Hated Love-TOME 3-Chapitre 22
Jonas
Notre réunion hebdomadaire se déroulait bien jusqu'à ce que Gabin reçoive un appel. Quelques minutes plus tard, il raccroche et je devine tout de suite l'origine de sa mauvaise humeur lorsque son regard se pose sur moi.
— Qu'a-t-elle encore fait ? soupiré-je.
— Ta Blanche-Neige se trouve actuellement au bar de danseuses, répond-il. Veux-tu que je te fasse un dessin ?
Cette fois, elle a vraiment déconné. Je savais que jamais elle n'accepterait mon aide pour se sortir de ce merdier, mais j'ignorais qu'elle était prête à tout pour de l'argent. Elle doit être vraiment désespérée.
— Je n'ai jamais vu une fille avec aussi peu de considération, tonne Mat.
— Attention à ce que tu dis, l'avertis-je. Tu ne connais pas sa situation.
— Si j'étais une femme qui se respectait, je préfèrerais mourir que de m'exhiber, crache-t-il.
— Alors, sois content d'être un homme, répliqué-je en me levant d'un air menaçant.
— Calmez-vous, nous ordonne Gabin. Qui aurait cru que vous vous chamailleriez à cause d'une meuf ?
Certainement pas moi, d'autant plus que c'est habituellement moi qui désactive la bombe. Pourtant, avec June, je suis incapable de rester décontracté. Cette fille a renversé mon caractère. Lorsqu'il est question d'elle, je ne me reconnais pas.
— Elle n'a qu'à danser si ça lui chante, grogne Thor. Qu'est-ce que ça peut bien nous faire. Elle nous a volé de l'argent.
— Je vous ai expliqué la raison, dis-je, las de me répéter une énième fois. Des hommes qui ont par le passé traité avec son frère lui font du chantage.
— Alors, qu'elle se démerde ! tonne Thor.
— Tout le monde sait que tu n'aimes pas June, mais tu pourrais avoir un peu d'indulgence. Et en plus, tu l'as blessée, l'accusé-je.
— Je n'ai pas fait exprès. Lorsqu'il y a une brindille sur mon chemin, je la repousse, explique-t-il.
— Tu lui dois des excuses.
— Et puis quoi, encore ? Ce n'est pas comme si elle était ta régulière. Pour moi, elle n'est personne.
Certains de mes frères approuvent. Ce mec a beau être mon pote, parfois son manque d'ouverture d'esprit m'exaspère. Cependant, son dernier commentaire me fait réfléchir. Si elle devenait ma régulière, peut-être que je parviendrais à la faire accepter dans le club. Et à la protéger. Le seul problème, c'est que jamais elle n'acceptera. Une idée me vient alors. Je n'aime pas mentir, mais si ça peut la sauver, alors ça vaut la peine d'essayer.
— Justement, commencé-je. June et moi sommes ensemble.
On aurait pu entendre une mouche voler. Gabin, Austin et Grégory ouvrent la bouche de stupéfaction, tandis que Thor et les autres me regardent comme si j'étais un gros débile.
— Répète ça, me lance Grégory. Je crois que mes oreilles sont bouchées et que j'ai mal entendu.
— June est ma compagne depuis peu, expliqué-je.
— Quoi ? hurle Gabin une fois qu'il a retrouvé sa voix. Tu es tombé sur la tête ou quoi ?
— Non, seulement amoureux.
— Habituellement, tu es plus sensé, Jonas. Tu aurais dû choisir une femme posée qui veut plein de bébés. Ton but, c'est de fonder une famille, non ? Avec elle, tu n'auras rien de tout cela.
Il est vrai que j'aimerais bien devenir père un jour, mais les conditions n'ont jamais été propices à cela. Aucune femme ne veut unir autre chose que son corps avec moi.
— Si tu veux avoir une meuf, je peux t'aider à t'inscrire sur Tinder, me suggère Gregory. Au moins, elles ne chercheront pas à te tuer.
Son commentaire déclenche l'hilarité, mais je n'ai pas envie de rire.
— Les mecs, je crois que Jonas est sérieux, s'écrie Steve. En plus, c'est évident. Vous mettriez des meufs à poil devant lui et il n'aurait d'yeux que pour Blanche-Neige.
— Et merde ! jure Thor.
C'est le cas de le dire. Comment ai-je pu m'attacher à elle aussi rapidement ? Et elle, ressent-elle autre chose que de l'aversion pour moi ? Je ne suis certain de rien. Je l'ai vue me reluquer quelques fois tandis que j'avais le dos tourné. L'attirance physique est là, mais qu'en est-il de l'attachement émotionnel ?
— Si vous êtes ensemble, pourquoi se trouve-t-elle actuellement dans un bar de danseuses ? me demande Thor. Sait-elle ce qu'il se passe là-bas ?
— Je ne crois pas qu'elle soit au courant. Et si j'avais connu ses intentions, penses-tu que je l'aurais laissée y aller ? aboyé-je.
Je n'en reviens toujours pas. Parfois, elle est vraiment stupide. Belle, mais stupide.
— Allons la chercher, dit Gabin.
— Je viens, dit Thor.
— Vos meufs ne seront peut-être pas enchantées que vous vous pointiez là-bas, leur fais-je remarquer.
— Maisie est la plus belle nana sur cette Terre, précise Gabin. Aucune autre ne m'intéresse, alors elle n'a rien à craindre.
— Même chose, approuve Thor. Judicaëlle est la seule qui me fasse bander.
Je grimace en secouant la tête. J'aurais préféré ne pas le savoir.
Nous montons sur nos motos et démarrons en les faisant gronder. Puis, nous nous dirigeons vers « The Gates of Hell ». Nous y sommes chaleureusement accueillis, le videur étant un de nos amis.
Je me dépêche à entrer, craignant que June ait merdé. Et j'ai bien raison puisque cette petite sotte se dandine sur scène. Elle fait le tour du poteau et entreprend d'abaisser sa robe. Je suis subjugué par son corps idyllique et entre en transe. Je veux qu'elle en dévoile plus. J'en suis obsédé.
— Jonas, m'interpelle Gabin. Ce n'est pas le moment de la reluquer. Je te ferais remarquer que d'autres hommes ont les mêmes pensées lubriques que toi à cet instant.
Le président des Midnight Demons est perspicace. Thor, lui, est en train de parler au DJ et la musique s'arrête net. June, alertée, se retourne et nous voit aussitôt. Elle devient livide tandis que je m'avance vers la scène et, avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, je l'attrape et la descends de là.
— Aie ! crie-t-elle.
Je reste sourd à ses protestations et la sors du bar, Gabin et Thor sur mes talons.
— Vous n'avez pas le droit de m'emmener, hurle-t-elle.
— Nous t'empêchons de faire la pire connerie de ta vie, lui dit Gabin.
— Maintenant, monte sur cette moto, lui ordonné-je d'un ton tranchant. Il y a d'autres options à ton...problème.
Elle ne proteste pas, cette fois-ci, et je suppose que c'est uniquement par curiosité. Elle grimpe sur ma moto, puis je la démarre et l'emmène chez moi. Thor et Gabin repartent chacun de leur côté. Ils me laissent gérer cette situation. Après tout, elle est supposément ma copine.
Nous entrons en silence à l'intérieur et Blanche-Neige se dirige vers la chambre en claquant la porte tandis que je dépose mon casque et mes clés sur la table d'entrée. Elle en ressort quelques minutes plus tard, après avoir enfilé un pantalon ample et un sweatshirt. J'avoue que j'aimais bien sa petite robe sexy, mais il est préférable que je reste concentré pour notre conversation à venir.
— Alors ? me lance-t-elle en croisant ses bras. Maintenant que tu as fait échouer ma dernière solution pour me trouver de l'argent, je suis impatiente d'entendre ton option.
— C'est simple, lui dis-je. Deviens ma régulière et tu seras protégée.
— Ta quoi ?
— Ma compagne.
— Tu es malade ? s'écrie-t-elle. On ne s'aime même pas !
C'est faux. Elle m'attire incroyablement. Que ce soit ses grands yeux clairs, sa bouche appétissante, ses formes parfaites et son caractère piquant.
— Nous ne sommes pas obligés de nous aimer. Seulement de faire semblant.
Elle semble perdue, alors je me hâte de lui expliquer :
— Si tous mes frères croient que nous sommes ensemble, alors tu feras officiellement partie de la famille, donc nous te protégerons.
— J'apprécie ta proposition, Jonas, mais je ne crois pas que cela règle mon problème. Aussitôt qu'ils le pourront, ils me prendront pour cible et m'abattront.
Je secoue la tête de gauche à droite.
— Tout le monde sait qu'il ne faut jamais chercher des noises à un membre des Midnight Demons. Regarde ce qui est arrivé à ton frère. Il a essayé de s'interposer entre un biker et sa compagne et il en est mort.
— Pardon ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
— Tu ne savais pas que ton frère a fréquenté Judicaëlle ?
L'expression de son visage me démontre que non.
— Pourquoi crois-tu que je l'ai tué ? lui demandé-je.
J'aurais peut-être dû y aller moins brutalement, mais elle doit savoir.
— Euh...pour un règlement de compte ? Ou la jalousie ?
Je secoue la tête de gauche à droite.
— Il a essayé de séparer Judicaëlle et Thor. Si je n'étais pas intervenu, il les aurait tué tous les deux. C'était le genre de type qui ne supportait pas la défaite. L'argent était son unique motivation. Il voulait que Judicaëlle se prostitue pour leur réseau.
— C'est insensé !
— Pourtant, c'est la vérité. Demande à Judicaëlle. Elle pourrait te raconter des horreurs sur lui.
Son visage passe de dubitative à horrifiée en moins de quelques secondes.
— Ça veut dire que le type dont elle me parlait...c'était lui ?
Je hoche la tête, navré pour elle. Sa vie est loin d'être un conte de vie. Les merdes lui tombent dessus les unes après les autres.
— Je...je...balbutie-t-elle, tout juste avant de courir aux toilettes, où je l'entends être malade.
J'hésite entre aller lui apporter mon support en lui tapotant le dos, ou la laisser reprendre contenance seule. Je crois que nous ne sommes pas assez intimes pour la première option, donc je l'attends patiemment.
— D'accord, dit-elle en revenant.
Je hausse un sourcil, me demandant à quoi peut-elle bien acquiescer.
— J'accepte de devenir ta régulière pour de faux. Dominique ne mérite pas que je paie ses dettes, surtout après ce que je viens d'apprendre sur lui.
— Heureux que tu admettes enfin à quel point il était un...
Elle m'arrête d'un signe de la main.
— Je n'approuve pas du tout son comportement, mais je préfèrerais que tu t'abstiennes de faire des commentaires sur lui devant moi. Il est mort, alors passons à autre chose.
— J'aimerais seulement que tu reconnaisses qu'il était loin d'être un saint.
— Je le sais, mais il prenait soin de moi lorsque nous étions enfants, encore plus que ma mère. J'ai de la difficulté à l'imaginer aussi diabolique que tu le dis.
Son visage devient mélancolique. Je comprends à quel point elle est déçue de lui, mais elle doit admettre la vérité : Dominique était un connard perfide. Les gens changent, et pas toujours en bien.
— Donc, si nous nous affichons ensemble, tes potes me soutiendront ? demande June pour changer de sujet.
Je hoche la tête. Toutefois, nous devrons jouer notre rôle à la perfection, car mes frères ne sont pas dupes. À la moindre erreur, ils se rendront compte de notre comédie. Gabin me ficherait peut-être même en-dehors du club pour m'être joué de lui. Toutefois, je suis incapable de laisser June dans le pétrin, surtout pour les erreurs de son frère.
— Par contre, ils ne sont pas idiots, alors nous devrons être crédibles en jouant notre rôle. Tu comprends ?
Une lueur indécise traverse son regard.
— Qu'entends-tu par « rôle » ? demande-t-elle.
— Nous prendre la main, nous embrasser et avoir l'air amoureux devant eux. Tu en seras capable ?
Elle hoche la tête. J'aurais aimé que cette idée l'enchante davantage. Me concernant, j'en suis fébrile !
— Seulement devant eux ?
— Exactement. Mais nous devrions peut-être essayer avant, qu'en penses-tu ?
— Pourquoi ? Tu embrasses si mal ? me taquine-t-elle.
— Moi ? Princesse, tu n'as pas affaire à un débutant, dis-je en lui faisant un clin d'œil. C'est juste pour apprendre à nous connaître plus intimement, savoir comment nos lèvres interagissent ensemble et pour que ça ait l'air plus réaliste.
Ses pommettes s'embrasent. Quant à moi, je suis incapable de détacher mon regard de ses lèvres pulpeuses. Je rêve de les goûter depuis notre première rencontre, toutefois je n'ai jamais rien tenté étant donné notre mauvaise relation. Pourtant, j'ose désormais imaginer qu'elle s'améliorera.
— Je vais euh...aller me coucher, finit-elle par articuler.
— Donc, pas de baiser ? la taquiné-je.
— Bo...bonne nuit, Jonas.
La demoiselle me tourne alors le dos avant de se diriger vers la chambre à coucher. Un sourire étire ma lèvre. Si elle est à ce point troublée par ma proposition, c'est peut-être parce que je ne la laisse pas si indifférente que cela.
Je me couche à mon tour. Le silence plane dans la chambre, mais je sais que Blanche-Neige ne dort pas. Songe-t-elle à un possible baiser ? J'aimerais qu'elle se redresse dans son lit et qu'elle m'avoue qu'elle en a autant envie que moi, mais ma colocataire reste immobile. Dommage...
Je réfléchis au fait qu'elle m'attire de plus en plus et je crains de trop aimer jouer le rôle du petit copain.
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