The morning I killed myself

C'est avec le chant des oiseaux et les rayons de soleil transperçant les rideaux que j'ouvre les yeux. Je prends un instant pour respirer profondément, puis, étirant mes bras, je me redresse dans mon lit. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ce matin, je me sens bien.

Devant le miroir, je réarrange ma coiffure après cette nuit de sommeil. Je me change en de vêtements confortables, choisissant un t-shirt bleu. Ce matin, je me sens bien. Je n'ai pas envie de rester en pyjama, ni de mettre des couleurs mortes comme d'habitude.

Dans les escaliers, je n'entends pas la voix de ma mère comme d'habitude. Son petit chantonnement n'est pas là.

Arrivée dans la cuisine, je remarque qu'elle n'est pas là non plus. Étrange. Pourtant, je ne me pose pas trop de questions. Je sors le jus de fruit du frigo, me verse un grand verre et prépare une tartine à la confiture de fraise. Mon petit-déjeuner préféré.

D'habitude, à cette heure, toute ma famille aurait du être dans la cuisine. Ce matin, je me sens bien, c'est différent. Tout est alors différent.

J'ai envie d'aller marcher. Il fait beau, le soleil brille. Ce n'est pas souvent qu'on voit cela, ici. Alors, je veux en profiter. De toute façon, ce matin, je me sens bien.

Je remonte à l'étage pour prendre mes baskets, celles que je n'ai pas mise depuis de longs mois maintenant. Je n'ai pas entendu le chantonnement de ma mère dans la cuisine, mais je n'ai aucun mal à entendre sa voix provenant de ma chambre.

Quand j'ouvre la porte de celle-ci, je n'aime pas l'image que j'ai devant les yeux. Ma mère est assise au sol devant mon lit. Les portes de mon armoire sont ouvertes, mes vêtements au sol. Ma mère tient un de mes t-shirt dans ses mains. Elle l'observe avec un regard étrange, alors que les larmes coulent sur ses joues. Elle porte ensuite le tissu à son nez et le sent.

- Ça ne sent pas toi, mon coeur. Celle-là aussi ne sent pas toi, elle pleure.

Je m'avance vers elle et m'accroupie à ses côtés alors qu'elle prend un autre de mes vêtements et le sent aussi. Je pose ma main sur son épaule, j'essaye de la faire tourner vers moi mais j'ai l'impression de n'avoir aucune force. Je me place devant elle, je prends son visage entre mes mains. Non, elle ne réagit toujours pas. Elle ne me remarque pas.

- Aucun de ces vêtements ne sent comme mon bébé !

Elle cri maintenant, elle balance mes vêtements à l'autre bout de la pièce. J'essaye d'attirer son attention, mais en vain. Je n'aime pas la voir pleurer, ça me fait mal, il faut qu'elle arrête.

- Maman, cesse de pleurer, je t'en supplie. Tout va bien.

Elle ne m'écoute pas, elle pleure et cri et jette tout ce qu'il y a à portée de main. Elle se lève, elle se tire sur les cheveux, elle pleure, elle pleure et je veux que ça s'arrête.

- Non, non, non. Tu n'es pas partit, tu es là, je sais. Tu te caches. Tu veux jouer à cache-cache, n'est-ce pas ?

- Maman, je suis là.

Je lui fais des signes de main, je me place devant elle, je la touche, mais en vain. Elle ne réagit pas, elle ne me voit pas, elle ne m'entend pas, elle ne me sent pas.

- Maman ! Regardes, je suis là !

Même mon cris ne lui fait aucun effet. Elle cherche quelque chose, elle pleure toujours et je n'arrive pas à l'arrêter. Elle ne me voit pas. Pourtant, je suis devant ses yeux. Pourquoi elle ne me remarque pas ?

Elle tombe au sol, une fois de plus. Dans ses mains, une photo de notre famille. Je l'avais rangée dans un tiroir. Pourquoi avais-je fait ça déjà ? Maman avait demandé à ce que je la garde devant mes yeux. Je ne l'avais pas fait.

- Non, non, non. Dis moi que tu es là, mon bébé. Reviens, je t'en supplie. Tu ne peux pas partir, reviens.

Elle pleure, elle pleure, elle pleure. Elle regarde la photo, elle pleure, elle l'a sert fort contre sa poitrine, elle pleure et elle ne me voit pas.

- Maman, je ne suis pas partit, je suis là !

- Reviens, je t'en supplie, reviens. Laisse pas maman toute seule, reviens...

- Maman...

Je n'en peux plus, je ne peux pas rester là à la regarder pleurer sans rien faire. Ça me fait mal, ça me frustre. Je sors, je la laisse seule. Elle m'a demandée de ne pas le faire mais je le fais. Parce que ce matin, tout est différent.

Je descends les marches, je cours, je respire profondément. Mon père, il faut que je trouve mon père. Il faut que je trouve mon père et que je lui explique l'état de maman. Il faut que je trouve mon père pour qu'il aille aider ma maman à se reprendre. Il fait qu'elle cesse de pleurer.

Il est dans le garage. J'ai eu du mal à le trouver parce qu'il ne fait aucun bruit. Assis sur le vieux fauteuil au coin, il a la tête baissée et une feuille dans les mains.

- Papa, faut que tu ailles voir maman. C'est urgent.

Il ne relève pas la tête. Ses mains tremblent. Je m'avance vers lui rapidement, il faut qu'il réagisse vite. Je m'accroupie devant lui et vois finalement son visage.

- Papa... Papa, pourquoi tu pleures ? Papa ?

Il ne me répond pas. Il ne remarque pas ma présence. Il continue à observer la feuille qu'il a dans les mains. J'y jette un coup d'oeil. C'est mon écriture. C'est ma signature à la fin.

- Papa, qu'est-ce que tu lis ? Papa, répond moi, s'il te plaît.

Toujours pas de réponse. J'essaye de prendre la feuille de ses mains, je n'y arrive pas. J'essaye de relever sa tête, je le secoue, je le touche, mais j'ai encore l'impression de n'avoir aucune force.

- Papa ! Regardes moi, je suis là !

Il ne me regardes pas. Il pleure silencieusement en lisant mes mots. Mes derniers mots. Je m'en rappelle. Je les avaient écrits hier. Mes mots.

- Je suis désolé, ma princesse. Je n'ai pas pu te sauver. Papa n'a pas pu te sauver.

- Papa, je suis là !

Il pleure, il pleure, il pleure, il ne me regardes pas, il ne m'entend pas, j'y arrive plus. Je ne peux plus le regarder pleurer. Mon papa ne pleure jamais, il doit arrêter. Ce n'est pas juste, il doit arrêter.

Je cours, je m'en vais, je le laisse seul aussi. J'ai envie de pleurer, j'ai envie de crier, je cours, je remonte à l'étage, je cours.

- Pierre ! Pierre, maman et papa ne vont pas bien, aide moi !

Je commence déjà à crier dans le couloir. La chambre de mon frère est au bout, je cours, je cris, je cours et j'ouvre sa porte à la volée.

- Pierre...

Il est au lit. Il dort ? Non, il ne peut pas dormir. Mon frère va courir tout les matins, il ne peut pas dormir. A cette heure, il aurait du être sous la douche ou devant sa console. Il ne peut pas dormir.

Je l'appelle, je m'avance vers son lit et m'assois à ses côtés. Ma main sur son épaule, je le secoue, j'essaye de le faire tourner pour voir son visage mais en vain. Je n'ai pas de force. Encore une fois, je n'ai pas de force.

- Pierre, réveille toi ! C'est urgent, réveille toi !

Toujours pas de réaction. Je me lève et passe au dessus de lui pour m'allonger de l'autre côté. Je peux voir son visage. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, il fixe un point. Il n'a pas détourné le regard malgré ma présence.

- Pierre, il faut que tu fasses quelque chose. Lève toi, va dire à nos parents de ne pas pleurer. Pierre, lève toi !

Je le secoue, je lui met des claques, il ne réagit pas, il ne bouge pas, il ne me cri pas dessus. Je veux qu'il le fasse, pourtant.

Non, non, non. Une larme coule sur sa joue. Non, pas lui. Pas lui aussi.

- Ne pleures pas, pas toi aussi, je t'en supplie...

Il ferme les yeux. Réagit, dis quelque chose ! Je le secoue encore plus, mais je n'ai pas de force, je ne peux rien faire. Je me lève, je dois sortir d'ici, je dois aller trouver quelqu'un et les prévenir. Quelqu'un doit pouvoir faire quelque chose.

Je suis une fois de plus en train de courir dans les escaliers. D'un geste de main, j'efface les larmes qui coulent sur mes joues. Il me semble que ce sont les seules que je puisse effacer par moi-même.

Au bout des marches, je m'arrête net. Julia est là. Ma meilleure amie. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Ça doit faire des mois qu'elle n'est pas venus chez moi, ni par soi-même comme avant, ni par mon invitation inexistante. Qu'est-ce qu'elle fait là, alors ?

- Julia ? Julia, il faut que tu m'entend.

Je m'avance vers elle. Elle pleure aussi. Pourquoi tout le monde pleure ? Son regard est partout, elle semble étudier les murs, les objets et elle pleure. Je suis devant elle, mais elle ne pose pas son regard sur moi.

- Julia... Julia, regardes moi, s'il te plaît. J'ai besoin de ton aide. Julia !

Je la prend par les épaules, je la secoue elle aussi. Pas de réaction. Je n'ai pas de force, je n'arrive pas à faire remarquer ma présence. Je pleure maintenant, je n'efface pas mes larmes, je regarde Julia perdre son regard sur un objet et je ne peux rien faire.

La sonnerie retentit. Peut-être que la personne derrière la porte pourra m'aider.

Derrière la porte se trouve Mathilde. La copine de mon frère. Elle pleure. Elle pleure, ma mère pleure, mon père pleure, mon frère pleure, Julia pleure, je pleure et je ne peux rien faire à part regarder.

- Mathilde, dis moi que tu me vois. Dis moi que tu m'entends, s'il te plaît.

Je la supplie, malgré notre manque de communication depuis notre rencontre, je la supplie. Mais, cela n'est pas suffisant, visiblement. Au lieu de me répondre, elle enlace ma meilleure amie. Elle enlace Julia alors qu'elle doit l'avoir vu maximum deux fois et lui avoir parlé une fois.

- Mais regardez moi ! Je suis là ! Julia ! Mathilde ! Oh, regardez moi !

Elles pleurent, l'une dans les bras de l'autre. Au lieu de remarquer ma présence, de me voir ou de m'entendre, elles pleurent.

- Comment tu te sens ? Mathilde lui demande en se reculant.

- Vide... Je... Je n'arrive pas à y croire...

Et voilà qu'elle recommence a pleurer, cette fois-ci plus fort, plus bruyamment, n'étouffant pas ses sanglots. Mathilde lui dit qu'elle comprend, qu'elle est dans le même état.

- Je vais aller voir Pierre, il doit être dévasté... Assieds-toi un instant, d'accord ?

Sur ces derniers mots, Mathilde s'en va pour la chambre de mon frère, laissant Julia seule avec moi. Je m'approche une fois de plus d'elle et la prend par les épaules.

- Julia, répond moi, je t'en supplie. Tu ne m'entend pas ? Arrête de pleurer, tu ne pleures jamais, arrête !

Face à son manque de réaction, je la laisse aussi. La porte d'entrée est toujours ouverte, je cours a l'extérieur. J'essaye de respirer, souhaitant que l'air frais me fasse du bien, mais ma poitrine me fait encore plus de mal avec chaque inspiration et expiration.

Je passe devant la maison de nos voisins. Ils nous connaissent bien, peut-être qu'ils peuvent m'aider, eux. Je sonne à leur porte, plusieurs fois, j'enfonce même la sonnette pendant de longues minutes, mais personne ne m'ouvre.

Je me laisse tomber au sol. Je me sens épuisée. Mais, je dois aussi trouver de l'aide. Il y a beaucoup trop de gens qui pleurent, je dois faire quelque chose. Je n'arrive pas à les faire cesser de pleurer, quelqu'un d'autre doit le faire.

Je me relève alors du sol, me retenant un instant au mur pour me reprendre. Je passe ensuite dans le jardin. Ce n'est pas la première fois que je le fais, nos voisins étaient habitués que je leur rendent visite en passant par la porte arrière qui donne directement sur la cuisine. Mme Lefèvre passe la plupart de son temps dans cette pièce.

Dans le jardin, j'aperçois d'abord Mr Lefèvre. Il parle au téléphone, il semble frustré ou triste ou énervé, je ne sais pas. Je cours vers lui, je lui fais des signes, mais il ne me remarque pas. Il continue à parler.

- Je commence à m'inquiéter pour elle. Depuis qu'elle a appris pour, Noémie, la fille de nos voisins, elle passe son temps à faire des biscuits parce que c'était ses préférées.

Je ne perds pas plus de temps avec lui. Il est trop occupé pour me donner son attention. La porte donnant à la cuisine est ouverte. En entrant, l'odeur de mes biscuits préférées me donne envie de sourire. Mais, ce n'est pas le moment.

Mme Lefèvre est devant le four, contrôlant les biscuits. Sur la table, au sol, sur le comptoir, partout - toute la cuisine est remplie de plateaux de biscuits. Mme Lefèvre sort un autre plateau du four et trouve une place libre pour le déposer. Puis, elle commence à les examiner.

- Non, encore non. Ils ne sont pas réussis... Ils ne sont pas assez bien pour... Pour elle, elle murmure.

Elle se remet à préparer de la pâte pour faire de nouveaux biscuits. Ses mains tremblent, ses gestes sont brusques, elle fout les ingrédients partout, chose qu'elle ne faisait jamais.

Je m'avance vers elle, je l'enlace, je lui fais un câlin en lui murmurant d'arrêter.

- Regardes, je suis là moi. Regardes, s'il te plaît...

Elle ne regarde pas. Elle casse un oeuf dans le bol, un bout de coquille tombe à l'intérieur aussi. Elle tente de l'enlever, d'abord doucement, puis plus rapidement.

- Sors, sors, sors. Ne me complique pas la tâche, sors...

Et elle commence à pleurer de frustration. Elle laisse tomber la pâte et s'adosse contre le comptoir. J'essaye d'effacer ses joues, mais les larmes sont toujours là. Je n'y arrive pas.

- Je ne lui ai pas fait de biscuits depuis longtemps... J'aurai du... Une dernière fois...

- Je suis là, regardes. Il n'y a pas de dernière fois.

Mais elle ne m'entend pas. Elle prend sa tête dans ses mains et pleure davantage. Elle aussi ne peut pas m'aider. Elle ne me remarque pas, ne me voit pas, ne m'entend pas, ne me sens pas. Alors, quand son mari vient pour la consoler, je m'en vais.

Il doit bien y avoir quelqu'un qui pourra m'aider, n'est-ce pas ? Quelqu'un qui pourra faire cesser de pleurer toutes ces personnes.

Je suis à nouveau devant ma maison. Je regardes autour de moi. Où dois-je aller ? Où ?

Je ne peux réfléchir longtemps quand une voiture se gare devant moi. Je reconnais cette voiture. Guillaume et son père en sortent.

- Guillaume, qu'est-ce que tu fais là ?

Il ne se retourne pas vers moi à l'entente de ma question. Il doit m'avoir entendu, pourtant. Quelqu'un doit m'entendre. Son père passe un bras sur ses épaules et ils marchent ensemble vers ma maison. Je les suis.

- Guillaume ! Répond moi, est-ce que tu m'entend ? Guillaume, s'il te plaît !

Julia les invite à l'intérieur. Je regarde avec surprise Guillaume, le gars dont je suis secrètement amoureuse, enlacer ma meilleure amie. Non, non, non. Pas lui. Il ne doit pas pleurer. Pas lui aussi.

- Julia, dis lui de ne pas pleurer, je demande en les regardant.

Elle ne dit rien, pourtant. Et je l'entend, je l'entend renifler, j'entends ses murmures étouffés sur l'épaule de Julia. Je les contourne pour être face à lui. J'efface sa joue qui n'est pas collé à Julia, mes ses larmes sont toujours là.

- Ne pleures pas, pourquoi tu pleures ? Je murmure en caressant sa joue.

- Je l'aimais... Je l'aimais, putain !

Je recule d'un pas. Je le regarde avec effroi. Qu'est-ce qu'il raconte ? Pourquoi il pleure ? Pourquoi tout le monde pleure ? Même son père a lâché quelques larmes en voyant l'état de son fils.

- Je sais, réplique Julia en relevant sa tête de son épaule. Mais, c'est trop tard. On n'y peut rien maintenant.

- C'est de ma faute... J'aurai du lui dire... Putain je l'aimais !

Je cours, je m'en vais. Je ne veux plus les voir ni entendre pleurer. C'est trop difficile. Je n'aime pas cette image. Je n'aime pas ce son. Je n'aime pas ce qu'il se passe. Pitié, que quelqu'un arrête tout cela.

Je cours, je cours et je cours. Aucun passant dans la rue ne me regarde étrangement. Eux aussi ne me remarquent-ils pas ?

En ville, la vie continue normalement. Personne ne pleure ici. Tant mieux. Alors pourquoi toutes les personnes que je connais pleurent ? Je veux qu'ils arrêtent.

A l'hôpital, je me sens malade comme d'habitude. J'ai toujours détesté cet endroit. Je cours, personne n'essaye de me bloquer le passage, personne ne m'interdit de passer ces portes.

La morgue. J'y suis. Je suis essoufflée, j'ai l'impression que je ne tiens plus debout, mais j'y suis. Je retrouve la personne que je cherchais. Elle est tellement blanche... Sans vie... Je la secoue, elle aussi. Elle doit me remarquer, elle.

- Noémie. Noémie, réveille toi. Réveille toi, s'il te plaît. Papa et maman pleurent, Pierre et Mathilde pleurent, Julia et Guillaume pleurent, les Lefévre pleurent. Réveille toi, Noémie. Tu es la seule qui pourra faire cesser tout cela. Réveille toi ! Noémie, s'il te plaît ! Je t'en supplie ! Ouvres tes yeux ! Parle, dis quelque chose ! Noémie !

Mais elle ne parle pas. Elle n'ouvre pas les yeux. Elle ne réagit pas. Elle ne me remarque pas. Je ne me remarque pas.

Je m'écroule au sol. Je ne me sens pas bien, aujourd'hui.

Et je n'aurai plus la chance de me sentir bien. Je n'aurai plus la chance de me réveiller au son des oiseaux. Je n'aurai plus la chance de prendre mon petit-déjeuner préféré. Ni de manger les biscuits de Mme Lefèvre. Ni de me chamailler avec mon frère. Ni d'apprendre à connaître Mathilde. Ni de renouer mon amitié avec Julia. Ni de vivre une histoire avec Guillaume. Ni de sentir les bras de mes parents autour de moi.

Je n'ai pas réussi à trouver quelqu'un qui pourra les consoler. Quelqu'un qui pourra effacer leurs larmes et leur dire que tout va bien, que la Terre continue à tourner.

Je n'ai pas réussi à trouver quelqu'un qui pourra faire tout cela, parce que ce 'quelqu'un' c'est moi, mais que 'moi' n'est plus là.

Parce que je me suis enlevée la vie.
Parce qu'il est impossible de faire retour en arrière.
Parce que 'moi' n'est plus là et ne sera plus là, et que ce qui l'attendait n'aura pas la chance de se produire.
Parce que je ne peux rien faire à partir de maintenant.
Parce que je n'étais pas si seule, après tout. Mais je l'ai compris trop tard.

Je l'ai compris le matin après m'être ôter la vie.


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