Chapitre 06

J'ouvris les yeux sur le visage épanoui de sommeil de Sony, rougissant d'embarras je me relevai légèrement sur mon coude en observant la proximité de la louve. La poitrine de la jeune fille se laissait entrevoir avec sa robe légèrement trop grande, elle se collait contre mon torse que j'avais dénudé sous l'effet de la forte chaleur d'été. Les cheveux mi-longs de cette brune tombaient devant son visage serein et ses lèvres roses étaient entrouvertes pour qu'elle puisse respirer calmement.
Je retirai de son visage certaines mèches folles, mon geste la fit gémir comme si je la dérangeai et elle se blottit encore plus contre moi. De mon bras qui ne tenait pas ma tête je lui caressai le dos, ce geste affectueux était en réalité rempli de ma peine et de mes excuses.

- Je suis désolée Sony. . . , me repentis-je devant mon amie.

Je fixai son visage endormi avec remords, elle avait confiance en moi et moi je la dupais, je n'étais qu'un être abjecte qui ne méritait pas de l'aimer. Je l'aimais cette Mienne blottie contre moi comme une petite fille apeurée, dès le moment où elle m'avait fait part de son passé et encore plus aux inquiétudes émises envers sa sœur je m'étais rendu compte de cette attirance. À chaque touchés que je me permettais avec elle je recevais des picotements comme une électrisation, c'en était tellement grisant que chaque fois je tentais de faire durer ces moments ou de les réitérer.

- De quoi tu t'excuses ? me souffla la belle qui ouvrait doucement ses yeux.

- De t'avoir réveiller . . . , inventai-je d'une façon aussi naturelle que je le pouvais.

Elle me sourit gentiment en me disant que ça n'avait aucune importance puis elle me fit remarquer les caresses dans son dos que j'avais oublié de stopper, je retirai ma main prestement en piquant un fard de honte, pris en faute, étrangement elle avait l'air perturbée mais ne le fit pas distinctement paraître. Peut-être n'était elle pas au courant que ce genre d'attitude étaient spéciales chez les humains tout comme sa façon de s'être autant rapprochée de moi la veille.
Nous nous levâmes et vîmes Neige assise dans le charrette qui nous regardait avec un sourire et un regard remplis de sous-entendus mais elle ne pipa mot, je m'approchai et m'installai près d'elle, la mienne me donna un petit coup de coude complice.

- Je connais ton secret, murmura-t-elle dans le creux de mon oreille

Son ton se voulait doux et attirant mais je me figeai sous le sens qu'avait ses mots. Sous une simple volonté elle pouvait dire à Sony et Ashley que j'étais un scientifique et toute la confiance que j'avais gagné serait perdue, rien que de penser à l'éventualité de revoir le regard méfiant de l'aîné ma peine et mes remords augmentèrent. Je tournai ma tête afin de plonger mes pupilles dans ces yeux rouges effrayants mais qui petit à petit devenait doux et sympathiques, avec pitié je lui envoyai du regard un "Ne dis rien, je t'en prie" muet mais qu'elle avait l'air de comprendre, elle sourit doucement et hocha simplement la tête.

Avec entrain la souris sauta sur ses pieds en chantonnant, elle partit réveiller la dernière dormeuse car le départ allait se faire rapidement. Celle que j'aimais se rapprocha nonchalamment de moi avec un grand sourire faisant resplendir son visage, le rouge me monta de nouveau aux joues, animé par le désir fou de la prendre dans mes bras ou juste de la toucher.

- On est encore loin de chez toi ? me demanda-t-elle plus pour me faire la conversation que pour vraiment connaître la réponse.

- Non, encore une à deux heures et nous serons arrivés !

- C'est une grande ville comme celle où on était ?

- Non pas du tout, nous serons en pleine campagne, mes parents sont agriculteurs, lui souris-je.

Peu de temps après nous fûmes tous dans la charrette en route pour mon village natal, Neige avait appris en quelques minutes une chanson à la jeune louve et les deux ensembles ne cessaient cette rengaine, Sony et moi prîmes plaisir à parler de la vie d'agriculteur à laquelle j'appartenais étant enfant. Je me rappelais de l'herbe tendre et verte dans laquelle je courrais avec mes sœurs à mes trousses, ou encore de la dure labeur qui nous attendait parfois dans les champs avec nos parents, ces souvenirs de soleil se couchant au loin alors que l'on venait tout juste de planter la dernière graine du potager, tout cela je le contai à la femme pour qui j'avais un amour secret et certainement à sens unique, je prenais tant de plaisir à la voir rire ou sourire. Cela faisait peu de temps que je la connaissais mais l'amour était entrer si soudainement, j'étais tombée pour elle comme Alice dans le terrier du lapin blanc.

- Je vous laisse ici les jeunes, tu passeras le bonjour à tes parents fiston ! fit le vieux conducteur en s'arrêtant
- Merci beaucoup je leur passerai le message ! lui répondis-je en sautant de la charrette avec les filles

Après quelques minutes de marche sur le chemin caillouteux bordé de champs dorés par le grémil et le blé nous arrivâmes dans un grande cour où trônait une petite maison en briques à l'air accueillant. De la porte ouverte sortit un grand chien qui courut dans ma direction et me jeta au sol de son poids en me léchant le visage, enthousiasmé par ma présence.

- Oh Chloé moi aussi je suis content de te revoir ! Aller arrête, ça chatouille ! m'esclaffai-je en frottant énergiquement les poils du labrador crème.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? résonna une voix féminine douce et aiguë qui avait tellement fait partie de mes jeux dans le passé.

Je me mis sur les coudes tant bien que mal et regardai ma sœur avec des yeux pétillants de joie, celle-ci après m'avoir reconnue s'approcha de moi en trottinant avec un sourire éclairant sa peau halée, elle se jeta à son tour sur moi qui était déjà à terre, le chien s'était écartée pour laisser la jeune fille passer.

- Oooh mon petit frère ça fait tellement longtemps ! hurla-t-elle joyeuse en m'étouffant de ses bras dénudés.

- Comment vas-tu Katherine ? Je ne savais pas que tu étais là ! lui rétorquai-je agréablement surpris.

- Anthonin et moi avons pris des congés pour aller voir la famille.

Malgré ses bras qui me serraient trop fortement un sourire restait accrocher à mon visage, ses cheveux blonds et bouclés se collaient à mon visage mais cela ne me dérangeait point. Après son mariage qui avait eu lieu trois ans auparavant je n'avais revu ma soeur aînée que quatre fois seulement, la dernière fois étant il y avait trois mois lors de la naissance de son premier enfant.

- Maman ! Aust est là ! hurla-t-elle en se ruant vers la maisonnette en me tirant violemment le bras.

Toute la famille était réunie dans le salon, lorsqu'ils me virent ils se levèrent tous et je reçus des embrassades de mes parents et de ma cadette Marie avant de serrer la main à Anthonin, le mari de Katherine. Tous avaient l'air heureux de me voir et cela était réciproque, j'avais certes quitté la maison familiale mais celle-ci avait toujours une place dans mon cœur et me manquait continuellement, marque de mon enfance heureuse et chaleureuse. Le couple me mit mon neveu dans les bras dès mon arrivée, prétextant que j'avais besoin de faire connaissance avec lui, il est vrai que la dernière fois que je l'avais vu il n'était qu'un petit poupon âgé que de quelques heures.

- Alors comment tu vas Tristan ? C'est que tu as bien grandi dis donc ! gazouillai-je en lui faisant des chatouilles sur son petit ventre.

Un grand sourire éclaira son visage et un rire ne tarda pas à dépasser ses lèvres roses. Je vis le regard tendre de Sony se poser sur l'enfant, elle releva ensuite son regard pour se poser sur moi. Près de moi la tête blonde qui avait dû suivre ce cours échange pouffa de rire avant de demander :

- Tu ne nous présentes pas ta petite-amie ? Je suis déçue Aust.

Je piquai un fard, ce que je faisais de plus en plus fréquemment, et tentai de souligner le plus naturellement possible que Sony n'était qu'une amie pour moi, Marie leva les yeux au ciel en tentant de retenir son rire sarcastique, je vis la Mienne avec un visage peint par l'incompréhension tandis que Neige rejoignait ma sœur cadette dans sa pensée.

- Alors, voici Sony, Ashley et Neige, les filles je vous présente ma famille, alors ici c'est ma soeur avec son mari et son fils, ici ma petite soeur Marie et là mes parents, présentai-je rapidement.

- Ravi de vous rencontrer les filles, gratifia mon père.

- Nous de mêmes, répondit la souris sur le même ton.

- Ah oui, ajoutai-je, ce sont toutes les trois des miennes.

Neige secoua la main avec sa naturelle candeur comme si elle saluait ses amis de primaire, les deux louves quant à elles se reculèrent prestement et Sony mit son bras protecteur devant sa jeune sœur en prenant une posture agressive.

- Aust ! hurla la protectrice, j'entendis dans sa voix comme une pointe de déception mais la colère était dominante.

Katherine s'approcha doucement vers les deux sœurs avec son enfants dans les bras, les miennes continuèrent à reculer.

- Ne t'inquiète pas, nous sommes tous au courant de ce qu'est une mienne et nous ne vous voulons aucun mal.

- Comment je peux vous croire ? cracha la brune féroce.

- Tu fais confiance à Aust.

- Qu'est-ce qu'il me prouve qu'il ne nous a pas dupées ? continua-t-elle mais sa voix se brisa étrangement.

- Tu crois réellement que je me serais risquer avec Tristan alors que tu pourrais te transformer et le déchiqueter en pièces ?

Pour forcer son propos la blonde s'avança de nouveau, ses yeux bleus se plongeaient dans ceux de la jeune fille en face d'elle et celle-ci baissa complètement sa garde.

- Très féroce ta petite-amie, me chuchota à l'oreille la jeune blonde qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à son aînée

- Ce n'est pas ma petite-amie ! niai-je toujours sur la même fréquences pour ne pas qu'on nous entende.

- Pourquoi ? Tu t'es pris un râteau ? gloussa-t-elle moqueuse.


- Mais non ! Je ne l'aime pas ! essayai-je de soutenir tant bien que mal.

- Mais bien sûr, même Tristan ne goberais pas ton mensonge.

Et sur cette dernière phrase elle s'éloigna avec un gloussement, ce petit gloussement était sa marque de fabrique mais ô combien elle pouvait être irritante avec ça.

- Elle n'a pas tort sur ce coup tu sais, rajouta la femme aux cheveux blanc.

Je soupirai d'abandon, elles l'avaient découvert mais j'espérais au fond de mon cœur que Sony ne le découvrirait jamais, si par malheur elle partageait mes sentiments je m'en voudrais à m'en crever le cœur de lui briser le sien par mes mensonges continuels.

Après cette scène ma mère se rua dans la cuisine en s'exclamant que ces petits ventres devaient tous avoir faim, elle nous prépara comme à son habitude un repas copieux, ensuite mon père nous demanda de venir l'aider au champs. Katherine qui devait s'occuper du jardin avec la mère de famille et sa cadette décida de me laisser mon neveu car je me reçue la tâche d'équeuter les haricots et d'écosser les petits pois.

- Ashley ira aider Anthonin dans le champs de maïs et Neige s'occupera des foins avec toi mon amour, déclara ma mère sans demander l'avis de chacun, Sony toi tu donneras un coup de main à mon poussin d'accord ?

- Le poussin ? questionna-t-elle sans comprendre la signification de cette phrase, vous voulez que j'aille m'occuper des poules c'est ça ?

- Non ma chérie, nous n'avons pas de poules, tu aideras Aust, rigola amusée la femme.

- Aah d'accord !

Le sourire en coin imperceptible de ma mère signifiait qu'elle l'avait fait exprès et celui de Sony après avoir compris mon surnom ne signifiait rien de bon.

- Aller mon poussin, on a du pain sur la planche comme disent les humains, me fit la brune avec un rire moqueur.

- Vous avez tous décidé de vous foutre de moi aujourd'hui . . . , soufflai-je désespéré.

Je tapai deux fois sur ma cuisse afin d'appeler mon fidèle ami le chien, c'était bien le seul qui ne se moquerait jamais de moi, et prit d'un bras le nourrisson qui tendait ses bras dans ma direction.

- J'espère que toi tu seras plus indulgent avec tonton quand tu seras grand ! T'es tellement mignon tu ne peux pas savoir à quel point. C'est qui le plus mignon hein ? Mais c'est Tristan ! Mais oui c'est Tristan !

Je n'avais que dix-huit ans mais je savais déjà que plus tard je deviendrais père, j'aimais énormément les enfants, pour moi c'étaient des rayons de soleil que nous apportait la vie.

Cela faisait déjà une bonne heure que ce long travail fastidieux avait commencé et j'avais l'impression que la pile de petits pois ne diminuait pas tout comme celle de haricots dont s'occupait Sony à mes côtés, sûrement à cause des va-et-vient fréquents de ma très chère petite Marie qui nous déposait un panier complet de chaque à chacun de ses passages, agrémentés bien sûr de ses répliques comme "Allez les tourtereaux, faut travailler aux lieu de se dorloter !" qui ne cessaient de me rendre de plus en plus gêné à un point que je n'osais plus regarder mon amie et je me demandais qu'elle était sa réaction vis-à-vis de ces remarques déplacées.

- C'est long, se plaignit la brune, en plus c'est toujours les mêmes gestes : couper chaque bout au couteau, reprendre un haricot, couper, reprendre, couper . . . En plus il fait une de ses chaleurs ! ajouta-t-elle pour la unième fois en s'épongeant le front avec le chiffon humide

Le soleil de l'éternis nous brûlait la peau que l'on avait pourtant protéger au maximum avec de la crème solaire, il nous amenait à envier le garçonnet installé dans une sorte de mini-tente afin qu'il n'attrape pas d'insolation. mes travaux étaient d'ailleurs entrecoupés de moments où je devais humidifier son petit visage rond et où je devais lui donner un biberon d'eau afin d'éviter la déshydratation, à chacun de ces moments je sentais les pupilles brunes de la louve sur moi et l'enfant nous détailler précisément.

La jeune adolescente armée de ses paniers tueurs revint, elle avait accroché ses longs cheveux blonds en un chignon d'où ressortaient une multitude de mèches folles, sa robe bleue ciel que je lui avais offerte pour son précédent anniversaire allait à ravir avec ses yeux qui étaient la copie des miens.

- Vous allez être contents ! clama-t-elle joyeuse.

- Tu vas enfin arrêter tes remarques moqueuses ? souris-je enthousiasmé.

- Non, sourit-elle amusée, Ce sont les derniers paniers !

- Youpi ! Encore une demi-heure de travail ! ironisa la brune près de moi.

- Ça va, vous êtes plutôt rapide, surtout toi pour une débutante ! Mon frère t'as vraiment bien choisie !

- Marie ! Vas-t-en ! m'interposai-je

- Ohlala, si on ne peut plus rigoler...

Elle s'éloigna un peu avant de revenir vers notre table avec un sourire.

- Dis, je pourrais être la demoiselle d'honneur à votre mariage ?

- Bien sûr ma petite sœur chérie, entrai-je dans son jeu afin qu'elle nous laisse enfin en paix.

Elle partit cette fois satisfaite et on ne la revit plus de la journée.

- On a fini ! soupira Sony de plaisir en s'étirant longuement.

- Oui on a enfin fini !

Chloé s'approcha de moi en frétillant de la queue, ayant compris que mon travail était terminé elle venait chercher des caresses et de l'attention, je pris une balle qui se trouvait non loin et tirait dedans aussi fort que je pus, le labrador courra la chercher et me la ramena aussitôt toute heureuse.

- T'es un bon chien, la félicitai-je en lui donnant une caresse en récompense.

La Mienne regarda un court instant l'animal avant de tourner la tête dédaigneusement, je ne compris pas trop cet acte envers mon animal si gentil et fidèle.

Le canidé posa affectueusement sa tête sur mes cuisses et je me mis à lui grattouiller le sommet du crâne, alors que je continuai de m'amuser avec Chloé, je sentis Sony se rapprocher de plus en plus de moi pour une raison qui m'était inconnue. Malheureusement, cette proximité faisait resurgir en moi mes vices, comment pourrait-elle m'aimer alors que je risquerais de l'attacher sur une table afin de l'examiner ? Bien sûr cela n'était pas dans mes intentions mais c'était ce qu'une personne normale aurait pensé envers un être dangereux, surtout quand celui-ci se retrouvait être un scientifique qui faisait tout pour gagner votre confiance.

Je me rappelais de mon enfance par une histoire que me racontaient mes parents, cette histoire magique où des gens se transformaient en animaux afin de perpétuer le culte des dieux de nos ancêtres. La légende des Miennes avait éveillé en moi une vive curiosité alors lorsque mes parents m'avaient juré que ces êtres existaient je m'étais mis en tête de les découvrir. Si seulement je n'avais pas été si gourmand, je n'aurais jamais dû devenir scientifique, le destin me rendait mes vices à travers cet amour unique.

Maman m'avait toujours dit que le toucher était un don qui apportait chaleur et bonheur alors pourquoi lorsque je te touche je ne ressens qu'un désir couvert par une profonde peine ? Dis-moi Sony, vas-tu encore longtemps continuer à me torturer ainsi ?



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