Chapitre 8 ~ La voie du sang
Je ne me rappelle plus ce qui s'est passé exactement après qu'Henry ait fait sa déclaration. Je me rappelle juste m'être enfuie et m'être enfermée à clef dans ma chambre. Il a frappé plusieurs fois pour me demander de sortir mais je n'ai même pas répondu. J'ai fait la morte. Edward a même tenté de me parler mais je n'ai pas non plus répondu. Je commençais à avoir mal au ventre. Je n'avais rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures. Je n'arrêtais pas de me poser les mêmes questions.
Henry avait-il vraiment tué sa mère ? Comment ? Pourquoi ?
Pourquoi avais-je accepté de l'épouser ? Sur le coup, cela m'avait paru être la solution toute désignée mais avec le recul je me rendais compte que c'était carrément stupide.
Comment avais-je pu suivre Edward, persuadée qu'il allait m'épouser ? Comment avais-je pu me montrer aussi inconsciente ? Et pourquoi, quand j'avais compris qu'il n'avait aucune intention de le faire étais-je restée avec lui ?
Autant de questions pour lesquelles je n'avais aucune réponse à fournir. J'étais juste stupide.
J'ai ouvert le petit secrétaire. J'avais besoin d'écrire, de dessiner, je ne savais pas vraiment. Mais, en tout cas, je voulais me défouler. Sinon, j'allais devenir folle. A l'intérieur du premier tiroir, il n'y avait rien. Il n'y avait rien non plus dans le deuxième tiroir. Un peu résignée, j'ouvris le troisième tiroir. Contre toute attente, il y avait quelque chose à l'intérieur. C'était un carnet taché de sang. Il avait l'air ancien, il sentait le renfermé. Il était poussiéreux. J'ai soufflé dessus. Un prénom apparut distinctement sur la couverture, gravé dans le cuir. Augusta. La mère d'Edward et d'Henry.
Cela attisa tout de suite ma curiosité. Les deux garçons avaient dépeint leur mère comme une femme diabolique, bien que j'avais trouvé quelques traces d'admiration dans la description d'Edward.
Je voulais savoir qui elle était. Comprendre qui elle était. Elle m'intriguait.
J'ai ouvert le carnet. J'ai tout de suite été plongé dans ses écrits. L'écriture était brouillonne, désordonnée. C'était comme si Augusta avait écrit ces lignes le plus rapidement possible, ou comme si elle était en proie à de forts sentiments.
Il me fait peur.
Il n'est pas comme les autres enfants. Son grand frère aussi est particulier, mais il est le pire des deux. Il est étrange. Méchant. Cruel.
Il nous veut du mal. Je n'aurais même pas dû le laisser grandir. J'aurais dû le noyer comme un petit chat dans l'eau. Quand j'étais petite, à la ferme, et qu'un chaton de la portée était bizarre, papa le prenait et allait le noyer dans le puits. J'aurais dû faire la même chose avec lui. Il le mérite.
George est persuadé que je me fais des idées, que c'est juste un petit garçon comme les autres, qu'il est juste très seul. Mais, il ne voit pas comment il est avec moi. Comment il me fixe de ses yeux sournois. Il me veut du mal.
L'autre fois, son frère a capturé un lièvre sauvage pour l'apprivoiser. Mais lui, lui, je l'ai retrouvé dans la cuisine, le lièvre de son frère étripé sur les genoux. Il n'avait pas la moindre émotion dans ses yeux. Il léchait, lentement, le couteau taché de sang. J'ai crié et je me suis enfuie.
Il faut que je m'en débarrasse. C'est facile de se débarrasser d'un petit garçon de 6 ans. On prend la carabine qui est cachée sous le lit. On l'emmène en forêt. On lui tire dessus. On enterre le cadavre au pied d'un arbre ou on le fait sombrer au milieu de notre étang. Les moyens ne manquent pas. On revient ensuite au manoir, en larmes, en affirmant qu'il a disparu. C'est tellement simple.
Mon dieu, je sais que vous réprimez le crime, mais j'ai besoin de tuer mon fils. C'est une menace pour moi. C'est un véritable monstre. Il ne mérite que la mort.
J'ai refermé le carnet brusquement, en proie à une véritable envie de vomir.
Comment osait-elle parler comme ça de son fils ? D'Henry ? De prévoir de le tuer ?
Cette femme était elle-même un monstre.
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