas seule, Nashoba et tous les autres aussi font parti de ta famille, tu ne seras jamais seule.

Ils longèrent un petit ruisseau. Paco en profita pour remplir sa gourde. Alors qu'il se relevait, un mouvement dans l'eau l'incita à sortir vivement ses armes, Il scrutait les vaguelettes à la recherche de l'origine des remous. Derrière lui, Dena l'observait, silencieuse. Un pli barrait son front, signe de son anxiété. 

Finalement, l'eau redevint calme, et par prudence, le natif américain garda ses armes au poing. N'avisant rien de particulier, il se retourna vers Dena, et ils reprirent leur marche. 

Ils arrivèrent au bout du chemin, lorsqu'une voix se fit entendre dans leurs dos.

- Alors, on dit pas bonjour ?

Ils se retournèrent vivement, et virent une femme sortir de l'eau. Elle avait de longs cheveux roux auburn, une peau très pâle et de beaux yeux malachite. Paco écarquilla les yeux en la reconnaissant.

- C'est pas très poli, Paco, susurra-t-elle en posant une main sur son torse.

Ce dernier serra les poings sur ses armes, le corps tendu comme un arc.

- Tu la connais ? demanda Dena, incrédule.

La femme éclata de rire, ce son résonnant comme des lames de rasoirs sur une blessure à vif.

- S'il me connaît ? Ce n'est pas peu dire, on a eu l'occasion de se voir quelques fois, pour... Parler affaires.

Elle jeta un regard sournois à Paco, qui l'observait avec une lueur meurtrière dans le regard. 

- De quelle affaires parlez-vous ? Et, bon sang, qui êtes-vous ?

Bien que Dena ne vivait pas dans un monde ordinaire, elle n'avait jamais vu personne sortir de l'eau comme elle l'avait fait, comme si elle habitait dans ce ruisseau, comme si elle était...

Une sirène.

Ou quelque chose qui y ressemble, en tout cas.

- Oh, toutes mes excuses, très chère. Je manque à tous mes devoirs. Moi qui parlait de politesse, m'en voilà étonnement dépourvue. Je m'appelle Amalia.

Elle passa une main dans ses cheveux, et se mit à tourner autour de Dena.

- Dis-moi, tu es bien jolie, murmura-t-elle en caressant sa joue du bout des doigts.

Dena recula brusquement, les yeux écarquillés.

- Ne la touche pas ! Vociféra Paco, en s'interposant entre les deux femmes.

- Ça va, calme-toi, petit cœur. Je ne ferais pas de mal à ta chérie. Enfin, pas moi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Amalia l'ignora, et s'adressa à Dena.

- Tu voulais savoir quelles affaires nous traitions ensemble ? Eh bien, figure-toi que notre ami ici présent n'est pas étranger à la soudaine maladie qui contamine les tiens.

- Comment ça ?

Dena devint blême, et jetait des regards inquiets à Paco, espérant qu'il contredise ce que Amalia venait de dire. Seulement, il ne le fit pas. Il se contenta de baisser la tête, honteux.

- Paco ?

- Il te répondra pas. Tout simplement parce que c'est lui qui a apporté le virus au sein de Dhenema.

Un hoquet de stupeur échappa à Dena, qui recula d'un pas, comme si elle avait réellement reçue un coup.

- Dis-moi que ce n'est pas vrai, gémit la jeune femme, les joues baignées de larmes. Paco...

Un sourire sardonique étira les lèvres de la sirène, tandis que Paco gardait les yeux rivés au sol, n'osant pas affronter le regard de Dena. 

- Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait une chose pareille ?

Au bout d'un long moment, le soldat trouva enfin le courage de regarder Dena dans les yeux. Il poussa un long soupir, et commença à raconter à la sœur de Chogan ce qui avait motivé ses actions. 

Depuis quelques temps déjà, il voulait fonder une famille avec Hateya, sa femme. Seulement, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants, et ni Bly, ni Adsila ne pouvaient les aider. Il avait alors fait la rencontre d'Amalia, qui lui avait promis de régler son problème en échange d'un service. 

Rapporter à l'intérieur de la cité un flacon et en verser le contenu dans la terre, près des champs.

Il ne s'était rendu compte de son erreur qu'ensuite, avec l'arrivée des premiers symptômes. Et, pour aggraver sa culpabilité, pourtant déjà bien présente, sa femme était à son tour tombée malade. 

- C'est bien mignon tout ça, intervint Amalia, mais le temps presse.

Elle s'avança vers Dena, mais avant qu'elle n'ait pu l'atteindre, Paco s'interposa, la pointe de sa lame dirigée vers elle.

- Oh, tu veux vraiment jouer à ça ?

- Ne la touche pas, menaça-t-il, ou bien je te tue.

Amalia fit la moue, mutine, puis repoussa vivement le poignard de Paco, s'entaillant au passage la main.

- J'aurais préféré ne pas en arriver là, mon joli, mais tu ne me laisses pas le choix. Tu as été un bon toutou, susurra-t-elle. 

Elle plongea profondément la main dans son torse, et en ressortit aussitôt avec son cœur, qu'elle écrasa entre ses doigts comme s'il s'agissait seulement de papier, et non d'un organe vital. 

Du sang s'écoula de la bouche de Paco, qui s'effondra par terre dans un râle d'agonie.

Amalia jeta le cœur à côté du cadavre, puis elle s'approcha de Dena. 

Cette dernière était trop pétrifiée pour esquisser le moindre mouvement, les yeux rivés sur son ami défunt.

- À nous deux, ma jolie.

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