Chapitre 07

J'admire inlassablement Aust qui assit de dos caresse ce chien. Son profil est apaisant à voir, jamais je n'ai ressenti ce plaisir à regarder un autre qu'Ashley avec tendresse. Il se penche vers le bambin et lui donne le biberon avec ce regard protecteur et attendrissant. Il est fait pour être père, c'est certain. Et ses enfants auront sans doute beaucoup de chance. Il se retourne enfin vers moi et me sourit. Je le lui rends et me décide à m'installer à côté de lui. Il frémit lorsque nos doigts s'enlacent et je sens ses muscles se contracter. Même si j'enviais Ashley d'attirer son attention et le fait qu'elle monopolisait ses mains, maintenant je peux dire que je me sens bien. Le labrador s'approche de moi puis semble grogner lorsque je fronce les sourcils.
—Celle-ci je ne l'aime pas. Aust surprit par la réaction de son animal de compagnie l'interpelle espérant qu'elle ne m'embête pas plus.

- Elle ne semble pas vraiment t'aimer. dit-il tandis qu'il lui caresse encore la tête.

Je fais la moue et baisse les yeux. Je n'aime décidément pas qu'il fasse attention à une autre que moi. Depuis quand ai-je ce genre de pensées égoïstes ? Je me surprends moi-même. Pourquoi est-ce si pénible ? Mon ventre enrage et mon coeur se contracte. Je n'aime pas ce sentiment.

- De toute manière c'est réciproque.

Il arque ses sourcils entendant ma réponse qui se veut désagréable. La chienne pose sa tête sur sa cuisse avec ce regard qui cherche à me défier. Alors c'est à ça qu'elle veut jouer ?

- Mais pourquoi ? Chloé est une bonne chienne. Et puis vous n'avez rien qui puisse . . . commence-t-il avant de sursauter quand je dépose ma tête sur son épaule.

Le soleil de l'éternis est brûlant, mais pourtant l'épaule de Aust me le semble encore plus. Peut être rougit-il ? Il le fait souvent je trouve. Au début je me disait que c'était un habitude humaine, mais il se trouvait que c'était tout simplement propre à Lui. Peut-être est-il défaillant quelque part. Et puis tant pis, ça ne le rend que plus adorable. Peut être est-ce pour ça que j'ai fini par lui faire confiance.

- Sony . . . souffle-t-il confus.

Je vois le chien plonger encore plus sa tête sur sa jambe tout en ajoutant sa patte avant pour l'attendrir. Il esquisse un sourire et renchérit ses gratouilles. Je me retiens de grogner et me racle la gorge. Je ne perdrai pas contre ce chien ! De ma main libre, je la dépose sur sa cuisse sans arrière-pensée. Après tout, il faut tout de même bien qu'il fasse attention à moi. Depuis qu'on est rentré chez lui, il n'y en a que pour Chloé, son "fidèle chien". Mais moi je ne suis pas dupe. Elle essaye de se le monopoliser et ça, je n'aime pas.

- Sony qu'est-ce que tu fais . . . ?

Je le vois son buste se gonfler et se dégonfler avec beaucoup d'effort. Étant trop dans ma compétition je n'avais pas remarqué que cela le mettait mal à l'aise. Était-ce si étrange que j'agisse ainsi ? Confuse à mon tour de l'avoir gêné je me décolle de lui en considérant avec attention l'expression de son visage. Il est aussi rouge que les tomates de son jardin. Je l'ai sans doute beaucoup embêté. Je baisse les yeux ennuyée.

- Je suis désolée Aust, je ne voulais pas t'embêter.

Se rendant compte que j'ai remarqué qu'il piquait un fard, il se cache la moitié du visage de sa main.

- Non, ce n'est rien, ne t'inquiète pas.

Il dit ça, mais sa voix est étrangement plus hésitante qu'à son habitude. Je me relève et me décide à trouver quelque chose pour m'occuper. Quand soudain la chienne me prit au dépourvu. Tricheuse ! Elle est sur lui qui est appuyé sur ses coudes pour ne pas tomber à lui lécher chaque parcelle de son visage. Celui-ci rit aux éclats en répétant que ça lui chatouille. Le feu me monte aux joue et je me sens hors de moi. Que dois-je faire pour qu'il se détende autant avec moi ? Quand je suis là il est toujours crispé ! Je ne fait pourtant rien de grave ! Si ma forme humaine ne suffit pas à attirer son attention, il ne me reste plus que ma forme animale. Je ne peux pas attendre pour une vengeance, je dois la faire tout de suite sinon j'aurai l'impression d'avoir perdu contre cette chienne et c'est inacceptable !

- Aust ! l'appelé-je.

Il se retourne surpris tout en décalant son chien. Pendant ce moment où ma concurrente est déplacée hors de ma cible de convoitise, je me précipite vers lui, n'hésitant pas à me mettre à quatre patte au-dessus de lui. Il s'empourpre à nouveau et tente de prendre de la distance avec moi en me poussant légèrement avec ses bras.

- Que, Sony ? Qu'as-tu cette après-midi ? Tu agis bizarrement.

Ce n'est pas ma faute ! C'est de la sienne ! Il n'a qu'à faire plus attention à moi.

- Aust ! Si je me transforme en loup, est-ce que tu me feras plus de gestes affectueux qu'à Chloé ?

- Que quoi ? Mais de quoi tu parles . . . ?

À peine il eu fini sa phrase que je me métamorphose de la tête aux pieds en bête sauvage faisant tomber les vêtements que je portais. Il manque de pousser un cri de surprise stupéfait par les évènements plus absurdes les uns que les autres qui s'enchaînent. Chloé commence à me grogner dessus sentant que je ne suis pas comme elle un chien. Aust essaye de limiter la casse en l'éloignant avec sa voix dominante puis redirige son regard vers moi.

- Sony calme-toi, re-transforme-toi. Si ma famille te voit en loup ils vont finir par piquer une crise cardiaque.

Il a beau me parler et attendre une réponse de ma part, il sait pertinemment que sous cette forme je suis incapable de communiquer par la parole. Sa main qui est levée comme pour me calmer me semble si belle. Je sourie intérieurement et frotte ma tête contre celle-ci. Il comprend vite ce que je veux et me la caresse tendrement. Je ferme les yeux profitant de ce contact. Apaisée par son touché, je reprends forme humaine et m'allonge sur lui sans faire attention au fait que je suis dénudée. Aust n'y manque pas et tourne la tête dans une direction opposée à la mienne.

- Sony, rhabille-toi s'il te plait.

Savourant ses doigts dans mes cheveux je ne trouve pas la force nécessaire pour le quitter. Au contraire je me blottie d'autant plus contre lui.

- Attends un peu . . .

Il déglutit sentant mon corps se coller plus fort contre lui et soupire comme pour extirper quelque chose de malsain en lui. 

- Au fait, pourquoi tu t'es soudainement mise à me coller ? reprit-il pour mettre les choses au clair dans son esprit.

Je rougie enfin pour la première fois me sentant embarrassée par la raison qui m'a poussé à faire tout ça. Mais il faut que je le lui dise. Une confiance ne se fait pas que dans un seul sens. Il faut que ce soit réciproque. Et pour qu'il ait confiance en moi je ne dois pas lui cacher quoique ce soit.

- C'est ton chien . . . dis-je d'une voix timide.

Il semble surprit par ma réponse. Ou peut être par ma timidité.

- Qu'est-ce que Chloé a à voir là-dedans ?

Je m'agrippe plus fort à son t-shirt ayant besoin de quelque chose à laquelle me tenir. J'ai l'air idiote.

- Je . . . Je n'aimais pas te voir faire plus attention à elle qu'à moi.

- Tu es jalouse de Chloé ?! s'exclame-t-il comme si c'était quelque chose de gigantesque.

J'ai tellement honte ! C'est donc de la jalousie que je ressens ? J'en avais déjà vaguement entendu parlé quand j'étais plus jeune. Je ne pensais pas que c'était réel. Pour moi ce n'était qu'un mythe. Mon embarras ne fait qu'affirmer sa question.

- Bordel Sony . . . souffle-t-il comme si un mal le rongeait.

- Aust ! Sony ! Qu'est-ce que vous faites bon sang ?! hurle une voix scandalisée juste à côté de nous.

Nous levons progressivement nos yeux, reconnaissant les sabots de paysans, la robe ancienne avec son tablier tachée par diverses substances,  le panier remplie de légumes frais, les cheveux grisés par l'âge et le visage médusé de la mère de Aust. Un malaise s'installe entre nous trois. Aust répond pour nous pensant qu'il faut vraiment se justifier dans ce genre de situation qui personnellement n'est pas vraiment désobligeante.

- Maman . . . C'est un malentendu . . .

- Comment ça un malentendu ? Tu penses que s'apprêter à faire des choses cochonnes sous mon toit est un malentendu ? Je sais que Sony est mignonne mais tout de même, tu es ici chez moi.

Il me dégage doucement de lui, posant ma robe sur ma poitrine comme pour me cacher et me pousse à maintenir le tissu comme tel au lieu de rester là sans rien faire.

- Ce n'est pas ça maman. Bordel . . . il passe une main nerveuse dans ses cheveux. Sony s'est transformée en loup sur un coup de tête et est montée sur moi. En la calmant du mieux que je pouvais elle s'est re-métamorphosée en humaine mais comme n'importe quelle mienne, les vêtements se retires et donc elle s'est retrouvée . . . Nue et après tu as débarquée.

Elle fronce les sourcils ne sachant s'il faut le croire ou non. Elle soupire et lui accorde cette fois-ci. Aust souffle soulagé que les circonstances n'aient pas empirée puis se retrouve sans crier gare avec le panier de légumes frais que sa mère portait il y a à peine quelques secondes. Tandis que moi je me retrouve debout à la suivre dans une des chambres de la maisonnette.

- Aust, range bien tout ça dans le réfrigérateur s'il te plait.

Il reste dubitatif en nous voyant détaler en lui laissant la corvée de rangement. Madame Renoud est une femme charmante. Étrangement c'est l'une des personnes que je souhaitais le plus rencontrer dans la famille de Aust. Après tout, c'est elle l'origine du fait qu'il soit aussi tactile. C'est une femme très chaleureuse, gentille, rassurante. On se met facilement à l'aise avec elle. Elle fouille dans l'armoire de la chambre où dorment Katherine, son mari et leur fils pour leur séjour et y trouve des sous-vêtements et une robe bleu marine pour moi. Elle sourit satisfaite de sa trouvaille et me les tend pour que je puisse me changer avec. Elle sort de la chambre et me prévient qu'elle sera dans le jardin à m'attendre sur un banc le temps que je me vêtisse de ces tissu. J'acquiesce et me dépêche de me changer pour rapidement la rejoindre. En m'apercevant son visage s'éclaircit. Je m'installe à côté d'elle et regarde les champs de blé qui s'étend loin devant nous.

- Cette robe te va bien dis-donc.

Je la remercie en souriant tout en dirigeant mon regard vers son regard attendri.

- Au fait, Aust ne m'a pas dit quelle était la raison de votre venue chez nous.

- Oh, nous sommes juste de passage. Nous repartirons je pense demain.

Elle fait une mine triste entendant cela.

- Dommage, mon poussin me manquait tellement.

Je pouffe entendant ce surnom. Je me demande pourquoi on l'appelle ainsi. Peut être parce qu'il est blond. Ou parce qu'il est mignon lorsqu'il rougit. Peut importe, je trouve ça amusant de surnommer un humain par un animal.

- Et vous irez où ensuite ?

- Notre destination finale est Migty City.

- Ah bon ? Tu habites là-bas.

Je secoue la tête.

- Pas vraiment, en fait Ashley et moi venons d'une meute de loup qui ne vit pas loin de cette ville nous souhaitons y retourner.

- Je vois, je vois. Donc tu souhaites vivre toute ta vie de mienne en tant que louve.

Je hoche la tête et confirme son affirmation.

- Je suis faite pour être louve.

- Je n'en suis pas certaine.

Cette réponse me fait frémir. Que veut-elle dire par là ? N'est-ce pas évident que je dois vivre en tant qu'animal ?

- Tu es une mienne. Une créature mi-homme mi-animale. Donc tu n'es pas forcément faite pour vivre en tant qu'animal. N'as-tu jamais pensé à vivre en tant qu'humaine ?

- Non et puis je ne peux pas. je repense à ma meute qui m'attend. Il y a là-bas quelqu'un qui m'a été choisi pour mettre bas et agrandir la meute.

- Mais pour autant est-ce toi qui l'a choisi ?

Je hausse les épaules et soupire.

- Pas vraiment, mais il me convient. Après tout je ne peux pas fuir mes engagements.

- Mais ça ne te plairai pas de vivre en tant qu'humaine ?

Mes mains se croisent et s'entre-croisent nerveusement. D'ailleurs pourquoi suis-je nerveuse ? Ce n'est pas dans mes habitudes. Il faut que je me reprenne en main.

- À vrai dire je ne pense pas. Je trouve que les humains sont bien trop coincés et se préoccupent trop de leur apparence.

Je sursaute et me couvre la bouche embarrassée en me rendant compte que je parlais à une humaine. Va-t-elle le prendre mal ? J'en ai bien peur. Ce n'est pas que j'ai peur, mais ça ne me met pas vraiment à l'aise de savoir que j'ai dit ça à vois haute. Elle me sourit comme à accoutumée et pose sa main sur les miennes afin de les retirer.

- Ne t'inquiète pas, je comprends ce que tu veux dire.

Au fond de moi je suis soulagée.

- Mais as-tu toujours vécu en louve ? L'un de tes parents était sans doute une mienne. Ne t'a-t-il pas donné le goût d'être humain ne serait-ce qu'un minimum ?

Je souris amèrement pour éviter à mon visage de se décomposer.

- Ils sont morts quand j'étais petite. C'est suite à ça que j'ai commencé à vivre en louve.

- Oh, excuse-moi.

- Ce n'est rien. C'est juste une dure réalité à laquelle je dois m'y faire. Depuis je prends soin d'Ashley à leur place.

- Mais qui prends soin de toi dans ce cas ? Ne me dis pas que tu prenais tout sur toi jusqu'à maintenant ?

- Je n'avais pas vraiment le choix disons.

- Tu sais, chez les humains, si ce ne sont pas les parents qui prennent soin d'eux, ce sont les amis et les partenaires.

- Je n'ai pas vraiment d'amis à proprement parler. Et pour ce qui est du partenaire, Ça été toujours moi qui prenais soin de lui au par avant.

Elle dépose sa main sur le mienne. C'est chaleureux et sécuritaire, comme me l'avait dit Aust une fois. Et son tendre regard donne l'impression qu'on a de l'importance à ces yeux et que ça peut être le cas aux yeux de n'importe qui.

- Et que penses-tu de Aust ?

Cette soudaine question me laisse confuse. Cela ne semble pas évident ?

- Eh bien je pense que c'est un bon garçon qui peut faire plus tard un bon père. Il est gentil et serviable. Que dire d'autre ?

Elle sourit amusée par ma courte réponse.

- Non, pas dans ce sens là. Je veux dire, t'imagines-tu vivre avec Aust comme un couple ?

- Un couple ? répété-je ne comprenant pas la nature de ce mot étranger.

- Eh bien. . . elle secoue la main comme si ça allait l'aider à trouver une définition ou une comparaison. C'est quand l'un aime l'autre et que c'est réciproque.

- Je ne connais pas vraiment le sentiment amoureux. Peut être ne suis-je tout simplement pas faite pour ça.

- On tombe tous amoureux au moins une fois. Tu es une mienne après tout, tu as une part d'humanité en toi.

- Je ne sais pas.

- N'as-tu jamais ressenti un besoin d'être avec lui, proche de lui, être le centre de son attention ?

Je baisse les yeux comprenant ce qu'elle veut dire. Il est vrai que j'ai déjà ressentit le besoin d'attirer son attention. Mais est-ce vraiment la même chose ? J'avais besoin de m'assurer qu'il ne me mentirai jamais, que je pouvais lui faire confiance. Je lui fais confiance, j'ai besoin d'attirer son attention, j'aime être contre lui. Mais est-ce pour autant de l'amour ?

- Peut être bien . . . avouai-je en rougissant.

- Tu sais, ce n'est pas forcément parce que Aust est mon fils que je vais te dire tout ça mais, c'est vraiment un gentil garçon. Il est très tendre et attentionné. Très appliqué dans ce qu'il fait. Il est passionné aussi et . . .

- Défaillant. ajouté-je en rigolant.

- "Défaillant" ?

- Oui, il rougit tout le temps, à chaque fois que je le vois il rougit.

- C'est peut être justement parce que c'est toi.

- Je ne vois pas vraiment pourquoi ?

- Tu sais il a toujours été passionné par le sujet des miennes. Ils a toujours voulu en rencontrer. Et là son rêve se réalise, qui plus est, l'une d'elle a son âge et est charmante. C'est dans l'espoir de rencontrer une mienne comme toi qu'il est devenu scientifique.

Je me fige en entendant sa dernière phrase. J'ai sans doute mal entendu, non ? Aust ne peut pas être un scientifique. Il nous l'a lui-même affirmer à Ashley et moi. Je lui fais confiance. Ça doit être mes oreilles qui ont un problème ou sa langue qui a fourché. Ce n'est pas possible. Pourtant même si je veux croire que c'est faux, quelque chose de douloureux se tord au creux de mon ventre. Un malaise indescriptible qui se demande s'il a raison d'être.

- Un scientifique ? répété-je lentement.

- Oui, enfin plus exactement un chercheur. Après ses études il voulait absolument entrer dans la vie active dans ce domaine là. Donc il y a quelques semaines il a quitté la maison pour aller en ville et entrer dans un laboratoire. Tu n'étais pas au courant ?

Cette vérité me semble horrible. J'ai l'impression qu'elle est pire qu'un mensonge. Son regard ne me dit pas qu'elle ment, mais pourtant j'ai du mal à y croire. La frustration, la colère et la tristesse se mêlent en moi douloureusement. Ça fait mal. Mon coeur se serre, se compresse me faisant mal. J'ai l'impression de m'étouffer. Je baisse la tête tentant de reprendre mes esprits mais rien de raisonnable ne me vient en tête. J'aurai du me méfier depuis le début. Je n'aurai jamais du lui faire confiance.

- Je n'aurai jamais du le suivre. . . marmonné-je tandis que mes phalanges prennent une teinte blanche s'agrippant au banc.

- Comment ça ?

Je me lève brusquement et fais volte-face pour m'apprêter à partir.

- Vous les humains vous êtes tous des menteurs. Vous profitez de tous ! Vous nous trompez ! Vous voulez juste nous manipuler pour mieux nous ausculter ! Vous êtes horribles !

Mes yeux embrouillés par un semblant de larmes se posent sur l'intéressé qui depuis je ne sais combien de temps était derrière nous. Il me dégoûte. Mon regard se fait aussi noir qu'à notre rencontre et il tressaille. Je ne veux plus les voir. Je veux rentrer chez moi au plus vite. Ce qui est énervant, c'est que je ne peux aller nul part sans lui. Je secoue lentement la tête avec répulsion et me dirige vers l'intérieur de la maison sachant que je suis obligée de passer à côté de lui. Il me bouche le passage avec un regard confus.

- Sony, je peux tout t'expliquer.

- Il n'y a rien à expliquer, laisse-moi passer. craché-je sombrement.

Il me saisit la main que je secoue pour tenter de lui échapper.

- Lâche-moi Aust !

- Non. Pas tant que tu ne m'auras pas écouté.

Ma main s'élève pour le frapper et il la saisit pour m'en empêcher. Je me débat du mieux que je peux en me secouant dans tous les sens. Je ne veux pas l'écouter ! Il ne me dira que des mensonges. C'est la seule chose dont les humains sont capables ! Mentir, mentir et encore mentir ! On ne peut jamais leur faire confiance.

- Lâche-moi Aust ! Je ne veux pas écouter tes mensonges.

- Mais moi j'ai besoin de t'expliquer.

- Tu n'as pas à t'expliquer !

- Si ! Sinon on en reviendra à la relation que nous avions avant !

- Je t'ai dit de me lâcher bordel ! Je n'aurai jamais du te faire confiance ! Je n'aurai jamais du te suivre ! Je n'aurai jamais du te rencontrer !

Il se méduse à ma dernière réplique et son regard s'éteint tristement. Il me relâche enfin et je me précipite à l'intérieur de la maisonnette. Le monde humain n'est pas fait pour moi. J'en ai bien conscience. Je m'installe sur un des canapés de leur salon et m'y recroqueville en espérant que tout cela ne soit qu'un cauchemar.

Au soir, tout le monde comprend rapidement que je ne veux pas qu'on m'adresse la parole et me laissent tranquille jusqu'à ce qu'il soit l'heure de se coucher. Ils se réunissent tous dans le salon pour faire la répartition de dernière minute des chambres. Madame Renoud avec son entrain habituel décide de faire les chambres.

- Katherine, Anthonin et Tristan vous gardez votre chambre tout comme votre père et moi. Marie tu partagera ta chambre avec Ashley et Neige puisque vous pouvez y dormir à trois maximum et . . .

- Aust dort avec Sony dans sa chambre ! s'exclame Marie toute joyeuse.

Mais sa remarque n'amuse qu'elle sur le moment et elle constate que l'ambiance n'est pas très bonne entre nous deux. Aust se lève et prend dans le placard un oreiller et une couette.

- Je dormirai sur le canapé.

Sa mère sourit amèrement et se résigna à ce choix.

- Qu'il en soit ainsi.

Nous nous dirigeons vers les chambres qui nous sont attribuées et je m'installe dans le lit aussi lourde et angoissée que tout à l'heure. Je n'arrive pas à m'en remettre. Ça me fait tellement mal au coeur. Dire que je lui faisais confiance. En tant normal je serai vite passée à autre chose, mais je n'y arrive pas. Il occupe chaque parcelle de mon esprit que c'en est horrible. Pourquoi est-ce que je souffre autant de cette trahison ? Et puis dormir dans son ancien lit n'arrange pas les choses. Un sentiment de soulagement et de tristesse m'envahissent. Je n'en peux plus. C'est trop lourd. Jamais je n'avais ressenti ça au par avant. C'est aussi douloureux que lorsque j'ai perdu mes parents. Je ne pourrai jamais vivre en humaine. Ce monde n'est pas pour moi. Je sors de la couette pour m'installer au-dessus du lit et me roule en boule tout en me métamorphosant.

La porte de la chambre s'ouvre le lendemain matin, et Katherine qui porte Tristan dans ses bras manque de faire une crise cardiaque. Elle tente de se calmer en s'assurant que c'est bien moi l'animal sauvage qui dort sur le matelas.

- Sony ?

Reconnaissant mon nom, je lève la tête. Elle souffle soulagée que ce ne soit juste moi sous ma forme animale. Je me redresse et m'étire avant de reprendre une forme humaine. Anthonin rejoint sa femme se demandant ce qui se passe et sursaute en me voyant nue sur le lit. Katherine lui tend l'enfant et ils retournent dans la salle commune tous les deux. Elle qui est restée avec moi s'assoit à côté de moi et me tend les vêtements que je portais la veille.

- Que faisais-tu en loup ?

- Je n'arrivais pas à dormir en humaine.

Elle sourit tristement et me laisse m'habiller rapidement.

- Ma mère m'a brièvement raconté ce qui s'était passé entre toi et Aust.

Je ne trouve rien à dire et la laisse continuer.

- Tu sais s'il t'a mentie c'est parce qu'il a sans doute une bonne raison pour ça.

Je ricane entendant son absurdité et décide de quitter la chambre sur une dernière phrase.

- Sans doute pour m'allonger sur une table et m'ouvrir le coeur.

Quelques heures après ce réveil poilu, nous reprenons la route en direction d'un village qui nous permettrai de prendre le train en direction de Migty City. La tension est à son comble. Neige tente tant bien que mal de détendre l'atmosphère mais rien n'y fait. L'antipathie que je ressens en ce moment même ne peut être changé. Plus jamais je ne ferai confiance à un humain, ça je me le jure. Ashley ne comprend pas vraiment ce qui se passe et ne cherche pas à chercher de peur d'envenimer les choses. Je devrais le dire à Ashley, la vérité sur Aust, mais cela ne ferai que l'inquiéter inutilement. Je ne vais rien faire et me contenter de faire ce que je faisais depuis le début. La protéger quoi qu'il en coûte.

Les heures de marches sont longues, je commence à fatiguer. Ashley me tend une bouteille d'eau qui était dans le sac à dos que porte Aust. Je la remercie et bois plusieurs gorgees. Lorsque je rabaisse la tête pour lui rendre la bouteille j'aperçois au loin une ombre grise courir vers nous à grand pas. Je la précipite derrière moi pour la protéger et regarde attentivement ce que c'est. Ça ressemble à un animal sauvage. Je suis sur le qui-vive prête à me transformer pour protéger Ashley. Soudain alors que l'animal allait nous sauter dessus il s'effondre à quelques mettre de nous et prend une forme que je ne connais que très bien. C'est une mienne ! Je me précipite vers le garçon qui est étendu à terre comme mort et le redresse du mieux que je peux. C'est un garçonnet d'une dizaine d'années et qui semble très affaibli. Tout le monde me rejoint et je le voix me tendre la main. Je la saisis tendrement et le vois mouvoir ses lèvres.

- Quoi ? questionné-je n'ayant pas entendu ce qu'il a à dire.

- À boire . . .

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