Hated Love-TOME 3-Chapitre 33
June
Tous mes espoirs de fin heureuse s'effondrent lorsque j'aperçois Jonas et Gregory dans une mauvaise posture.
— Tiens ! Tiens ! s'exclame mon père en les apercevant.
— Nous avons trouvé des intrus, lui explique un biker de son gang.
— Qu'est-ce que tu fais ici, espèce d'enfoiré ? lui lance Gregory.
Aussitôt a-t-il terminé de prononcer sa question qu'un coup de feu se fait entendre, puis un cri de douleur, et Gregory s'effondre par terre en se tenant la jambe.
Jonas s'accroupit à côté de lui et lui demande si ça va, mais l'homme continue d'haleter en se tenant la jambe. Par chance, il ne l'a pas tué, mais il doit souffrir comme jamais.
— D'autres questions de ce genre ? questionne mon père, fier de sa petite introduction.
Je le déteste tellement ! Jamais je n'ai haï quelqu'un à ce point. Ce monstre n'est pas mon père. Je me demande pourquoi Gabin et les autres semblent si bien le connaître. Ils l'ont probablement déjà croisé quelque part, mais où ? En tout cas, on ne peut pas dire qu'ils soient en bons termes. Gabin le fixe comme s'il voulait le détruire d'un seul regard et Thor parait sur le point de se jeter sur lui. Gabin lui fait signe de se calmer et se tourne vers son ennemi.
— Je vois que tu as appris quelques tours en prison, lui fait-il remarquer. Avant, tu ne te salissais pas les mains. Tes laquais faisaient tout le travail.
Le Président des Midnight Demons fixe Gregory d'un air inquiet, mais il n'ose pas bouger puisque le flingue de mon père le vise.
— J'ai appris qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même, raille-t-il. Maintenant, passons aux choses sérieuses, voulez-vous. Vous n'avez tout de même pas fait tout ce chemin seulement pour récupérer cette petite garce !
Il me désigne du menton et je dois prendre une grande inspiration afin de ne pas lui cracher dessus. Si je le faisais, je ne sais pas s'il m'épargnerait ou pas. Ma vie ne vaut rien, à ses yeux.
Jonas essaie de croiser mon regard et lorsqu'il plonge ses yeux inquiets dans les miens, leur chaleur me rassure un minimum. Il n'a pas l'air de me détester parce que je suis la fille d'un monstre. Au contraire, il semble toujours aussi amoureux de moi malgré notre séparation de plusieurs jours. J'ai tellement peur qu'il lui arrive quelque chose que mes yeux s'emplissent de larmes.
Mon père n'a rien perdu de notre échange muet, à Jonas et à moi. Il se tourne vers mon petit copain.
— Ton nom ! exige-t-il. Et ne songe même pas à me mentir, sinon cette balle va s'enfoncer profondément dans ton crâne.
— Jonas, souffle-t-il.
Oh non !
— Quelle bonne surprise ! Voici donc le meurtrier de mon fils. Une dernière prière avant que je ne te tue ?
Tout le monde se crispe, redoutant la suite.
À ma grande stupéfaction, Jonas me regarde et dit :
— Tu as été et seras l'unique amour de ma vie, June. Et je voulais te dire que jamais je ne t'ai trompée.
Je ne peux empêcher les larmes de couler.
— Que c'est touchant, ironise mon père. J'aurais dû me douter que deux ratés ne pouvaient que finir ensemble.
Il lève à nouveau son fusil, mais, sur un coup de tête, je me précipite devant Jonas.
— Non, m'écrié-je. Ne le tue pas, je t'en supplie.
— Dégage ou je te tue également, me menace mon père. Ta mère ne s'en rendra même pas compte tellement elle n'est plus elle-même.
— Bouge, June, me dit Jonas. Ne reste pas là.
Je secoue la tête de gauche à droite en sanglotant. Je préfère mourir que de voir l'homme que j'aime perdre la vie.
— Dans ce cas, commence mon père.
Toutefois, il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une déflagration nous projette tous au sol. Les fenêtres éclatent et je hurle tandis que Jonas me pousse sous lui.
J'entends Gabin jurer et crier :
— J'avais dit à ces crétins de viser les motos, mais sur la bâtisse.
Mes oreilles sillent et m'empêchent d'entendre le reste.
— Es-tu blessée ? me demande Jonas tandis que ses mains palpent mes bras et mon ventre, probablement pour s'assurer que je n'ai rien.
— Ça va, dis-je d'une voix rauque. Et toi ?
— Quelques égratignures, mais ça va.
Mon père est couché plus loin, mais il semble inanimé.
Soudain, une odeur de fumée me parvient.
— Il faut sortir d'ici, annonce Jonas. La bâtisse est en feu.
Il m'aide à me relever et je vois Gabin et Thor attraper Gregory afin qu'il s'appuie sur eux.
— On va te sortir d'ici, mec, lui lance Gabin.
Les bikers du gang de mon père se sont fait la malle, car je n'en aperçois aucun. La fumée commence à être plus dense et nous nous pressons pour enfin sortir.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demande un biker dont j'ignore le nom.
Lui et un autre gars semblaient attendre qu'on sorte.
— Qu'avez-vous foutu, putain ? s'écrie Gabin.
— Désolé, on nous a attaqué et la seule façon de les repousser a été de leur jeter des grenades à la tronche, répond l'un d'eux.
— Il faut se tirer avant que la police et les pompiers se pointent.
Des sirènes se font déjà entendre au loin. Il est vrai que la détonation a dû faire beaucoup de bruit, en plus de la fumée qui monte dans le ciel. La vieille bâtisse est en feu et nous devons reculer.
— Il ne faut pas rester ici. Ils avaient peut-être des produits inflammables, dit Thor.
Nous reculons et Gabin décide d'emmener Gregory à l'hôpital puisqu'il perd beaucoup de sang.
— June devrait y aller aussi, propose Jonas en me détaillant avec inquiétude.
— Je vais bien, rouspété-je.
— Bien ? Tu ne t'es pas regardé dans un miroir, June.
En effet. Ces derniers jours ont été si infernaux que c'était bien le dernier de mes soucis.
— Allons-y, dit Jonas en me faisait signe de monter sur sa moto.
Gregory monte difficilement sur celle de Gabin, puis nous filons vers l'hôpital, où on nous prend immédiatement en charge, le biker et moi. Jonas reste à mes côtés pendant qu'on m'ausculte et jusqu'au moment où une gynécologue arrive et lui demande de sortir.
— Je reste, s'entête-t-il.
— Monsieur, sortez avant que j'appelle la sécurité. Ça ne prendra pas beaucoup de temps.
Je hoche la tête vers Jonas pour lui signifier que tout est correct et il sort de reculons.
— Est-ce lui qui vous a blessé ? me demande la gynécologue.
— Quoi ? Bien sûr que non. C'est...mon père.
Je commence à comprendre pourquoi toutes les infirmières fixaient bizarrement Jonas. Elles devaient penser qu'il s'agissait de violence conjugale.
— Dans ce cas, je vous suggère de porter plainte, mademoiselle.
— Ouais...
Je ne crois pas que ce sera nécessaire car il doit bel et bien brûler en enfer actuellement.
— Je vais faire des prélèvements vaginaux, m'informe-t-elle.
— Quoi ? Mais je vais bien.
— C'est pas simple mesure de précaution. Vous a-t-on agressée ?
Je souffle en fermant les yeux. Je vois des images qui resteront gravées en moi pour le reste de mes jours. Elles feront partie de mes cauchemars pour un bon moment, ça ne fait nul doute.
— Pas de cette façon-là, dis-je seulement.
— Je vois...
Non, elle ne voit rien. Elle n'a aucune idée de ce qu'ils m'ont obligée à faire durant les cinq derniers jours, comment j'ai souffert pendant que ces bikers de malheurs abusaient de ma bouche.
J'ai tout à coup envie de vomir, mais je m'efforce à prendre de grandes inspirations afin de me calmer. Quelques minutes plus tard, la docteur termine son examen et permet à Jonas de revenir dans la pièce. Celui-ci me prend la main pendant que l'on soigne mes blessures, heureusement, légères. J'ai beaucoup de bleus, surtout aux bras et dans la figure, mais ils finiront par disparaître. Je devrai appliquer une bonne couche de fond de teint pour couvrir mes ecchymoses.
— Comment va Grégory ? demandé-je à Jonas.
— Il va s'en sortir. La balle est sortie de l'autre côté de sa jambe, mais il devra avoir une tige de métal et marcher en béquilles pendant plusieurs semaines.
— Oh !
— C'est un type assez optimiste, alors il a seulement répondu qu'il pourrait enfin prendre des vacances. Gabin lui trouvait toujours du travail et je crois qu'il a accumulé au moins cinq semaines de congé en tout. Il a juste ronchonné un peu parce qu'il ne pourra pas faire de moto, mais il a dit qu'il s'achèterait un petit fauteuil électrique comme les personnes âgées.
Je ricane en essayant d'imaginer l'homme là-dessus. Il est sans doute plus baraqué que les personnes qui utilisent habituellement ce type de véhicule.
J'entends tout à coup des éclats de voix et une furie entre dans la salle de consultation.
— June ! s'écrie Alicia en me prenant dans ses bras. J'ai tellement eu peur. Qu'est-ce qui t'est arrivée, ma belle ? Qui t'a fait ça ?
L'infirmière semble outrée par l'arrivée bruyante de mon amie, mais Jonas lui fait signe que tout est sous contrôle, alors elle nous laisse quelques minutes.
Alicia, hors d'elle, se tourne vers mon copain et, d'un doigt accusateur, s'écrie :
— Tout ça, c'est de votre faute. Si elle n'était pas allée travailler chez vous, jamais ceci ne serait arrivé.
Elle a tout faux, car c'est plutôt de la faute à mon père, mais je n'ai pas la force de lui raconter toute l'histoire.
— Calme-moi Alicia, l'imploré-je. Je t'expliquerai plus tard ce qu'il en est, mais tu dois seulement savoir pour l'instant que sans Jonas et les Midnight Demons, je ne serais pas ici.
Elle se calme, puis je m'allonge dans un lit d'hôpital pour me reposer un peu. J'ai l'impression d'être passée sous un train et mon corps entier me fait souffrir.
— Repose-toi un peu, Blanche-Neige, me dit Jonas en m'embrassant sur le front. Je vais rester à tes côtés.
Je sombre par la suite dans le sommeil sans lâcher sa main.
...
Je sors de l'hôpital quelques heures plus tard et nous nous rendons tous à l'appartement de mon amie.
— Tu vas pouvoir reprendre ta chambre, me dit-elle. Ça n'a pas fonctionné avec l'autre colocataire, alors elle est partie.
— Merci.
Pendant un instant, je songe à reprendre ma vie d'avant en colocation avec Alicia. Mais comment le pourrais-je ? J'ai Jonas dans la peau.
— Je crois que je vais me reposer un peu, dis-je. J'ai mal à la tête.
Ma chambre est telle que je l'ai laissée lorsque je suis partie. Quelqu'un qui est probablement mon amie, y a fait du ménage, mais mes vêtements se trouvent encore dans mon armoire et tous mes livres dans la bibliothèque.
Jonas me suit et m'aide à m'allonger. Il se glisse par la suite à mes côtés et je me blottis dans ses bras.
— Je n'ose pas te serrer dans mes bras car j'ai trop peur de te fait mal, me confie-t-il.
— Je ne suis pas faite en sucre, rétorqué-je.
— Je sais, mais tu es dans un sale état, June. J'ai envie de retourner là-bas et de faire la peau à tous ces enfoirés. La plupart se sont enfuis, mais je suis sûr que je pourrais les retrouver...
— Laisse tomber, lui dis-je. J'ai appris que la vengeance ne servait à rien. Pas toi ?
Il me sourit et plonge son nez dans mes cheveux.
— Tu m'as tant manqué, me révèle-t-il.
— Toi aussi. Il n'y a pas une seule seconde où je n'ai pas songé à toi, là-bas. Ça m'aidait à tenir bon.
Jonas se crispe et il prend une longue inspiration avant de demander :
— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
Mon cœur s'accélère. Je ne veux pas y penser et briser ce beau moment. J'ai peur qu'il se mette en colère et qu'il ne me voie plus de la même façon. Je garde le silence quelques minutes, puis je lui réponds :
— Si j'y pense, je vais me mettre à pleurer. C'est trop tôt pour que je te le raconte, désolée.
— Ce n'est rien, June. J'attendrai. Mais je tiens à préciser peu importe ce qui s'est passé là-bas, ma perception de toi ne changera jamais, ok ?
Je hoche la tête, pas encore très rassurée. Un jour, je lui raconterai ce qui s'est passé durant ces cinq jours de calvaire, mais je préfère me concentrer sur le futur.
— Pourquoi connaissiez-vous mon père ? questionné-je soudain.
— C'est une longue histoire, soupire-t-il, mais en gros, il a exproprié Maisie de chez elle afin de construire un centre de villégiature et a même fait brûler notre ancienne brasserie.
— Oh !
— Il a également séquestré Maisie et Nathan l'a battue pour qu'elle cède, mais on l'a retrouvé avant qu'il ne soit trop tard. Nathan et lui sont alors allés en prison et tu connais la suite.
— Comment ont-ils pu commettre ces atrocités ?
— Certaines personnes sont mauvaises et rien ne les changera.
Je comprends maintenant leur haine à l'égard de Nathan. Pas étonnant qu'ils voulaient lui casser la gueule.
— Il ne pourra plus nuire, dis-je seulement en fermant les yeux.
— Tu crois que ton père est mort dans cet incendie ? June, cette ordure a plus d'un tour dans sa manche. En plus, aucun corps, à l'exception de celui de Nate, n'a été retrouvé dans les décombres de la bâtisse, alors je crains qu'il ait réussi à s'en tirer, encore une fois.
Je pousse un long soupir. Si j'avais été normale, j'aurais été soulagée que mon père soit en vie, mais ce n'est pas le cas. Un être tel que lui mérite la damnation pour tous les péchés qu'il a commis. En plus, je suis certaine de ne pas tous les connaître, ce qui est mieux ainsi, finalement.
— Je ne pourrai pas retourner à la brasserie, informé-je soudain Jonas. Tes amis vont encore plus me détester en sachant qui est mon père. Ils ne m'aiment déjà pas.
— On ne choisit pas ses parents, June. Je sais que tu n'es pas comme Scott Becker. Tu me l'as prouvé à maintes reprises. Ils finiront par l'admettre eux aussi.
— Mais quand ? Je ne peux pas vivre avec leur regard rancunier sur moi.
— Je sais. Peut-être qu'on pourrait partir quelques temps.
Je le fixe en clignant des yeux.
— Où ? Comment ? questionné-je.
— On pourrait faire une petite virée en moto. Seulement toi et moi. Faire le tour de la province et visiter les différentes villes. Ça nous permettrait de nous détendre un peu et de donner du temps à mes potes d'avaler la nouvelle concernant ta famille.
— Tu en es sûr ?
— Oui, j'ai également besoin de prendre mes distances. Il s'est passé beaucoup d'événements ces derniers temps et je me suis questionné quant à mon avenir.
Je ne comprends pas bien ce qu'il veut insinuer par là. Veut-il quitter les Midnight Demons ?
— Tu ne veux plus travailler à la brasserie ?
— Je ne sais pas. Ce club a été toute ma vie depuis mon enfance, je veux élargir mes horizons. Je verrai en revenant de nos petites vacances ce qu'il en est et je prendrai ensuite ma décision.
— D'accord. C'est une bonne idée, mais je n'ai pas du tout d'argent...
— Ne t'inquiète pas, j'ai des économies. Il serait temps que j'en profite...en ta compagnie.
Je souris, contente que mon biker ne soit pas dérangé par le fait que je sois la fille d'un criminel. Mais après tout, il a vu mon côté le plus obscur et m'aime tout de même. Je ne peux que remercier la vie d'avoir mis cet homme sur ma route.
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