Chapitre 04
Sony avait peur de l'ascenseur, cela se voyait à sa façon d'agripper les barres métalliques, ses jointures devenaient blanches et de la sueur se formait sur son front, mais brave, elle essayait de garder un visage indifférent même si cela était raté. Il était normal d'avoir peur comme elle l'était, elle ne l'avait jamais pris donc cela devait grandement la surprendre. Heureusement pour elle que le calvaire s'arrêta rapidement, elle sortit rapidement dès que les portes métalliques s'ouvrirent, je la suivis d'un pas plus lent et me dirigeai vers la chambre 314.
- On dormira ici cette nuit, l'informai-je en m'installant sur le lit moelleux.
- C'est presque pareil que chez toi, dit-elle avec une moue déçue.
- Effectivement, pouffai-je gentiment, tous les humains ont à peu près la même chambre mais quelques petites choses diffèrent.
Sony s'installa elle aussi sur le lit en soupirant longuement, elle regarda le plafond longuement. Je l'observai avec intérêt, ses émotions n'étaient pas difficiles à voir, dans ce monde lorsque nos émotions étaient si faciles à voir cela pouvait être dangereux, c'était de la naïveté de croire que le monde était gentil, il ne nous voulait que du mal.
- Tu ne devrait pas montrer tes émotions aussi facilement tu sais, lui dis-je en continuant de l'observer, on voit très clairement que tu es perdue dans ta tristesse.
- Pourquoi je devrais me cacher ? demanda-t-elle surprise de mes paroles.
- Les gens profitent des gens faibles, et ici dans le monde des humains, montrer ses émotions c'est une faiblesse. Les gens profiteront de ta tristesse et te feront du mal.
Ses lèvres s'étirèrent en un sourire ironique, et elle déclara moqueuse : "Même un humain critique son peuple ?"
Je lui répondit d'un sourire amusé, et elle coucha son dos sur le lit en soupirant.
- On s'est bien amusés aujourd'hui, en fait tu n'es pas aussi mauvais que je le pensais.
Je lui jetai un regard, surpris qu'elle ait baissée sa garde devant moi, elle rougissait, gênée de ses propos et détournait les yeux vers la fenêtre.
- Je m'excuse de t'avoir mal jugé, c'est juste que je croyais que tu étais un scientifique et que tu voulais du mal à ma sœur...
- Je m'appelle Aust ! m'exclamai-je soudainement.
- Hein ? Mais je sais, pourquoi tu dis ça ? rigola-t-elle amusée.
- Je m'appelle Aust, enchantée de te connaître, réitérai-je en lui tendant la main avec un grand sourire.
Elle comprit enfin où je voulus en venir et elle me serra la main avec un grand sourire.
- Ravie de te rencontrer, je suis Sony !
- Voilà, comme ça on repart de zéro, lui dis-je doucement.
Et nous plongeâmes dans un silence paisible, peut-être devrais-je lui dire la vérité ? Ou rester dans le mensonge jusqu'à ce qu'elle le découvre ? La jeune louve me coupa dans ma réflexion en me posant une question d'où pointait un certain désespoir, elle le dit comme pour se convaincre elle-même.
- On va la sortir de là, hein ?
- Elle est vraiment importante pour toi ? demandais-je sans répondre à sa question précédente.
- Bien sûr ! C'est ma sœur ! s'affligeait-elle, Et elle est tout ce qu'il me reste...
- Mais tu as ta meute, elle n'est pas tout ce qu'il te reste.
Elle se releva et me regarda avec des yeux tristes, un mince sourire nostalgique prenait place sur son doux visage.
- La meute c'est pas pareil, elle nous a recueillies mais ce n'est pas notre famille, c'est celle d'Ashley mais pas la mienne.
- Comment ça ? Tu n'es pas née là-bas ? m'intéressai-je soudainement
- Non.
Je m'assis en tailleur et me préparai à écouter attentivement ce qu'elle allait me raconter, elle prit une grande inspiration et commença sa triste histoire.
- Je suis née dans une famille aimante avec un père et une mère Mienne, ils pouvaient tous deux se transformer en loups mais ne le faisaient jamais, j'ai donc été élevée telle une humaine. Je me rappelle très bien de mes parents, ma mère était une femme douce et inquiète de nature alors que mon père était un homme nonchalant et optimiste, on était tellement heureux. Quelque fois... je me transformais, mais je n'aimais pas être louve, mes parents m'avaient appris à être humaine alors je vivais en tant qu'humaine. Je n'ai jamais eu d'amis étant toute petite mais mes parents prenaient grand soin de m'occuper avec différents jeux, lorsque j'avais trois ans, ma mère m'a annoncée que j'allais avoir un petit frère ou une petite sœur, j'étais tellement heureuse d'avoir un futur compagnon, surtout que je n'allais pas à l'école car mon père avait peur que les gens découvrent notre existence de mienne. Ashley est née, tout était joyeux et on l'aimait tous...
Elle s'arrêta un instant, je pus lire dans ses yeux la nostalgie, sa famille devait grandement lui manquer. Elle expira longuement et reprit son récit sur son passé.
- Deux mois après sa naissance, nous avons dû quitter la chaleur du foyer, nous sommes partit, mes parents ne voulaient pas me dire la raison. Nous avons couru dans la forêt, ma mère tenait Ashley dans ses bras et mon père me tenait fermement la main et courait rapidement, à la fin il a même fini par me prendre sur ses épaules car j'étais trop lente. Je ne comprenais pas, pourquoi on s'enfuyait ? Pourquoi on était pas à la maison ? Nos parents s'étaient arrêtés haletant et mon père m'embrassant, ma mère m'avait fait un dernier câlin rassurant et m'avait dit : "Transforme-toi en loup, prends ta soeur et va-t-en Sony, pars loin." Je les ai écouté, je suis partie avec Ashley. Des coups de feus ont retenti et les cris de mes parents ont été les dernières choses que j'ai entendu d'eux. J'ai couru à en perdre haleine, quand je tombais je me relevais, c'est ainsi que petite louve que je suis, j'ai fini trouvé à moitié morte près d'une rivière, c'était une meute de loups qui passait par là, ils nous ont sauvés, sans eux nous serions mortes.
Je lui pris une de ses mains aux creux des miennes, et lui sourit autant que je pus.
- Bien sûr qu'elle va être libérée ! Fais-moi confiance, je te jure de te la ramener, lui promis-je du mieux que je pus
- J'ai remarqué que tu étais assez tactile, fit-elle en désignant mes mains encerclant la sienne.
- Ma mère m'a toujours dit que la chaleur humaine servait à éloignée les peurs et la tristesse, juste se prendre la main ou même un petit frôlement est rassurant et sécuritaire...
Elle rigola en séchant les larmes nostalgiques avec sa mains libre. Après seulement plusieurs minutes de bavardages, nous nous endormîmes main dans la main, ma culpabilité prenant totalement place dans mon esprit, sûrement de vieux souvenirs dans celui de Sony.
Comment pouvais-je lui dire après cette histoire ?
Le lendemain matin, je me réveillai très tôt, le soleil n'était pas encore levé et la nuit enveloppait la ville de son voile sombre, je me levais et partis avec une envie subite de m'échapper de la jeune fille endormie. Je traversais rapidement la rue principale, cette rue était dominée par un énorme bâtiment bleu comme le ciel d'Éternis, je me dirigeai vers cette bâtisse et passai ma carte d'identification afin d'entrer, peu de gens avaient accès à cet endroit, nous étions qu'une petite communauté.
Je m'avançai vers l'accueil, un jeune hôte d'accueil me salua avec un grand sourire aimable.
- Bonjour cher Monsieur, que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour, je suis Aust Renoud, je fais partie de la faction scientifique traitant des Miennes, j'ai appris que vous aviez recueillis un nouveau spécimen et j'aimerais donc accéder aux dossiers s'il vous plaît, le priai-je en dévoilant ma carte.
- Bien sûr Monsieur Renoud, veiller vous rendre à l'étage inférieure numéro 1 et ce sera la salle 407, m'informa-t-il en vérifiant sur son ordinateur et en me tendant une blouse blanche, Par contre vous aurez besoin de cette blouse pour ne pas que l'on vous prenne pour un individus indésirable.
- Je vous remercie, le gratifiai-je en enfilant le vêtement.
Je pris l'ascenseur, entouré de plusieurs autres scientifiques qui ne me jetèrent même pas un regard, leur présence étouffait, j'avais hâte de sortir de cet espace étroit. Lorsque la cabine s'arrêta enfin à mon étage, je sortis rapidement et me continuai mon chemin sans m'arrêter, les nombres des portes défilaient alors que je traversai ce couloir immense, j'ouvris la porte 407 avec ma carte et me mis à fouiller dans les tiroirs sans qu'aucune des autres personnes ne me demande quoi que ce soit.
Après avoir longuement fouiller les différents tiroirs et regarder dans les piles de dossiers qui traînaient, je trouvai mon bonheur, un dossier vert foncé qui montrait que la mienne appartenait au groupe des canidés, j'ouvris la chemise et regardai la photo d'Ashley, on aurait dit une simple photo d'identité sauf qu'une partie était humaine et l'autre animale. Je parcourus d'un coup d'œil les feuilles avant de trouver l'endroit exacte où elle se trouvait : Bâtiment B, Étage -34, Cellule CF8795. Derrière cette feuille où était renseignée son immatriculation et sa fiche d'identité se trouvait des photos d'elle sous sa forme de louve et humanoïde, attachée comme une vulgaire chose, je détournai le regard dégoûté de ces horreurs et rangeai le dossier où je l'avais trouvé. Je sortis de la pièce sans qu'aucun autre scientifique ne me daigna un regard et partis repérer les lieu, l'étage où se trouvait Ashley était plutôt loin mais facilement accessible avec peu de gardes et peu de scientifiques.
Je rentrai et découvris Sony qui m'attendait assise dans le lit avec un air inquiet, dès qu'elle me vit elle se mit en colère, se demandant sûrement où j'étais passé. Elle jeta un coup d'œil mauvais à la blouse que je n'avais pas enlevée. Je lui souris gentiment et l'invita à créer un plan pour sauver sa sœur, ce qui la fit réfléchir de suite.
- J'ai piqué une blouse et je suis entrée dans le bâtiment scientifique des Miennes, j'ai repéré où se trouvait Ashley, elle est au Bâtiment B à l'Etage -34, Cellule CF8795. Je pense que je pourrais m'infiltrer discrètement et la faire sortir, il n'y a pas trop de gardes, bien sûr il faut que tu me fasses confiance, lui dis-je en lui cachant une part de vérité.
- Je suppose que je n'ai pas le choix..., soupira-t-elle en baissant le regard.
Je souris intérieurement de soulagement, elle me faisait confiance sur un point au moins. Nous sortîmes afin de mettre en oeuvre notre plan un peu simpliste.
- Pourquoi un nombre de cellule si compliqué ? me demanda-t-elle alors que l'on attendait dans l'ascenseur
- C pour Canidé, F pour Féminin, 8 pour la race car les loups sont classés huitième dans les miennes canidés, 7 pour l'allée et 95 pour le nombre de la cellule, mais un fois qu'on prend l'habitude c'est simple, dis-je mécaniquement habitué à ce genre de numérotation.
- Dis donc, tu en sais beaucoup quand même..., fit-elle suspicieuse
- Oui, on nous a appris ça lorsque j'étais au collège, me rattrapais-je rapidement en ayant l'air naturel
Elle hocha simplement la tête et nous commencèrent à mettre en marche notre plan : sauver Ashley.
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