The Model.
Takashi Mitsuya, arpente les couloirs des coulisses du défilé qui doit avoir lieu cet après midi. Il a finit les essayages et les dernières retouches. Il veut donc s'accorder une pause, qu'il juge bien méritée.
Il a besoin d'un peu de calme. Alors, il ouvre une des portes à ses côtés et tombe sur une jeune femme, mangeant avec grand appétit une bonne portion de poulet frit.
Elle mange comme si on pouvait lui voler sa nourriture. Il a un petit rire audible, qui fait instantanément se relever le visage de la jeune femme vers lui.
Comme si elle venait de se faire prendre en flagrant délit de crime, elle déglutit rapidement et affiche un regard coupable.
- Faut rien dire ! Lui dit elle, un peu affolée. Je... j'ai pas le droit de manger aussi gras. Mais... avant chaque défilé, je stresse. Et... le stress me donne faim. Si... je devais manger uniquement ce que les mannequins ont le droit de manger... j'aurai encore plus faim.
Le rire de Mitsuya s'intensifie. Elle est vraiment mignonne comme ça. Il la reconnaît. C'est le mannequin qui portera la robe qui clôturera son passage dans le défilé. Elle s'appelle Kora, si sa mémoire est bonne.
- Je ne dirai rien, t'en fait pas. Assure t'il, dans un sourire amusé.
- Merci. Soupire t'elle, visiblement soulagée.
Un petit silence prend place entre eux. C'est assez gênant. Mitsuya décide de prendre la parole.
- Tu partages ? Moi aussi, le stress me donne faim.
- Oh... oui bien sûr. Avec plaisir monsieur, tenez. Dit elle, lui tendant sa portion de nourriture.
- Mitsuya. La reprend t'il, en s'asseyant face à elle. J'aime pas vraiment qu'on m'appelle monsieur. Encore moins qu'on me vouvoie.
- Désolée. Mitsuya alors.
- Et toi tu es Kora, c'est ça ?
La jeune femme affiche une mine surprise.
- Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? Demande Mitsuya.
- Non... c'est juste que c'est vraiment rare que les stylistes retiennent nos noms.
- Je vois. Je m'en souviens moi en général.
Kora lui adresse un petit sourire. Il comprend qu'elle soit mannequin. Elle est vraiment belle. Son visage est doux et elle a un sourire magnifique, qui laisse apparaître une petite fossette au coin de sa bouche.
- Alors. Reprend Kora. Toi aussi tu stresses ?
- Ouais. Avant chaque défilé.
- Tu ne devrais pas. Tu as vraiment beaucoup de talent. J'adore ce que tu fais moi. Assure t'elle.
- C'est gentil. Sourit Mitsuya.
- Tu peux demander à mon agent. J'ai sauté de joie quand j'ai su que je porterai tes créations.
Mitsuya a un petit rire attendrit. Entendre ce genre de compliment, lui plaît beaucoup.
- Ça fait longtemps que tu es mannequin ?
- Deux ans. Mon agent m'a repérée pendant que je faisais les courses. Il m'a proposé de travailler pour lui. C'était assez bizarre.
- Oui. Rit un peu Mitsuya. Les castings sauvages c'est assez particulier. J'ai une amie qui en fait. Enfin... elle, elle propose pas. Elle impose.
Kora rit à cette plaisanterie. Même son rire est beau. Se dit Mitsuya. Il apprécie cette pause plus que n'importe quelle autre qu'il a pu prendre.
- Tu as donc fait pas mal de défilé, j'imagine. Reprend Mitsuya.
- Plutôt oui. Enfin certain étaient assez bizarres. Une fois un styliste m'a enroulée dans du papier d'aluminium. Il m'a dit que c'était une robe. J'ai défilé comme ça. Je me suis rarement sentit aussi mal à l'aise.
- Je me disais bien que je t'avais déjà vu quelque part. Plaisante Mitsuya.
Le rire de Kora se fait plus audible et Takashi le partage. Il doit reconnaître que cette pause qu'il a décidé de prendre, lui plait et apaise son stress.
- Demain, c'est moi qui régale pour la pause. Déclare Takashi, une fois que tout deux se sont levés.
- T'es pas obligé. Précise Kora.
- J'y tiens. Je t'ai volé la moitié de ta nourriture. Il faut bien que je me rattrape. Sourit il.
- Très bien. Lui sourit elle, en retour.
Elle pense sincèrement qu'il va oublier. Elle a connu bon nombre de styliste en deux ans. Beaucoup sont très froids et considèrent leur mannequin comme des objets.
Takashi n'a pas l'intention d'oublier. Surtout, il a bien l'intention de repasser ce genre de moment avec elle. Rarement une conversation avec une femme, ne lui avait paru aussi fluide, simple et agréable. Le show auquel il était convié durait une semaine. Il n'avait pas l'intention qu'un seul jour ne se passe sans qu'il ne prenne une pause avec Kora.
C'est ainsi que le lendemain, il avait étonné Kora en ramenant de la nourriture pour eux. Deux bentos composés de ce qu'elle a dit aimer hier. Kora n'en revient pas. Chaque plat qu'elle a dit aimer manger se trouve devant elle.
- Je ne m'attendais pas à ça. Rit elle un peu.
- J'écoute quand on me parle. La taquine t'il.
- Je vois ça. Mais honnêtement... t'aurais pas dû te donner tout ce mal. Je veux dire... moi le poulet frit d'hier... je l'ai juste acheté. Je ne pourrai pas te rendre quelque chose comme ça demain.
- Ça c'est pas important. Sourit il. Je préfère retenir le fait, que tu envisages de passer ta pause avec moi demain.
Elle a un petit rire et savoure ce bento devant elle. Ils continuent à parler et à rire pendant plus d'une heure, sans que personne ne vienne les déranger.
Selon Kora, Takashi est vraiment très différent des hommes avec qui elle a l'habitude de travailler. Aucun styliste ne lui avait jamais accordé autant de temps. Il semble vraiment s'intéresser à ce qu'elle raconte.
Takashi apprécie énormément ces instants passés avec elle. Elle est souriante, pleine de vie et surtout c'est si facile de parler avec elle.
Le lendemain, lors des essayages, Mitsuya ajuste une robe sur Kora et remarque un détail qui ne lui plaît pas.
- Qu'est ce que tu as sur le bras ? Lui demande t'il, détaillant du regard une marque bleuâtre sur sa peau.
- Oh... je me cogne de temps en temps. Je suis plutôt maladroite. Explique t'elle, dans un sourire.
Elle a beau le lui répété et essayer de se justifier, Takashi n'y crois pas. Son passé dans un gang lui permet de reconnaître aisément une trace de coup ou une trace de doigts, ayant serré trop fort.
- Ça ne se verra pas avec cette robe. Lui assure t'elle, étirant son sourire.
- C'est pas vraiment ce qui me préoccupe.
- T'en fais pas. Ça partira d'ici quelques jours.
Il n'insiste pas. Elle ne lui dira rien, il le sait. Toutefois, il s'inquiète. Ce sourire qui s'étire sur son visage à chaque fois qu'elle rencontre son regard préoccupé, ne fait que cacher l'horrible vérité que représente son quotidien.
Durant leur troisième pause ensemble de la semaine, elle fait tout ce qu'elle peut pour éviter le sujet et parle de chose et d'autre.
Mitsuya qui appréciait ce moment avec elle, se retrouve à chercher des réponses. Qui peut bien lui avoir fait ça ?
"Qui est le batard, qui lève la main sur une femme ?"
Voyant qu'il n'obtiendra aucune information de la part de Kora, Mitsuya décide de changer de sujet.
- Il y a une soirée organisée ce soir, par la boîte qui organise ce défilé. Tu viendras ?
- Oui. Mon agence y va. Sourit elle. Si c'est pour le travail, je peux y aller sans problème. Termine t'elle, baissant la tête.
Cette dernière phrase intrigue Mitsuya. Elle aimerait tout lui dire. Tout lui raconter. Parce qu'en à peine trois jours, il est l'homme qui l'a le mieux traité de toutes ces dernières années.
Elle ne pensait pas qu'un homme pouvait être aussi gentil, aussi prévenant et aussi inquiet de ce qui pourrait lui arriver.
Oui, elle aimerait lui dire que depuis des années, elle vit un enfer. Un enfer, dont elle n'arrive pas à sortir. Elle aimerait que quelqu'un vienne l'aider. Mais, parler serait compliquer les choses et peut être même, mettre en danger les personnes qui saurait. Elle se refuse à ça. Elle refuse que qui que ce soit, soit en difficulté à cause de sa faiblesse.
Surtout, elle a honte. Honte que ça lui arrive à elle. Elle a toujours pensé que jamais elle ne serait ce genre de femme. La voilà maintenant, acceptant une situation qui la révoltait, il n'y a pas si longtemps.
- On pourrait... y aller ensemble ? Propose Mitsuya.
Se rendant compte lui même de sa question, Mitsuya se rend compte d'une chose. Elle lui plaît. Elle lui plaît vraiment. Est ce que c'est ça, le fameux coup de foudre ?
Il se dit que ça doit y ressembler. Dès qu'il l'a vu, il a été attiré par elle. Plus il passe de temps avec elle, moins il a envie de s'en séparer.
Quoi que ce soit, il se promet de trouver ce qui arrive à Kora.
- Oui... on peut. Dit elle. Je... je suis libre pour ce soir. Je peux sortir.
Ça aussi c'est suspect. Elle a l'air, vraiment soulagée de prononcer ces mots. Comme si, elle parlait d'un jour de grand répit.
- On peut aussi... aller boire un verre avant. Enfin... si tu veux. Rajoute Mitsuya.
- Oui, ça me ferait très plaisir. Soupire t'elle, comme si elle ressentait le plus grand des soulagement.
C'est donc après ce défilé plein de succès que tout deux, marchent dans les rues du centre ville. Ils ont deux heures devant eux, avant de devoir se rendre dans le club où aura lieu la soirée à laquelle ils sont conviés.
Arrivés devant une terrasse, Mitsuya a comme réflexe de tirer une chaise pour que Kora s'assoit. Un geste si simple, mais que la jeune femme n'a jamais connu.
- Et... tu as de la famille toi, ici ? Lui demande Kora, une fois leur commande arrivée.
- Oui, ma mère et j'ai deux adorables petites sœurs. Qui ne sont plus si petites que ça d'ailleurs. Rit il un peu.
Kora partage un peu son rire.
- Tu as l'air proche d'elles. Remarque Kora.
- Oui très. Ma mère travaillait beaucoup avant. Je m'en occupait.
- Ça devait pas être facile tous les jours.
- C'est vrai. Mais... ma mère travaillait pour nous donner un bon niveau de vie. La moindre des choses était de le lui rendre comme ça. Ça n'a pas toujours été simple. Une fois je me suis même enfuit, j'ai jamais reçu une gifle aussi forte. Rit il, encore une fois. Mais ma mère s'est sentit coupable et s'est excusée pour ce qu'elle faisait peser sur moi. J'ai été un vrai petit con de m'en aller.
- Ça devait être compliqué aussi. Soupire Kora. Parfois... on a tellement de pression sur les épaules... qu'on a juste envie de fuir. Loin, très loin.
Elle a l'air de savoir de quoi elle parle.
- C'est ton cas ? Lui demande t'il.
- Un peu oui. Parfois... on est obligé de faire des sacrifices pour sa famille. On a pas le choix. Souffle t'elle. Mais... tant qu'ils vont bien, c'est une bonne chose non ?
Elle a l'air d'avoir besoin d'une réponse. Mitsuya compte lui en donner une, qu'il a obtenu lui même quelques années auparavant.
- S'ils t'aiment, ils ne te laisseront jamais dans une situation qui ne te convient pas.
- T'as sûrement raison. Soupire t'elle. Mais... changeons de sujet tu veux bien ? J'ai... envie que ça se passe bien ce soir. J'aime bien passer ce moment avec toi.
A ces mots, le sourire de Takashi s'étire malgré lui. Il n'aurait jamais pensé qu'une telle chaleur envahisse ses joues, pour cette simple phrase.
- Et si... on allait manger ? Lui propose t'il.
- On ne va pas être en retard ?
- On s'en fiche non ? Ils ne remarqueront même pas, si on arrive plus tard. Moi aussi... j'aime bien passer ce moment avec toi. J'ai juste envie que ça continue.
- D'accord alors. Sourit elle.
Honnêtement, elle le suivrait n'importe où ce soir. Il la fait se sentir tellement bien, qu'elle aurait envie que cette soirée ne s'arrête jamais. Elle pensera aux conséquences demain. Ce soir, elle a juste envie qu'ils ne soient que tout les deux. C'est peut être égoïste, mais cela fait des années qu'elle n'a plus pensé uniquement à elle.
Lorsqu'ils sont attablés, ils discutent de choses et d'autres et rient beaucoup. Si seulement la situation était différente, elle lui serait déjà tombé dans les bras. Pense Kora.
Cet homme est tout ce dont une femme pourrait rêver. Il est prévenant et d'une douceur infinie. Quelque chose que Kora ne pensait jamais connaître. Là, avec lui, elle a l'impression que de l'air pénètre à nouveau dans ses poumons. A tel point, qu'elle en oublie ses difficultés du quotidien. Elle se sent libre à nouveau. Comme si elle n'avait plus aucune responsabilité. Elle pourrait passer des heures à le regarder et à l'écouter parler et faire n'importe quoi pour la faire rire.
- Tu es toujours aussi génial ou j'ai un traitement de faveur ? Plaisante t'elle.
- C'est une question piège ça. Rit il. Disons que... je suis naturel mais... que j'ai très envie que tu passes un bon moment avec moi. Peut être, que ça te donnera envie de me revoir.
Elle ne répond pas pendant un instant et ce contente de sourire. Ce n'est pas bien ce qu'elle fait, ou ce qu'elle ressent en ce moment. Elle le sait, mais pour une fois, elle n'éprouve aucune culpabilité.
- Qui n'aurait pas envie de te revoir ? Soupire t'elle.
"Si seulement c'était plus simple." Déplore t'elle.
Leur repas terminé, ils se lèvent et Takashi passe sa veste autour des épaules de Kora.
- Il fait frais ce soir. Se justifie t'il.
- Tu sors tout droit d'un conte de fée, ou quoi ? Rit elle un peu.
- Va savoir. Sourit il. Qu'est ce que tu as envie de faire ?
- On devrait aller à cette soirée, non ?
- Tu en as envie ?
- Moi... je veux juste... rester avec toi. Avoue t'elle.
Elle ne devrait pas dire ça. Vraiment pas. Mais c'est plus fort qu'elle. Pour une fois, elle exprime ses vraies envies.
- Alors, on fait tout ce dont tu as envie. Lui dit il, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- La plage. Je... j'ai jamais le temps d'y aller. Mais... j'aime beaucoup la plage.
- La plage alors.
Sur le chemin les menant à la plage, Takashi entrelace délicatement ses doigts avec les siens. Cela semble si naturel, que ça bouleverse Kora.
"Je ne devrai pas aimer autant ce genre de moments."
"Si seulement, je pouvais être avec lui."
"Pourquoi ça paraît si naturel, avec lui ?"
Ils ressemblent à deux adolescents joueurs, une fois arrivés à la plage. Ils se lancent dans une course poursuite, rient aux éclats et finissent inévitablement trempés. Leur rires s'arrêtent une fois de retour sur le sable. Ils sont assis l'un à côté de l'autre et se sentent plus apaisés que jamais. Comme si, ils étaient à leur place, l'un avec l'autre.
- On ira définitivement pas à cette soirée. Fait Kora, désignant du regard leur vêtements et cheveux trempés d'eau salée.
- Oh, on a qu'à dire que moi j'ai adoré la fontaine de chocolat et que toi elle t'a fait envie, mais qu'en tant que mannequin très sérieuse, tu n'y as pas touché.
- Qui te dis qu'il y a une fontaine de chocolat ?
- Il y a toujours, une fontaine de chocolat.
Ils partagent un énième rire, jusqu'à ce que leurs regards s'ancrent l'un à l'autre. Kora pourrait se noyer dans le regard de Mitsuya, tant il est doux quand il se pose sur elle.
Comme des aimants, leurs visages se rapprochent et leurs lèvres, finissent par se rencontrer. Leur baiser s'approfondit. Kora pose ses mains de part et d'autre du visage de Mitsuya, tandis que le jeune homme passe ses mains dans son dos, pour la rapprocher de lui.
Ce baiser, cette chaleur en eux, leur corps l'un contre l'autre, est une sensation des plus agréables. Mitsuya pourrait l'embrasser à en perdre son souffle. Malheureusement, Kora reprend ses esprits et rompt se baiser. Les mains sur les épaules de Takashi, elle prend la parole.
- Je... je ne peux pas.
Sous le regard perdu de Mitsuya, elle reprend.
- Tu me plaîs Mitsuya. Tu me plais vraiment. Mais... je ne peux pas. Je suis désolée. Pardon.
Sur ces mots, elle se lève et s'en va.
- Kora. Tente Takashi.
Rien à faire elle marche d'un pas rapide, le laissant planté là. Qu'est ce qu'il vient de se passer ? Est ce qu'il a été trop pressant ? Est ce qu'il a fait ou dit quelque chose qui ne fallait pas ? Est ce qu'elle s'est sentit obligée de l'embrasser ?
Rentrant chez lui ce soir là, il sort de sa douche, une boule au ventre très désagréable. Comme s'il avait peur qu'il arrive quelque chose à Kora, après cette soirée. Il s'affale sur son canapé et pose son bras en travers de son visage.
"Je n'ai même pas son numéro."
"Je ne peux même pas savoir si elle est bien rentrée."
"J'aurai dû essayer de la rattraper."
Il s'endort difficilement ce soir là, une angoisse l'envahissant peu à peu.
Le lendemain matin, il va avoir un aperçu, des conséquences d'une si merveilleuse soirée pour Kora. Lors des essayages, alors qu'elle tente de le cacher, quand elle retire son haut, Mitsuya aperçoit toutes sortes de marques sur le ventre de Kora. Certaines sont bleues, d'autres vertes et certaines d'un rouge effrayant. Elle a même du mal à lever les bras, pour retirer correctement son haut.
Cette fois, il en est sûr. Ce sont des poings qui ont fait ça. Il s'avance vers elle et elle s'empresse de cacher son ventre, avec le haut qu'elle a retiré.
- Je les ai vu, Kora. Pas besoin de les cacher.
- Tout va bien ne t'en fais pas. Je... je suis tombée dans les escaliers en rentrant.
- Soit tu me mens, soit ton escalier a des poings et un prénom.
- Laisses tomber d'accord. Souffle t'elle. Je... on devrait prendre nos distances. C'est pour le mieux. Je... j'aurai pas dû t'embrasser hier soir. Excuse moi pour ça. C'est pas bien ce que j'ai fait.
- C'est à cause de ça, que tu as ces marques ?
- S'il te plaît. Laisse tomber. Je te le demande. Supplie t'elle, les larmes aux yeux.
- Hors de question. Qui t'as fait ça ? Je veux t'aider.
- Tu ne peux pas m'aider. Essayons cette robe, s'il te plaît. Dans deux jours, on ne se verra plus de toute façon. Oublie ça. Je suis vraiment désolée pour hier soir. Je me suis vraiment mal comporté. Ça ne se reproduira plus. J'ai été égoïste.
- Tu en avais envie. Je le sais. Pourquoi tu ne me laisses pas t'aider ?
- C'est... beaucoup trop compliqué. Il n'y a pas que moi qui suis impliquée. Je t'en prie. Redevenons professionnels. Un styliste et une mannequin. C'est ce qu'on aurait dû faire depuis le début. Pardon de ne pas avoir mit de limite.
Takashi fait semblant de capituler, pour la rassurer. En effet, elle a l'air vraiment apeurée en lui parlant. Cependant, il n'a aucune intention de renoncer à l'aider. Encore moins de renoncer à elle.
Pendant la pause, il la cherche. Elle ne se trouve pas là où ils ont l'habitude de manger ensemble. C'est une voix menaçante qui le guide vers la sortie de l'arrière. Il ne s'est pas trompé elle est bien là, en train de se disputer avec un homme.
- T'es qu'une sale garce !
- Écoute... Fait Kora, tremblante.
- Ferme la ! Tu m'appartiens Kora ! Que j'aille voir ailleurs c'est mon problème ! Toi je te l'interdit !
- Je... je vais prendre mes distances avec lui... je te le promet... ne... ne lui fait rien.
C'est une gifle résonnante, que Kora reçoit en réponse. La réaction de Mitsuya ne se fait pas attendre. Son poing s'écrase sur le visage de cet homme. Aveuglé par la rage que lui a provoqué ce geste, il laisse pleuvoir ses coups sur l'homme désormais à terre.
Kora finit par s'approcher et empêche Mitsuya de continuer, lui retenant tant bien que mal le bras. Lorsqu'il tourne son visage vers elle, il la voit complètement apeurée. C'est ainsi qu'il se calme. Elle a assez peur comme ça, sans qu'il ne lui montre encore plus de violence.
L'homme se relève, le regard mauvais et le nez en sang.
- Toi je te tuerai ! Lance t'il à Mitsuya. Je vous tuerai tous les deux ! T'as intérêt à rentrer ce soir ! Dit il à Kora cette fois, avant de s'en aller.
Lorsque Mitsuya se retourne, il voit Kora s'en aller rapidement vers les toilettes. Il la suit et la voit, une compresse à la main, essayant de calmer avec de l'eau froide, la chaude douleur de sa joue.
Sans un mot, il s'approche d'elle. Elle veut reculer, mais il n'y fait pas attention. Il lui prend la compresse qu'elle a dans les mains et commence à délicatement à la passer sur sa joue.
Elle a quelques gémissements de douleur et les larmes aux yeux, mais le laisse faire. Voir ces marques sur son corps, cette gifle qu'elle a reçu et la douleur que ça lui inflige, font monter chez Mitsuya, une colère sans nom.
- Ça va mieux ? Lui demande t'il, ayant terminé sa tâche.
- Oui, merci.
Elle s'apprête à s'en aller mais Mitsuya la retient, lui saisissant délicatement la main. Elle se retourne et soupire.
- Mitsuya... il faut qu'on s'éloigne.
- Je n'en ai aucune envie. Lui dit il, le ton très sérieux.
- C'est pas une question d'envie. S'agace t'elle. Tu ne comprends pas. Je... je suis mariée. Lâche t'elle.
Ça, Mitsuya ne s'y attendait pas. Il est un peu sonné par cette révélation. Alors ce mec était son mari ?
- Tu vois. Dit elle, devant son silence. On ne peut pas continuer à être proche toi et moi.
- Tu penses qu'il te traîte bien ? Lui demande t'il.
- Non. Mais je n'ai pas le choix. Souffle t'elle. C'est... un mariage arrangé. Nos deux familles se sont mises d'accord. On avait treize ans maximum. On s'est mariés il y a quelques années. Mes parents ont vraiment besoin de l'argent que sa famille leur apporte.
- Depuis combien de temps, est ce qu'il te frappe ?
- Depuis qu'on est mariés. Il... il n'a jamais été gentil. On ne s'aime pas. Il va voir ailleurs dès qu'il le peut. Ça ne me dérange pas. Mais... il est possessif. Quand il pense que je fais pareil il...
Elle se coupe elle même. Elle ne comprend pas pourquoi elle en parle maintenant. Pourquoi, elle a tant besoin de le lui raconter. Pourquoi elle sent comme un poids la quitter quand il est là. Puis, il l'a défendue et c'est la première fois que ça lui arrive. La première fois qu'elle se sent... protégée.
- Je... quand j'ai passé cette soirée avec toi hier... je me suis sentie... tellement bien. Pour la première fois... j'ai préféré oublier ce qui allait se passer en rentrant. Tu es tellement... gentil. Tu as été vraiment parfait avec moi. J'aurais voulu que ça s'arrête jamais. J'aurais tellement aimé te connaître avant. Ou... rester avec toi hier. Mais... je n'ai pas le choix. A cause de moi maintenant... il veut s'en prendre à toi. Je suis désolée... je suis vraiment désolée.
Quand elle finit sa phrase, Mitsuya passe ses doigts sous le menton de Kora et pose ses lèvres sur les siennes.
"Qu'est ce qu'il n'a pas compris dans ce que je viens de lui dire ?"
- Mitsuya... Soupire t'elle.
- Je vais trouver une solution. Je te le promets. Mais il est hors de question que je m'éloigne de toi. Je n'ai jamais passé une aussi bonne soirée qu'hier. J'ai bien l'intention que ça continue. Je suis là maintenant. Laisse moi t'aider.
- S'il te plaît... renonce. Je... je ne peux pas divorcer. J'ai déjà essayé... ça a été pire.
- Je n'ai jamais renoncé à quoi que ce soit. Je ne vais pas commencer aujourd'hui. Si je te dis que je vais trouver une solution. Je vais la trouver. Je ne vais pas laisser un batard comme ça, me faire peur.
- Il a des amis vraiment très haut placés... son... son avocat est de connivence avec certains juges. Ils n'ont pas accepté le divorce...
A ces mots, Takashi réalise qui va être sa meilleure alliée dans cette histoire.
- Moi aussi j'ai une amie avocate... la meilleure du Japon. Tu peux lui faire confiance. Laisse moi te la présenter. S'il te plaît.
Dans le regard de Takashi, Kora voit de l'espoir. L'espoir que peut être, son cauchemar se finisse grâce à lui. Elle en rêve depuis très longtemps. Être enfin en sécurité. Pouvoir rentrer chez elle, sans cette angoisse constante.
Elle se résigne à l'écouter et après le défilé du jour, elle le laisse l'entraîner vers une destination qui lui est inconnue. Ce secret est vite dissipé lorsqu'ils arrive devant un édifice où elle voit une plaque gravée :
Sura Sano - Avocate.
Quand ils entrent, c'est une jeune femme brune aux yeux clairs, que Kora trouve vraiment très belle, qui s'avance vers eux le sourire aux lèvres. Elle lui tend sa main, en se présentant.
- Enchantée. Sura Sano.
- Kora. Fait elle, lui rendant son sourire.
- Ça me fait plaisir de te voir Taka. Lui dit Sura en l'enlaçant.
- Comment va mon filleul ? Lui demande t'il, posant une main sur son ventre arrondit.
- Très bien. Il a déjà les coups de pieds de son père.
Takashi rit un peu.
- Mikey est toujours aussi... inquiet ?
- Oh oui. Il pense que je suis en sucre. J'ai dû me disputer avec lui pour venir travailler aujourd'hui. Mais... il a imposé une condition que je n'ai pas pu refuser. Soupire t'elle.
- Laquelle ? Demande Mitsuya, dans un sourire amusé.
Elle s'avance vers l'accueil et tend son bras, lui indiquant où regarder.
- Dis bonjour à Sanzu. Annonce t'elle, presque désespérée.
Le rire de Takashi s'intensifie, voyant le second du Bonten assis derrière un bureau, l'air boudeur.
- T'es devenu secrétaire ? Plaisante Mitsuya.
- Garde du corps. Précise Sanzu.
- Mon ombre serait plus exact. Explique Sura. Remarque le point positif, c'est qu'au moins ça m'apprend à être mère. Il faut tout le temps le surveiller. Il a faillit s'électrocuter deux fois.... avec la même lampe.
La mine boudeuse de Sanzu redouble. C'est donc pour ça qu'il boudait. Conclut Mitsuya pour lui même.
Les voyant agir entre eux, Kora se dit qu'ils ont de la chance. Elle n'a jamais connu ce genre de relation si tendre et drôle à la fois, avec des amis.
Accompagné des deux jeunes femmes, Takashi prend place dans le bureau de Sura et cette dernière, s'adresse à Kora.
- J'ai besoin que tu me racontes tout.
Elle est très nerveuse. Takashi le remarque et prend sa main dans la sienne, lui assurant dans un regard, qu'elle n'a rien à craindre. Sura le remarque et à un discret sourire attendrit.
Pendant de longues minutes, Kora lui raconte son calvaire. Ses années de mariage forcé, où elle n'a connu que des coups, des insultes, des menaces et des violences psychologiques. Au même titre que la colère de Takashi, celle de Sura grandit également. Elle lui explique que son mari a un avocat très influent qui fait en sorte que le divorce soit refusé. Quand elle lui révèle le nom de l'avocat, Sura a un rire nerveux.
- Ça ne m'étonne pas. Souffle t'elle. Ce mec est l'avocat des mecs pas nets. En effet, il a pas mal de potes chez les juges.
- Je sais... c'est peine perdue. Déplore Kora.
- Oh non. Pas du tout. Assure Sura. Si tu veux divorcer, tu divorceras fait moi confiance.
L'assurance de Sura en ce moment, pousse Kora à retrouver espoir.
- Tu as un endroit où aller cette nuit ? Lui demande Sura.
- Oh... euh...
- Oui, elle en a un. Assure Takashi.
- Je vois. Sourit la jeune avocate. Je porterai les papiers du divorce à ton mari ce soir. C'est bientôt fini, Kora.
- Non... je... j'ai peur.
- C'est normal d'avoir peur. Il ne te fera plus rien c'est promis. Dit Sura.
- Non... tu ne comprend pas. Il s'en est prit à moi et peut être qu'il pourrait... s'en prendre à toi.
- Ah ça. Fait Sura, riant un peu. T'en fais pas, j'ai un mari merveilleux et particulièrement dissuasif. Il ne m'arrivera rien.
Les hochements de tête de Takashi, prouvent à Kora qu'elle peut croire Sura sur parole.
- Mais... il a menacé Mitsuya aussi et...
Voilà ce que Mitsuya ne voulait pas que Sura sache. La jeune femme n'a jamais changé. Qu'on menace ses amis, elle ne le tolérera jamais. Ça se voit rien qu'au changement de son regard.
- Est ce que tu peux nous laisser Kora ? En même temps, est ce que tu peux aussi vérifier si... Sanzu n'a rien cassé.
- Oh... oui bien sûr. Fait elle, dans un sourire avant de sortir.
- Sura... Commence Takashi.
- Qu'est ce qu'il t'a dit Taka ?
- Qu'il me tuerait mais... il a dit ça sous le coup de la colère. On s'est battu.
- Je vois. Grogne Sura.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
- Mon travail Taka. Assure t'elle. Prend soin d'elle. Elle a besoin de toi. Elle a de la chance que tu sois là. Sourit elle.
Ils finissent par rejoindre Kora, un peu décontenancé par la détermination de Sanzu à vouloir intensifier l'éclairage, de la lampe de bureau.
- Tu vas te prendre une troisième décharge si tu continues. Souffle Sura, franchement désespérée.
Takashi enlace Sura, la remerciant vivement. Kora s'avance vers eux, une fois qu'ils sont détachés.
- Est ce que... je peux te prendre dans mes bras. Demande Kora à Sura.
- Oui, bien sûr. Répond t'elle, lui ouvrant ses bras.
Kora se sent soulagée. Comme si enfin, il y avait une solution. Comme si tout allait bien aller à partir de maintenant.
- Reposes toi maintenant. Lui dit Sura, avant qu'ils ne s'en aillent.
Sura se tourne vers Sanzu et finit par lui retirer cette lampe des mains. Il va finir par avoir raison du peu de patience qu'elle a.
- Tu es sûre que ça ira pour Sura ? S'inquiète Kora, une fois qu'ils sont chez Mitsuya.
- Crois moi, elle ne t'a pas mentit quand elle t'a dit qu'elle ne risquait rien avec son mari. Rit il. Il ne la laissera pas y aller seule de toute façon.
- Tant mieux. Fait Kora, soulagée.
- Tu as faim ? Lui demande t'il.
- Je ne veux pas t'embêter. C'est... déjà gentil, de m'accueillir chez toi.
- Dis pas de bêtises. Je suis content que tu sois là, en sécurité.
- Merci. Merci pour tout. On a jamais pris soin de moi comme ça. Vraiment, merci Mitsuya.
- Takashi. Souffle t'il. Appelle moi, Takashi.
Elle lui sourit et se sent rassurée. Cette fois, c'est elle qui fait rejoindre leurs lèvres. Mitsuya ne se fait pas prier et répond à ce baiser.
- Je veux... rester avec toi. Je veux tout le temps être avec toi. Dit Kora, une fois leur baiser terminé.
- Et... je veux que tu restes avec moi. Répond Mitsuya, rejoignant ses lèvres.
Leur baiser devient plus fiévreux, plus impatient et plus désireux de se découvrir. Délicatement, il l'entoure de ses bras et laisse ses mains se promener dans son dos, tandis que les doigts de Kora explore ses cheveux.
Ils se sentent si bien en ce moment. Comme si leur corps étaient faits pour être l'un contre l'autre. Comme si leur lèvres s'appartenaient, que leurs cœurs se répondaient et qu'ils venaient de trouver ce qu'ils cherchaient sans même le savoir.
Lentement, Mitsuya l'incite à s'allonger sur la canapé et se retrouve au dessus d'elle. Il quitte ses lèvres pour son cou et le soupir qui échappe à Kora, l'incite à continuer.
La douceur de ses gestes, de ses baisers, de ses caresses, concourent à convaincre Kora, qu'il est celui qu'elle attendait. Celui qui arrivera à l'aider à guérir de ces années d'enfer qu'elle a connu. Celui qui ne lui fera jamais de mal.
Le lendemain, c'est dans un sentiment qu'elle avait oublié que Kora se réveille dans le lit de Takashi, toujours endormi.
Elle sourit en le voyant près d'elle. Comme si cette soirée qu'elle avait prit pour un doux rêve, devenait enfin réalité.
- Bonjour. Fait Takashi, un petit sourire endormi au visage.
Elle lui sourit et embrasse tendrement sa joue. Il lui ouvre ses bras et elle vient se blottir contre lui.
- J'ai l'impression de rêver. Lâche Kora.
- Hm ?
- C'est comme si... tu n'étais pas réel. Comme si je ne méritais pas quelqu'un comme toi.
Avant qu'il ne puisse répondre, le téléphone de Mitsuya sonne. Grognant un peu, il répond et entend la voix de Sura.
- Tu peux annoncer la bonne nouvelle à Kora. Son mari accepte le divorce à ses torts exclusifs. Annonce t'elle, joyeuse.
- Hm ? Comment tu as fait ça ? S'inquiète Takashi.
- On a parlé. Se défend Sura.
- Sura...
- Moi... j'ai parlé en tout cas. Les papiers sont signés. C'est tout ce qui compte.
- Dis moi que t'as rien fait de dingue. Pitié.
- Moi ? Non. Mais... je peux t'assurer qu'il ne sera plus jamais un problème pour qui que ce soit.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Parfois... la justice telle qu'on la connaît... ne suffit pas. Tu le sais aussi bien que moi. Avec cet homme... ça n'aurait pas suffit. Il t'a menacé et il a levé la main sur une femme pendant des années. Personne ne pouvait laisser passer ça. Il est vivant si c'est ce qui t'inquiète. Il est juste dans l'incapacité de nuire à qui que ce soit.
Takashi se résigne. Il savait bien au fond de lui, qu'un procès aurait été inutile. Toutefois, il aurait préféré que Sura ne soit pas mêlée à ça. Encore moins en étant enceinte.
- Ne culpabilise pas tu veux ? Maintenant prend soin de Kora.
Décidément, elle le connaît beaucoup trop bien.
- Merci Sura. Merci beaucoup. Souffle t'il.
- Quand tu veux. Dit elle, avant de proférer quelques menaces inaudibles envers Sanzu.
Dans un petit rire, Mitsuya raccroche et se tourne vers Kora, lui annonçant la bonne nouvelle. Il passera néanmoins sur quelques détails. Mais, il la rassure, elle est libre maintenant.
Jamais Kora ne s'était sentit si soulagée. Comme si tout le poids du monde la quittait. Elle en pleure même. Takashi la prend dans ses bras, soulagé lui aussi.
- Ce que tu as dit tout à l'heure. Commence t'il. Comme quoi tu ne pensais pas me mériter.
- Hm ?
- Tu mérites le monde. Et je vais te l'offrir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top