chapitre 6 : un oubli accablant
Même si mes yeux s'ouvrent d'eux même sur une chambre de motel vide avec des vitres embrumées, je sais déjà que j'ai envie de replonger ma tête dans mon oreiller.
Puis, je me rappelle que ce n'est pas le mien.
Et je me relève aussitôt. Peut-être un peu trop vite, d'ailleurs, car ma tête se met à tourner avec tellement de violence. Je pose ma main sur la place vide à mes côtés et tout en regardant autour de moi, je commence à me souvenir de ce qui s'est passe la veille.
Pas compliqué quand les bleus et les griffures présents sur mes poignets ainsi que mes épaules commencent à tout doucement aiguiser mes récepteurs de douleurs...
Des douleurs qui me refont bander.
Il y a vraiment un truc qui cloche chez moi.
Cette femme, cette magnifique femme sortie d'absolument nulle part, m'a vidé toute la nuit, encore et encore et encore...
Et moi je bande à nouveau aux souvenirs.
Ouaip. Un putain de problème.
Je me recouche à plat dos sur le matelas encore chaud de nos ébats et souffle en frottant mes yeux de mes paumes. Faudrait peut-être que je me tire de là... C'était bien bon, que du cul avec aucune prise de tête, une bonne partie de jambes en l'air, mais il faut que je continue de me casser. Sans blagues, je vais pas rester ici... C'est en me roulant une énième fois sur le côté que je tombe au sol, complètement vidé de mes forces. Je grogne quand ma tête percute le sol et c'est à tâtons que je récupère mes vêtements qui avaient volé la veille. J'arrache mon caleçon de la lampe de chevet, ma chemise rouge de sous le lit et mon pantalon... Putain, il est où mon fut... Quand je m'agenouille à nouveau sous le lit, je grimace de dégoût en y découvrant une montagne de poussière et quelques emballages de préservatifs, surement aussi vieux que ce motel... Je ne serai pas surpris que les constructeurs, heureux qu'ils étaient, s'étaient fait un malin plaisir pour laisser un petit souvenir aux futurs occupants.
Mais y'a donc personne qui nettoie ?
Ces chambres de motel, c'étaient comme les gens... Acceptables, voir beaux en apparence, mais quand tu commençais à fouiller un peu en profondeur...
On y découvrait ce genre d'immondices.
Dégoûté, et la tête qui commençait violemment à tourner, je me redresse et soupire. Il faut vraiment que j'aille me débarrasser de ce mal de crâne avec le café le plus fort du monde...
***
Étrangement, ce n'est pas au diner qu'elle n'est, non plus... Quand j'arrive, quand j'ai enfin réussi à faire face au terrible soleil qui a eu raison de mes pauvres rétines meurtries et que j'ai réussi à descendre les escaliers de la chambre de motel... il n'y a que Ronda et Elvis qui se prennent la tête de vive voix. Leurs forts accents du sud me vrillent les tympans et j'en grimace. La servante, en le voyant, pose une main sur sa hanche et me rigole au visage alors que je viens prendre place sur l'un des tabourets couinant sous mon poids.
— Et bien ! Regardez-moi ça ! Toi, mon p'tit, tu as eu une sale nuit !
— Fé, sziteupé...
— Pardon ?
— Café, s'il te plais...
— Tu vois ça, Elvis ? Les manières ! Prends en de la graine !
Je les laisse s'embrouiller de nouveau et recouche ma tête meurtrie sur le plan du comptoir métallique qui sent encore la friture.
Cette femme... Sam... Elle a l'effet de la pire gueule du bois du monde. Et j'en ai encore envie... J'ai encore envie de la retrouver, de l'agripper, de la sentir repousser et repousser l'inévitable orgasme, pour qu'il n'en soit que plus fort.
— À quoi tu penses, mon p'tit ?
Aux orgasmes.
— A la route qui m'attends.
— Tu repars, finalement ?
Sinon je vais me jouir dessus, comme un gamin prépubère qui a vu son premier décolleté dans la cour de récré.
— Ouaip... J'ai encore pas mal à faire...
Ronda me dépose mon café brûlant devant moi et je dois me faire violence pour ne pas sauter dessus et tout avaler d'une traite... Quoi que, si je le faisais, je serai bien réveillé... Elvis, à mes côtés, enfonce ses mains dans les poches de son vieux cut en jean délavé et passe deux doigts sur la grosse moustache touffu qui surplombe sa lèvre supérieure.
— Ah, ces petits, hein Ronda ? Toujours à être pressé...
La petite clochette qui résonne lorsque le routard part, réveille ma migraine et je m'empresse de porter mon mug brûlant à mes lèvres. Ronda s'accoude près de moi, son torchon aux tâches graisseuses en main et m'assure un doux regard.
— C'était quand même un plaisir de t'accueillir ici, Rip. Reviens quand tu veux.
— Merci.
Et sur un dernier sourire, elle disparaît en cuisine.
***
Et me revoilà sur la route. Une route, encore et encore vide... Au bout, une boule orangée qui fait refléter ses rayons partout sur le désert environnant. Après mon café ce matin, je suis parti reprendre mes affaires de ma chambre et pourtant ce n'était pas si compliqué, pas vrai ? J'avais tout simplement à attraper mes sacs, qui étaient loin d'être défait, étant donné que j'ai passé la nuit dans la chambre de quelqu'un d'autre, cependant... Après une rapide douche et l'apaisement que ça m'a refourgué... J'ai fait l'erreur de poser ma tête une demi seconde sur mon oreiller.
Presque huit heures plus tard, je me suis enfin réveillé.
Alors je me barre encore quand le soleil est en train de se coucher.
Dans un sens tant mieux. Le soir m'apaise, la nuit me réveille. J'ai le temps de mettre mes idées à plat et ne pas penser à autre chose que... Et merde.
Il fallait que j'y repense, hein ? Même durant mon éternelle sieste, j'ai eu les images qui me revenaient en tête. Cette peau douce et veloutée qui se parsemait de frissons quand mes doigts la longeaient... Ses pupilles qui dilataient à chaque fois que je l'agrippait pour approfondir mes coups de reins... Le cuir de mon volant crisse entre mes doigts tant mes souvenirs m'aveuglent. J'ai rarement passé une telle nuit, que ce soit avec une vraie relation ou une connerie d'une nuit après une fête trop arrosée... C'est comme si jusque-là, je n'ai jamais su jusqu'où ça pouvait vraiment aller. Alors bien sûr, que j'en reveux... N'importe quel homme à ma place serait foudroyé par une telle expérience.
Allez Rip, pense à autre chose ou tu vas crasher.
Je reporte ma main gauche à mon sac d'affaires posé sur le siège en cuir noir à mes côtés et sans détacher la route du regard, je commence à fouiller les petites poches sur le côté. Je tâte, je tâte, mais rien. Je ne la trouve pas. La panique s'empare de moi et tout en bloquant mon volant de mon genou, je me mets à chercher dans mes vêtements roulés en boule... Mon fric est là, mes caleçons sont là, mon arme, même... Tout, sauf ça.
Elle, n'y est pas.
Putain. Non, non, non !
Je lâche mon sac, au bord de l'explosion et fait une violente embardée sur le côté pour faire demi-tour... Sauf que bien sûr, je n'ai pas fait attention à la route et je n'ai pas vu qu'une autre voiture roulait devant moi.
Le choc est plutôt violent.
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Hellaaaaw !
Bon ma ponctualité est loin d'être correct mais tant pis 😂
Nouveau chapitre du pdv de Rip ! Et que des problèmes pour la suite 🤔
J'espère que ça vous a plu ! 💜💜💜
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