Hated Love-TOME 3-Chapitre 12
Jonas
Je suis incapable de trouver le sommeil, alors j'observe ma colocataire dormir à poings fermés. Elle a revêtu son nouveau pyjama et s'est assoupie depuis quelques heures. Je suis habitué à travailler la nuit, alors je ne suis pas surpris de ne pas encore être endormi à deux heures du matin.
Blanche-Neige semble si apaisée que j'ai de la difficulté à réaliser que c'est la même fille qui me défie continuellement. Ses traits sont détendus, comme si elle s'évadait l'instant d'une nuit très loin d'ici, dans de lointains songes.
Je me demande si elle se réveillerait si je l'embrassais. C'est certain que je suis loin de l'idée qu'on se fait d'un prince charmant. Je n'ai ni château, ni cheval. J'ai seulement ma moto et une maison de ville. Et une belle gueule. Du moins, d'après ce que les meufs me disent, tout juste avant de m'annoncer qu'elles me considèrent seulement comme un ami...avec bénéfices.
June serait certainement une Blanche-Neige des temps modernes. Toutefois, elle n'a personne pour la soutenir. Ni nain, ni prince.
En quelques jours, elle en a plus appris sur moi que la plupart de mes frères des Midnight Demons. Y compris Gabin. Lui et moi nous sommes rencontrés lorsque nous étions adolescents. Mes parents faisaient partie du club de bikers, alors je les accompagnais souvent lors des rassemblements. Gabin est arrivé plus tard dans le groupe, lorsque son oncle l'a pris sous son aile. Nous avons tout de suite développé des liens d'amitié. Je connais également Thor depuis que je suis gamin, mais j'ai toujours eu de la difficulté à l'approcher puisqu'il est plutôt renfermé. Avec Gabin, nous sommes devenus en un rien de temps les meilleurs potes. Je l'ai épaulé lors des moments difficiles qu'il a traversés et il en a fait de même pour moi, surtout à la mort de mes parents. Ceux-ci sont décédés d'un accident de moto alors que j'avais dix-huit ans. Un camion-remorque les a percutés et ils sont morts sur-le-coup. J'ai refusé de faire de la moto pendant plusieurs années, puis j'ai décidé de me battre contre cette crainte continuelle. Je voulais prouver à tous, mais surtout à moi-même, que le motocyclisme pouvait être sécuritaire.
Au fil des années, j'ai vécu d'autres épreuves, mais je les ai toutes surmontées avec l'aide des Midnight Demons...jusqu'à il y a trois mois. J'ai l'impression qu'ils m'ont tous laissé tomber. Je ne leur en veux pas, mais je dois avouer que June est bien la seule qui m'ait vu m'enfoncer dans les ténèbres. Et dire qu'elle surveillait mes allées et venues et que je ne me suis rendu compte de rien ! J'étais vraiment dans mon propre monde.
J'espère à mon tour parvenir à la déchiffrer. Je ne sais pas encore grand-chose sur elle, excepté qu'elle est mixologue et qu'elle aime la danse en ligne. C'est très peu, mais je ne me déclare pas vaincu pour autant. Après tout, nous venons de nous rencontrer.
Le petit matin arrive enfin et je constate que j'ai fermé l'œil pendant à peine une heure. Je me lève donc et prend une douche rapide, comme à mon habitude. Je n'aime pas gaspiller l'eau. Probablement pour me sentir moins coupable de polluer l'air avec ma moto. J'essaie de compenser en recyclant, en faisant du compostage et en économisant l'eau. Les toilettes et robinetteries écologiques sont très importantes pour moi.
Et mes poissons.
Certains diront que je gaspille de l'eau pour eux, mais je considère que c'est seulement un emprunt à la nature pour permettre à des êtres vivants d'exister. J'emprunte une infime quantité d'eau de la mer pour y loger ses pensionnaires. Et j'utilise tout de même beaucoup moins d'eau pour les entretenir que quelqu'un qui prend des bains à tous les jours.
Comme j'expliquais à June, j'aime avoir l'impression de posséder une parcelle d'océan dans mon salon.
Je taille ma barbe après ma douche et me brosse les dents. Puis, j'enfile mon jeans et mon tee-shirt et me voilà prêt.
J'hésite à réveiller June, qui dort encore. Cette fille est une vraie marmotte !
Je décide toutefois de la laisser se reposer puisque qu'elle va travailler jusqu'à très tard ce soir. J'ai quelques courses à faire, alors je sors de la maison, verrouille derrière mois, enclenche le système d'alarme, qui est directement relié à mon portable, et pars au supermarché. J'achète du café et hésite devant la panoplie de thés. J'ignore ce que June boit : du thé vert, du noir, de l'Earl Grey ou du chocolat chaud. Je prends un peu de tout et complète mes achats avec des céréales et du gruau.
Je me rends ensuite à la boucherie, où je sélectionne quelques pièces de viande, et repars à la maison. Lorsque j'entre, je remarque que tout est silencieux, enfin presque. La douche fonctionne, ce qui veut dire que June est levée.
Je range mes achats dans les armoires et regarde ma montre. 8 minutes. Je suis certain qu'elle est là-dedans depuis plus de dix minutes. Elle en a sans doute profité pendant que j'étais parti en pensant que je ne me rendrais pas compte de son méfait.
Grosse erreur.
Je descends au sous-sol et coupe l'eau chaude. Je compte ensuite quatre secondes et la douche s'arrête. Voilà !
Je remonte et retourne dans la cuisine ou je termine de ranger.
Blanche-Neige entre tout à coup en trombe dans la cuisine. Elle a revêtu un jeans et un tee-shirt en vitesse et ses cheveux sont retenus à l'aide d'une serviette. Ils dégoutent sur le plancher.
— Est-ce que c'est toi qui as coupé l'eau chaude ? demande-t-elle en fulminant.
Je hausse les épaules et retiens un sourire.
— J'étais en train de me laver les cheveux, s'écrie-t-elle. J'ai encore de la mousse plein la tête.
— Tu n'avais qu'à te dépêcher, réponds-je, insensible à sa crise.
— Je l'ai fait, mais j'ai de longs cheveux et ils sont épais.
— Dans ce cas-là, il faudra que tu modifies tes habitudes. Éteins l'eau pendant que tu te savonnes.
— Tu es vraiment taré.
— Écolo, la reprends-je.
— C'est ça que je disais. Un taré d'écolo.
Elle me tourne le dos et retourne dans la salle de bain, furieuse. Au moins, elle est bien réveillée, maintenant.
Je me fais un café en attendant que miss ne revienne et m'assois au comptoir en pianotant sur mon portable. Gabin a fait de l'événement de ce soir quelque chose de grandiose. Ça ne m'étonnerait pas que toute la ville vienne. Au moins, la terrasse est assez grande pour accueillir plusieurs centaines de personnes et, au pire, les clients resteront sur le terrain de la brasserie. Il n'y a pas à dire. Blanche-Neige n'aura pas le temps de préparer un plan d'évasion.
Elle revient justement, pas de meilleure humeur, mais les cheveux secs. Je ne peux m'empêcher d'observer sa chevelure brillante qui lui arrive à la taille. Je me demande si elle est aussi soyeuse qu'elle en a l'air.
Blanche-Neige ne me lance pas un seul regard et ouvre le frigo afin de dénicher quelque chose à manger.
— Thé, café, ou chocolat chaud ? lui proposé-je.
— Je pensais que tu n'avais rien d'autre que du café...
— Disons que pendant que tu faisais la marmotte, j'en ai profité pour aller acheter quelques petites choses. Il y a aussi des céréales dans le placard.
Elle hausse un sourcil et se sert en silence. Puis, elle sort une tasse de l'armoire et se prépare un thé...noir.
— Je ne savais pas ce que tu aimais, alors j'ai acheté un peu de tout, précisé-je.
Elle hoche la tête, mais ne répond rien. Je me demande à quoi elle pense.
— Nerveuse pour ce soir ? m'enquiers-je.
— Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, me répond-elle en levant finalement la tête vers moi. Je n'ai rencontré que tes potes Thor et Gabin et je me demande s'ils sont tous aussi...
— Caractériels ?
— Ouais.
— Ne t'inquiète pas. Ils ont l'air de gros durs à cuire, mais ils ne mordent pas. Lorsqu'ils apprendront à te connaître, leur perception de toi changera.
— Alors, comment me perçoivent-ils présentement ? questionne-t-elle.
Je lui fais un clin d'œil sans répondre. Inutile de lui mentionner qu'ils sont contre l'idée qu'elle travaille à la brasserie. Plusieurs étaient présents au mariage de Gabin et n'ont pas digéré son « cadeau ».
— Tu n'auras qu'à sourire et le tour sera joué, ajouté-je à son intention.
Elle me fixe sans réagir.
— Est-ce que j'ai l'air d'une bécasse ? me demande-t-elle.
— Hum...ça dépend, dis-je juste pour la provoquer.
Blanche-Neige pousse un long soupir.
— N'espère pas me voir sourire comme si ça me faisait plaisir de travailler à cette putain de brasserie, crache-t-elle. Je ne le fais que parce que j'y suis obligée.
— Pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable ? interrogé-je. Tu aimes servir des cocktails, non ?
— Oui.
— Alors, quel est le problème ?
— Tout le monde va me fixer comme si j'étais une ennemie.
— Laisse-moi gérer. Je serai là, alors il n'y aura pas de problème.
— Et pourquoi me défendrais-tu auprès des tiens ?
Je suis incapable de répondre, même si je sais que la réponse n'est pas loin, alors je sors une connerie.
— C'est le super-héros en moi, plaisanté-je.
Ça n'a pas l'air de l'amuser.
— J'aurais besoin de me changer les idées, grommèle-t-elle. Je vais péter un câble si je reste ici à ne rien faire toute la journée.
— J'ai peut-être une petite idée, alors.
J'ignore à quoi elle pense, mais ses joues s'empourprent. Tiens, tiens ! Cette chère Blanche-Neige aurait-elle des idées loin d'être catholiques ?
— À quoi songes-tu ? m'amusé-je.
— Et toi ?
— Un petit tour au club de boxe de mon pote.
Elle écarquille ses yeux.
— Je ne m'entraîne pas, affirme-t-elle.
— Pourtant, tu es plutôt bien foutue pour une fille sédentaire...
Je retiens un rire en voyant sa réaction, d'abord ahurie, puis indignée et, finalement, flattée. Mais le plus drôle, c'est son embarras. Je suis quelqu'un qui n'a pas peur de dire le fond de ma pensée. June est super jolie et possède un corps de rêve. N'importe qui fantasmerait dessus et, en temps normal, je lui aurais peut-être fait des avances. Mais la situation n'est pas normale. Je crois peut-être être parvenu à l'amadouer, mais je ne dois toutefois pas baisser la garde aussi vite. Je commence à la connaître et elle est imprévisible.
— Je suis banale, me reprend-elle. Tu as vu mon amie, non ? C'est elle la bombe, moi je fais pâle figure à côté d'elle.
Il est vrai qu'elle était sexy, mais n'avait pas le petit artifice de Blanche-Neige.
— Ce n'est pas nécessaire d'avoir un corps de mannequin pour être beau ou belle, précisé-je. Personnellement, je n'aime pas les planches à pain. De plus, je remarque d'abord les traits du visage. À titre d'exemple, tes grands yeux lagons pourraient hypnotiser n'importe qui.
Elle rougit davantage.
— Si la marche est considérée comme un sport, alors je marche de temps en temps, ajoute-t-elle. Pour aller faire mes courses.
— C'est un bon départ. Pour ton information, l'activité physique diminue les risques de maladie cardio-respiratoires et diminue l'hypertension artérielle. Le sport favorise également le sommeil et est excellent sur le plan psychologique, l'informé-je.
— Ah ouais ? Et pourquoi as-tu cessé d'en faire ces dernières semaines ? s'enquiert-elle.
Grillé ! Elle m'a vraiment suivi partout où j'allais. Moi qui ai toujours rêvé d'occuper toutes les pensées d'une meuf, je suis servi. Je l'ai vraiment obsédée ces derniers mois. Étrangement, j'en ressens une certaine satisfaction. Je sais que c'est fou, mais j'aime bien l'idée d'être continuellement dans ses pensées
— Je voulais être seul, dis-je seulement en haussant les épaules. Allons-y avant le dîner. Je suppose que tu auras besoin de temps pour te préparer avant que l'on parte.
Et j'espère qu'elle portera ce haut rouge moulant que je lui ai fait acheter.
Je l'emmène donc à la salle d'entraînement de Thor. Lorsque nous entrons, beaucoup de regards convergent vers nous. Lorsque mes potes me reconnaissent, plusieurs s'avancent vers moi pour me souhaiter la bienvenue.
— Hé ! Jonas ! me salue Alex. Tu reviens enfin ! C'était ennuyeux, sans toi. Thor est vraiment barbant et sans tes blagues, c'est pire.
En voilà un autre qui me prend encore pour le clown de service. Il a pourtant raison. C'est ce que je suis.
Ils remarquent ensuite June, qui reste en retrait.
— Pourquoi l'as-tu emmenée ? interroge Austin en la pointant.
— Elle avait besoin de se détendre avant ce soir, lui réponds-je.
Thor arrive à notre hauteur. Il entraîne actuellement Judicaëlle et une autre fille, qui combattent dans le ring.
— As-tu déjà fait de la boxe auparavant ? demande-t-il à Blanche-Neige.
Celle secoue négativement la tête.
— Dans ce cas, tu ne touches ni aux sacs de frappe ni au matériel de boxe. Vas là-bas avec les autres meufs.
Il désigne les appareils cardiovasculaires où quelques femmes font semblant de s'entraîner. L'une d'entre elles parle sur son téléphone et une autre contemple ses ongles.
Thor se tourne ensuite vers moi et m'adresse un petit sourire.
— Ravi de te revoir à nouveau parmi nous, Jonas. Comme ces traîtres l'ont mentionné, l'atmosphère n'est pas aussi plaisante quand tu n'es pas là.
Je hoche la tête, réjoui que l'on se soucie de moi.
Thor a toutefois reporté son attention sur le combat.
— Chérie, s'écrie-t-il, ne reste pas dans le coin, sinon elle va te défoncer. Esquive, fais un pas chassé de côté, puis tire-toi de là.
La jeune femme s'exécute et je remarque qu'elle s'est grandement améliorée ces dernières semaines.
— Wow ! m'exclamé-je. Judicaëlle est drôlement douée.
— Je sais, répond-il avec fierté. Elle est parfaite.
Jamais je n'aurais imaginé que Thor se laisserait prendre dans les chaînes de l'amour. Comme quoi tout le monde peut changer.
Blanche-Neige s'est dirigée vers le tapis roulant pendant que Thor et moi conversions et elle est déjà en train de marcher.
— Est-elle prête mentalement pour ce soir ? me demande Thor à voix basse.
— Qu'en penses-tu ?
— Je crois que cette meuf ne sait pas dans quoi elle s'est embarquée.
Je le crois également. Aucun retour en arrière possible. Elle est désormais confrontée aux Midnight Demons. Soit elle continue de s'opposer à nous, soit elle accepte finalement le fait qu'elle ne pourra pas partir aussi facilement.
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