Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 33
Judicaëlle
J'ai encore de la difficulté à réaliser que Thor et ses potes m'ont sauvée des griffes de Dominique et que ce dernier est mort.
Je serre Thor tout contre moi ; qu'est-ce que ça fait du bien d'être à proximité de lui ! Durant le trajet en voiture jusqu'au gros bateau, je ne cessais de songer à tout ce que j'aurais aimé lui dire. Toutefois, maintenant qu'il est vraiment là, je ne pense qu'à l'enlacer jusqu'à...
Thor chancelle tout à coup et se retient sur moi.
— Qu'est-ce que tu as ? lui demandé-je, inquiète.
Puis, je me souviens du coup qu'un des mafieux lui a porté. Était-ce grave ?
Lorsque j'aperçois son blouson imbibé de sang, je réalise que oui. Comment a-t-il fait pour parvenir jusqu'ici dans cet état ?
— Jonas ! Viens vite ! m'écrié-je alors que j'essaie de soutenir mon copain pour ne pas qu'il s'effondre.
Le biker accourt vers moi et m'aide alors que Thor faiblit à vue d'œil.
— Il lui faut une ambulance au plus vite. Il a perdu trop de sang.
Thor est blême et j'angoisse à l'idée qu'il pourrait mourir par ma faute.
— Ouf ! s'exclame Jonas. Il fait son poids.
Mon copain grogne, mais est incapable de parler.
— Aide-moi à l'allonger contre le bastingage. Voilà. Surveille-le pendant que je contacte les secours.
Il me laisse seule avec mon amoureux et je vois le bateau changer de cap. Nous faisons demi-tour, mais à une vitesse de tortue.
— Tiens bon, dis-je à mon amoureux.
Lorsque le bateau accoste, les secours nous attendent. Les ambulanciers placent Thor sur une civière et se mettent en route pour l'hôpital. Vicky y est également conduite pour soigner son traumatisme.
Gabin et les bikers me saluent, bien que je sente une légère froideur. Ils doivent m'en vouloir d'avoir mis en danger la vie de leur frère.
Nous nous dirigeons vers l'hôpital où toute ma famille y a été conduite. Nous patientons pendant des heures dans la salle d'attente. Seul Gabin a été autorisé à l'urgence. Les autres ont dû attendre à l'extérieur de l'hôpital. Ma mère nous tient également compagnie et j'ai dû lui raconter l'histoire au complet pendant que nous attendions des nouvelles de mon copain.
— Je comprends mieux maintenant la raison de ton départ, me dit-elle. Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ?
— Je ne voulais pas vous mettre en danger.
Elle pince les lèvres et je devine ses pensées : ça n'a pas fonctionné puisqu'ils ont tout de même été blessés.
— Maintenant que tout est réglé, j'espère que tu vas revenir, ajoute-t-elle.
Je m'abstiens de lui répondre que ma vie est désormais ailleurs. J'ai trouvé un endroit où je peux m'épanouir et où j'ai de vrais amis. J'adore mon job, encore plus que celui au verger et, depuis qu'on m'a initiée au motocyclisme, je ressens une passion nouvelle pour ce loisir qui m'apporte liberté et sérénité. Et c'est sans compter un coach de boxe intransigeant et obstiné qui m'a appris à donner le meilleur de moi-même et à me défendre.
— Je repars, annoncé-je à ma mère, mais pas sans mon copain.
Quelques heures plus tard, un médecin vient nous annoncer que Thor est hors de danger. J'en suis tellement soulagée que j'en pleure. Je n'aurais pu envisager de le perdre. Thor est devenu mon pilier.
On a dû lui faire une transfusion de sang et il va rester faible pendant un certain temps, mais sa blessure a été refermée à l'aide de points de suture et il pourra se remettre à boxer lorsqu'elle sera complètement guérie, en faisant toutefois attention.
Gabin part annoncer la nouvelle à ses frères tandis que ma mère et moi allons nous coucher chez elle. Mon père reste à l'hôpital jusqu'à ce qu'on l'autorise à sortir.
Je dois avouer que les jours suivants sont loin d'être plaisants. Thor se réveille le lendemain et fait la gueule puisqu'il n'apprécie pas de devoir rester au repos forcé. Hors de question qu'il reprenne la route en moto, alors nous devons séjourner une bonne semaine en ville. Les Midnight Demons repartent, quant à eux, après s'être assuré que Thor était entre de bonnes mains.
Quant à mon frère, quelques jours après l'incident, Vicky demande le divorce, alors il m'accuse d'être la cause de sa rupture. Cependant, ma mère m'a dit que sa relation battait de l'aile depuis un moment déjà. Vicky voulait tout décider dans la compagnie et Patrice n'était pas d'accord avec ses projets. Par contre, cet incident a sûrement été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En tout cas, maman m'a assuré que le seul coupable était mon ex-copain atteint de folie.
Patrice me supplie par la suite de l'aider au verger, mais je refuse poliment.
— Nous pourrions redonner à la pommeraie son charme d'antan, me dit-il. J'ai besoin de toi. Tu as toujours de bonnes idées et tu maîtrises parfaitement le service à la clientèle.
— Désolé, Patrice, mais ma vie est ailleurs, désormais. Fais-toi confiance. Je suis certaine que tu réussiras seul.
— C'est Vicky qui s'occupait des relations inter-clients, chiale-t-il.
— Et regarde ce que ça a donné ! Vous avez fermé le verger au public. Papa a travaillé pendant quarante ans afin de rendre cet endroit magique et en moins d'un an, vous l'avez détruit. Désolée de te le dire, mais Vicky ne t'a clairement pas aidé.
Il ne prend pas bien mon commentaire, même s'il sait que j'ai raison.
— Demande à papa et à maman de te donner des conseils, lui ai-je répondu. Ils en seront enchantés. Je crois qu'ils s'ennuient de leur ancien verger. Fais-toi confiance et, par pitié, change le nom. C'est trop naze !
Je crois qu'il a suivi mes recommandations puisque, lorsque papa a obtenu son congé de l'hôpital, il s'est empressé de l'aider à rebâtir son empire dans le monde de la pomiculture.
Il ne reste plus que mon cher boxeur à l'hôpital. Je passe mes journées entières avec lui et nous discutons plus que jamais. J'apprends à le connaître davantage et en apprends plus sur son passé. Pourtant, aujourd'hui, il n'est pas de bonne humeur lorsque j'entre dans sa chambre. Sa blessure le démange et il gigote. Il n'est pas habitué à rester allongé dans un lit aussi longtemps. Si tout va bien, il pourra s'en aller dans deux jours.
— Enfin, grogne-t-il alors que j'entre dans la chambre.
Je ne réponds rien et m'assois à côté de lui.
— Si j'avais su que ton enfoiré d'ex faisait partie d'un club 1%, je t'aurais ramenée à la maison en moins de deux, me dit-il. Ces types sont des pourritures.
Je comprends pourquoi il est furieux ; il m'en veut de lui avoir caché cette information.
— Je voulais laisser le passé derrière moi, lui expliqué-je.
— Ou bien tu avais peur que je te rejette. Je me trompe ?
Je tressaille et il comprend qu'il a raison.
— Comment t'es-tu retrouvée parmi eux ?
— J'ai été naïve de croire en l'amour, réponds-je, dépitée. J'ai cru qu'il m'aimait, mais lorsqu'il a révélé son vrai visage, il était trop tard. Dominique avait emménagé chez moi et je ne pouvais plus rien faire pour me sortir de cette situation, à part fuir.
— Je vois...Ce genre de racaille n'a aucun honneur. S'en prendre à de pauvres filles sans défense pour les rentrer dans leur réseau de prostitution.
J'ai honte de l'avouer, mais c'est exactement cela.
— Au moins, maintenant, tout est réglé, annoncé-je. Dominique ne pourra plus nous nuire.
Thor me fixe comme si j'avais dit une bêtise.
— Chérie, Jonas s'est mis dans la merde afin de nous sauver. Le gang de ton ex voudra lui régler personnellement son compte à titre de vengeance.
J'écarquille les yeux, catastrophée.
— Oh mon Dieu ! Que pourrons-nous faire ?
— Rien pour l'instant. Il faut seulement rester sur nos gardes au cas où ils tenteraient quelque chose.
— Ce qui veut dire ?
Il m'attrape par la taille et me rapproche de lui afin que je m'allonge à ses côtés.
— Ce qui veut dire que je ne te perdrai plus de vue. Tu es peut-être toi aussi en danger, bien que ça m'étonnerait qu'ils portent une grande attention à une femme. C'était seulement Dominique qui t'en voulait puisque tu l'avais fui. Toutefois, Jonas est devenu un ennemi pour eux.
— Je suis désolée. Tout est de ma faute.
— Absolument pas. Jonas n'a pas eu d'autre choix que de tirer sur cette pourriture. Ce dernier n'a eu que ce qu'il méritait !
Au même moment, une jolie infirmière entre dans la chambre en souriant à Thor.
— Bonjour, Monsieur Cinq-Mars, je vous apporte votre déjeuner. Je devrai également refaire votre pansement après votre repas.
Mon copain la remercie tandis qu'elle sort de la chambre. Je l'observe silencieusement entamer les poitrines de poulet farcies aux asperges qu'elle lui a apporté.
— Dis donc ! Les infirmières offrent-elles de si bons repas à tous les patients ou es-tu privilégié ?
— Jalouse ? fait Thor, la bouche pleine.
— Je me demandais seulement si elles étaient tombées sous ton charme.
— Que veux-tu ? Elles aiment probablement les hommes musclés.
Je lui jette un regard noir auquel il répond par un sourire taquin.
— Préfèrerais-tu que je te laisse en leur charmante compagnie ? lui lancé-je en me levant, remontée.
— Je m'ennuierais beaucoup trop puisqu'elles ne sont pas aussi chiantes que toi, répond-il.
J'ai la soudaine envie de le frapper. Tiens ! J'ai une meilleure idée...
— Je veux faire des combats de boxe, lui annoncé-je tout à coup.
Thor, qui était en train de boire une gorgée d'eau, la recrache au moment où je lui sorts ces mots. Je jubile ; les infirmières vont le trouver un peu moins attirant avec sa barbe dégoulinante d'eau.
— Tu peux répéter, s'il te plaît ?
Je lève les yeux au ciel.
— À cause de ce qui s'est passé avec Dominique, j'ai réalisé que c'était important de savoir se défendre, lui expliqué-je.
— Je pourrais te donner des cours d'auto-défense, répond-il. Tu ne seras pas obligée de devoir te battre avec autrui.
— C'est que...
Je suis un peu gênée de lui confier le fond de ma pensée.
— J'ai aimé combattre, lui avoué-je, et j'ai apprécié l'adrénaline que j'ai ressentie à ce moment-là, mélangée à une certaine excitation face à l'incertitude du dénouement. Allais-je vaincre mon adversaire ? Allait-il répliquer lui aussi ? Pouvais-je anticiper son coup ? Je sais que je dois paraître stupide, mais j'ai envie de me battre à nouveau.
Thor me fixe en silence.
— Chérie, tes paroles expriment exactement la façon dont je me sens lorsque je me boxe !
— Et le son qu'a fait sa joue lorsque je l'ai percuté ! m'exclamé-je, fière de moi. J'étais tellement fébrile d'être parvenue à l'atteindre.
— Arrête, m'intime Thor, tu parles d'une façon si passionnée que je suis sur le point d'avoir une grosse érection. Ma nana qui parle sérieusement de boxe...il n'y a rien de plus excitant. Et en plus, je n'ai jamais fait l'amour dans un lit d'hôpital, auparavant.
— Espèce d'obsédé !
— C'est toi qui m'obsèdes.
Ses paroles me font plaisir, bien que ce ne soit ni l'endroit ni le moment pour ce genre de rapprochement. Je décide à mon tour de le provoquer.
— Et si je décidais de rester dans cette ville, que ferais-tu ?
Il grogne, mécontent.
— Je pourrais t'enlever et t'attacher sur ma moto pour te ramener avec moi. Mais je sais que ce ne sera pas nécessaire puisque j'ai entendu ta conversation avec ton frère et ton désir de repartir.
— Tu m'as espionnée ?
— Chérie, vous parliez si fort que tout l'étage a entendu votre échange. Plus sérieusement, je dois avouer que j'ai craint que tu ne veuilles travailler à nouveau au verger. Je pensais que tu aimais ce job...
— Le job, oui, mais je déteste travailler avec mon frère. Nos opinions divergent trop.
Thor hoche la tête, signe qu'il comprend mon point de vue. Une sonnerie me fait soudainement sursauter et je me rends compte que mon copain vient de recevoir un message. Il le lit, puis m'annonce :
— Les Midnight Demons ont commencé la construction de la terrasse de la brasserie en vue du mariage de Gabin et de Maisie.
— Oh ! Je suppose que je devrai aider Maisie avec l'organisation de cet événement en revenant à la maison.
— Certainement, mais c'est moi qui occuperai tous tes temps libres, me certifie-t-il en me faisant un clin d'œil.
L'infirmière revient quelques minutes plus tard et nous devons changer de sujet discussion.
Deux jours plus tard, Thor obtient enfin son congé de l'hôpital. Nous allons dire au revoir à ma famille, restons à dîner sous les suppliques de ma mère, puis quittons mon village natal.
— Prête ? s'enquiert Thor alors que nous enfourchons nos motos.
— Prête pour quoi ?
— Pour notre avenir, chérie.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top