chapitre 4 : eaux bouillantes

J'ai rarement vu une femme aussi sensuelle dans ses gestes. À chaque fois qu'elle portait son verre à ses lèvres rouges pulpeuses, ma queue devenait de plus en plus dure. J'ai même failli planter ma fourchette dans ma gencive. Elle me déconcentrait à chaque seconde. Je me sentais coupable quand même... On m'a toujours appris que reluquer avec insistance une femme, était mal poli.

Mais elle... Elle m'obsédait. Elle continue de m'obséder, alors que je suis à présent seul devant mon verre de whisky.

Assis sur le capot de ma voiture, le regard perdu dans les étoiles qui s'allument un à un dans le ciel obscur, je me laisse bercer. Les lueurs rouge pourpre néonisées des enseignes du motel provoquent une ambiance tamisée et la chaleur encore présente dans le désert s'estompe autour de moi dans de larges bancs de vapeur. Finalement, je resterai peut-être plus d'un jour... C'est peut-être risqué vis-à-vis de Cobalt, mais j'en ai rien à carrer.

Il y a quelques éléments qui m'indiquent que ce grand désert à plus à m'offrir que du sable dans les plis de mes vêtements et la chaleur sèche.

Mais pour l'instant, une bonne nuit de sommeil sur ce matelas pourri de ma chambre est de rigueur.

Je me laisse donc glisser le long du capot de ma Chevrolet, file jeter la bouteille vide de ma boisson et me dirige vers le bâtiment où se trouve justement ma chambre.

***

C'est là que je l'ai vu, que je l'ai pressenti. Alors que j'étais occupé à traîner du pied pour rentrer, mes clefs clinquantes entre mes doigts, je suis tombé sur elle. Sur ce regard de velours qui me transperçait pourtant la peau telle une aiguille. Et puis elle a souri. Étirant ses lèvres sur une rangée de dents blanches et gracieuses, accompagné d'un geste gracieux de la main pour déblayer ses cheveux blonds légèrement trempés de ses épaules.

J'aurais voulu passer mon chemin, trouver assez de forces en moi pour tenir tête à ce désir naissant qui proliférait en moi comme une maladie... Mais quelqu'un comme elle, une hypnose psychédélique, une femme dont les cuisses laiteuses et lisses disparaissaient dans une eau illuminée et emplie de bulles... Non. On ne refusait pas une tentation pareille. Aucun homme sur Terre n'était capable de se retenir. C'est donc le feu dans les jambes que je range mes clefs dans ma poche et d'un pas lent, vient la rejoindre. À mon arrivée, elle se laisse entièrement glisser dans l'eau jusqu'à ne laisser plus que ses épaules dénudées et me sourit de plus belle.

— C'est une belle nuit, non ?

— Magnifique.

— Je ne dis pas non à un peu de compagnie...

Sa voix est une vraie mélodie. Douce et enivrante... 

Putain, mais réagit, Rip, la demoiselle t'as dit un truc !

Je sors les mains de mes poches et m'agenouille près de la bordure du jacuzzi bâti dans le bitume du sol du motel. Dans un sens, je suis tenté, terriblement tenté, le moi d'avant aurait balancé ses vêtements dans un battement de cils... Mais le moi d'aujourd'hui ne peut se permettre d'être impulsif. L'impulsion, ça finit toujours par se regretter. Voyant mon hésitation, la belle inconnue fronce ses sourcils, vexée et croise ses bras sur son soutien-gorge blanc trempé, accentuant son décolleté enivrant au passage.

— En couple ? Marié ?

Si seulement... Les choses seraient plus faciles avec une alliance autour du doigt, non ?

— En deuil ?

Ça aussi, ce serait plus facile. Mais non. Je fais tremper le bout de mes doigts dans l'eau chaude et finit par répondre, peut-être un peu trop sec.

— Non. Juste... perplexe.

— Perplexe ?

— Parler avec une femme dans un motel... Ce n'est jamais une très bonne idée.

Son regard furibond se mue dans quelque chose de plus satisfait et alors qu'elle se colle contre la paroi et qu'elle tend le bras vers le restant de l'eau, elle me susurre à nouveau.

— Peut-être... Mais tu as l'air d'être quelqu'un qui aime bien le danger.

Un frisson me parcourt l'échine et je sais d'avance que l'adrénaline qui court à l'intérieur de mes veines comme si elle faisait un sprint, sera celle qui donnera raison à cette sublime jeune femme...

— Si ça peut te rassurer, je m'appelle Sam.

— Rip.

— Voilà. C'est tout ce qu'il nous faut.

Sa remarque m'arrache un sourire. Bon, elle a raison. Je me relève donc et me débarrasse de ma chemise, de mes chaussures et de mon pantalon. Je sens son regard perçant me fourmiller la peau alors que je me déshabille et m'empresse de me glisser dans l'eau, avant que ce rush d'adrénaline ne vienne se réfugier dans un membre interdit. Je n'aime pas les bains, je n'aime pas l'eau en général, je déteste me laver, attention, je le fais quand même, mais là... Je suis prêt à faire tout genre d'efforts. Et alors que l'eau chaude et bullée frôle mes tatouages et les quelques cicatrices qui me recouvrent le dessus du torse, la dénommée Sam se laisse étendre de tout son long afin de basculer sa gracieuse tête en arrière, face aux étoiles au-dessus de nous.

— Alors, Rip... Si tu n'es ni en deuil, ni marié, ni... Occupé, quel qu'il soit, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Juste... En voyage.

Mentir à une inconnue n'est pas aussi facile que je le croyais. Mon bégaiement ne passe pas inaperçu et elle redresse la tête vers moi. Un brin de malice vient faire pétiller ses billes bleues et après s'être redressée, elle vient nager jusqu'à moi... S'arrêtant à peine à quelques centimètres de mon visage. Déboussolé, alors que je le suis rarement par une femme, ou par qui que ce soit d'ailleurs, j'essaye de faire un pas en arrière... Mais je suis déjà à la bordure. Son sourire s'élargit de nouveau et elle sort sa main de l'eau pour venir la poser sur mon épaule. Ce contact fais l'effet d'un électrochoc, mais je ne me laisse pas démonter alors qu'elle la fait longer le long de mon torse.

— Menteur et mystérieux... Rien que ça.

— Je ne mens pas.

Mais pourquoi est-ce que je suis obligé de me justifier ? Je lui rattrape la main avant qu'elle ne replonge dans l'eau et la fait tourner pour que ce soit moi, qui suit dominant. Quand son dos percute le rebord du jacuzzi, un petit cri outré s'échappe de sa bouche qui me fait un peu culpabiliser... Mais voyant que ce n'est non la douleur ou la peur qui fait étirer ses pupilles, mais plus le plaisir, j'enchaîne.

— Fais attention, la curiosité est un vilain défaut.

— Ah ? Et tu ne ressens rien pour tout ce qui est... Vilain ?

Je ne peux m'empêcher de retenir mon rire. Il brise le silence qui s'installe pourtant autour de nous et étrangement, ça me ramène à la réalité. Je ne suis soudainement plus dans la torpeur et l'ambiance tamisée du jacuzzi au milieu de deux bâtisses de motel, mais vraiment dans ma peau. Je ne suis plus qu'un homme, coincé dans ce bain bouillonnant qui commence à laisser des marques sur ma peau. Agacé et surtout, un peu intimidé, je pose mes mains sur le rebord du bain et me hisse en dehors pour pouvoir en sortir. Sam se retourne vers moi, un peu ébahie et demande.

— J'ai dit quelque chose de mal ?

— Non. Enfin, oui... Enfin, non, j'en sais rien. Je sais juste que je ne devrais pas être là.

— Pourquoi ?

Alors que je repasse ma chemise sur mon torse encore suintant d'eau, je lui refais face, à elle et à son corps qui est en train de me rendre dingue.

— Je trouve pas ça correct, c'est tout.

— De quoi ? Deux adultes consentants qui prennent un bain ensemble ?

De l'amusement figure sur son joli visage aux joues arrondies, mais je tiens tête, toujours aussi sérieux.

— Je vais y aller.

— Mais j'y crois pas !

Elle aussi, se hisse sur la bordure afin de sortir et vient se poster devant moi. Son corps aux courbes bien définies, ses seins, ses hanches, sa peau laiteuse me fait détourner la tête. J'ai intérêt à vite refermer cette boucle de ceinture avant que je n'y ai plus de place...

— Tu sais ce qui n'est pas correct ? Pas tant le fait qu'on soit tous les deux dans un bain, mais plutôt qu'un homme comme toi me laisse sur la faim. C'est-ce que tu aimes faire ? Torturer ?

Je repose mon regard sur elle, même si je dois me faire violence pour ne pas baisser les yeux sur son port de cou splendide qui donne sur son décolleté.

— Tu ne connais rien sur moi.

— Oui. Et comme je l'ai dit, c'est ce que je recherche. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas... On est au milieu de nulle part et c'est pourtant exaltant. Parce que rien qu'avec ça, on peut créer tout ce qu'on veut. Rendre ces nuits... Inoubliables.

De grands mots. En temps normal, j'aurai rigolé à la supercherie, ça sentait le drame à plein nez, je ne trempe pas dans ça. Pourtant, sortant de sa bouche, de cette magnifique bouche sur laquelle j'avais envie de faire fondre mes lèvres... Tout prenait un sens. Y compris ces mots dramatiques. Voyant que je me détendais un peu, elle avance encore d'un pas, de quoi casser le petit espace de liberté qui me séparait d'elle, et vient reposer ses mains aux doigts fins et élégants sur mes épaules.

— Juste deux inconnus... Dans un motel. Rien de plus.

— Rien de plus ?

Répété-je comme si je voulais y croire. En guise de réponse, elle approche ses lèvres des miennes, mais alors que je suis persuadé qu'elle va m'embrasser, elle s'arrête à un souffle et murmure.

— Rien de plus.

-----------------

Désolé j'ai une heure et demie de retaaard 😲 j'espère que ce chapitre vous a plu ! Je tenais à vous remercier de l'accueil que vous avez réservé à cette nouvelle histoire !

Dites moi en commentaires comment vous ressentez nos deux protagonistes pour l'instant 💜💜

À demain !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top