chapitre 10 : la corvée

Je fais rapidement le calcul dans ma tête... Si je la tue maintenant et que je cache son corps dans le désert... Dans quelques heures, je me serai cassé et elle et son maudit minois narcissique ne seront plus mes problèmes. Ça se tente ? Mais à la place de lui tirer dessus pile entre ses deux magnifiques yeux bleus, je claque la porte avec violence et étouffe une injure entre mes lèvres pincées.

Je dénoue la serviette de ma taille trempée, la balance quelque part dans la pièce et m'agenouille près de mon sac d'affaires. Alors que je m'habille d'un t-shirt et d'un jean, je me repasse en boucle le moment où j'ai ouvert la porte sur cette furie aux cheveux blonds clairs. La première chose sur laquelle je m'étais concentrée, ce n'était pas son visage... Mais sur sa tenue. Sa grande chemise qui lui arrêtait à la mi-cuisse était serrée par un corset noir. Sa poitrine accentuée par l'accessoire et la nudité de sa peau...

Les mots qui s'échappaient de sa bouche, à côté de la vue... Étaient plus que difficiles à entendre.

— Je suis baisé, bordel de merde...

***

Mes lunettes de soleil sur le nez, je titube le long de l'escalier pour rejoindre Sam que je vois appuyée contre la portière cabossée de ma caisse. Elle tient du bout de sa main un chapeau cowboy noir et l'un de ses pieds habillés d'une boot est replié derrière elle.

Une bombe pareille près de ma caisse...

Je pourrai la prendre direct sur la banquette arrière et qui sait, peut-être que ça la fera taire.

De sa divine bouche, je n'ai envie d'entendre que mon prénom en gémissements. Mais j'ai l'impression que ça ne sera pas aussi facile, aujourd'hui.

Je la rejoins en remontant mes lunettes sur mes cheveux et enfonce le bout de mes mains dans les poches avant de mon jean.

— Bonjour à toi aussi...

Le coin de sa bouche se fend dans un sourire et cause une petite fossette dans sa joue rosée. Elle retire son chapeau, faisant voleter une nuée de cheveux blonds.

— Je t'ai réveillé ?

— Le respect ça ne te connais pas, hein ?

— Respect ? Tu en as eu quand tu as défoncé ma voiture ?

— Pas après non plus... Mais je commence à croire que tu aimes ça.

Elle ouvre la bouche pour rétorquer, mais se redresse sans rien dire lorsqu'un pick-up s'engage dans le parking du motel, traînant à l'arrière celui de la blondinette. Je plisse les yeux pour voir les dégâts et tire une moue. Ah ouais. Je ne l'ai vraiment pas raté. J'étais tellement obsédé par mon oubli de la veille et la furie blonde qui me faisait bander, que je n'avais pas vraiment pris conscience de mon acte.

Mais putain... Là, je vais douiller.

Je jette un coup d'œil sur Sam qui reste figée à mes côtés et remarque que l'amusement a complètement disparu de ses yeux. Elle est sincèrement furieuse.

Peinée même.

Gêné, j'étouffe un toussotement et me concentre sur Elvis qui sort de sa voiture, sa moustache menaçant de s'envoler sous la chaude brise poussiéreuse.

— Et bien les enfants ! Vous n'avez pas loupé votre coup !

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir que Sam me fusille de son regard de braise. Ça me brûle la peau.

Merde.

Putain, j'ai été con.

Elvis nous rejoint, les mains dans son cut en jean délavé et nous annonce.

— J'y ai jeté un œil et tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il a besoin d'un bon passage chez le garagiste. Il y a des pièces là-dedans qui sont foutus... Je ne sais même pas comment ça pouvait encore rouler !

Vexée comme un pou, Sam se mit à trépigner sur place en ventilant son visage cramoisi du bout de son chapeau.

— Mais la ville la plus proche est bien trop loin d'ici ! Je ne pourrai pas la traîner jusque là-bas !

— Il y a une ville fantôme, à 30 km d'ici, je peux t'y déposer, je dois justement filer et je passe dans le coin.

— Une ville fantôme ?

— Creek Plains n'est pas sur les cartes, mais je sais de source sûre qu'il y a un garage, là-bas.

Sam souffle bruyamment et alors qu'elle marmonne plusieurs insultes à travers ses lèvres pincées, je tente de la résonner.

— Tu devrais accepter. Comme ça, ce ne sera plus un problème.

Elle se retourne sauvagement contre moi et vocifère, son front plissé sous la colère.

— Je ne peux pas partir aujourd'hui, j'ai des choses à faire !

Diva. Je garde cependant ma remarque pour moi et me rapproche de son pick-up. Je sillonne la voiture cabossée du bout des yeux et reconnaît tout de suite mieux le modèle, maintenant que je le vois en plein jour. Une Ford F150 de 1979. Dans le coin, les garages auraient surement les pièces de réparation pour ce genre de voitures. Enfin, ça, c'est ce que je me dis jusqu'à ce que je me penche sur le capot. Je fronce le nez quand j'aperçois les joints, les bougies et tout le reste encore fumant de la veille et me redresse vers Sam qui est à deux doigts de faire une syncope.

— Ça fait combien de temps que tu n'as pas entretenu ta caisse ?

— Regarde-moi bien, j'ai l'air d'être mécano ?

Je la regarde de la pointe des pied à son dernier cheveu et j'hésite à lui dire qu'elle n'a même pas l'air de quelqu'un qui devrait être dans le désert. Une petite pin-up blonde toute bonne à poser à côté d'un cactus pour faire gonfler sa page Instagram.

Mais encore une fois, je m'abstiens.

Je repose mon regard sur Elvis qui nous observe, un petit rictus amusé en coin de lèvre et lui demande, croisant mes bras sur mon torse.

— Ronda nous avait dit que tu t'y connaissais ?

— Je pourrai vous aider, en effet, mais malheureusement, je suis déjà en retard, il faut que je me mette en route vers le nord.

— Et moi, je ne peux pas partir.

Rouspète Sam, furieuse.

J'ai compris, petite diva.

Je passe une main dans mes cheveux, à bout de solutions quand le regard de la blondinette s'allume comme un brasier.

— J'ai bien une idée. Ma voiture reste ici, tout comme ce charmant gentleman qui me l'a bousillé qui va me faire la gentillesse de proposer ses magnifiques muscles pour me la réparer.

— Quoi ?!

Je manque de m'étouffer, ahuri, mais Sam n'y prête pas attention et passe devant moi pour se poster devant Elvis.

— S'il peut bénéficier du matériel pour ça.

— Bien sûr ! J'ai ça dans ma voiture.

— Attends, attends, moi, je ne suis pas d'accord !

— Et pourquoi donc ?

— Parce qu'il faut que je me casse !

— Hm. Je ne pense pas. Et puis plus tu te dépêcheras, plus vite tu pourras partir.

Elle se met à battre avec exagération ses sourcils et une fureur noire vient faire serrer mes poings contre mes flancs. J'aimerais lui dire d'aller se faire foutre, de juste sauter dans ma voiture et la laisser planter là. Mais quand elle casse le peu d'espace qui nous sépare en s'avançant vers moi et qu'elle fait longer ses mains le long de mes bras, tâtant mes muscles du bout de ses doigts et qu'elle me murmure à l'oreille... Et bien je ne suis qu'un homme.

— Je compte sur toi.

Le coup qu'elle m'inflige contre mon épaule me réveille de ma vulnérabilité et je me pince les lèvres alors qu'elle ricane d'un rire bien trop désinvolte. Elvis revient vers nous et me tend un caisson de clés anglaises et autres outils.

— Bonne chance, mon vieux, je crois que tu vas en avoir besoin !

Je souris faussement et me décale pour qu'il puisse déposer le Pick-up bousillé de Sam.

Ouais. Je vais en avoir besoin.

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Hellllllaaaaaw ! J'espère que vous allez bien ?

Oui, oui, deux chapitres aujourd'hui, pour le faire pardonner de mon heure de retard 🤭🤭

Rip se retrouve dans une position un peu chiante, non ? Cobalt ET Sam au cul... Ça va chauffer dans tous les sens du terme 😳

À demain pour la suite ! 

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