Hated Love-TOME 3- Chapitre 24
Jonas
Comment ai-je pu être assez bête pour croire ne serait-ce qu'une seule seconde que Blanche-Neige apprécierait notre rapprochement ? Cette meuf est aussi froide qu'un bloc de glace. Pourtant, je l'ai sentie se détendre pendant un instant dans mes bras, tout juste avant de retrouver sa carapace infranchissable. A-t-elle fait semblant d'aimer notre baiser ou a-t-elle laissé tomber ses barrières ?
Je n'en ai aucune idée et je suis agacé de me poser la question. June est couchée sur son matelas, mais je sais qu'elle ne dort pas car elle gigote comme un asticot sous sa couverture. Elle se tourne et se retourne pour essayer de trouver une posture agréable, en vain.
— Ce n'est pas en faisant la girouette que tu parviendras à t'endormir, lui dis-je alors.
Je l'entends couiner de stupéfaction.
— Je pensais que tu dormais, dit-elle d'une petite voix.
— Comment veux-tu que j'y parvienne puisque tu n'arrêtes pas de bouger ? Si tu continues ainsi, le matelas va finir par dégonfler et je t'assure que je n'irai pas chercher ma pompe dans le cabanon.
— Ne t'inquiète pas, j'irai dormir sur le canapé si jamais ça arrive.
Mine de rien, cette idée me dérange. Je préfère qu'elle reste près de moi. Alors, je lui sors une excuse ridicule pour qu'elle reste.
— Je ne te le conseille pas, lui dis-je alors, car je me suis masturbé dessus.
Elle laisse échapper un cri d'indignation.
— Quoi ? Quand ? Tu n'as pas honte ?
— Non, c'est chez moi, ici.
Sa réaction m'amuse beaucoup. Il n'en faut pas beaucoup pour la choquer.
— Je te ferais remarquer que j'habite moi aussi ici, rétorque-t-elle. Je n'oserai plus jamais m'asseoir sur ton canapé, maintenant.
Je rigole.
— Et tu trouves ça drôle ? s'indigne-t-elle.
— Blanche-Neige, je suis un homme et il m'arrive d'avoir certaines envies, si tu vois ce que je veux dire. Il n'y a rien de mal à se faire plaisir...
— Peut-être, mais la prochaine fois, fais ça dans un endroit plus...discret.
Elle a vraiment mordu à l'hameçon !
June se détourne et j'entends soudainement un : Pffffffffffffffffiiiiiiiiiouuuuuuuu.
— Bordel de merde ! jure la jeune femme tandis que je m'esclaffe.
Voilà ! C'est arrivé ! Je l'avais prévenu que le matelas ne tiendrait pas bien longtemps avec toute cette agitation.
— Il n'y a rien de drôle ! s'emporte-t-elle.
— Oh que si ! Maintenant, tu devras dormir par terre.
— Hors de question. Fais-moi de la place.
Avant même que je ne comprenne où elle veut en venir, la voilà en train de me pousser. Elle grimpe dans mon lit et tire sur la couverture, me laissant ébahi par son audace.
— Et que vas-tu faire si je te dis que ce lit ne sert pas seulement à dormir ? la défié-je.
— Je vais le laver. Lève-toi.
Elle est sérieuse ? Ma petite farce est en train de se retourner contre moi. Je voulais seulement la rendre mal à l'aise et ça a fonctionné.
— Relaxe, lui dis-je en emprisonnant son corps avec mes bras. Mes draps sont propres. Je les ai lavés, hier.
— Tu aurais pu le dire avant, s'offusque-t-elle.
— C'est beaucoup trop marrant de t'embêter.
Ma bouche est près de son oreille et je la sens frissonner alors que mon souffle va s'échouer dans son cou.
— Pourquoi sembles-tu dégoutée par mes propos ? questionné-je. Tu dois bien te caresser à l'occasion, toi aussi.
La jeune femme s'étouffe avec sa salive. Elle n'a pas l'air habituée à parler de sexe, signe qu'elle n'a jamais fait partie d'un club de bikers. La plupart d'entre eux ne mâchent pas leurs mots. Les brebis sont habituées à les entendre leur parler ainsi. Ça les stimule, même. Par contre, Blanche-Neige a une réaction choquée qui ne m'échappe pas. Nathan a dû être patient avec elle avant qu'elle n'accepte des rapprochements physiques. D'ailleurs, j'ai des doutes sur la nature de leur relation. Se pourrait-il que c'était platonique entre eux ?
— C'est personnel, argue-t-elle.
— June, il va falloir que tu acceptes d'en parler, après tout, nous sommes sensés nous fréquenter.
— Et alors ? Personne ne va connaître notre vie sexuelle, non ? Ils ne sauront jamais qu'on ne couche pas vraiment ensemble.
— Si tu réagis comme une petite prude à chaque allusion, ils vont finir par avoir des doutes.
Elle lâche un long soupir.
— Non, dit-elle.
— Non, quoi ?
— Non, je ne me touche pas. Satisfait ?
Pas vraiment. Comment peut-elle ne pas apprécier le plaisir sexuel ?
— Pourquoi ? questionné-je.
— Je...je n'ai pas envie, voilà.
— Mais tu as déjà essayé, si ? Ça ne t'a pas donné envie de recommencer ?
— Euh...
Ses pommettes rougissent encore plus.
— Je n'ai jamais vraiment pris le temps pour ça, m'avoue-t-elle.
Je cligne des yeux, éberlué. Elle a vingt-trois ans et elle n'a jamais essayé la masturbation ? Comment peut-elle exprimer à son amant ce qu'elle aime ou pas ?
— Donc, tu n'as jamais osé faire ça seule, en déduis-je. Tu trouves ça tabou.
— Peut-être...
Je suis excité à la seule idée de l'imaginer se donner seule du plaisir. J'imagine ses sourcils se froncer sous la concentration, puis ses membres s'alanguir alors qu'elle trouve ce point qui la fera décoller.
— Il n'est jamais trop tard pour essayer, lui glissé-je à l'oreille.
Je trouve sa main sous la couverture et la rapproche d'elle.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'alarme-t-elle.
— Je te montre ce qu'il faut faire.
— Je n'ai pas besoin de ton aide, espèce d'obsédé.
— Je ne te toucherai pas, June. Du moins, pas sans ton autorisation. Je ne regarderai même pas si ça te mets mal à l'aise. Je veux juste te montrer comment le faire.
Je dirige sa main vers son ventre. Sa respiration s'accélère.
— Glisse ta main dans ton pantalon, lui soufflé-je d'une voix rauque.
Elle accepte finalement en hochant la tête et ses doigts s'immiscent dans sa culotte. Ma main est posée sur la sienne, néanmoins, elle frôle uniquement son sous-vêtement, et non sa peau.
— Glisse un doigt entre tes lèvres. Ensuite, commences à frotter le petit bouton que tu trouveras.
Elle laisse échapper un gémissement, ce qui confirme qu'elle l'a trouvé. Avec l'aide de ma main, je l'incite à accélérer.
— Jonas, je...
— Chut, détends-toi et apprécie le moment.
Elle poursuit ses caresses et lorsqu'elle bascule dans la jouissance, j'admire son visage d'ange. La voir prendre son pied est la plus belle chose que je n'ai jamais vue. Toutes ses peurs, ses hésitations, ses manigances partent en fumée. Il ne reste plus que le plaisir, l'abandon et la plénitude. Ses traits s'adoucissent et me donnent envie d'embrasser chaque centimètre de sa peau. Néanmoins, je me contente de l'admirer.
La jeune femme met un moment pour reprendre une respiration normale.
— Je ne peux pas croire que j'aie fait ça devant toi, marmonne-t-elle.
— Je t'assure que je n'ai rien vu. Maintenant, c'est le temps de dormir. Ça ne devrait pas trop te prendre de temps après avoir atteint l'extase.
— Jonas ! s'indigne-t-elle.
Je lui fais un clin d'œil et m'éloigne d'elle avant de ne plus pouvoir me retenir de la toucher. J'ai tellement envie d'elle que c'est un calvaire de garder mes distances.
Dix minutes plu tard, June dort à poings fermés, mais je suis incapable de détacher mon regard de ses traits ravissants. Sa bouche est légèrement entrouverte, accentuant la pulpe de ses lèvres rosées. Ses longs cils noirs contrastent avec sa peau laiteuse et ses cheveux forment une auréole autour de sa tête.
Putain ! Cette fille va avoir ma peau. Comment une telle beauté peut-elle exister ? Et comment peut-elle être aussi désirable ? J'ai envie de me pencher sur elle et de l'embrasser à nouveau. J'aimerais promener mes lèvres sur son corps entier et l'observer gémir. Les petits sons qu'elle a émis tout à l'heure m'ont presque fait perdre la tête.
Je me rends compte que je suis complètement accro à Blanche-Neige, bien que j'aie fait mon possible pour garder mes distances. Je ne voulais pas développer de sentiments pour elle. Il y a eu de l'attirance dès notre première rencontre, mais j'étais capable de me contenir. Maintenant, la plus infime de ses petites mimiques me bouleverse. Jamais je n'aurais accepté qu'elle dévoile son corps devant des dizaines d'individus. Je veux être le seul à la voir, mais pour cela, je dois l'apprivoiser, ce qui ne sera pas chose facile. J'ai honte de l'avouer, mais jouer au petit ami avec elle va m'apporter des raisons de l'approcher et de la toucher et, bien que ça fasse de moi un profiteur, je vais me risquer.
Une mèche de cheveux barre le front de ma colocataire et, d'un geste doux, je la remets délicatement à sa place. Mon doigt effleure sa lèvre et descend dans son cou. Blanche-Neige bouge et se retourne, me présentant son dos.
Je pousse un soupir et essaie de dormir à mon tour.
Un bip sonore me réveille. Merde ! Il est quelle heure ? Je cligne des yeux et remarque qu'il est à peine minuit. Puis, je déverrouille mon téléphone portable et aperçois le message de Gabin. Ce type ne dort jamais ou quoi ? C'est sûr qu'avec trois enfants, les nuits doivent être courtes. Il me demande si je peux travailler demain car Judicaëlle n'est pas très en forme. La pauvre ! Elle est malade plusieurs fois par jour depuis qu'elle a découvert qu'elle est enceinte. En petit ami hyper-protecteur, Thor l'oblige à rester couchée et elle est si frustrée qu'elle hurle à en faire fuir les boxeurs du gymnase. Il parait même que le coach de boxe lui interdit de toucher ne serait-ce qu'à un haltère. Eh bien ! Quelqu'un devra ramener Thor à la raison avant que Judicaëlle ne commette un meurtre...et je sens que ce sera mon boulot.
Parlant de boulot, June m'accompagnera.
« Passez à la maison avant votre travail » ajoute Gabin.
« Il sera bien trop tôt ».
« Les enfants se lèvent à cinq heures, alors ici, il n'est jamais trop tôt ».
Ce type est une machine, est ma dernière pensée avant de me rendormir.
Le lendemain, la sonnerie programmée de mon portable me réveille. June gigote à côté de moi et ouvre les yeux à son tour. Ses cheveux sont légèrement emmêlés, lui donnant une allure plus sauvage, mais ô combien attirante.
— Il faut aller travailler, lui annoncé-je en baillant.
Elle hoche la tête, se lève et part s'enfermer dans la salle de bain. Je m'habille pendant ce temps et calcule dix minutes top chrono avant que ma colocataire n'en ressorte. Elle commence à comprendre à quel point je suis sans pitié lorsqu'il est question d'économiser l'eau. Ses cheveux humides bouclent légèrement et un bandeau rouge les retient.
— On se dépêche, Blanche-Neige, Gabin nous attend.
Elle arque un sourcil, se demandant probablement ce qu'il nous veut. Tout comme moi, d'ailleurs. C'est pour cette raison que je suis aussi pressé. La curiosité et moi ne formons qu'un. Ce doit être pour cette raison que je connais les secrets les plus intimes de tous mes potes. Eux, par contre, ne connaissent pas les miens, seulement les grandes lignes. De toute façon, ils sont trop préoccupés par leur petite vie pour s'intéresser à la mienne. Je ne leur en veux pas, au contraire, ils sont parvenus à avancer et à être heureux. J'ai encore du chemin à parcourir pour y arriver, mais j'espère que je suis la bonne voie. Et lorsque je regarde June, je me dis que peut-être qu'un jour, j'aurai ma fin heureuse. Mais pas tout de suite.
— Es-tu sûr qu'il ne va pas me renvoyer chez moi ? me demande la jeune femme.
— Il n'oserait pas te chasser maintenant que notre couple est officiel.
— Faussement officiel, me reprend-elle.
— Exactement. Et n'oublie pas : nous devons paraître follement amoureux.
Elle lève les yeux au ciel, mais hoche tout de même la tête. Ce ne sera pas facile pour elle de jouer la comédie. Quant à moi, si, parce que je ne fais plus semblant. Je l'ai définitivement dans la peau.
Une fois que nous sommes arrivés chez Gabin, je frappe à la porte et c'est lui qui vient nous ouvrir. Il nous détaille d'un œil mécontent, signe qu'il n'a toujours pas digéré pour June et moi, puis nous fait signe d'entrer.
— Vous paraissez fatigués, nous fait-il remarquer. On dirait que vous avez baisé toute la nuit.
June écarquille les yeux de stupeur par son franc-parler. Je l'avais prévenue... Fidèle à moi-même, j'éclate de rire, ne démentant pas ses propos.
— Tu sais ce que c'est, lui dis-je d'un air malicieux. Les premiers moments sont comme une lune de miel.
— Ouais, mais abstenez-vous au travail. Il ne faudrait pas qu'un client tombe sur vous pendant que...bref, Maisie vous attend au salon.
La jeune maman est en train de coiffer Charlotte, qui a encore grandi. La fillette aux yeux bleus me fait un grand sourire et se précipite vers moi et s'accrochant à mes jambes comme un ouistiti.
— Jonas ! s'écrie-t-elle. Tu viens jouer au ballon avec moi ?
— J'aimerais bien, princesse, mais je suis quelque peu pressé puisque je travaille tout à l'heure. Une autre fois, d'accord ?
Elle fait la moue, ce qui la rend encore plus adorable, et porte son attention sur June, qui est restée en retrait. Elle ne doit pas avoir un très bon souvenir de sa dernière visite.
— Pourquoi tu as coupé tes longs cheveux ? lui demande la fillette.
La jeun femme crispe la mâchoire, mais répond tout de même :
— J'avais chaud.
— Ah... Maman, est-ce que moi aussi je pourrais avoir les cheveux courts comme elle ?
Maisie lui répond :
— Si tu veux, mon cœur, mais je ne pourrai plus te coiffer comme une princesse.
— Je n'ai pas besoin d'avoir les cheveux longs pour être une princesse. Regarde-la.
Les joues de June s'embrasent et je retiens un rire.
— Bon, et si on en venait au fait ? s'impatiente Gabin.
— Relaxe, mon amour, lui lance sa douce.
Puis, elle se tourne vers nous.
— J'ai eu une super idée, nous annonce-t-elle. J'ai pensé faire un « Beach party » sur la terrasse ce week-end pour Dave. Je sais qu'il aime le thème de la mer et qu'il adore les voyages dans les pays tropicaux. Ça lui remontera le moral.
— C'est une bonne idée, approuvé-je.
— Bien sûr, poursuit Maisie, tout le monde devra participer. Jonas, tu te chargeras d'aller chercher Dave et nous lui ferons une surprise.
— Je ne suis pas sûr, commence Gabin, mais sa copine le coupe.
— On en a déjà parlé, chéri. Il se morfond chez lui toute la journée. Je suis certaine que ça lui fera du bien.
— Alors, tu crois que voir June servir des cocktails à sa place l'apaisera ?
Le silence tombe dans la pièce. Je jette un coup d'œil à June et remarque qu'elle a pâli.
— Vous avez raison, dit-elle. Je vais rester à la maison...
— Hors de question, l'interrompt Maisie. Tu fais désormais partie de la famille. Dave devra l'accepter malgré tout ce qui est arrivé.
L'accepter, peut-être, mais pardonner, je ne crois pas.
— De toute façon, je ne le lâcherai pas d'une semelle, annoncé-je, alors il ne se rendra pas compte de sa présence.
Je serre ma fausse compagne contre moi et me penche vers elle pour lui donner un baiser sur la bouche. Je la sens se crisper légèrement, mais elle répond tout de même et, à la fin, me fait un petit sourire qui fait bondir mon cœur de satisfaction.
— Vous êtes trop mignons, s'extasie Maisie et nous observant en souriant. Je savais que vous finiriez ensemble. Je l'ai su dès l'instant où je vous ai aperçus ensemble.
— Rien n'est fini, au contraire, marmonne Gabin entre ses dents.
Il ne croit pas en notre couple. Il a raison, mais j'essaie de faire fi de cette pensée. Pour l'instant, Blanche-Neige est à mes côtés et c'est tout ce qui compte.
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