Hated Love-TOME 3- Chapitre 19
June
J'ignore pourquoi je suis aussi nerveuse à l'idée de passer la journée avec Jonas. Je me suis pourtant habituée à sa présence, néanmoins, pas dans le contexte du travail.
Lorsqu'il sort de la salle de bain vêtu d'un simple jeans et d'une chemise noire, je me demande comment il peut être aussi attirant. Sa chevelure est encore mouillée et je remarque qu'il est vraiment sexy même avec cette crinière un peu plus longue que la moyenne des hommes. Sa petite barbe de quelques jours a été minutieusement taillée et sa chemise est légèrement ouverte. Il replie minutieusement ses manches à la hauteur de ses coudes et ajuste le col de sa chemine tout en la boutonnant.
Le biker passe devant nous et entre dans la cuisine.
Judicaëlle se racle la gorge et je sors instantanément de ma rêverie. Je réalise alors que je n'ai pas écouté la moitié de ses paroles, trop subjuguée par mon colocataire.
— Es-tu certaine de parvenir à te concentrer ? me taquine-t-elle. Avoue que tu n'as jamais travaillé seule avec un aussi beau spécimen...
Sa plaisanterie ne m'aide pas à faire baisser ma nervosité.
— Euh...ce n'est pas...
— Vous devriez oublier vos différends et faire la paix, me lance-t-elle. Jonas est un type bien, June, et malgré le fait que ça a mal commencé entre vous, je crois qu'il est temps de passer à autre chose.
— Qu'est-ce que tu veux dire par « passer à autre chose » ? l'interrogé-je.
Elle esquisse un petit sourire de connivence.
— Tu sais...le genre de choses que deux personnes de sexe opposé font ensemble. Sortir, faire des activités, parler...
Est-elle en train de me proposer de le fréquenter ? J'ai de la difficulté à l'imaginer.
— Il est beau ! Et alors ?
— Il est beau, il est disponible et il habite avec toi.
— Essaierais-tu de nous caser, par hasard ?
— Je te suggère seulement d'oublier tes rancunes envers lui et de profiter de la vie.
Malheureusement, je ne pourrai profiter de rien si je ne trouve pas dix mille dollars en moins de deux semaines.
— Je ne peux oublier ce qu'il a fait, m'obstiné-je.
— Non, mais tu peux lui pardonner.
Lui pardonner ? Comme dans « Pardonnez à ceux qui vous ont offensé »?
Elle me prend pour qui ? La vierge Marie ? D'accord, mauvais choix de mot puisque l'un des deux mots me décrit parfaitement. Pourtant, j'exècre ces histoires de pardons.
Judicaëlle sourit devant mon air buté.
— Laisse-moi te raconter mon histoire, me dit-elle. Il y a environ un an, j'ai rencontré un mec qui m'a aussitôt charmée. Il était doux, attentionné et me couvrait de cadeaux...jusqu'à ce que je comprenne qui il était réellement. À première vue, il était parfait, mais sa vraie personnalité s'est révélée lorsqu'il a emménagé chez moi. Au début, je me suis demandé ce qu'il se passait, mais plus le temps avançait, plus j'ai perçu sa vraie facette. Il s'est servi de moi pour avoir un toit et pour payer la nourriture. Il ne m'adressait plus un seul regard, à l'exception de lorsque ça lui arrangeait, c'est-à-dire très tard dans la nuit lorsqu'il arrivait du travail. Il se jetait sur moi et me laissait à peine le temps de me réveiller, tirait son coup et c'était terminé. Il ne se souciait pas de mon plaisir.
— Et tu lui en as parlé ? fais-je, horrifiée par son histoire.
— Lui dire que je n'aimais pas qu'il abuse de mon corps ? Oui. Et sais-tu ce qu'il a répondu ? Qu'une pute comme moi devait ouvrir les jambes selon son bon vouloir.
Je suis répugnée. J'abhorre ce genre de comportement envers les femmes.
— Lorsqu'il a commencé à me violenter, j'ai su que je devais partir, poursuit Judicaëlle. Et j'ai atterris ici. Au début, j'ai craint ce groupe de bikers, mais ils sont attachants et pas du tout à l'image préconçue qu'on se fait d'eux.
— J'imagine...et qu'est-il arrivé à l'ordure qui te maltraitait ?
— Il est mort.
— Bien fait pour lui ! Il ne méritait pas de vivre.
— Je ne suis pas de cet avis. Je le détestais certes, mais après sa mort, j'ai dû lui pardonner pour pouvoir poursuivre ma vie. Je crois qu'il avait pris le mauvais chemin, celui qui l'a conduit à devenir cet homme mauvais.
— Tu excuses sa conduite ? m'étonné-je.
— Non, mais je me suis rendu compte que la noirceur avait envahi son âme, sa vie, et que plus aucun retour en arrière n'était possible pour lui. Je crois, qu'en réalité, il est mieux où il se trouve présentement.
— En enfer, tu veux dire ?
Elle hausse ses épaules.
— L'enfer est sur Terre, June. Ce sont les hommes qui le créent. Tu choisis ta voie : soit celle de l'amour ou de la haine. Regarde autour de toi. Où sommes-nous, exactement ?
Je m'exécute et ne vois que le salon de Jonas.
— Chez un biker des Midnight Demons, dis-je, incertaine.
Elle secoue la tête de gauche à droite et me pointe une photo encadrée sur le mur du salon. Il s'agit d'un couple dont j'ignore l'identité et qui sourit à la caméra tout en s'enlaçant.
— Nous avons pénétré dans la vie privée de Jonas, me reprend la future maman. Ce décor nous révèle qui il est vraiment.
— C'est-à-dire ?
— Un homme qui aimait ses parents (elle me désigne le portrait), qui apprécie la beauté de la nature (elle pointe l'aquarium), qui aime la tranquillité et qui est prêt à tout pour aider son prochain. Il te l'a prouvé en t'hébergeant ici, non ?
— Donc, tu dis que je lui suis redevable....
— Si c'est ainsi que tu te sens...
— Je ne lui dois rien puisque c'est à cause de lui si je me trouve dans cette merde, m'offusqué-je.
— Quelle merde ? s'enquiert une voix qui nous fait sursauter.
Jonas se tient dans l'embrasure de la porte du salon. Depuis quand est-il là ? A-t-il épié notre conversation ? J'espère que non...
— Rien du tout, m'empressé-je de justifier.
Il me fixe d'un air qui signifie qu'il n'est pas dupe, mais il n'insiste pas. Au lieu de cela, il enfile sa veste en disant :
— Il est temps de partir.
Judicaëlle me fait un clin d'œil tandis que je quitte la résidence de Jonas en sa compagnie. Il demeure muet pendant tout le trajet, comme si quelque chose le préoccupait.
Une fois arrivés à la brasserie, Jonas s'empresse de déverrouiller la porte et nous débutons notre quart de travail. Les clients arrivent peu après l'ouverture de la boutique et le biker s'empresse de leur répondre d'un air avenant. Ce n'est pas la première fois que je vois l'homme travailler avec la clientèle et, chaque fois, je suis stupéfaite par son charisme et sa facilité à communiquer avec les gens. Ça semble tout naturel chez lui. Il blague avec les dames d'une cinquantaine d'années et les charme aussitôt.
— Vous avez une nouvelle coupe de cheveux, Madame Samson, remarque-t-il en la faisant payer. Elle vous va à ravir.
La dame glousse tout en le remerciant. Son mari ne pipe mot, mais lorsque Jonas lui offre une bière gratuite en guise de cadeau, il s'empresse de le remercier chaleureusement.
Je reste en retrait tout en remplissant les étagères. Je ne suis pas aussi sociable que lui, même en étant mixologue. Je me contente de faire mon boulot et de servir les clients, mais je ne converse jamais avec eux. J'ai besoin de me concentrer pour bien effectuer mon travail, ce qui ne semble pas être son cas.
Lorsque le magasin se vide, mon collègue me rejoint et m'aide à effectuer les tâches. Toutefois, bien que nous travaillions ensemble, il y a tellement de clients que nous ne nous parlons pas beaucoup en journée. Nous mangeons chacun notre tour et je passe mon temps à aller et venir dans la chambre-froide.
Je me demande comment Judicaëlle fait pour tout faire seule. Pas surprenant qu'elle soit épuisée, et son premier trimestre de grossesse ne doit pas être reposant non plus. J'ai entendu dire que certaines femmes étaient malades plusieurs fois par jour. Ça doit vous vider de toute énergie.
— Es-tu capable de rester seule à la boutique ? me demande Jonas en fin de journée. Je vais aller faire un petit tour en arrière pour saluer les gars.
Je hoche la tête. Nous fermons dans vingt minutes et l'endroit est désert.
Je termine le remplissage des tablettes, puis me dirige vers la caisse.
Je ne devrais pas ouvrir le tiroir, pourtant je le fais. Je ne devrais pas prendre les billets de cinquante dollars, mais je le fais également. Je m'empresse de les cacher dans mon décolleté tandis que la nervosité me gagne. Je me sens comme la dernière des merdes, mais je n'ai pas le choix.
— Qu'est-ce que tu fais ? tonne la voix de Jonas dans mon dos.
Je manque faire une crise cardiaque et bondis de plusieurs centimètres. Je n'avais pas entendu le biker revenir.
— Euh...je compte la caisse, bafouillé-je.
Il me fixe d'un air suspicieux.
— Laisse, je vais m'en occuper, répond-il en s'approchant de moi.
Je recule et le laisse compter les billets. J'espère qu'il ne se rendra pas compte qu'il manque deux cents dollars.
— Tu peux fermer les lumières, ajoute-t-il.
Je m'exécute et, dix minutes plus tard, nous quittons l'endroit après que Jonas eût activé l'antivol.
— Gabin m'a informé qu'il y aurait une autre soirée sur la terrasse demain soir, me dit-il alors. C'est pour souligner l'anniversaire de Dave.
Je me fige. Un autre qui va me détester ! Et il aura raison puisque c'est de ma faute s'il est blessé.
— Dans ce cas, je vais rester à la maison...commencé-je.
— Hors de question. Gabin veut absolument que tu t'occupes du bar. En plus, Judicaëlle ne voudra peut-être pas travailler si Thor est là.
— Génial, soupiré-je alors que Jonas me tend mon casque. Que crois-tu qu'il va m'arriver, cette fois-ci ?
— Tout le monde est bien averti que personne ne doit te toucher, rétorque le biker en enfourchant sa moto.
Dave l'est-il ? Et s'il veut se venger, serai-je capable de me défendre ? Finalement, peut-être devrais-je tenter la boxe...Jonas a beau prétendre le contraire, je ne me sens pas en sécurité parmi ces bikers. D'ailleurs, je ne le suis nulle part. J'ai réalisé que mon frère m'avait foutue dans la merde en décédant. À moins de m'enfuir dans un autre pays, ceux à qui il doit de l'argent seront toujours à mes trousses. Et je crains que ce type qui me menace ne soit pas le seul à qui il devait de l'argent. Entre mon père qui a fait du détournement de fonds et Dominique avec son gang criminalisé, c'est à se demander ce que je faisais dans cette famille.
Une fois arrivés chez Jonas, je remarque que Judicaëlle est toujours en pyjama. Elle regarde la télé dans le salon devant une boîte de mouchoirs et un pot de crème glacée. La pauvre ! Elle semble abattue.
— Ça va ? lui demande Jonas, soucieux d'elle.
— Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? éclate-t-elle alors. Le père de mon enfant est un crétin.
— Je vois...répond le biker en rangeant sa veste.
— Ce connard m'a envoyé des messages toute la journée, ajoute-t-elle en se renfrognant.
— Qu'est-ce qu'ils disaient ? lui demandé-je, curieuse.
— Je ne sais pas puisque je les ai supprimés avant même de les lire. J'ai ensuite bloqué son numéro.
— Et s'il essayait de s'excuser ? s'enquiert Jonas.
— S'excuser ? Thor ? Tu plaisantes ou quoi ?
— Peut-être qu'il a réalisé qu'il ne pouvait vivre sans toi.
— Tu es trop optimiste, mon vieux, marmonne Judicaëlle. Les trous-de-culs sont bornés et le resteront toujours.
Jonas n'a pas l'air d'apprécier qu'elle parle ainsi de lui, mais la jeune femme n'a pas tort. Je ne pardonnerais pas aussi facilement à un mec m'ayant rejetée après lui avoir annoncé que j'étais enceinte. Bon...toujours faudrait-il que j'aie un mec, ce qui n'est pas le cas. Nate est passé aux oubliettes puisqu'il n'a pas essayé de me contacter. Étrangement, je ne trouve plus son numéro de téléphone dans ma liste de contact. Il a mystérieusement disparu. M'a-t-il bloqué ? Je ne le saurai pas avant de retourner chez moi.
— Vous avez faim ? questionné-je afin de changer de sujet.
— Oui, répond Jonas avec enthousiasme.
Il perd toutefois son sourire.
— Il n'y a rien à manger, alors je vais faire quelques courses. En attendant, on peut commander de la pizza.
J'ouvre la bouche pour accepter puisque je meurs de faim mais, au même moment, Judicaëlle se lève en vitesse et se précipite aux toilettes. Nous l'entendons tous les deux vomir ses tripes et je ne peux m'empêcher de grimacer.
— Bon...une pizza pour nous deux, dans ce cas, conclut Jonas en téléphonant à la pizzeria du coin.
— Commande une garnie, s'il te plaît, lui dis-je.
Il me fixe d'un drôle d'air.
— Je prends toujours une Hawaïenne, finit-il par répondre.
Crétin !
Vingt minutes plus tard, le livreur arrive enfin avec notre repas. Judicaëlle reste dans la salle de bain pendant que nous dégustons notre dîner. Je dois avouer que je n'avais jamais tenté le mélange pizza, jambon et ananas, mais c'est super bon. Mon colocataire gobe les trois quarts de la pizza à lui seul.
— Bon, je dois aller faire quelques courses, me dit-il. Si je vous laisse entre filles, ça va aller ?
— Tu as peur de quoi, au juste ? rétorqué-je, piquée. Qu'on détruise ta maison ?
— Avec toi, je ne serais pas surpris, grommèle-t-il.
Je lève les yeux au ciel tandis qu'il enfile sa veste et sort sans un mot.
— Il ne me fait toujours pas confiance et il raison, marmonne-je.
— Pourquoi aurait-il raison ? fait une voix derrière mon dos qui me fait sursauter.
Judicaëlle est de retour et semble avoir repris des couleurs.
— Tu vas mieux ? lui demandé-je.
Elle hoche la tête.
— Pourquoi Jonas ne devrait-il pas te faire confiance ? insiste-t-elle.
Peut-être à cause de la liasse de billets qui loge actuellement entre mes seins.
— Oh...parce que je suis gaffeuse, dis-je comme si de rien n'était.
— Pourtant, pour quelqu'un de gaffeur, je te trouve particulièrement douée pour jongler avec les bouteilles.
— Il m'a fallu beaucoup de pratique, lui expliqué-je. Demande à ma colocataire. Elle ne m'a toujours pas pardonné d'avoir cassé sa bouteille de Tequila à 200$.
La jeune femme pouffe et je suis soulagée que mon explication ait passé.
Tout à coup, on frappe à la porte. Trois puissants coups qui nous font sursauter.
— Jonas a peut-être oublié son portefeuille, dit Judicaëlle.
— Il ne frapperait pas, si c'était le cas.
D'autres coups résonnent. La personne semble impatiente...
— Qu'est-ce qu'on fait ? questionné-je.
— Va répondre, après tout, tu habites ici.
— Et si c'est pour Jonas ?
— Dans ce cas, le visiteur repassera.
Elle a raison. J'entrouvre la porte, un peu craintive...et j'avais raison de l'être, surtout lorsque je remarque le géant devant moi. Il parait très en colère.
— Ce n'est pas trop tôt, gronde Thor.
— Qu'est-ce que tu fais là ? lui lancé-je, agacée. Tu n'es pas le bienvenu ici.
— Aux dernières nouvelles, c'est toujours la maison de mon pote. D'ailleurs, où est-il ?
— Parti faire des courses.
— Tant pis, de toute façon, ce n'est pas lui que je venais voir. Je sais que Judicaëlle se cache ici. Je l'ai cherchée partout et je connais le grand cœur de Jonas.
— Elle ne veut pas te voir, alors dégage.
Il fait un pas vers moi et j'essaie de refermer la porte, mais il la bloque.
— Petit conseil : laisse-moi passer sinon tu risques de le regretter.
Ce connard me menace ? Je n'aime pas ce type et je ne crois pas qu'il mérite ma nouvelle amie, alors je reste campée devant lui, les bras croisés.
— Tu l'auras voulu, soupire-t-il.
Il me repousse d'un simple geste de la main, ce qui me fait reculer de trois mètres, jusqu'à l'aquarium de Jonas. J'essaie tant bien que mal de m'agripper au fauteuil, mais j'échoue lamentablement et me cogne sur la paroi de verre. Heureusement, celle-ci tient bon, ce qui n'est pas mon cas. Le coup me fait voir trente-six chandelles et je m'écroule par terre en gémissant de douleur.
— June ! s'écrie Judicaëlle, catastrophée.
Puis, elle se tourne vers mon agresseur et hurle :
— Espèce de cinglé ! Tu l'as blessée.
— Je l'ai à peine touchée, se défend-il. Ce n'est pas de ma faute si elle est aussi frêle qu'une brindille. J'aurais pu lui donner une pichenette et ça aurait eu le même effet.
— Tout le monde n'est pas aussi costaud que toi, rétorque-t-elle. Ça va, June ? Tu as mal quelque part ?
Oui, partout où mon corps a percuté l'aquarium.
— Je devrais survivre, dis-je en grimaçant.
Le coin du verre s'est enfoncé entre mon sein et ma clavicule. Ça me fait un mal de chien, mais je ne me plains pas. Je ne veux pas que Thor croie que je suis une pleurnicharde.
— Je voulais te parler, dit l'homme à Judicaëlle.
— Je ne veux plus avoir affaire à toi, répond-elle en croisant ses bras sur sa poitrine.
— Écoute, chérie, je...
— Chérie ? Je t'interdis de m'appeler ainsi. Je ne suis plus ta chérie, connard !
J'ai envie de féliciter la jeune femme pour lui tenir tête ainsi. Elle semble vraiment hors d'elle.
— Mes paroles ont dépassé ma pensée. Tu m'as pris par surprise et...
— J'ai vu ça, oui, ricane-t-elle d'un air narquois, mais ça ne te donnait pas le droit de me traiter comme si...comme si j'étais une salope qui s'était faite engrossée par le premier gars au coin d'une rue.
Ils m'ont totalement oubliée. Je suis toujours par terre, mais je suis leur échange avec intérêt. Je sais que je devrais m'esquiver et les laisser régler ça entre eux, mais je suis incapable de bouger, encore trop sonnée.
— Je sais qu'il est de moi, atteste Thor. J'ai dit ça parce que j'étais furieux.
— Ça ne te donnait pas le droit de me traiter ainsi.
— Je sais...
Le boxeur n'en mène pas large et je m'en délecte.
— Pardonne-moi, ajoute-t-il.
Judicaëlle et moi écarquillons les yeux de concert. Cet abruti sait s'excuser ? J'aurai tout vu !
— Et tu crois que je vais te pardonner aussi facilement ? lui lance la future maman.
— Non, mais je te veux dans ma vie et je suis prêt à tout pour te reconquérir. Même à changer des couches.
La lèvre de la jeune femme tressaute comme si elle retenait un sourire.
— Et puis, ce serait pas mal d'avoir un petit boxeur à la maison.
— Et si c'est une fille ?
— Alors je lui apprendrai à se défendre pour qu'aucun garçon ne l'embête.
Un silence suit ses paroles.
— Reviens, la supplie Thor. Je suis incapable de vivre sans toi. Je ne dors plus depuis que tu es partie.
— Et moi, alors ? rétorque-t-elle. Je pleure depuis que tu m'as lancé ces mots abjects, en plus d'être malade comme un chien. Et j'ai dû prendre deux kilos juste en mangeant de la crème glacée.
Le géant sourit et s'approche d'elle. Judicaëlle le laisse l'enlacer.
— Je ferai tout pour me faire pardonner, lui dit-il à voix basse mais je l'entends tout de même.
— Tout ?
— Oui. Reviens à la maison et je te ferai vivre une nuit inoubliable.
— Ah ouais ? s'amuse-t-elle.
— Oui, je pourrai même saluer ton nouveau locataire de très près...
Ma mâchoire se décroche. Il n'est pas en train de faire référence à...Il ne manque pas de culot, celui-là ! En plus, il fait comme si je n'existais pas tandis que je suis encore assise par terre comme une merde.
— Tu retournes avec lui ? m'indigné-je.
Je pensais qu'elle lui garderait rancune, mais Thor a apparemment touché sa corde sensible avec ses grands mots.
— Je...je vais lui donner une autre chance, m'informe-t-elle. Mais c'est la dernière.
— Je ne te ferai plus jamais souffrir, lui assure-t-il bien sérieusement.
Sur ce, le couple m'aide à me relever. Je gémis de douleur tandis que Thor bougonne quelque chose comme « elle exagère ».
Au même moment, un quatrième individu pénètre dans la maison, que j'identifie aussitôt. Il s'immobilise dans l'entrée et nous fixe en haussant les sourcils.
— Thor ? Qu'est-ce que tu fais là ? lui lance Jonas.
— Je venais chercher mon amoureuse. Nous sommes sur notre départ.
Le regard du biker se pose ensuite sur moi.
— Qu'est-ce que tu as ? me demande-t-il.
Judicaëlle me tient par le bras pour m'aider à me tenir debout.
— Thor a poussé June parce qu'elle lui bloquait le passage, lui explique Judicaëlle. Malheureusement, il n'a pas mesuré sa force et elle a percuté ton aquarium.
Jonas examine aussitôt son précieux récipient et parait soulagé qu'il n'y ait pas de dommage. Quant à moi, je fulmine. Cet enfoiré préfère ses poissons à moi.
— Je vais bien, merci de t'en soucier, craché-je tandis que Judicaëlle m'aide à m'asseoir sur le fauteuil.
— Je...
— Ferme-la, le coupé-je.
Un silence embarrassant envahit la pièce.
— Bon, je crois qu'on va y aller, annonce Thor. Viens-tu, chérie ?
La future maman ramasse ses effets en vitesse, puis le couple prend congé. J'ai l'impression de revenir au point de départ, c'est-à-dire, moi furibonde, en compagnie de Jonas.
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