Chapitre 7- La crypte
La crypte était située sous le hall central. L'escalier pour y accéder paraissait interminable. Henry ne lâcha ma main à aucun moment. Plus on s'enfonçait dans la terre et plus il faisait froid. J'ai frissonné. Je ne portais que ma robe de mariée et elle dénudait mes épaules. Mon nouveau mari me rassurait, rien que par sa présence. Il paraissait peut-être fragile de l'extérieur mais il était tout de même très grand, il me dépassait d'une bonne tête. J'aimais sentir sa main chaude contre la mienne.
De longues traînées rouges coulaient le long des murs, ayant un peu l'aspect du sang. Henry, captant mon regard, me rassura :
"Ne t'inquiète pas. C'est à cause de la terre qui entoure le domaine, elle est carmin et, lorsqu'elle est traversée par l'eau, elle provoque ce genre de phénomènes. On est en octobre, il fallait s'y attendre."
Il n'empêchait que, malgré cette explication, tout cela me faisait frémir.
Des torches éclairaient les murs et non des lampes fonctionnant à l'électricité comme dans le reste de la maison. L'ambiance était assez glauque.
Nous sommes arrivés dans une grande pièce. Là, il y avait deux sépultures. J'ai un peu hésité avant de demander :
"Ce sont... C'était... tes parents ?"
Il a acquiescé, doucement. Cette fois, c'est lui qui serra ma main plus fort. J'ai cligné des yeux. J'ai doucement posé la question qui me taraudait :
"Pourquoi tenais-tu tellement à m'emmener ici ?"
Il a soupiré :
"Serena... Il faut que tu saches que nos parents ont toujours engendré beaucoup de secrets. Ils étaient... Particuliers. Leur mort ne pouvait qu'être de même. Un véritable mystère.
-Comment sont-ils morts ?
-J'avais 16 ans quand papa est mort. C'était l'hiver. Il neigeait. J'étais sorti dans la neige, pour profiter un peu de l'absence du soleil. Lorsque je suis sorti, il était là, allongé sur la neige, dans une tache de sang. Mort. Je n'ai pas compris. Je suis allé cherché maman. Quand elle l'a vu elle a éclaté de rire. Je ne l'avais jamais vu autant rire. Le médecin légiste est arrivé quelques jours plus tard. Je ne sais pas du tout quel diagnostic a été émis. Maman nous avait enfermés tous les deux au grenier.
-Mais quelle horreur ! Comment pouvait-elle rire de cela ?
-Je te l'ai dit. Ma mère était... particulière. Elle s'appelait Augusta Wilhelmine, c'était une luthérienne très pratiquante. Elle était assez dure. Toute notre enfance elle nous a répété que les femmes étaient les récipients du péché, des créatures immorales. Elle nous a aussi expliqué que nous ne devrions jamais avoir de rapports sexuels, sous peine de finir en enfer. Elle méprisait profondément papa. Tous les soirs, elle priait pour qu'il meure dans d'atroces souffrances. Lorsqu'il l'avait contrariée elle nous obligeait à l'accompagner."
Henry regardait fixement le sol. Il paraissait encore plus pâle que d'habitude, si c'était possible. J'avais du mal à imaginer une femme assez mauvaise pour obliger ses jeunes enfants à prier la mort de leur père. Ma mère était une femme adorable, peut-être trop. C'était sans doute pour cela que mon père avait cru possible de la tromper sans essuyer la moindre conséquence.
Il reprit son discours :
"Il avait ses torts, lui aussi, bien sûr. Il n'était presque jamais là et c'était un ivrogne. Parfois, quand il avait trop bu, il frappait maman. Mais, je ne pense pas que cela pouvait justifier un tel niveau de haine en elle. Maman nous insultait souvent, quand on était petits. Elle était persuadée que nous allions devenir des ratés, comme notre père. Elle nous empêchait de voir des enfants de notre âge. Nous avons tous les deux été très isolés durant toute notre enfance. Moi, c'était normal, mais pour Edward par contre...
-Ta mère te battait quand tu étais petit, non ?
-Qui t'a raconté ça ?
-Edward.
-Il t'a dit ça ?
-Oui.
-Peu importe.
-Comment ta mère est-elle morte ?
-Le problème est bien là.
-Pourquoi ?
-C'est moi qui l'ai tué."
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