Hated Love-TOME 3- Chapitre 13
June
Plus la journée avance, et plus ma nervosité s'accentue. J'ai l'impression d'être jetée directement dans la fourmilière. Jonas ne semble pas réaliser à quel point je patauge dans une profonde anxiété. Il ne semble pas non plus apercevoir les regards fielleux sur moi. J'essaie de ne pas y porter attention, mais j'ai encore plus l'impression que je ne suis pas à ma place ici, surtout dans ce club où tout le monde ressemble à un athlète.
Je marche sur le tapis roulant sans m'efforcer d'aller plus vite et en profite pour observer les sportifs. Je ne suis pas la seule femme dans ce gym. Plusieurs boxent sur des sacs, surtout celles qui semblent le plus en forme. Les autres, tout comme moi, utilisent les appareils cardiovasculaires. Certaines forcent sur les appareils de musculation et soulèvent des poids. Je remarque que Jonas s'est joint aux autres boxeurs qu'il s'est mis en équipe avec un gars que je n'ai jamais rencontré auparavant. Le biker porte des gants de boxe tandis que l'autre a enfilé des mitaines semblables à des sabots de cheval. Jonas frappe dedans et j'entends le choc résonner jusqu'à moi. Il est apparemment à un niveau assez avancé. Les coups pleuvent les uns à la suite de l'autre. Il esquive le bras de son coéquipier, réplique rapidement et je suis hypnotisée par sa performance, et non par son corps qui se meut habilement. Ses biceps sont si tendus que j'en vois le relief à travers son tee-shirt.
— Hé ! fait une voix juste derrière moi. As-tu terminé avec le tapis roulant ? Tant qu'à marcher à pas de tortue, mieux vaut laisser la place à quelqu'un qui VEUT réellement s'entraîner.
Une jeune femme beaucoup plus grande et mince que moi me fixe les bras croisés. J'ai revêtu des leggings et un t-shirt ample que Jonas m'a prêté, mais elle...semble tout droit sortie d'un magazine de mode sportive. Son débardeur moule parfaitement sa taille de guêpe et ses shorts ajustés attestent un fessier tonique. Ses jambes, quant à elles, semblent musclées à souhait. Elle est certainement une habituée des lieux.
J'arrête l'appareil et descends en lui laissant ma place. Sans un seul remerciement, elle grimpe sur le tapis roulant, me laissant plantée juste à côté. Bon...je vais devoir me trouver une autre occupation. J'aperçois un banc au fond de la salle et m'y installe. Je préfère regarder les gens s'entraîner puisque je suis vraiment nulle en sport. Le seul « sport » que je pratique, si on peut appeler ça ainsi, c'est du flair bartending.
Judicaëlle vient me trouver alors que je regarde Jonas boxer. Il a retiré son tee-shirt et je ne peux qu'admirer ses muscles dorsaux puisqu'il me tourne le dos. J'en profite pour essayer de déchiffrer son tatouage, qui occupe la majorité de cette partie du corps qui me fait face, mais je suis trop loin pour l'étudier avec minutie. J'ai cru remarquer un poisson, mais je n'en suis pas certaine, quoique ça ne m'étonnerait pas du tout.
— Cassandra est une chipie, me dit la boxeuse, ne t'en fait pas. Elle irrite tout le monde.
Je hausse les épaules comme si je m'en fichais. En réalité, c'est le cas. Je suis habituée à ce genre de femme. Je leur sers souvent des cocktails lors de mon travail et elles me regardent comme si j'étais une moins-que-rien. J'ai appris à les ignorer car je sais que je vaux mieux que ce qu'elles pensent de moi. Je suis certaine qu'elles ne parviendraient pas à préparer un seul cocktail aussi rapidement que moi. Et ce n'est pas de la prétention, seulement, je suis spécialiste en la matière. Je concocte des mélanges recherchés que peu d'amateurs connaissent.
— Je vois que tu en profites pour admirer la vue, ajoute Judicaëlle en me faisant un clin d'œil.
Je me mets à rougir tandis qu'elle parait amusée par mon malaise.
— Ne t'en fais pas, moi aussi je mate souvent les boxeurs et un en particulier.
Je devine de qui elle parle.
— Je ne suis pas obsédée par les autres, surtout pas par Jonas. Je veux dire...il est très attirant, mais il n'est pas mon genre d'homme.
Je suppose qu'elle préfère les géants tatoués de la tête aux pieds...
— Il semble intéresser plusieurs filles, remarqué-je.
Certaines le matent ouvertement. Plusieurs têtes se tournent même vers lui pendant qu'il s'entraîne.
Judicaëlle éclate de rire.
— Jonas n'intéresse pas ce genre de filles, soutient-elle.
— Pourquoi, questionné-je, pas certaine de comprendre.
— Elles recherchent seulement du sexe et pas lui. Il est le type de mec à vouloir fonder une famille et elles le savent, c'est pour cette raison qu'elles ne l'approchent pas.
— Étrange...J'aurais parié qu'il était plutôt du genre à aimer coucher à gauche et à droite.
— On m'a raconté que si...avant.
— Avant quoi ?
— Tu le sais...
Je me tais car je devine de quel sujet dont il est question. Avant de devenir un putain de meurtrier.
Je fixe le biker, qui ruisselle de sueur. Comment ne pourrait-on pas le trouver attirant. Je dois avouer que même s'il est mon ennemi, je ne peux ignorer son sex-appeal.
— T'intéresse-t-il ? me demande tout à coup la jeune femme.
Je lâche du regard le biker et me détourne vers Judicaëlle.
— Pardon ? lui demandé-je, pas certaine d'avoir bien compris.
— Il semble te captiver.
En effet, mais je n'ose l'avouer.
— Il est sexy, mais pas de là à...je....nous sommes des ennemis. Je le hais.
Bon, mon explication est partie de travers et mon interlocutrice sourit.
— Des colocataires ennemis, dit-elle en semblant réfléchir. Cela me rappelle quelque chose...
Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire.
— Jonas est le meilleur ami qu'une fille puisse avoir, ajoute-t-elle. Malheureusement, aucune n'a réalisé qu'il est aussi le meilleur petit copain qu'elle pourrait avoir.
— Pourquoi tu me dis ça ? lui demandé-je.
— Tu n'as pas remarqué à quel point il est attentionné et qu'il se soucie des autres avant lui-même ? Il a un grand cœur malgré ce qu'il a fait à ton frère.
— Je ne le considèrerai pas autrement que ce qu'il est vraiment : un meurtrier, m'obstiné-je.
Elle secoue la tête de gauche à droite.
— Dans ce cas-là, ça veut dire que tu es comme toutes les autres : tu ne vois pas réellement qui il est.
Sur ce, elle part rejoindre Thor et me laisse seule et songeuse.
— Hé ! Blanche-Neige ! m'appelle une voix que je reconnais aussitôt.
Il ne manque pas de culot à m'interpeller ainsi devant tout le monde !
— Il est temps de partir, me dit Jonas en s'essorant le visage avec une serviette.
Merde ! Même couvert de sueur, il reste sexy à mort.
Mort !
Je me donne une gifle mentalement afin de me remémorer qui il est.
Je le suis donc en silence tandis que nous sortons du club de boxe.
— Tu n'as pas l'air d'être une grande amatrice de sport, remarque mon compagnon en prenant place sur sa moto.
— Oui, et alors ?
— Lorsque tu y prendras goût, tu verras à quel point s'entraîner aide à se détendre.
— Et si je n'ai pas envie de faire du sport ? lui lancé-je en prenant le casque qu'il me tend.
Ses yeux bleus me détaillent en silence.
— Tu n'auras pas le choix, finit-il par dire, puisque tu dois me suivre partout où je vais...et je vais m'entraîner tous les jours.
Super ! Encore quelque chose qu'on m'oblige à faire.
— Il y a bien un autre sport qui pourrait te détendre, ajoute-t-il.
— Quoi ?
— Le sport de chambre.
J'ouvre la bouche d'un air courroucé.
— Viens-tu de me proposer tu-sais-quoi ?
— Non, mais tu peux te détendre en solo.
Mes joues s'embrasent et je jurerais que ça l'amuse.
— Pas de solo, alors ?
— Va te faire foutre.
— Un duo ?
Je lui lance un regard meurtrier.
— Bon, on y va avant que tu ne veuilles m'étrangler avec la sangle de mon casque.
Il démarre sa moto, dont le grondement se répercute dans la ruelle. Un quart d'heure plus tard, nous voilà de retour chez Jonas. Je m'enferme dans la salle de bain, me lave rapidement, puis enfile la jupe moulante que Jonas m'a achetée et le haut en dentelle rouge vin. Je boucle finalement mes cheveux et les attache puisque c'est plus pratique pour travailler. Je laisse tomber le maquillage. De toute façon, le biker n'a pas voulu m'en acheter. Et les talons hauts. Je ne voudrais pas me verser la cheville en travaillant.
Jonas est déjà prêt lorsque je le rejoins dans la cuisine. Il boit son énième café de la journée.
— Sais-tu que trop de caféine n'est pas bon ? lui balancé-je
Il hausse un sourcil.
— Il y en a également dans le thé, soutient-il.
— Peut-être, mais je n'en bois pas huit tasses par jour.
— J'en bois désormais quatre. Je n'ai plus le temps d'en consommer autant maintenant que je dois surveiller une certaine meuf...
Je lève les yeux au ciel.
— Peu importe, dis-je, tu viens de détruire tous les bienfaits que tu as obtenus de la boxe...
— Pas vraiment. La caféine elle accroit légèrement l'endurance et la force musculaire.
— Mais elle provoque de la dépendance, insisté-je. C'est une sorte de drogue.
Jonas pousse un long soupir.
— Je parie que tu n'y connais rien en drogue, Blanche-Neige, alors passons à autre chose, veux-tu ?
Le biker se redresse et je remarque qu'il a revêtu un jean bleu foncé et une chemise agrémentée de fines rayures noires. La classe avec une touche « mauvais garçon », sans doute les jeans.
— Tu ne portes pas tes talons hauts ? me demande-t-il.
— J'ai peur de tomber et, en plus, je vais me trouver derrière le bar. Personne ne verra que je suis en converses.
Il pince les lèvres et ajoute en regardant sa montre :
— Allons-y, Gabin nous attend.
Ma nervosité monte en flèche tandis que nous nous dirigeons vers la brasserie. J'ai peur que tout le monde me fixe comme si j'étais la méchante. C'est probablement ce que je suis à leurs yeux et je pense la même chose d'eux. Après tout, ils m'ont arrachée à ma vie pour me forcer à travailler pour eux. Gabin veut que je lui rembourse les dommages que j'ai faits à son mariage, toutefois, qui paiera pour la perte de Dominique ?
Beaucoup de bikers sont déjà arrivés, dont Thor, Judicaëlle, Maisie et Gabin, ainsi que quelques autres dont je ne connais pas les noms. Ils s'activent à préparer la terrasse. C'est la première fois que je m'en approche et je ne peux qu'admirer cette construction unique qui rejoint le style de la brasserie. Entièrement couverte, de larges poteaux lui concèdent un look « maison de campagne » tandis que plusieurs foyers vitrés sur quatre faces entourés de tables brûlent au centre de l'espace. Les luminaires suspendus attirent immédiatement mon attention. Il s'agit en fait de bouteilles transparentes avec des ampoules insérées à l'intérieur. Ce détail donne un look de taverne à l'endroit. C'est chaleureux, convivial et certainement très différent des lieux où j'ai déjà travaillé. Mon regard se bloque sur le bar, situé dans la partie gauche de la terrasse. Entièrement conçu en bois, il est en forme de demi-lune. Des supports à verres sont accrochés à l'aide de chaîne à partir du plafond au-dessus du comptoir. Derrière celui-ci se dresse des étagères remplies de bouteilles de bières. C'est assez impressionnant, surtout lorsque je vois la diversité des bières. Mon Dieu ! J'en ai pour des heures à apprendre la différence entre chacune d'elles.
— C'est sympa, non ? s'enquiert Jonas, apparemment amusé par mon air fasciné.
— Je dois avouer que l'endroit a un style unique, avoué-je.
— Gabin a beaucoup travaillé sur la construction, ajoute-t-il. C'est sa fierté, après ses enfants et sa moto. Il voulait que les visiteurs aient l'impression d'entrer dans un autre monde, un monde où ils peuvent découvrir nos délicieux produits et se déconnecter de la réalité pendant ce voyage aux diverses saveurs.
Mince ! Jonas semble vraiment passionné. Il en parle comme si c'était la plus belle création sur Terre.
— Vous voilà enfin ! tonne une voix qui me fait sursauter.
Gabin s'avance vers nous de sa démarche assurée. Maisie l'accompagne. Elle me sourit comme si nous étions amies et cela me fait chaud au cœur d'avoir une alliée dans cet endroit hostile.
— J'ai cru que vous n'arriveriez jamais, ajoute-t-il en me fixant comme si c'était moi la coupable.
— Gabin est un peu nerveux, précise sa femme. Il veut que tout soit parfait pour cette soirée d'ouverture.
— J'ai décidé de faire découvrir la brasserie aux clients pour l'événement. En fait, c'est toi, Jonas, qui leur fera visiter par petits groupes.
— Moi ? répète le concerné, abasourdi.
— Oui, tu connais parfaitement ton métier. Tu pourrais leur expliquer les différentes étapes de fabrication de la bière.
Jonas semble flatté par la proposition, mais il fronce les sourcils et son regard se braque sur moi.
— Ce serait peut-être mieux que je reste avec June pour la...superviser.
Il voulait dire « surveiller », mais il s'est repris juste à temps.
— Ne t'inquiète pas, le rassure Gabin. Thor restera dans le coin et s'assurera que tout se déroule comme il le faut.
Ça ne me rassure guère...et Jonas non plus. Il sait à quel point je déteste cet homme dont l'apparence rappelle celle du Dieu du Tonnerre.
— De toute façon, ce sera seulement en début de soirée, lui dit Gabin. Je ne veux pas que les gens échaudés se promènent partout dans ma brasserie.
Judicaëlle nous rejoint et nous salue.
— Je vais te faire un petit résumé des boissons que nous offrons, me dit-elle d'un ton chaleureux.
— Les cocktails doivent impérativement être conçus avec nos bières, me dit Gabin.
— Quoi ? fais-je, pensant avoir mal compris.
— Pas de Margarita, de Martini ou de Mojito, précise-t-il. Le concept doit se tenir à notre spécialité, c'est-à-dire la bière.
Mes mélanges seront beaucoup moins diversifiés et cela représente un défi pour moi.
— Vous voulez que je fasse des panachés ? questionné-je.
— Libre à toi de concocter ce que tu veux. Dave est très imaginatif pour cela. J'espère que tu en feras autant.
Dave étant le mec que j'ai blessé avec mes feux d'artifices. Ils vont sans doute me comparer à lui toute la soirée.
— D'accord, dis-je comme si je m'en fichais.
Il verra que je ne me laisse pas intimidée par sa grande carcasse.
Judicaëlle me fait signe de la suivre et me montre mon nouveau terrain de jeu.
— Voilà l'endroit où tu vas travailler, me dit-elle. Tu seras seule au bar puisque je vais servir les clients aux tables. Maisie et Gabin, eux, vont accueillir les clients à l'entrée et une fois que la plupart des gens seront arrivés, ils m'aideront. Les autres gars, comme Thor, Austin, et Gregory, feront la surveillance afin qu'il n'y ait pas d'incartade. On ne sait jamais ce que les gens qui prennent un coup peuvent faire.
Je hoche la tête, d'accord avec elle.
La jeune femme m'informe sur les différentes boissons. Je ne suis pas une amatrice de bière, mais je goûte en trempant mes lèvres dans le breuvage afin de savoir quoi insérer dans mes cocktails.
— Chaque bière a un nom différent, m'apprend-t-elle. Et les noms ont tous un lien avec le thème de cet endroit.
— Les portes du paradis...
— Exactement. Au début, la brasserie se nommait « Les portes de l'enfer » mais Gabin a modifié le nom après l'incendie.
— L'incendie ?
— Oui, quelqu'un y avait mis le feu volontairement pour faire quitter le terrain aux Midnight Demons. Si j'ai bien compris, c'était un riche homme d'affaire qui voulait acquérir ce terrain pour un projet immobilier. Bien entendu, il a perdu et les bikers ont par la suite faire reconstruire l'endroit.
Je comprends maintenant pourquoi Gabin m'en veut tellement d'avoir abîmé sa terrasse puisque la bâtisse est neuve. Il a dû avoir peur qu'elle ne flambe à nouveau.
Je me sens vraiment nulle ne de pas avoir songé aux conséquences désastreuses que mon acte de folie aurait pu produire.
— Pour revenir à nos bières, poursuit Judicaëlle, celle-ci est une blonde légère avec un soupçon de lime, il y a de la brune et de la rousse. Tu vois ce menu ? C'est pour ceux qui veulent faire de la dégustation. Les verres sont plus petits, alors ils peuvent goûter à toutes les sortes. Pour l'alcool fort, tu as justement ici les bouteilles de whisky, de vodka, de cognac et de rhum. Un petit congélateur se trouve sous le bar avec des glaçons ainsi que des limes, des citrons et certains ingrédients que tu peux utiliser pour tes cocktails.
Je hoche la tête en l'écoutant attentivement.
— Les gens paient comptant, précise-t-elle, alors il y a un tiroir-caisse caché sous l'évier de bar.
— Et les pourboires ? lui demandé-je.
— Euh...Gabin a dit que tu lui devais trois milles dollars, alors il gardera l'argent jusqu'à ce que tu lui aies tout remboursé, répond-elle, mal à l'aise.
Bon...je vais être leur esclave pendant un bon bout de temps. Et dire que je ne gagnerai rien pendant ce temps ! J'espère qu'Alicia va trouver un autre colocataire pendant mon absence.
Je songe au fait que je pourrai bientôt l'appeler puisque ce connard de biker me rendra mon téléphone portable après cette soirée et mon humeur s'améliore légèrement.
— Je crois que j'ai fait le tour, termine Judicaëlle.
Je hoche la tête.
Jonas arrive au même moment et dit à Judicaëlle :
— Je te l'emprunte un moment. J'aimerais lui faire visiter la brasserie avant que les invités arrivent.
— Pas de problème, répond-elle en souriant.
Elle s'éclipse et Jonas me fait signe de le suivre. Je sens les regards des bikers dans notre dos tandis que nous quittons la terrasse et pénétrons dans la fameuse brasserie.
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