Hated Love-TOME 3-Chapitre 31

June

— Qu'est-ce qu'on fait ici ? demandé-je à Nathan lorsqu'il arrête sa bécane devant un immeuble à moitié en ruine.

— Ici, c'est notre QG, me répond-il.

— Votre QG ? répété-je, pas certaine de bien comprendre.

— Exact. Bienvenue chez les Black Devils, mon gang de bikers.

Merde ! Où ai-je atterri, bon sang ? Et moi qui croyais avoir laissé tout cela derrière moi en m'enfuyant avec Nathan.

— Tu fais partie d'un club ?

— Un club ? s'esclaffe-t-il. Tu te crois où ? À la crèche ? Ici, nous ne sommes pas des amateurs. Pas comme ces satanés Midnight Demons. Ici, tu vas rencontrer de vrais bikers.

Des criminels, quoi !

Je déglutis difficilement. J'aurais dû exiger à Nate de me déposer chez Alicia.

— Tu sais quoi ? me dit-il. Tu vas pouvoir découvrir où créchait ton frère.

— Dominique ?

— Oui, il habitait ici. C'est cool, pas vrai ?

Au contraire, je suis dégoûtée de mettre les pieds dans cet endroit.

— Viens, on ne mord pas. Je vais te présenter les mecs.

— Nous entrons dans la bâtisse loin d'être rutilante. En fait, c'est un vieux bar miteux qui a apparemment été transformé en quartier général pour les bikers. Au moins une douzaine d'entre eux sont assis à des tables tout en prenant une bière. J'aperçois quelques femmes qui les accompagnent, sans doute leur brebis. Tous me jettent un coup d'œil curieux et plusieurs viennent saluer Nathan.

— Assieds-toi, me propose celui-ci en me désignant une table libre, ce que je fais à contrecœur.

J'ai déjà hâte de me tirer d'ici.

— Veux-tu quelque chose à boire ? me demande-t-il.

— Volontiers. Je prendrais de l'eau.

Il me ramène rapidement une bouteille et s'installe sur la chaise à côté de moi. Plusieurs bikers ont repris leurs activités, mais quelques-uns semblent s'intéresser à moi.

— Alors, beauté, il paraît que tu as rencontré ces enfoirés de Midnight Demons, me dit un homme à la barbe teintée de gris. Ces chiens galeux se prennent pour des bikers. Si j'étais eux, je ne serais même pas capable de me regarder dans une glace.

Il ne s'est probablement jamais regardé lui-même dans un miroir, car il a tout d'un individu répugnant. J'essaie de ne pas focaliser mon attention sur ses dents jaunies et toutes cariées.

Après ses paroles, je ressens une certaine tension se créer dans la salle. Tout le monde attend impatiemment ma réponse, que j'hésite à donner. Ils ont une mauvaise opinion de ce club.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de honteux à vendre légalement de la bière, dis-je, ne pouvant m'empêcher de prendre leur défense.

— On voit bien que tu les apprécies, m'accuse un biker avec hargne. Quelle était ta relation avec eux ?

Il veut sans doute savoir si je couchais avec l'un d'eux, mais ce n'est pas de ses affaires, alors je réponds sèchement :

— On m'a hébergée le temps que je rembourse les dommages que j'ai créés à leur brasserie, mais ça s'arrête là.

— Pourtant, Dave semblait sous-entendre que Jonas et toi vous étiez rapprochés, réfute Nate. Est-ce vrai ?

Mais pourquoi ne s'est-il pas fermé le clapet ? Il veut me causer du tort ou quoi ?

Je lui jette un regard noir.

— J'ai ma réponse, dit-il d'un air désinvolte en s'assoyant sur la chaise à côté de moi. Je croyais que tu éprouvais quelque chose pour moi, June. J'étais même prêt à faire de toi ma régulière. Tu me déçois énormément.

— Ah ouais ? Pourtant, pour quelqu'un qui tient à moi, tu les as laissés m'emmener sans rien tenter lorsqu'ils sont venus jusque dans notre ville.

— Parce que tu crois que tu m'importes encore ? ricane-t-il. Chérie, comment peux-tu penser une seule seconde que j'aie toujours envie de te fréquenter après que les Midnight Demons t'aient baisée ?

J'arrondis mes yeux, surprise par ses paroles empreintes de méchanceté. Où est le Nate amical que j'ai connu ? En réalité, je crois que j'étais trop naïve pour le percevoir tel qu'il est vraiment : un être fourbe et profiteur. Jonas avait raison. Ce mec n'a rien de bienveillant. Il m'a poussée à me venger sur un homme bon pour qui la sécurité de ses amis compte avant tout.

Je me lève, piquée par une soudaine envie de lui envoyer une gifle phénoménale.

— Ils ne m'ont pas baisée, réfuté-je. Je n'étais pas leur brebis.

— Ose nier que Jonas ne t'a pas touchée, me provoque Nate.

— Ce n'est pas de tes affaires.

— Oh que si ! Parce qu'à partir de maintenant, tu fais partie de notre gang, alors je dois savoir à quel type de salope j'ai affaire. Selon Dave, Jonas et toi aviez une relation depuis quelques temps. Tu es tombée bien bas, June. Fréquenter le meurtrier de ton frère.

Je m'abstiens de lui répondre que mon plus grand regret a été de le rencontrer, lui.

— Je ne veux pas appartenir à ton gang, craché-je. Je veux seulement retourner chez moi.

Trois bikers éclatent de rire et je me demande bien pourquoi. Il n'y a rien de surprenant au fait que je veuille avoir une vie en dehors de toutes leurs activités illégales. Je veux seulement reprendre mon job de mixologue et retourner habiter avec ma meilleure amie.

— Et elle croit qu'elle peut partir ! ironise un biker.

Nate se lève et s'approche de moi. Je me crispe, car je ne sais plus à quoi m'attendre venant de lui.

— June, ton frère faisait partie des Black Devils. Puisqu'il est mort, quelqu'un de sa famille doit prendre sa place. Néanmoins, puisque tu es une fille, on ne pourra pas te faire participer aux mêmes activités, mais je sais à quoi tu pourrais servir. Pas vrai, les mecs ?

Leurs petits sourires graveleux ne me disent rien qui vaille. Je croise les bras sur ma poitrine et réponds sèchement :

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Puisque tu t'es pratiquée à faire la pute avec Jonas, alors tu vas devenir une bonne petite brebis pour mes frères, m'explique Nate.

— Dans tes rêves, craché-je.

— Pas dans les miens, mais dans les leurs. Toutefois, si tu n'obéis pas, il me fera plaisir de te donner une bonne correction.

J'espère qu'il plaisante, mais son visage grave me démontre le contraire.

— Alors, est-ce que cet enfoiré de biker t'a montré comment t'agenouiller ? poursuit Nate.

Jamais je ne m'agenouillerai devant un des tiens.

Je reste silencieuse, non sans lui lancer un regard meurtrier.

— Apparemment, non, en déduit-il. Les mecs, notre chère petite June a besoin d'un petit enseignement. Elle ne sait pas comment se comporter comme une chienne. Qui veut le lui montrer ?

— Moi, répond un biker âgé d'une quarantaine d'années.

Il est bedonnant et porte une longue barbe foncée dont la propreté est douteuse. Il se lève difficilement et je comprends immédiatement qu'il n'est pas sobre. Je fais un mouvement de recul, mais Nate me retient par le bras.

— Où crois-tu aller ? me dit-il. Ici, on obéit aux ordres. Peut-être que chez les Midnight Demons, tu n'en faisais qu'à ta tête, mais on n'est pas dans un Club Med, ici.

Il me pousse sans ménagement et j'atterris sur les genoux en grimaçant.

— Ta place est à nos pieds, rajoute ce biker de malheur. Les petites chiennes comme toi doivent répondre à nos moindres désirs. Aussitôt que l'un deux te regarde, tu dois accourir et t'agenouiller pour lui faire plaisir, compris ?

Je commence à comprendre où il veut en venir et mon cœur s'accélère lorsque la panique s'empare de moi. Il va m'obliger à lui faire une fellation...ainsi qu'à tous les bikers ici présents.

— Nate...commencé-je, mais il m'interrompt.

— Ici, tu n'argumentes jamais, June, sinon tu écoperas.

J'ai envie de pleurer et j'ai envie de le supplier de m'épargner cette torture. La seule pensée de devoir sucer ce mec me donner envie de vomir.

— Si tu geins comme une merde, ce n'est pas dans ta bouche qu'il va te la mettre, me menace Nathan. Alors, ouvre grand et montre-moi que tu es une bonne petite brebis.

Mon visage arrive à la hauteur de l'entrejambe du biker et je gémis de désespoir lorsqu'il se débraguette. Son membre à-moitié bandé pend devant mes yeux et je suis incapable de faire un seul geste, pétrifiée d'effroi.

— Prends-le, m'ordonne Nate, qui semble énormément s'amuser de mon désespoir.

— Je ne peux pas, pleurniché-je. Pitié, ne m'oblige pas à faire ça.

— Il fallait y penser avant d'écarter les jambes pour ces ordures de Midnight Demons.

— Je n'ai pas...

Avant même que je ne puisse terminer ma phrase, le biker devant moi empoigne mes cheveux et tire pour que j'incline la tête. De son autre main, il serre ma mâchoire en me faisant terriblement mal, à un point tel que je n'ai d'autre choix que d'ouvrir la bouche. Son gland frôle mes lèvres et j'ai le temps d'apercevoir une lueur d'euphorie dans son regard, tout juste avant d'entendre une voix dire :

— Que se passe-t-il ici ?

Tout le monde tourne la tête vers l'homme qui se tient à l'entrée de la bâtisse. Malgré le fait qu'il ait vieilli depuis notre dernière rencontre, je le reconnaîtrai toujours. Ses cheveux ont grisonné et il les a presqu'entièrement perdus. Le peu qu'il lui reste forme une couronne sur sa tête. Toutefois, sa personnalité est aussi intimidante qu'avant, bien que son allure soit plus débraillée. Adieu les costards impeccables ! Il porte uniquement un pantalon en toile et une veste défraîchie. Il parait moins dangereux, mais ce n'est qu'un leurre, car je connais l'homme qui se cache derrière ces habits. C'est un être ignoble, et je suis bien placée pour le savoir.

— Papa ! m'exclamé-je en retrouvant la voix.

Mon agresseur range rapidement son membre, sans doute de peur de se faire rembarrer par mon paternel.

— Ne m'appelle pas ainsi, crache-t-il en me dévisageant d'un air dégoûté. J'ai honte que tu sois ma fille.

Suite à ses paroles aussi méchantes que réprobatrices, il s'approche de moi, furieux, tandis que je me remets debout. J'ai envie de reculer à cause de son attitude agressive.

— Comment es-tu sortie de prison ? lui demandé-je, curieuse.

Sérieusement, j'aurais préféré qu'il y reste. Je suis sûre que si je suis ici, ce n'est pas par hasard. Je connais assez mon père pour deviner une entourloupe.

— Un ami m'a prêté de l'argent afin de rembourser mes dettes, me répond-il. Et pour les autres accusations, j'ai fait appel à une juridiction supérieure. J'ai engagé un excellent avocat qui a fait écourter ma peine. Je suis sous libération conditionnelle.

Dans ce cas, pourquoi se trouve-t-il ici ? Si la police découvre qu'il côtoie des criminels, il retournera illico presto en prison.

— Alors, me demande-t-il en me fixant droit dans les yeux. Est-il vrai que tu as couché avec l'assassin de ton frère ?

Je déglutis, ne m'attendant pas à cette question. Cependant, mon père devine ma réponse et, avec un hurlement à faire peur, il m'assène la pire baffe de toute ma vie. J'en tombe par terre, à-moitié assommée.

— Sale pute ! rugit-il, furieux. Honte à toi. Honte à notre famille.

Je reste au sol en essayant de reprendre mes esprits. Mon père m'a déjà frappé lorsque j'étais petite, mais jamais aussi fort.

— Je regrette que ta mère ne se soit pas fait avorter, ajoute-t-il d'un ton aussi tranchant qu'une lame de couteau. Depuis ta naissance, tu n'es que nuisance. Mais cette salope a insisté pour te garder car elle tenait absolument à avoir une fille.

Je savais que mon père n'avait jamais voulu de moi. Un fils lui suffisait. Pourtant, ça me fait mal de l'entendre de sa voix.

Tous les bikers présents écoutent attentivement. Tous sont témoins de ma descente aux enfers. Mon père n'a aucune pitié pour ses ennemis. J'ai vu tellement de gens tomber à cause de lui que je sais que je suis mal barrée.

— Tu n'es bonne qu'à servir de pute au gang, me détruit-il.

— Je t'en sup...

— Silence ! me coupe-t-il. Je veux que tu regrettes tes actes, je veux que tu regrettes d'avoir posé les yeux sur cet assassin. Tu étais sensée le tuer, pas tomber amoureuse de lui !

Je comprends tout à coup que cette idée de vengeance ne venait pas de Nate, mais bien de mon père. Nate n'a fait que de la manipulation mentale pour je fasse le sale boulot.

— C'est toi qui avais organisé cela ? questionné-je, abasourdie.

— Bien sûr. Malheureusement, j'aurais dû me douter que Nathan n'était pas digne de confiance et de ne jamais confier une mission à une femme. Vous n'êtes bonnes que pour sucer.

J'écarquille les yeux devant sa vulgarité. Jamais il ne m'avait parlé ainsi. Probablement que son petit tour en prison l'a rendu plus hardi dans ses propos.

Sans me laisser en placer une, il se tourne vers Nate, qui ne fait pas le fier. Lui aussi redoute les réprimandes.

— Je te faisais confiance, Nathan, mais tu m'as déçu une fois de plus. Tu mériterais que je te tire une balle dans la tête.

Nate, ou Nathan, peu importe, se crispe et je voie de la sueur exsuder de son front. Il craint pour sa vie, toutefois, si mon père le tue, il va retourner directement en prison. Quoique...je me dis qu'il s'en tirera probablement encore une fois. Il est pourri jusqu'à la moelle.

— Toutefois, poursuit mon père, comme elle (il me désigne d'un signe de tête), je te trouverai bien une autre fonction. Pour l'instant, contente-toi de la surveiller. J'ai du travail à faire.

Jamais je ne me serais douté que mon paternel dirigeait un gang. Il a bien caché son jeu. Je croyais qu'il travaillait dans les affaires, mais je me suis trompée. Il m'a dupé, tout comme ma mère. En vérité, mon frère est devenu comme lui sans que je m'en aperçoive.

Nate prend brusquement mon bras et me tire afin que je le suive. Nous montons un escalier et il me pousse dans une chambre qui est loin de ressembler à un cinq étoiles. Ça sent le moisi, il n'y a aucune fenêtre et seulement un lit duquel je doute de la propreté.

— Prépare-toi à souffrir, ma belle, me dit Nate avec un sourire méchant. Je reviendrai m'occuper de toi plus tard.

Et il part en verrouillant la porte tandis que je reste enfermée dans cette chambre, effrayée et me demandant ce que je vais devenir. Jonas me manque. Il m'a peut-être trompée, bien que j'aie un sérieux doute maintenant, mais je l'aime quand même. J'aurais peut-être dû discuter avec lui avant de m'enfuir, mais je n'y ai pas songé sur le coup du moment. J'ai préféré croire le protégé de mon père et le suivre. Maintenant, il est trop tard pour regretter. Jonas m'a sans doute oubliée. Je vais trouver une solution pour m'enfuir, coûte que coûte, même si je sais que je vais sans doute y perdre des plumes au passage. 

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