Hated Love-TOME 3- Chapitre 5
June
Les jours suivants, je recherche activement un emploi. Je constate avec dépit que c'est plus difficile que je le pensais. En ce temps de l'année où l'été s'achève, les touristes se font moins présents et les resto-bars, surtout ceux des hôtels, réduisent leurs heures d'ouverture. Alicia m'encourage à chercher au-delà de la ville, mais je préfère ne pas avoir trop de route à faire. J'ai trop peur de m'endormir au volant à la fin du quart de travail.
Vendredi soir, Nate m'annonce qu'il viendra me rendre visite et je m'empresse de ranger ce qui traîne dans l'appartement. Alicia et moi ne sommes pas très à cheval sur les tâches ménagères. Nous devons prévoir des journées entières afin de ramasser notre beau bordel. Souvent, c'est le lundi, mais puisque je reçois de la visite, je me mets au travail.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demande ma colocataire tandis que je nettoie le comptoir de la cuisine.
— Je range un peu. Nate s'en vient, dis-je distraitement.
Des bouteilles d'alcool traînent ici et là. Nous sommes loin d'être alcooliques, mais nous aimons regarder des vidéos de célèbres mixologues et essayer leurs cocktails. Nous y goûtons par la suite, puis jetons le reste, sinon nous serions toujours ivres. Là où plusieurs dépensent des fortunes dans les fringues, nous, c'est dans la boisson. Même si mon amie est une vraie carte de mode. Elle aime se faire remarquer, tandis que moi, je me fonds dans la masse. Elle est d'une beauté extravagante, tandis que je suis plus subtile. Je porte toujours des tenues noires lorsque je bosse. Je trouve que ça me donne un petit air mystérieux tout en restant élégante. Ma tenue de travail se résume souvent à une jupe courte en dentelle noire et un débardeur moulant de la même teinte avec un col en V plongeant. Cela me permet de gagner un peu plus de pourboire...
— Ce mec te plaît ? me demande Alicia.
— Peut-être...
— Que sais-tu de lui, au juste ? Il est apparu comme par magie lorsque ton frère est décédé. Tu ne trouves pas ça louche ?
Je hausse les épaules. Nate ne m'a jamais rien caché. Il a emménagé ici il y a quelques mois dans le cadre de son travail de cariste. Il m'a dit que l'entreprise l'avait muté dans notre ville.
— Nate est super correct, Alicia. Il est sympathique, attentionné et s'intéresse à ce que je fais.
— Ah ouais ? Il apprécie que tu sois mixologue ? Ou il préfère le fait que tu te sois vengée sur les bikers qui ont assassiné ton frère ? Je ne crois pas qu'il ait aperçu la vraie June. Moi, je la connais, et je sais que Nate n'est pas l'homme qu'il te faut.
— Ah ouais ? m'énervé-je. Et quel est mon type d'homme, au juste ?
— Celui qui verra que tu es une personne brillante, à quel point la passion de la mixologie t'habite et qui ne percevra pas en toi qu'une simple barmaid. Il devra être patient puisque tu es plutôt timide avec les hommes et que tu ne t'es jamais engagée officiellement auparavant.
— Dis donc que je suis vierge, tant qu'à y être, bougonné-je.
— June, ce n'est pas grave. Le bon mec comprendra et te respectera.
— Tu crois qu'il comprendra pourquoi je n'ai jamais sauté le pas ? J'aurai bientôt vingt-quatre ans et je n'ai aucune expérience sexuelle, bordel ! Il est grand temps que je rencontre quelqu'un.
— Ce ne sera pas mieux si cette personne n'est pas franche avec toi, June. Je sais que tu détestes l'arrogance, la sournoiserie et le mensonge. Assure-toi que le gars avec qui tu auras envie de faire l'amour t'aime comme tu es : têtue et impulsive. Et que ça ne lui dérange pas que tu t'emportes facilement. Il devra être très calme et compréhensif.
Tout d'un coup, je repense au biker que j'ai rencontré. Je ne connais même pas son prénom, mais je sais que ce mec est la patience incarnée. Un autre m'aurait fait sauter la cervelle après que j'aie essayé de le supprimer. Ou m'aurait dénoncée.
Pas lui.
— June, tu m'écoutes ?
— Ouais, désolée, j'ai décroché de la conversation lorsque tu t'es mise à énumérer mes défauts.
Elle éclate de rire.
— Arrête de paraître choquée, tu sais très bien que c'est vrai. Bref, attends un peu avant de sauter dans les bras de Nate. Assure-toi que ce ne soit pas un évadé de prison.
Je ne trouve pas sa blague très drôle, surtout lorsque je songe au fait que mon père est en taule.
— Bon, je vais chez Ja...euh... je veux dire chez un pote, m'annonce ma colocataire. Sois sage, ma belle. Et protège-toi si jamais vous allez plus loin.
Je roule des yeux tandis qu'elle sort de l'appartement. Sacré Alicia ! Elle est moins timide que moi lorsqu'il s'agit de parler de sexe. De plus, je suis certaine qu'elle couche avec son patron. Ce serait plutôt à elle de rester sage.
Trois coups à ma porte me font sursauter et je m'empresse d'aller ouvrir. Nate apparaît dans l'entrée, plus beau que jamais. Ses cheveux châtains sont coupés très courts et sa petite barbe le vieillit. Ses yeux bleu océan me subjuguent chaque fois qu'ils me fixent et j'en éprouve de délicieux frissons.
— Salut, ma belle, me dit-il, tout sourire, en me donnant un bisou sur la bouche.
Je reste abasourdie pendant un instant. C'est la première fois qu'il m'embrasse ailleurs que sur la joue. Lui ai-je manqué à ce point ?
— Assieds-toi, l'invité-je en désignant le canapé du salon. Veux-tu boire quelque chose ?
— As-tu de la bière ?
Je grimace. Alicia et moi ne sommes pas très fortes sur ce genre de boisson. Nous préférons de beaucoup les cocktails.
— J'en déduis que non, ricane Nate. Qu'as-tu à m'offrir ?
— Euh...qu'aimes-tu en dehors de la bière ?
— Du whisky.
Je hoche la tête, sors la bouteille, mon shaker, des glaçons et des citrons verts, puis commence mon cocktail. Quelques minutes plus tard, je lui tends son verre.
— Et voilà ! m'exclamé-je. Whisky, thé vert, citron et menthe. Si tu ne goûtes pas, tu vas m'offenser et, crois-moi, lorsque je suis contrariée, ce n'est pas beau à voir.
Il éclate de rire, puis bois une gorgée.
— C'est...différent de ce à quoi je suis habitué, mais pas mauvais, en conclut-il. Je vais t'avouer qu'habituellement, je prends mon whisky pur.
— Dégoûtant, feins-je en secouant la tête. Et dire qu'on se fend en quatre pour vous offrir les meilleurs mélanges et que vous préférez l'alcool pur.
— Chérie, les hommes ne sont pas aussi compliqués que les femmes là-dessus.
Je lève les yeux au ciel.
— Et puis ? Comment s'est passé ta mission ? me demande-t-il finalement.
Je rigole. Une mission ? Je n'ai certainement pas l'air d'un agent secret.
— Bien. J'ai fais ce que tu m'avais suggéré.
— Une balle dans la tête ?
— Euh...je n'ai pas vérifié où il a été touché parce que j'ai fui avant de me faire attraper.
— Il faut toujours vérifier si on a atteint notre cible, ma belle. Je croyais te l'avoir mentionné.
— Parce que tu t'y connais en meurtre, peut-être ? rétorqué-je, agacée.
— Non, mais j'ai regardé des séries télévisées et tous les tueurs restent sur les lieux du crime.
— Sauf que je ne suis pas une tueuse en série, argué-je. Je préfère passer à autre chose.
Je commence à en avoir ras-le-bol de cette discussion. Je veux oublier cette mésaventure, un point c'est tout.
— Tu en es sûre ? Il y avait d'autres personnes coupables de la mort de ton frère à bord du bateau. Il parait que plusieurs bikers s'y trouvaient.
— Oh ! Ne t'en fais pas. Ils ont eu leur leçon.
Je lui raconte ce que j'ai fait et il siffle d'admiration.
— Bravo ! s'exclame-t-il. Tu as fait du beau travail, beauté.
— Maintenant, peut-on parler d'autre chose ?
— Si tu veux.
Il se rapproche de moi et passe ses bras autour de mes épaules.
— Et si on regardait un film ? propose-t-il enfin.
— D'accord. Un film d'action ?
— Bonne idée. Pourquoi pas le dernier « Fast and Furious » ?
J'approuve son choix et nous nous installons devant la télé. Je me connecte sur Netflix et nous sommes absorbés par le long métrage tout en grignotant des chips. Je termine la soirée à-moitié allongée sur le jeune homme tandis qu'il me caresse les cheveux.
— Je n'ai jamais touché une chevelure comme la tienne, June, me dit-il. Elle est tellement douce.
Je rougis sous ce compliment et étouffe un bâillement.
— Il commence à être tard, lui fais-je remarquer en réalisant qu'il est minuit.
— C'est vrai. Je peux rester dormir avec toi, si tu veux.
J'hésite. Je suis tentée d'accepter, mais je sais ce qui risque de se passer s'il reste et je ne suis pas certaine d'être prête à faire face à ce genre de situation. J'aimerais que lui et moi y allions doucement. Je ne veux pas coucher avec lui si c'est pour être une histoire sans lendemain. J'aime bien Nate, mais j'ignore encore ses intentions.
— Je suis super fatiguée, lui dis-je en étouffant un bâillement. Alicia a entrepris de me faire pratiquer le flair bartending pour que je travaille à la même place qu'elle, alors je suis exténuée.
Et mon épaule me fait mal.
— D'accord, dit-il sans insister. Tu vas travailler où ?
— Le patron de June a besoin d'une mixologue pour une soirée country.
— Je n'aime pas particulièrement ce genre de fête, mais si c'est pour te voir jongler avec les bouteilles, alors je passerai te faire un petit coucou.
J'ai l'impression qu'il ne prend pas mon job très au sérieux et ça me fait de la peine. Je pensais qu'il comprendrait, mais je suis consciente que peu de gens peuvent concevoir ce qu'est ce métier.
— Servir de l'alcool ne consiste pas uniquement à jouer avec des bouteilles, lui réponds-je. L'art du mélange est complexe.
— Je sais, beauté. C'était une blague. Mais si tu veux un vrai boulot, je peux demander à mon patron s'il n'aurait pas quelque chose à te proposer.
— C'est gentil, mais je ne crois pas que je pourrais conduire des chariots élévateurs.
— Il possède aussi d'autres entreprises. Je crois même qu'ils dirigent des clubs.
Nate ne m'avait jamais parlé de ça. Je croyais qu'il bossait dans une grosse industrie.
— Des clubs de quoi ? questionné-je, curieuse.
— Des clubs très sélectifs. Il n'aime pas que j'en parle à n'importe qui.
— Donc, je suis n'importe qui ?
— Bien sûr que non, June. En tout cas, dis-moi si ça t'intéresse et je lui en parlerai. Je peux même lui donner ton curriculum vitae.
— Merci, je vais y songer.
— Pas de problème. J'y vais si tu veux te reposer.
Nate se penche tout à coup et m'embrasse rapidement. Son baiser me fait frémir. C'est plus qu'amical, je le sens. Il tient vraiment à moi et ça me fait chaud au cœur. Toutefois, j'ignore encore ce que cela veut réellement signifier.
Il m'adresse ensuite un clin d'œil en disant :
— Bonne nuit, ma belle June. Fais de beaux rêves.
— Bonne nuit.
Je referme la porte en souriant niaisement. Ce qu'il peut être mignon lorsqu'il le veut !
Je me couche le cœur léger et m'endors aussitôt.
La semaine passe rapidement et, entre pratiques de flair bartending et recherche de job à temps plein, je ne vois pas le temps passer.
Samedi arrive et, grâce au ciel, ou plutôt, aux bon soins de mon ennemi biker, mon épaule est presque guérie. Je n'ai plus mal, fort heureusement.
Ce jour-là, je flâne au lit, puis me lève lorsque la matinée est bien avancée. Alicia est déjà debout et insiste pour que je me pratique une nouvelle fois à jongler avec des bouteilles de vodka. Elle me pousse tellement à bout que je finis par perdre patience et échappe une bouteille, qui éclate à quelques centimètres de nos pieds.
— Putain de merde ! crié-je en lançant le shaker au bout de mes bras.
Heureusement, celui-ci est en acier inoxydable, alors il ne crée pas de dommage à notre cuisine.
— Euh...June, calme-toi, ce n'est qu'une bouteille.
Elle a raison, mais je m'emporte pour un rien. Alicia est habituée à mes crises, alors elle n'est pas effrayée lorsque je me transforme en Incroyable Hulk. Je suis incapable d'expliquer pourquoi je possède ce trait de caractère impulsif, mais lorsque je suis stressée, il ressort.
— Bon, c'est assez, conclut-elle. Tu devrais relaxer un peu. Prend un bon bain chaud et ne te tracasse pas pour ce soir.
Je hoche la tête et suis ses conseils. Je flâne dans la baignoire, puis m'enroule dans un peignoir. Je regarde ensuite quelques épisodes de « Outlander». L'après-midi passe rapidement et je commence ensuite à me préparer pour le travail.
— June ! m'appelle mon amie. N'oublie pas la thématique de la soirée.
Je soupire et enlève ma jupe noire pour la remplacer par un short en jean effilé. J'enfile ensuite une chemise à carreaux à manches courtes et la noue juste au dessus de mon nombril. Et voilà mon look de Cowgirl ! Je m'observe dans le miroir, mais plisse le nez. Mes cheveux raides me dérangent. J'ai l'air de...Blanche-Neige. Ce satané biker m'a mis cette idée dans la tête. Je boucle donc quelques mèches et les attache sur le côté de ma tête. C'est beaucoup mieux. Je termine par un maquillage qui dissimulera mon aspect innocent attribué par mes grands yeux clairs. Je charbonne mes paupières pour m'octroyer un regard de braise, applique un peu de fard à joues pour colorer mon teint pâle et termine par un rouge à lèvre écarlate.
Satisfaite, je jette un coup d'œil à ma montre et me rends compte qu'il est dix-neuf heures.
— June ! hurle Alicia du salon. C'est l'heure de partir. Les cours de danse commencent dans une demi-heure et ensuite la soirée country s'enchaînera.
Je la rejoins et elle siffle d'admiration en me voyant.
— Jolie ! s'exclame-t-elle.
— Merci, toi aussi.
— Pourtant, il manque quelque chose.
Je me retiens de lever les yeux au ciel. Alicia a un petit côté perfectionniste, surtout pour les tenues vestimentaires et les chaussures. Où j'opte dans la simplicité, elle choisit l'excentricité.
— Quoi ?
— Il te manque tes bottes de cowboy, celles que tu mets pour danser. Elles se trouvent sous ton lit. Je sais que tu les caches là pour que je ne les mette pas, mais sache que ce n'est pas une bonne cachette, ma chère.
— Mais...
— C'est obligatoire pour compléter ton look, June.
Elle gagne à tous les coups ! Je meretrouve donc en route vers l'auberge où ma colocataire travaille. Elle ainsisté pour prendre sa voiture puisqu'elle ne veut pas rouler dans mon « épave »,comme elle l'appelle. C'est donc avec une certaine fébrilité que j'entre enmode mixologue. Au travail !
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