/!\ musique en média à mettre en lisant si vous voulez voir à quoi cette musique ressemble

Ce fut le son d'un piano qui me réveilla en plein milieu de la nuit. Je me suis levée d'un coup et j'ai enfilé une robe de chambre. J'ai posé ma main sur la poignet de la porte. Étrangement, elle n'était pas verrouillée.

Je suis sortie dans le couloir. On ne voyait rien mais j'étais guidée par cette mélodie douce mais si... Triste. Je suis arrivée devant un escalier que j'ai descendu en me tenant à la rampe. La sensation du tapis contre mes pieds était agréable.

J'ai vu de la lumière dans une pièce, je suis entrée. Un grand piano à queue prenait de la place. Vu la taille de la pièce ça devait être une salle de réception ou quelque chose comme ça. Le portrait d'un couple trônait sur le mur. L'homme paraissait doux mais la femme plus austère, plus sèche. Quelque chose en elle donnait froid dans le dos.
"Referme la porte derrière toi s'il-te-plait."
Edward était attablé au piano. Il n'avait même levé les yeux de sa partition pour faire sa demande. Un peu hésitante je lui ai obéi. Il ne me regardait pas il était seulement concentré sur ses doigts qui jouaient.
J'ai dit doucement :
"C'est très beau. Triste mais beau.
-La Sonate au clair de lune de Beethoven. Pas franchement un morceau joyeux."
Il ne paraissait pas très bavard. Il était passionné par son morceau, un pli soucieux barrait son front en deux. Cela le rendait très beau. Il était beau comme son frère mais d'une beauté différente. Il ne me demandait pas de partir donc je ne le faisais pas. J'écoutais la musique. Elle me faisait un effet particulier, mon coeur battait plus vite, je ressentais des émotions que je n'avais jamais éprouvé auparavant.

J'ai tenté de briser le silence qu'il y avait entre nous :
"Je ne savais pas que tu jouais du piano.
-Tu ignores beaucoup de choses sur moi.
-Qui est-ce qui t'as appris ?
-Ma mère.
-La femme sur le tableau ?
-Oui.
-Elle a l'air... Exigeante."
Il s'arrêta de jouer et éclata de rire :
"Exigeante ? Vraiment ? Je connais beaucoup de caractéristiques de ma mère mais on ne m'a jamais dit qu'elle était exigeante. La seule chose qu'elle m'ait jamais demandé était d'aller chaque jour voir mes précepteurs et de bien me comporter à table."
Son rire me faisait peur. Depuis qu'on était ici je ne l'avais vu rire qu'ainsi. De ce rire sans joie et sans vie, loin du rire léger et sans doute forcé qu'il arborait dans les salons.
Il s'approcha. Il était beaucoup plus grand que moi. Il me caressa la joue :
"Serena... Tu t'entends bien avec Henry ?"
J'ai acquiescé :
"Je ne le... Je ne le déteste pas.
-Bien. Très bien. Le mariage pourra être organisé prochainement."
Il s'apprêtait à quitter la pièce quand je l'ai retenu :
"Attends !
-Oui ?
-Pourquoi est-ce que tu as l'air si triste quand tu es ici ? Pourquoi n'es-tu jamais vraiment heureux ?
-Pourquoi éprouverais-je une émotion que je n'ai jamais ressentie dans cette demeure ?
-Alors pourquoi restes-tu ici?"
Il haussa les épaules :
"J'ai mon frère. Et lui, il n'a que moi. Bonne nuit princesse."
Il partit.