Hated Love-TOME 3-Chapitre 11

June

Je tremble d'indignation, de colère et d'affliction. La réaction de Gabin à mon égard m'a abattue aussi sûrement qu'une balle de revolver. Je me suis sentie comme la pire des merdes. Comment pourrais-je faire du mal à un bébé ? Malgré mon profond dégoût pour ce club de bikers, jamais il ne me serait venu à l'idée de m'attaquer à des enfants.

Audélie a déposé le bébé à côté de moi et il s'est agrippé à moi, alors je l'ai assis sur mes genoux. Je ne connais pas grand-chose aux enfants, mais il était si mignon avec son petit sourire que je suis tombée en pamoison devant ce petit homme.

J'observe mon reflet dans le miroir en essayant de reprendre contenance. J'ai si honte que j'ai envie de rester dans cette salle de bain toute ma vie. D'ailleurs, elle est vraiment bien décorée. Un grand bain sur pattes est situé devant une haute fenêtre donnant sur splendide vue de la forêt. Les murs de bois accompagnent le style de la maison et le plancher en ardoise donne du cachet à la pièce. Une immense douche à l'italienne complète la salle de bain. Je me cramponne au meuble-lavabo en essayant de reconnaître la fille qui me fait face. Ses yeux rouges prouvent qu'elle est sur le point de craquer et ses lèvres tremblotent.

« Reprends-toi » me dis-je à moi-même.

Je ne veux pas qu'on s'aperçoive de mon état d'anéantissement. Personne.

Un coup à la porte me fait sursauter. Merde ! J'ai encore besoin de quelques minutes pour me remettre de mes émotions.

— June ! m'appelle Jonas à travers la porte.

— Quoi ! m'écrié-je. J'aimerais faire pipi en paix !

— Euh...je sais que tu es juste de l'autre côté de la porte, alors ouvre-moi.

Je pousse un long soupir, m'asperge le visage d'un peu d'eau froide pour faire dégonfler mes yeux, puis m'éponge le visage à l'aide d'un gant de bain. Je n'ai pas l'air dans mon assiette, mais de toute façon, ce n'est pas nouveau.

Je déverrouille la porte et y découvre Jonas, qui m'attend patiemment.

— Tu n'es pas obligée de faire le chien de garde, l'apostrophé-je. Je n'irai nulle part.

— Je voulais juste m'assurer que tu allais bien.

J'éclate d'un rire forcé.

— Ne me fais pas croire que tu te soucies un tant soit peu de moi. Tu veux seulement te montrer avenant pour que je travaille pour vous. Et la réponse est non.

Mon téléphone portable apparait soudain dans sa main.

— On va faire un deal, d'accord ? me propose-t-il. Une petite soirée de travail en échange de ça.

Je cligne des yeux, stupéfaite.

— C'est une blague ?

— Non, je suis sérieux. Il faut juste te montrer souriante, faire de sublimes cocktails, décapsuler des bouteilles de bière et le tour sera joué. Tu pourras récupérer ton petit bijou.

Au moins, si je suis en possession de mon portable, je pourrai appeler Alicia ou un taxi en cas de besoin. Et je pourrai peut-être parler à Nate. Il doit se faire un sang d'encre à mon sujet.

— D'accord, abdiqué-je finalement.

— Parfait, alors marché conclus. Je te le redonnerai lorsque ta soirée de travail sera terminée.

J'aurais dû me douter que je ne le récupérerais pas tout de suite.

— Et, en passant, ne porte pas attention à Gabin, rajoute-t-il. Il peut avoir des gestes irréfléchis de temps à autres, mais c'est un bon gars.

Je lâche un petit soupir dédaigneux.

— Ce type est détestable, précisé-je.

— Seulement avec ceux qu'il ne connait pas. Je suis certain que lorsqu'il verra qui tu es vraiment, il changera d'avis sur toi.

— Et qui crois-tu que je sois, Jonas ? Tu ne me connais même pas.

Il sourit malicieusement.

— Alors, montre-moi ta vraie personnalité, Blanche-Neige, et non celle que tu t'évertues à adopter. Ta facette de princesse vengeresse ne m'impressionne pas.

Je croise mes bras sur ma poitrine d'un air courroucé.

— Que ce soit clair entre nous, Jonas, commencé-je. Je te hais et, ça, ça ne changera jamais, peu importe ta façon d'agir avec moi. Alors, arrête de faire semblant d'être sympa, parce que ça ne sert à rien.

Il ne répond pas et continue de me fixer comme si j'étais une petite créature étrange.

— En fait, je ne fais pas « semblant », comme tu dis. Je suis un mec naturellement sociable et humoristique. J'ai eu mon lot d'épreuves dans la vie et je les ai toutes surmontées. Néanmoins, l'une d'elles a été plus difficile que les autres et je suis passé par une période très sombre. Et sais-tu ce qui m'a aidé à réaliser que j'étais au fond du trou ?

Je secoue la tête.

— Toi, ajoute-t-il en faisant deux pas vers moi. Lorsque je t'ai aperçue, hantée par un désespoir évident, j'ai eu l'impression de voir mon reflet dans le miroir.

Je déglutis, mutine. Je savais qu'il était en proie à une profonde dépression pour l'avoir suivi pendant des mois. Cependant, ne le connaissant pas, je croyais qu'il était toujours ainsi.

— C'est tout de même drôle, ricane-t-il, que mes potes n'aient été capables de rien pour moi tandis que toi, tu ne cherchais clairement pas à m'aider, mais tu m'as quand même fait sortir de cet état léthargique. J'ai alors réalisé que je n'étais pas le seul à avoir besoin d'être épaulé.

— Je n'ai pas besoin d'aide, réfuté-je d'une voix grinçante.

— Je me disais la même chose durant ma dépression. J'ai refusé de parler à mes potes et je me suis enfoncé de plus en plus dans mes idées noires. Je ne dis pas que j'en suis complètement sorti, mais depuis que tu m'as fait comprendre que l'horloge de notre vie peut s'arrêter à tout moment, j'ai décidé de renouer avec mon job et mes frères et d'arrêter les regrets.

— Bravo, raillé-je. Contente pour toi que tu ailles mieux, mais laisse-moi passer, maintenant.

Il se décale pour me laisser la voie libre, mais alors que je passe à côté de lui, il me retient par le bras et se penche vers moi. Je ne peux m'empêcher de détailler la courte barbe qui auréole ses lèvres ourlées. Des frissons parcourent mon bras à l'endroit où ses doigts touchent ma peau sensible. Il ne le serre pas, mais sa poigne est directe et je devine qu'il ne me lâchera pas avant de s'être exprimé.

— Je t'avais prévenue lors de notre première rencontre, tu te souviens ? me dit-il alors. La prochaine fois, écoute mes conseils, June, parce que je ne suis peut-être pas rancunier, mais certains de mes frères le sont.

C'est clairement un avertissement.

Je me dégage d'un mouvement brusque et rétorque :

— Ils ne me font pas peur. Contrairement à toi, je ne m'enferme pas chez moi avec mon chat pour échapper aux conséquences de mes actes et j'assume.

Je m'éloigne de lui dans me retourner. Je l'entends cependant répondre :

— Je n'ai même pas de chat.

Pourtant, j'en ai aperçu un. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'il est toujours vivant.

Je retourne dans le salon où Maisie s'est jointe au groupe. Je crois qu'elle a laissé tomber le gâteau. Je ne peux malheureusement pas la juger puisque je suis nulle en pâtisserie. Je préfère acheter mes beignets dans une pâtisserie et les déguster en regardant une de mes séries favorites. Alicia se plaint tout le temps lorsqu'elle trouve des miettes sur le canapé.

Gabin a déserté les lieux, à mon grand soulagement. Jonas, lui, nous rejoint quelques minutes plus tard.

— Nous partons, annonce-t-il. On va me livrer mon aquarium ce soir et je dois installer mes poissons dedans avant qu'ils ne crèvent tous dans mon bain.

— Pas de problème. À quelle heure comptez-vous arriver, demain ? questionne la jeune maman. La terrasse ouvre vers dix-neuf heures, mais il va falloir expliquer à June comment nous fonctionnons.

— Vers dix-huit heures, ça te va ? propose Jonas.

— C'est parfait. Gregory a créé l'événement sur Facebook et soixante personnes ont confirmé qu'elles viendraient. Judicaëlle aidera June au service et j'accueillerai les gens avec Gabin.

— Je pourrai également vous aider, lui offre Jonas.

— Tu en es sûr ? Après tout, tu es en vacances...

— Pas de problème, j'aime bien ce genre de soirée. Ça change du travail coutumier.

Elle hoche la tête, puis nous saluons la maisonnée et retournons chez Jonas. Je dois avouer que je suis très surprise par l'accueil de Maisie. Cette fille semble vraiment à l'opposée de son mari, c'est-à-dire aimable et charmante. Et, surtout, elle ne porte par de jugement à mon encontre.

Je me promets qu'un jour, je vais m'excuser d'avoir ruiné son mariage.

En arrivant chez Jonas, ce dernier sort du pain et du jambon et entreprend de nous préparer un lunch. Je l'observe et remarque qu'il se déplace avec une agilité qui me surprend. Ce type a aussi beaucoup de dextérité. Il lance la poivrière dans les airs et la rattrape aisément. Je suis soufflée. Il devait être flair bartender dans une autre vie.

L'aquarium qu'il a acheté plus tôt en journée arrive finalement et c'est comme si je n'existais plus. Le biker s'applique à positionner chaque petite roche correctement, les décorations, les plantes aquatiques et, finalement, ses poissons chéris.

Je reste en retrait, assise sur le canapé, et l'observe manipuler avec soin ses animaux aquatiques. Il est tendre avec eux. Il leur parle, bien que je ne comprenne pas un strict mot de son baragouinage. Je me demande s'il se comporte ainsi avec ses petites amies. Il a l'air d'un mec prévenant qui porte attention aux autres...plus qu'à lui-même.

— Voilà ! Habituellement, je devrais attendre 3 à 4 semaines avant d'introduire les poissons, me dit Jonas en s'intéressant enfin à moi, mais ils risquent de tous mourir dans ma baignoire, alors je prends le risque. Croisons-nous les doigts.

Je m'en fiche pas mal de ses poissons, mais je hoche seulement la tête d'un air désintéressé.

— Sinon, ça fait longtemps que tu es barmaid ? me demande-t-il en s'installant lui aussi sur le canapé.

Il laisse une bonne distance entre nous, à mon grand soulagement. Depuis notre première rencontre très...intense, je suis mal à l'aise lorsqu'il est à proximité de moi. Je me remémore sans cesse cet épisode où j'ai détruit son tee-shirt et le rouge me monte aux joues.

Je tourne lentement la tête vers lui en haussant un sourcil. Puis, je lui lance avec hargne :

— Tu veux me faire passer un test d'embauche ou quoi ? Et en passant, on dit « mixologue ».

— Tout doux, répond-il en levant les mains comme s'il voulait me démontrer qu'il est inoffensif. Je ne fais que m'informer.

— Et à quoi cela va-t-il te servir de connaître cette information ?

Il hausse les épaules.

— C'était simplement pour être poli, mais si tu préfères qu'on reste assis en silence, c'est ton choix.

Sur ce, il ouvre la télévision, zappe quelques chaînes, puis s'arrête sur les nouvelles télévisées.

— Tu ne vas tout de même pas regarder ça ? lui balancé-je.

— Oui, pourquoi ?

— Parce que c'est emmerdant. Tu ne pourrais pas mettre un film ou une série à la place ? Tout mais pas ça !

— C'est bien de se tenir informé, me dit-il.

Je lâche un long soupir.

— Moi, ça me fait déprimer, lui avoué-je. C'est très rare qu'ils annoncent des bonnes nouvelles. Ils parlent seulement de politique et d'accidents.

— Au moins, c'est instructif, pas comme les séries télévisées.

— Elles divertissent, insisté-je.

Puis, je marmonne pour moi-même :

— Pas étonnant que tu aies sombré dans la dépression.

— Répète ça, me lance Jonas et se redressant.

Oups ! Il semble avoir entendu mon dernier commentaire.

— Rien, m'empressé-je de répondre.

— Dis donc, Blanche-Neige, tu as l'air d'avoir une idée bien arrêtée de moi. Je serais curieux de connaître tes pensées.

Jonas se rassoit mais, cette fois-ci, plus près de moi que tout à l'heure. Et il me fixe d'un air insistant, en attendant que je réponde.

— Je t'ai suivi pendant des mois et ta vie parait vraiment ennuyante, lui expliqué-je

— Pendant des mois, hein ? répète-t-il en se frottant la barbe.

Mon intention n'était pas de lui dévoiler que je l'avais espionné.

— J'ignorais que tu étais aussi impliquée dans cette mission vengeresse. Et pour répondre à ta question, ma vie est loin d'être barbante. Je fais de la boxe dans mes temps libres et j'adore me promener en moto. Je vois souvent mes frères et nous prenons une petite bière ensemble les weekends.

— Pas d'après ce que j'ai vu.

— Et qu'as-tu vu, au juste ?

— Tu ne veux pas le savoir.

En réalité, je n'ai pas envie de me remémorer ces derniers mois où seule l'idée de vengeance m'aidait à me lever chaque matin. J'avais un but précis en tête et cet homme m'obnubilait.

Afin d'échapper à cette conversation étrange, j'entreprends de me lever, mais Jonas pose sa main sur mon genou, m'empêchant de faire un geste.

— Je veux savoir ce que tu as vu pendant que tu m'espionnais.

L'homme habituellement chaleureux et désinvolte parait très sérieux en cet instant. Je baisse le regard sur sa main, qui dégage une chaleur surprenante.

— Retire ta main de là sinon tu ne pourras plus jamais t'en servir, le menacé-je.

Le biker pouffe, mais s'exécute tout en disant :

— Es-tu aussi sauvage avec tous ceux qui te touchent ?

— Ce n'est pas de tes oignons, marmonné-je, mal à l'aise par la tournure de la conversation.

— J'ose espérer que non, sinon ça doit être un sport extrême de coucher avec toi.

Je m'empourpre, mal à l'aise. En fait, je ne me suis jamais posé la question de savoir comme se déroulerait ma première relation sexuelle puisque je n'étais pas intéressée par qui que ce soit. Toutefois, de drôles d'images cheminent dans ma tête suite aux propos du biker. Je me demande comme ce serait, avec lui. S'il prendrait une voix rauque et sensuelle, s'il songerait à mon plaisir ou si il aime utiliser la langue.

Je secoue la tête afin de chasser ces pensées. Merde ! Je dois me reprendre. Je me recule donc afin de mettre le plus de distance entre nous.

— Ça ne te regarde pas, lui dis-je sèchement.

Je crois voir une lueur traverser son regard, mais elle disparait en un clignement d'yeux.

— D'accord, mais je veux savoir ce que tu as aperçu de moi lorsque tu m'as pisté.

Et moi qui croyais qu'il avait abandonné le sujet ! Je suis embarrassée de lui révéler que je l'observais avec des longues-vues à travers sa fenêtre.

— Lorsque je suis arrivée dans cette ville, je me suis informée sur les Midnight Demons. Tout le monde semblait vous connaître, alors on m'a vite mise au courant de vos activités. Une semaine plus tard, je t'ai repéré à la sortie de ton travail, alors je t'ai suivi jusqu'au bar où tu habitais. Je pensais t'y trouver.

Il lâche un petit rire amusé.

— Tu n'as pas dû m'y voir.

— Non. Je savais que tu habitais en haut, mais la bâtisse était trop bien surveillée. Je me suis donc trouvé un endroit où dormir et j'y suis retournée le lendemain. J'ai effectué cette routine pendant presque deux mois. Je stationnais ma moto devant la brasserie et attendais que tu en ressortes.

— Pourquoi ne m'as-tu pas tué avant ? me demande-t-il.

Je hausse les épaules.

— Au début, je n'étais pas certaine que tu étais la personne que je recherchais.

— Et comment as-tu fais pour le découvrir ?

— Euh...Nate m'a dit que tu avais un sticker bien particulier sur ta moto...un trident. Alors, une nuit, j'ai examiné toutes les bécanes stationnées dans la rue et j'ai attendu que son propriétaire se montre. C'était toi. La semaine d'après, tu déménageais et tu étais toujours entouré des tiens, alors le moment ne s'est jamais présenté.

— Je vois...

— J'ai continué à t'épier à travers ta fenêtre. J'en suis venue à connaître ta routine par cœur. Tu te levais, buvais un café, regardais la télévision, buvait un autre café, et répétais sans cesse ce rituel. Tu mangeais de temps à autre des chips ou un bol de soupe en conserve, mais jamais tu ne cuisinais. Puis, tu te lavais vers vingt-deux-heures et te couchais finalement. Tu n'es pas retourné travailler depuis ton emménagement.

Il cligne des yeux, surpris que j'en sache autant sur ses habitudes.

— Est-ce que tu jouais les voyeuses lorsque je me douchais ? me demande-t-il subitement.

— Bien sûr que non, m'indigné-je. Je n'ai jamais été intéressée par ça.

Il hausse un sourcil.

— Par ça ? répète-t-il. Tu n'apprécies pas les attributs masculins ?

Merde ! Pourquoi prend-il cette conversation aussi sérieusement ?

— Je n'ai pas dit ça, me défends-je. Tout ce que je voulais, c'était te buter, alors je me fichais pas mal de ton corps ou de ton organe malgré sa taille imposante.

Petit mensonge puisque je dois avouer que j'ai bavé plus d'une fois lorsqu'il se promenait nu dans sa maison. Ce type est un vrai Apollon.

— Comment connais-tu sa taille, alors ? Tu as bien dit « imposante », non ?

Mes joues virent cramoisies. Bon, j'ai peut-être admiré quelques fois ses fesses et peut-être une ou deux fois son sexe. Mais je n'ai pas fait exprès.

Jonas ne semble point indigné, plutôt amusé. Je suis sûre qu'il jubile devant ma honte manifeste.

— On a beau se comporter comme deux inconnus, il y a un point qui est incontestable, me dit-il.

— Lequel ?

— Tu es celle qui m'a le mieux cerné ces dernières semaines.

Sur cet étrange commentaire, il met un documentaire sur...les baleines.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top