Hated Love-TOME 3- Chapitre 16
Jonas
Pauvre June. Elle a l'air tout à fait démoralisée. Je comprends sa fureur vis-à-vis mes potes, car ce mauvais tour qu'ils lui ont joué était purement mesquin. Toutefois, ce n'est pas la fin du monde. Sa chevelure finira par repousser.
Je n'ai jamais été très doué pour réconforter les gens, cependant, j'avais envie de la prendre dans mes bras lorsqu'elle était accroupie dans la douche. Je ne distinguais pas ses formes de l'autre côté du verre, mais je savais qu'elle était assise par terre, probablement déprimée par les événements. Toutefois, j'ai laissé tomber l'idée puisqu'elle aurait certainement hurlé au viol si j'avais tenté de la réconforter alors qu'elle était nue, même je n'avais aucune motivation d'ordre sexuel.
Je suis incapable de haïr cette fille. Ses grands yeux océan à l'air innocent me donnent de drôles de frissons chaque fois que je les fixe. En plus d'être hyper jolie, elle est loin d'être ennuyante. Je trouve que son job est fascinant. La fixer en train de jongler avec des bouteilles cassables me captive. Ça parait si facile pour elle, pourtant, je sais que ce ne l'est pas. Dave a déjà essayé de m'apprendre un truc et j'ai été incapable de l'imiter. Mon ami est doué, mais il ne l'est certainement pas autant que Blanche-Neige.
Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là ; à peine quelques heures. Je décide de me lever aux premières lueurs du jour et de prendre mon café matinal. Puis, je magasine des portes d'entrée sur Internet puisque je dois changer la mienne. Je finis par en trouver une de mon goût et prends ses informations. Je passerai la commander en me rendant au club de boxe.
Mon téléphone sonne et je m'empresse de répondre puisque c'est Gabin. Lui non plus ne dort pas beaucoup.
— Salut, Jonas, me dit-il. J'ai fait ma petite enquête et j'ai découvert le pot-aux-roses concernant ce qui s'est passé hier. Lewis m'a raconté la petite blague qu'ils ont faite à June.
— Petite blague ? répété-je à voix basse pour ne pas réveiller ma colocataire. Comment aurais-tu réagi s'ils avaient fait la même « blague » à Maisie ?
— De un, jamais ils ne se seraient permis cela et, de deux, je les aurais tués. Mais June n'est pas...
— Tu l'as employée pour servir des cocktails, Gabin, le coupé-je, et elle a fait du bon travail, d'après ce que j'ai vu.
— En effet, les clients paraissaient satisfaits de ce qu'elle leur servait.
— Alors, tu vas rester les bras croisés pendant qu'elle se fait intimider par les autres?
— Non, je leur ai dit de ne jamais refaire un truc pareil.
— J'espère que tu as été convaincant.
Silence.
Je pousse un long soupir. Gabin n'aime pas June, ce n'est pas un secret, mais j'aurais espéré qu'il l'aurait plus estimée après la soirée d'hier.
— J'ai pensé à quelque chose, me dit-il. Puisque Judicaëlle parait surmenée, June pourrait l'aider à la boutique.
— L'aider ?
— Oui, elle pourrait faire le remplissage des tablettes, servir les clients lors des dégustations...ce genre de tâches pour désencombrer un peu Judicaëlle.
— Je ne sais pas si ça lui plaira...
— On s'en fiche. Elle nous doit de l'argent et ce n'est pas en travaillant seulement les samedis soirs sur la terrasse qu'elle va rapidement nous rembourser.
— Si elle reste plus longtemps, elle aura plus de chance d'oublier Nathan, non ?
— Peut-être, mais c'est toi qui devras te la coltiner. Ça ne te dérange pas de partager ton aire de vie avec cette fille ?
Honnêtement, la colocation se déroule plutôt bien malgré nos différends. Il est vrai que nous n'avons pas encore passé beaucoup de temps ensemble, mais ça arrivera tôt ou tard.
— Ça ne fait pas assez longtemps qu'elle loge ici pour te le dire, dis-je honnêtement.
— Je pensais que tu voulais habiter seul, me dit Gabin. C'était la raison de ton déménagement, alors pourquoi vouloir cohabiter avec elle ?
Bonne question. Peut-être que je commençais à être las de partager mon air de vie avec des mecs. Peut-être que j'avais envie de vivre autre chose.
— Écoute, commencé-je. Je croyais qu'en prenant mes distances, j'irais mieux après l'histoire avec Dominique, mais au contraire, ça n'a fait qu'aggraver mon mal-être. Quand June est arrivée comme une tornade, j'ai eu l'impression de me réveiller, de revenir à moi. J'avais envie de la taquiner, de...
Surtout pas de l'embrasser, non ! Je ne veux pas savoir ce que goûtent ses lèvres. Du moins, j'essaie de m'en convaincre.
— Bref, elle m'a fait sortir de ma torpeur et j'ai trouvé quelqu'un qui avait encore plus besoin d'aide que moi. On dirait qu'elle me fait oublier mes problèmes.
Gabin reste silencieux.
— Je suis désolé, Jonas, me dit-il enfin. J'étais si préoccupé par ma petite vie que je ne voyais pas à quel point tu n'allais pas bien.
— Ce n'est pas grave....
— Oui, car tu es mon meilleur pote. Et tu es en train de me dire que la meuf qui a essayé de te buter t'aide à aller mieux. C'est moi qui aurais dû t'aider, pas elle.
Il est jaloux de June ou quoi ?
Le Président des Midnight Demons lâche un long soupir.
— Si cette meuf a un bon impact sur toi, alors tant mieux. Mais fait attention. Je ne lui fais pas confiance.
— Ne t'inquiète pas. Je ne baisserai pas la garde. Jamais.
Sur ce, nous raccrochons et je me sers un deuxième café.
Alors que je le porte à mes lèvres, j'entends des voix provenant de la chambre à coucher. Curieux, je m'approche de la porte entrebâillée et jette un coup d'œil à l'intérieur. Blanche-Neige est assise par terre et tient son téléphone devant elle. Elle utlise Face Time.
— Trop cool, tes cheveux ! s'exclame son amie. Jamais tu n'as voulu les couper, auparavant. Qu'est-ce qui t'a décidée ?
— Oh...euh...j'avais envie de changement, bafouille June.
Elle n'a pas raconté l'épisode d'intimidation à sa meilleure amie. Pourquoi ?
— Qui est ta coiffeuse ? lui demande la blonde. Elle a fait un travail d'enfer.
— Oh ! Euh...c'est un homme.
— Super ! Est-ce qu'il est mignon ?
— Alicia, je sais que tu vois ton patron.
Silence.
— Je...j'avais peur de ce que tu penserais de moi.
— Pourquoi ? s'enquiert Blanche-Neige. Tu es mon amie, alors je te soutiens. Mais si jamais ça part en vrille entre vous, attends-toi à devoir changer d'emploi.
— J'en suis consciente, June. Mais James est si charmant que je n'ai pas pu résister à son charme. Nous essayons de garder notre relation secrète pour ne pas que les autres employés croient qu'il me privilégie.
— Je comprends. Mais ai-je besoin de te rappeler qu'il m'a mise à la porte car il croyait que je faisais partie du groupe de bikers ? C'est vraiment injuste.
— Je sais, je lui ai dit, mais il avait peur qu'ils fassent du grabuge.
June lève les yeux au ciel. Elle est si concentrée par sa conversation qu'elle ne songe pas à vérifier si elle est seule.
— Sinon, comment est ton nouveau job ? l'interroge Alicia. Tu aimes ?
— J'ai seulement travaillé une soirée jusqu'à présent, mais ça a été bien.
— Juste bien ?
— J'étais nerveuse, mais je crois que ça s'est bien passé.
— Tant mieux. Et où loges-tu ?
— Euh...chez Jonas.
— Qui ?
— Euh...tu sais...le mec que j'ai suivi pendant des mois.
Son amie écarquille les yeux d'une façon comique.
— Attends, tu es en train de me dire que tu habites chez le type qui a tué ton frère ?
— Ouais. Je n'avais nulle part où aller et il a proposé de m'héberger en attendant que je me trouve autre chose.
— June ! Tu loges chez le type que tu as essayé de tuer !
— Je sais ! s'écrie-t-elle, énervée. Pas obligée de répéter.
— Ce type doit être un Saint. À moins qu'il ne veuille se venger à son tour.
— Probablement que c'est le cas. Il me défend de rester plus de dix minutes sous la douche. Tu imagines mon calvaire ?
En guise de réponse, sa copine éclate de rire. Je décide alors de me présenter. J'entre dans la chambre.
— June, nous devons aller à la quincaillerie, lui dis-je en m'approchant. Je dois remplacer la porte d'entrée.
J'entre dans le champ de vision de son amie. Je lui adresse un sourire engageant et me rapproche davantage de June, qui s'est crispée, la main immobile sur son téléphone.
— Salut, fais-je d'un signe de la main. Je suis Jonas. Je n'ai pas pu me présenter lorsque nous nous sommes croisés l'autre jour.
Alicia reste bouche bée. Elle me détaille comme si j'étais une apparition fantomatique.
— Salut, finit-elle par répondre.
— Alicia, je dois te laisser, lui dit alors Blanche-Neige.
— Pas de problème, June. Mais pourquoi ne m'as-tu pas dit que ton colocataire était aussi...sexy ?
Les joues de June s'embrasent et je suis amusé par sa réaction. J'attends sa réponse avec impatience. Je me demande si elle me trouve de son goût ou si je la laisse complètement indifférente.
— Qu'est-ce que ça aurait changé ? rétorque la concernée. Lui et moi ne sommes que colocataires.
— Et collègues, ajouté-je. Nous travaillons au même endroit.
Blanche-Neige me jette un regard noir. En réponse, je lui fais un clin d'œil.
— En tout cas, vous ne devez pas vous ennuyer, pouffe Alicia.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? aboie June, sur la défensive.
— Tu le regardes comme si tu voulais lui sauter dessus. On se demande si c'est pour lui faire la peau ou pour autre chose...
— N'importe quoi !
Ma colocataire croise ses bras, remontée.
— Nous avons passé un marché, dis-je alors à Alicia. Le temps qu'elle habite chez moi, nous ne nous entretuerons pas.
— Bonne idée ! Vous pouvez toujours vous sauter dessus autrement. Ça enlève la tension, à ce qu'il parait.
— Bye Alicia, la coupe Blanche-Neige en mettant fin à la conversation Face time.
Puis, elle se tourne vers moi.
— Nous n'avons jamais passé de marché, m'agresse-t-elle.
— Peut-être pas verbalement, mais puisque tu habites ici, il y a certaines conditions.
— Tu étais obligé de te pointer ? me reproche-t-elle. Maintenant, elle va toujours me parler de toi.
Je hausse les épaules en me retenant de rigoler et quitte la chambre le temps qu'elle se prépare.
Elle me rejoint par la suite dans le hall d'entrée pendant que je mesure la porte à l'aide d'un galon. Ayant suivi des cours de menuiserie, je serai capable d'installer seul le nouveau battant, mais je veux m'assurer que les dimensions sont bonnes.
— Allons-y, dis-je à June.
— Je n'ai pas mangé, me répond-elle.
— Prends un croissant et viens-t-en.
— Il n'y a pas le feu monsieur le motard !
Son air furieux ne m'échappe pas, mais je l'ignore. Elle a à peine le temps de grignoter son croissant que nous sommes partis. Il y a une petite quincaillerie dans la ville où je me rends souvent lorsque j'ai besoin de quelques bricoles.
Lorsque June retire son casque, j'aperçois un bout de pâte feuilletée sur la commissure de ses lèvres. Je suis à l'instant fasciné par sa lippe pulpeuse. C'est presque un crime de posséder de telles lèvres. Elles donnent envie de les manger.
Je lève la main pour lui enlever le morceau de nourriture, mais je m'arrête au dernier moment. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Un peu plus et je la touchais.
— Tu as la bouche sale, lui dis-je finalement en me remettant en marche.
Je vois June s'essuyer discrètement et je souris en coin.
Une fois à l'intérieur du magasin, je me dirige immédiatement au comptoir des matériaux tandis que la jeune femme observe le mobilier de parterre, pas très loin.
— Bonjour, je cherche une porte d'entrée en acier avec un vitrail, dis-je au commis devant moi.
— Quelles dimensions ? me demande-t-il.
Je les lui donne et il me montre les modèles disponibles. Puisque j'ai déjà magasiné en ligne, je sais exactement celui que je veux.
— Nous l'aurons dans deux semaines, m'informe l'homme. Il vous suffit de donner un dépôt de 30% et nous vous la livrerons gratuitement aussitôt que nous la recevrons.
Je remplis le document qu'il me remet, le signe et effectue le paiement.
Lorsque je lève la tête, June n'est plus là. Mon cœur s'accélère. Je lui avais pourtant dit de ne pas s'éloigner. Je parcoure les allées en cherchant la jeune femme. Un type m'accroche et je lui jette un regard noir. Il semble pressé et ne prends pas la peine de s'excuser.
— Enfoiré, marmonné-je entre mes dents.
Je trouve finalement ma colocataire dans l'allée de la quincaillerie. Elle observe les différentes serrures.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais dit de ne pas t'éloigner, la réprimandé-je.
— Arrête de te comporter comme mon père, ronchonne-t-elle.
Puis, elle se ravise.
— En réalité, mon père ne s'est jamais comporté comme un père, alors oublie ça.
Elle pique ma curiosité ; je ne sais pas où sont ses parents et ce qu'ils font dans la vie, mais si je comprends bien, son paternel n'a pas gagné la médaille du père de l'année.
— Il est où ? lui demandé-je.
— Pas ici, raille-t-elle.
— Ça, j'avais compris, Miss l'insolente. Tu n'as pas l'air en bons termes avec lui.
— Je ne l'ai pas vu depuis plusieurs années, me dit-elle seulement en me tournant le dos.
June semble tout d'un coup pressée à partir.
Une fois à l'extérieur, je lui annonce que nous nous rendons à la brasserie pour travailler quelques heures.
— Hein ?
— Gabin veut que tu aides Judicaëlle à la boutique. Elle a beaucoup de travail, alors elle ne refusera pas un peu d'aide.
Je m'attends à ce qu'elle rechigne, cependant elle hoche la tête en disant simplement :
— D'accord.
Je fronce les sourcils ; j'étais certain qu'elle me répondrait que ce n'était pas son job, mais je suis surpris. Tant mieux si elle aide Judicaëlle de bon cœur.
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