Hated Love-TOME 3-Chapitre 32

Jonas

Ça fait cinq jours que l'on cherche June partout dans sa ville d'origine. Personne ne l'a vue, pas même sa meilleure amie. Elle ne répond pas à son téléphone et n'a donné aucun signe de vie depuis. J'angoisse comme jamais, craignant que Nathan lui ait fait du mal. Je m'attends à tout de la part de cette enflure et j'ai de la difficulté à assimiler le fait que June ne se soit pas rendu compte que la nature putride de ce type.

— Elle est peut-être partie dans un autre pays profiter de son idylle avec ce connard de Nathan, propose Thor alors que nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant afin de casser la croûte.

Les autres clients nous observent avec une certaine méfiance. Il est vrai que notre groupe, composé de Gabin et de Thor et plutôt intimidant. Nos vestes de bikers avec notre sigle et nos pantalons de cuir nous différencient de la populace. De plus, la longue barbe de plusieurs leur donne l'air de durs à cuire.

Beaucoup de mes potes m'ont soutenu en nous accompagnant, dont Austin et Gregory. Dave est resté chez lui. Premièrement, il n'est pas encore remis de sa blessure (mon coup de poing ne l'a pas aidé à se rétablir) et, deuxièmement, je ne voulais pas le voir. Si, par sa faute, il est arrivé malheur à June, jamais je ne lui pardonnerai. Je ne suis même plus sûr de le considérer comme un ami. Quel ami voudrait séparer son pote d'une fille dont il est amoureux ? Celui qui est aveuglé par la vengeance. Sans jeu de mot. Je veux bien figurer qu'il ait eu l'espoir de retrouver la vue, mais croire ce que Nathan lui a raconté n'était qu'une connerie.

— Je sais à quoi tu penses, me dit Gabin.

Je n'ai pas vraiment faim. J'ai seulement pris deux bouchées de mon burger, trop accablé pour pouvoir ingurgiter quoi que ce soit.

— Ça m'étonnerait, répliqué-je sèchement.

— Tu te demandes comment Dave a pu te trahir, poursuit-il comme si je ne l'avais pas interrompu. Dis-toi une seule chose, Jonas : il est une victime là-dedans, lui aussi.

Bordel ! Jamais je n'aurais cru que mes émotions se lisaient aussi facilement sur mon visage.

— L'amertume t'accompagne depuis notre départ. Ce n'est pas bien difficile à reconnaître, ajoute-t-il.

— Si ça avait été Maisie, tu aurais réagi comme moi.

— Certes, mais ton air affligé ne nous aidera pas dans nos recherches, Jonas.

— Que veux-tu que je fasse ? Que je sourie faussement comme un idiot ? C'est comme ça que tu me perçois, Gabin ? Comme un gros idiot ?

Ce dernier pousse un long soupir.

— Cette discussion ne mènera nulle part, grommèle-t-il. Tu es aussi têtu qu'une mule, Jonas. Je ne te connaissais pas ainsi.

— Tu connaissais seulement la facette que tu voulais voir. June, elle, a vu les deux. C'est la seule qui ait vraiment découvert qui je suis.

— Je sais, je sais, tu veux la retrouver pour lui déclarer à quel point tu l'aimes et la bai...

— Si tu termines cette phrase, je te décroche ma meilleure droite, le menacé-je.

— Voilà ce que je voulais dire. Tu es irritable lorsqu'il est question d'elle, mon pote.

Peut-être parce que je suis las de toujours devoir la défendre devant eux. Je songe de plus en plus à tracer mon propre chemin. Gabin croit que j'ai parlé sous la colère lorsque j'ai dit que je quittais le club mais, plus j'y pense, et plus je crois que ce serait une bonne idée. J'aime beaucoup travailler à la brasserie, mais j'ai tout de même fait des études en charpenterie-menuiserie. Je pourrais toujours me trouver un job dans ce domaine. Et June...June pourrait également se trouver un travail comme mixologue. Je suis certain qu'en déménageant à quelques heures de route de la brasserie, nous pourrions tous les deux repartir à zéro.

Suis-je prêt à tout abandonner pour être avec elle ? Sans aucun doute. Mais mes potes me manqueraient. Cependant, je ne vois pas comment je pourrais rester parmi les Midnight Demons tout en la fréquentant. Elle les déteste. Et c'est peu dire. Quant à eux, je ne suis pas certain qu'ils l'acceptent un jour dans le club. Ils m'accompagnent seulement parce que je tiens à elle, et non par égard pour elle. Cela me fait de la peine, mais je n'y peux rien.

Mon téléphone sonne et cela me tire de mes pensées noires. À peine ai-je répondu que la voix d'Alicia résonne dans le micro.

— Jonas ? Je voulais t'informer que June vient de m'appeler.

— Quoi ! m'écrié-je en me redressant comme un ressort.

J'avais laissé mon numéro à la meilleure amie de June pour qu'elle communique avec moi si jamais elle avait de ses nouvelles. Je mets mon portable sur haut-parleur afin que les autres puissent entendre.

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? questionné-je.

— Pas grand-chose. Elle n'avait pas l'air de bien aller. Elle parlait à voix basse comme si elle avait peur qu'on la surprenne. Elle était sur un téléphone public. Je crois qu'on lui a subtilisé le sien. Je ne l'avais pas reconnue, au début. Sa voix était...cassée, comme si elle avait trop crié. Elle a seulement dit que jamais elle n'abandonnerait.

Sa voix se casse et je l'entends sangloter à l'autre bout du fil. Mon cœur palpite dans ma poitrine et je sens mon visage se réchauffer. J'étais déjà stressé, mais là, mes nerfs risquent de me lâcher.

— A-t-elle dit où elle se trouvait ?

— Non, mais j'entendais de la musique derrière elle, comme si elle était dans un bar. Je crois qu'on la force à travailler là-bas.

Je suis sur le point de broyer mon téléphone avec mes mains, mais je me force à écouter ce qu'elle dit afin de trouver des indices.

— Autre chose ? lui demandé-je. A-t-elle parlé de moi ?

— Non, elle a raccroché par la suite.

Je souffle de frustration.

— Il doit y avoir des dizaines de bars dans cette ville, grincé-je, exaspéré. Comment la trouvera-t-on ?

— Je connais tous les bars et les clubs de cette ville, m'informe-t-elle, et la musique ne ressemblait à aucune qu'on y joue. C'est un endroit reculé, clandestin, où un groupe d'hommes pourrait retenir une femme.

— Ça ne m'aide pas beaucoup, grogné-je.

— Vous êtes des touristes, ça se voit, dit-elle. Le seul groupe qui pourrait retenir des gens contre leur gré est le gang des Black Devils. Des bikers alliés à la mafia. Tout le monde les connait, ici. Je ne vois pas comment June aurait pu les rencontrer, mais je suis presque sûre que sa disparition est liée à eux. En plus, j'entendais derrière elle des cris de femmes qui prenaient du plaisir. Retrouvez-la, je vous en prie. Avant qu'il ne lui arrive quelque chose...

— Bordel ! m'écrié-je en me levant.

Je me mets à faire les cents pas autour de la table, énervé.

— Calme-toi, Jonas, avant de péter un câble, m'ordonne Gabin.

— Que je me calme ? Comment te sentais-tu lorsque Maisie a été enlevée, hein ?

Il reste silencieux, mais Thor annonce :

— On sait maintenant que c'est Nathan qui l'a emmenée là-bas. Je me souviens qu'il portait une veste avec un blason jaune lorsqu'on l'avait vu avec June, la première fois. Il a dû s'allier à eux en sortant de prison. Ça ne m'étonnerait même pas que le frère de June fasse également partie de ce gang.

— Mais pourquoi l'aurait-il emmenée là-bas ? interroge Austin.

— Pour en faire sa régulière, c'est sûr, répond Gabin. Il était intéressé par elle. Il doit en avoir profité.

— La ferme, je ne veux pas entendre parler, rugis-je.

Les gens assis aux tables voisines nous jettent des regards affolés. Je dois me calmer avant qu'on nous jette dehors.

— Quelque chose cloche, nous fait remarquer Thor. Si Nathan l'avait prise sous son aile, elle n'aurait pas alarmé son amie. C'était un appel au secours, et non pour prendre de ses nouvelles. Quelque chose s'est mal passé entre elle et Nathan, j'en suis certain.

Je me rassois, loin d'être tranquillisé. Toutefois, je dois me calmer un peu avant de faire un carnage dans le restaurant.

— On va les chercher partout, annonce Gabin. Quelqu'un doit bien savoir où les trouver. Ils ont sans doute un QG quelque part. Je suggère de nous promener dans la ville et d'interroger les habitants.

— Et s'ils ont trop peur pour révéler quoique ce soit ?

— Ne t'inquiète pas, Jonas. Thor a un fort don de...persuasion sur autrui.

Malgré la gravité de la situation, un sourire étire mes lèvres. Effectivement, ce type pourrait faire parler n'importe qui.

— Au boulot ! lâche Gabin. Il faut impérativement trouver ce putain de gang.

Au bout de plusieurs heures, nous récoltons assez d'informations pour savoir où ce cache ce maudit gang, c'est-à-dire dans un vieille bâtisse délabrée tout au fond du parc industriel. Personne ne se rend jamais là-bas à moins d'y avoir été invité, sinon les conséquences pourraient être désastreuses.

— Nous devons élaborer un plan, annonce Gabin. Nous ne pouvons entrer là-bas ainsi.

— Qu'est-ce que tu proposes ? lui demandé-je. De faire semblant que nous sommes des scouts à la recherche d'un peu d'argent ?

Il lève les yeux au ciel, mais sourit tout de même.

— Ou alors on les bombarde ? suggère Grégory.

— Et risque de blesser June ? m'insurgé-je. Il en est hors de question.

— Alors, comment est-ce qu'on procède ? demande Thor.

— On frappe à la porte et on entre, répond Gabin.

Nous le fixons tous en clignant des yeux.

— Es-tu tombé sur la tête ? lui envoie Thor. Nous allons nous faire descendre.

— Ce ne sera pas mieux si on les attaque tout de suite, rétorque-t-il. Ils vont répliquer et ce sera pire.

— Alors, tu veux que nous nous jetions dans la gueule de loup ?

— On les distrait, explique-t-il.

— Distraire de quoi ? interrogé-je.

— On se présente et on fait connaissance sans pour autant se montrer agressif. On en profite pour vérifier comment va June et on observe l'ennemi. Ensuite, on attaque de l'intérieur.

Je ne comprends pas son plan.

— Austin, Thor et moi allons entrer par la porte tandis que Jonas et Gregory, vous escaladerez la façade jusqu'à la fenêtre du deuxième étage. Personne ne soupçonnera l'entrée par infraction. Vous resterez cachés et si jamais la discussion s'envenime, vous leur tirerez dessus, compris ?

— Vous allez risquer votre vie pour sauver June ? fais-je, ahuri. Et si ça tourne mal ?

— Alors, on compte sur toi pour nous sortir de là, Jonas.

Leur confiance m'émeut. Ainsi que leur solidarité.

— Je t'ai dit qu'on ne te laisserait pas tomber, ajoute Gabin.

Il se tourne ensuite vers Gérard et Maxime.

— Vous deux, vous restez à l'extérieur et vous cachez. Si dans une heure, nous ne sommes pas encore sortis, lancez des explosifs sur les bécanes stationnées dans la rue. Ça devrait les distraire et nous donner le temps de sortir.

Ils hochent la tête d'un air grave.

— Un instant, James Bond. Comment va-t-on grimper jusqu'au deuxième étage ? demandé-je.

— J'ai apporté une corde dans mon coffre de moto. Ça peut toujours servir.

— Ne me dis pas que tu t'en sers également pour réaliser tes fantasmes avec Maisie !

Je me souviens des menottes de fourrures.

— Tu as trop d'imagination, vieux, me lance Austin.

Je lève les yeux au ciel.

— On y va, annonce Gabin.

Thor, Austin et lui s'avancent vers la bâtisse, frappent et entrent. Je n'entends pas de coups de feu, ce qui est bon signe.

— Allons-y, dis-je à Gregory en sortant la corde.

Je n'ai jamais fait d'escalade, mais lui, si. Il lance aisément la corde sur le balcon au-dessus de nos têtes. Il la fait redescendre entre les barreaux de la garde jusqu'à nous et nous prenons chacun notre bout.

— J'y vais en premier et ensuite ce sera à toi, me dit mon pote.

J'acquiesce tandis qu'il se hisse facilement jusqu'en haut. Ce type est un vrai chimpanzé ! Il me fait signe de le suivre et j'ai un peu plus de difficulté que lui à grimper. Je n'ai pas les chaussures adaptées à ce type d'activité et elles glissent contre la façade du bâtiment. Je parviens tout de même jusqu'à la fenêtre du deuxième étage et pénètre à l'intérieur d'une chambre vide, fort heureusement.

— Pouah ! Ça pue là-dedans ! m'exclamé-je en me pinçant le nez. Ils ne savent pas aérer, ici ?

Gregory me fait signe de me faire et j'entends des éclats de voix au rez-de-chaussée. Merde ! Ça ne semble pas très bien de passer. Gabin avait sans doute anticipé ce problème, d'où notre présence ici, à Grégory et à moi.

Nous avançons sur la pointe des pieds et trouvons le gros escalier, que nous descendons le plus silencieusement possible, notre flingue braqué devant nous. Je devine que les Black Devils ont désarmé nos amis lors de leur arrivée par simple précaution, alors on ne doit pas nous surprendre armés.

— Je dois dire que je ne m'attendais pas à vous voir débarquer comme des écoliers, dit une voix qui m'est étrangement familière. Vous êtes toujours aussi ridicules.

Ils se trouvent dans une grande pièce qui ressemble à un ancien bar, si j'en crois le haut comptoir défraichi. Est-ce ici que June travaille ? J'ai peine à le croire.

Mes frères se tiennent debout, loin d'être détendus, et font face à cinq bikers armés jusqu'aux dents. L'un d'eux semble être le chef, mais je le vois mal puisqu'il nous tourne le dos.

— Espèce d'enflure ! éclate Gabin. Pourquoi n'êtes-vous pas en prison ?

— J'ai de bons contacts, tout comme vous.

Je distingue Nathan, qui se tient un peu plus loin dans la pièce. Il semble se réjouir de cette rencontre.

— Ah j'oubliais mes devoirs d'hôte. Prendriez-vous quelque chose à boire ?

Personne ne répond et l'inconnu hurle :

— Viens saluer nos invités, petite emmerdeuse.

Quelques secondes plus tard, je la vois. Elle a changé en une semaine, mais je la reconnais immédiatement. Le visage de mon amoureuse est tuméfié. Je distingue jusqu'ici ses lèvres gercées et craquelées, sa pommette enflée et ses yeux cernés. Sa chevelure est ébouriffée et elle porte des vêtements sales, probablement les mêmes qu'à son arrivée.

Je suis mortifié par ce que je vois. Mes amis aussi, d'ailleurs.

— Va nous chercher de l'eau, lui ordonne le patron.

Elle ne répond rien et fait ce qu'il ordonne. Tout le monde reste silencieux jusqu'à ce qu'elle revienne.

— Ça va, June ? lui demande gentiment Gabin alors qu'elle lui tend un verre.

Blanche-Neige ne répond pas et se détourne immédiatement.

— Elle sait où est sa place, explique l'homme perfide. Elle a été un peu réticente à obéir, au début, mais elle commence à comprendre qui commande. Pas vrai ?

— Vous n'avez aucun droit sur elle, grogne Austin.

— Aucun droit ? Bien sûr que si, j'en ai, après tout, je suis son père.

Silence. Je crains avoir mal entendu, mais ses mots étaient pourtant clairs. Ce type est le père de June. Comment peut-il se comporter ainsi avec sa fille ?

— D'ailleurs, où est le meurtrier de mon fils ? interroge l'homme. J'aimerais bien le rencontrer.

Pour me tirer une balle dans la tête, oui.

— Il n'est pas là, grince Gabin.

— Dommage... Vous savez, la tradition voudrait que l'un de vous meure également afin qu'on soit quitte. Une vie pour une vie.

Je n'aime pas la tournure de cette conversation. Il va y avoir un bain de sang, j'en suis sûr.

— Nathan a tué Marius, réplique Gabin. Nous sommes quittes.

— Hum...je vais rétablir l'ordre des choses, dans ce cas.

L'individu fait quelque chose de totalement stupéfiant. Il pointe son arme sur Nathan et lui tire une balle entre les deux yeux. Celui-ci n'a même pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrive et s'écroule par terre, mort. Tout le monde reste pétrifié par cet acte de violence gratuite. Je détestais certes Nathan, mais je ne lui souhaitais pas cette fin. J'aurais préféré qu'il pourrisse en prison. De plus, la plupart d'entre nous l'avons connu personnellement et avons grandi avec lui, alors c'est un choc de le voir sans vie.

June pousse un hurlement, terrorisée. Je dois me retenir pour ne pas m'élancer vers elle et la prendre dans mes bras. Elle pleure, j'ignore si c'est de peur ou de tristesse.

— La ferme, lui ordonne son père, sinon tu es la prochaine. Ce petit con méritait de mourir. Il a témoigné contre moi au procès. J'attendais le bon moment pour le descendre.

Gregory et moi étions tellement concentrés par la scène devant nous que nous ne nous sommes pas méfiés. Et ce n'est qu'en entendant une arme se charger que je me rends compte que nous sommes des putains d'idiot. June m'a totalement fait perdre la notion de mon environnement.

— Qu'avons-nous là ? fait une voix dans notre dos. Le boss sera content d'avoir d'autres invités.

On nous pousse jusqu'à la grande pièce et Gabin écarquille ses yeux en nous apercevant. J'ai le temps de lui lancer un regard désolé avant qu'il ne rencontre celui de ma douce. Celle-ci emble encore plus effrayée en m'apercevant. Je dois avouer que je suis dans de sales draps.

Et lorsque je remarque enfin l'homme qui sembler tout contrôler dans cet endroit, j'en perds le souffle.

C'est cette ordure de Scott Becker. 

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