Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 32


Thor

J'aimerais bien avouer que je me suis déjà retrouvé dans des situations bien pires que celles-là, mais je mentirais. Être suspendu tête en bas à un arbre est une première fois pour moi. Le pire reste pourtant ma blessure à l'abdomen. Le cri de Judicaëlle m'a déstabilisé et l'enfoiré en a profité pour me porter ce coup perfide. Ma blessure brûle et le sang goutte sur le gazon. Si je reste ainsi, je serai mort avant que le frère de ma copine se réveille. Ce dernier est toujours inconscient.

— Hey ! m'écrié-je à son encontre, mais il ne bronche pas.

Ils ont dû s'acharner sur lui. J'essaie d'atteindre mes pieds, mais ma blessure m'en empêche. Je ne me décourage pas pour autant. Je décide de me balancer au bout de la corde. Si j'arrive à toucher le tronc de l'arbre et à m'y agripper, je parviendrai peut-être à me hisser...

Après de nombreux efforts infructueux, je laisse tomber. Puis, je réalise que mon portable est dans la poche de mon jeans. Quel idiot ! Je le saisis en prenant soin de ne pas l'échapper et compose le premier numéro qui me vient à l'esprit.

Les sonneries se succèdent, mais personne ne répond.

— Merde, grogné-je.

J'essaie un autre numéro, mais toujours pas de réponse. Mes potes se trouvent probablement sur la route en ce moment. Pas de bol !

Pendant que je me demande comment je vais me sortir de cette situation, j'entends tout à coup des grondements de moto. Puis, une cinquantaine de bécanes apparaissent dans le verger, avec, à leur tête, Gabin, alias le Coyote. Celui-ci se stationne en bas de mon arbre et me lance : « Besoin d'un coup de main, mon pote ? »

Les autres viennent l'aider et utilisent l'échelle que l'ex de Judicaëlle avait pris soin de ranger loin de moi. Jonas sort son portable et le dirige vers moi.

— Ça va être parfait pour le party de Noël, s'esclaffe-t-il.

Je grogne des menaces, mais je ne parais pas bien crédible à me balancer ainsi dans les airs.

Dix minutes plus tard, je suis à nouveau dans la position debout.

— Que faites-vous ici ? leur demandé-je.

— Je trouvais que cette histoire était louche, répond Gabin, alors j'ai décidé d'orienter notre road trip vers cette région. Je vois que j'ai bien fait... Et ce verger est le seul du coin, alors ça n'a pas été trop compliqué à trouver.

— Tu saignes, remarque Dave en pointant le sang sur ma veste.

Je jette un coup d'œil à ma blessure et réalise que ce n'est pas beau à voir. Ce connard l'a enfoncé plus profondément dans ma chair que je ne le croyais.

— Tu devrais aller à l'hôpital, me suggère Jonas.

— Pas question, refusé-je. Ils ont enlevé Judicaëlle. Nous devons la retrouver. Si j'ai bien compris, son ex trempe dans des affaires louches. Il a l'intention de l'intégrer à son réseau de prostitution.

— Putain ! s'exclame Gabin. Ces types doivent faire partie d'un groupe de motards lié au crime organisé.

Nous sommes tous choqués par cette nouvelle. Qu'est-ce Judicaëlle fichait avec cet homme ? Et pourquoi ne m'en a-t-elle jamais parlé ? Elle devait avoir une bonne raison, mais je croyais qu'elle serait honnête avec moi. Après tout, je lui ai révélé ce que j'étais auparavant.

— Je comprends mieux pourquoi elle a paniqué après avoir appris que nous formions un groupe de bikers, remarque Gabin. Elle a cru que nous étions comme eux. Un club de 1% qui fait du trafic de drogue et autre activités criminelles.

Ça a du sens.

— Hey ! s'exclame Gregory. Qui est ce type ?

Il pointe le frère de Judicaëlle, toujours dans les pommes.

— C'est le frangin de Judicaëlle, les informé-je.

— Ils l'ont assommé, le pauvre, fait Gabin en se penchant sur lui. Il n'a pas d'autre blessure à part une à la tête. Il va avoir une méchante prune. Dave ! Apporte-moi ton nouveau whisky. Celui qui te décape le gosier.

Je me demande pourquoi le biker traîne une bouteille de whisky avec lui, mais ne fais aucun commentaire.

Dave se penche sur Patrice, lui ouvre la bouche et lui verse l'alcool fort. Celui-ci se met à tousser et ouvre les yeux en grimaçant.

— Bon retour parmi nous, lui souhaite Gabin. Nous sommes des amis de ta sœur.

— Il va falloir que je lui glisse un mot sur le genre de personne avec qui elle traîne, rétorque le jeune homme après avoir retrouvé la voix.

— Tu parles de son enfoiré d'ex ? lui lancé-je, piqué.

— Entre autres...Qui êtes-vous ?

— Son nouveau petit ami, réponds-je en lui lançant un regard d'avertissement.

S'il ose m'insulter, je jure que je lui fais bouffer ses pommes. Pourtant, il ne dit rien, mais il pince les lèvres. Puis, il prend un air alarmé en jetant des regards autour de lui.

— Où est Vicky ? s'alarme-t-il.

— Ils ont dû l'emmenée, elle aussi. Mais où ?

Un mot me revient en mémoire.

— Ils ont parlé d'un bateau, m'écrié-je.

Puis, je me tourne vers le frère de ma copine qui a davantage l'air d'un citadin que d'un pomiculteur. Ses pantalons noirs et sa chemise, qui est d'ailleurs froissée, donne le ton sur le type d'homme qu'il est, c'est-à-dire, celui qui délègue. D'ailleurs, aime-t-il son job ? Je suis certain que Judicaëlle aurait su mieux exploiter cette entreprise que lui. Heureusement pour les Midnight Demons, son chemin l'a menée à nous.

— Y a-t-il un port dans les environs ? lui demande Gabin.

— Oui, mais c'est à une heure d'ici, répond le jeune entrepreneur.

— Dans ce cas, il n'y a pas une minute à perdre, annoncé-je. Oh ! Et en passant, tes parents sont à l'hôpital, ajouté-je. Tu devrais aller y faire un tour. Nous nous occupons de ramener ta femme et ta sœur.

Il hoche la tête et se dirige vers sa voiture. Judicaëlle et lui ne paraissent pas très proches l'un de l'autre. La preuve : il s'est inquiété pour sa femme, mais à peine pour sa sœur. Quel con, ce type ! Et dire qu'il va probablement devenir mon beau-frère.

— Tu devrais peut-être te rendre également à l'hôpital, me conseille Gabin. Tu perds beaucoup de sang. Il te faudra sans doute des points de suture.

— Pas avant d'avoir retrouvée Judicaëlle, insisté-je.

Il soupire :

— Comme tu voudras, mais ne perds pas connaissance sur ta moto.

Nous reprenons la route et roulons à toute allure. Il faut absolument rattraper ces malfrats avant qu'ils ne quittent le port. Les routes de gravier nous ralentissent un peu et la poussière ne tarde pas à recouvrir nos vestes.

Austin me pointe la mer qui se dessine au loin. Courage, Judicaëlle ! J'arrive. J'espère seulement qu'ils ne l'ont pas blessée, sinon ils vont regretter d'être nés.

Nous accélérons en espérant arriver à temps. Puis, je vois un gros cargo et, sur son pont arrière, un groupe d'hommes. Je distingue parmi eux deux silhouettes féminines. L'une d'elle se débat et je devine immédiatement son identité.

Je fais signe à Gabin de regarder dans cette direction et il hoche la tête. Mon cœur s'accélère lorsque je vois le bateau bouger. Merde ! Nous ne pourrons pas l'arrêter.

Loin d'abandonner, je me dirige droit vers le bateau, qui s'éloigne progressivement du quai. La route longe le fleuve et est légèrement plus élevée que lui, alors j'ai une vue sur ce qui se passe sur le pont. L'enfoiré de mafieux m'adresse un sourire et me fait un doigt d'honneur en croyant qu'il a gagné, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je ne les laisserai pas partir ainsi. Je suis un battant, et les battants n'abandonnent jamais.

Je poursuis le navire à partir de la terre ferme. J'aperçois dans mon rétroviseur Gabin, Austin, Dave et Jonas qui me suivent de près. Les autres se sont arrêtés au port et sont descendus de leurs motos. Hélas, ils ne pourront pas arrêter ce géant des mers même s'ils le voulaient. Il ne me reste qu'une dernière option et je suis prêt à risquer ma vie pour sauver celle qui a changé la mienne et avec qui j'ai passé si peu de temps jusqu'à présent.

J'accélère même lorsque j'aperçois l'extrémité de la route, qui s'arrête face au fleuve. Gabin me klaxonne, mais je continue ma poursuite. Je suis déterminé à réussir coûte que coûte à ramener Judicaëlle près de moi, même si je dois noyer ma moto dans l'étendue d'eau.

Alors que le chef des bikers s'arrête, j'appuie sur l'accélérateur. Je comprends qu'il ne veuille pas risquer sa vie puisque sa famille l'attend chez lui. De plus, il ne veut pas briser sa moto, à laquelle il tient comme à la prunelle de ses yeux.

Les secondes suivantes, mes roues rencontrent le vide et je pique vers l'eau, ou plutôt, vers le cargo juste sous moi. Il ne se passe qu'une fraction de seconde avant que ma moto n'atterrisse sur le pont du navire. Fraction de seconde où mon cœur s'est arrêté de battre sous l'adrénaline et l'appréhension. Les suspensions grincent, mais tiennent bon. Waouh ! C'était digne d'un film d'action. Je poursuis ma course jusqu'aux mafieux et renverse l'un d'eux au passage. Il passe par-dessus bord et tombe dans le fleuve. Et un de moins !

Le bateau n'est pas chargé, alors le passage est libre. Les hommes de Dominique lèvent leurs armes et les pointent sur moi, mais j'appuie sur les freins, effectuant un dérapage contrôlé en tournoyant autour d'eux. J'aperçois du coin de l'œil Dave, Austin et Jonas, qui m'ont suivi dans ma lancée. Ces mecs sont fous ! Un peu comme moi...

Ma petite amie a profité de leur distraction pour envoyer un coup de poing magistral à son enfoiré d'ex. Celui-ci vacille surpris, et se jette sur elle. Les deux tombent par terre et je débarque de ma moto afin d'aller porter main-forte à la jeune femme pendant que mes potes s'occupent des autres abrutis. Ils tournent autour du groupe sur leurs bécanes et leurs pneus créent un nuage de fumée dense qui empêche les mafieux de tirer sur eux. Ceux-ci toussent à cause de l'émanation malodorante du caoutchouc et s'entassent comme des sardines pour ne pas se faire rouler dessus.

— Espèce de petite pute ! crie Dominique à Judicaëlle, qui se défend habilement.

Elle évite agilement son coup de poing et je ne peux m'empêcher de ressentir un élan de fierté en la voyant se battre. Et dire que c'est moi qui l'ai entraînée. ! Toutefois, la fureur remplace vite ce sentiment en apercevant ce chien galeux essayer de faire du mal à ma copine.

Je le plaque par terre et lui envoie un coup de poing dans le ventre, puis un autre sous la mâchoire. Je le neutralise en moins de deux et me défoule sur lui. Je veux venger ma copine et lui faire regretter de l'avoir faite souffrir.

— Arrête, Thor, me dit Judicaëlle, tu vas le tuer. Il mérite de moisir en taule. Tu es le mieux placé pour savoir à quel point la prison peut être terrible.

Elle a raison. J'espère qu'il y restera jusqu'à la fin de ses jours. Avec les preuves flagrantes de tentative de meurtres que nous avons contre lui, ce sera probablement le cas.

Je le lâche, m'éloigne de lui et serre la jeune femme dans mes bras. Vicky, elle, s'est assise par terre, terrifiée, et pleure comme une enfant.

— Elle est traumatisée, me chuchote Judicaëlle. J'ignore ce qu'ils lui ont fait, mais je crois que ça l'affectera pour longtemps.

— Et toi, tu n'as rien ? interrogé-je en l'examinant.

Elle secoue la tête de gauche à droite.

— Ils avaient l'intention de me vendre à un réseau de prostitution, me répond-elle. Ils ont parlé pendant tout le trajet des infâmes individus qui m'achèteraient.

Elle grimace d'horreur.

Tout à coup, j'entends un fusil se charger et mon regard croise celui de Dominique, qui pointe son flingue droit sur nous. Judicaëlle se colle contre moi et je sens notre dernière heure venir. Je ferme les yeux et attends l'impact.

Un bruit assourdissant me prouve qu'il vient de presser sur la détente, néanmoins, je suis toujours vivant. Je fixe ma compagne, alarmé. Si ce n'est pas moi qui ai été touché, ça veut dire que c'est elle. Non !

La panique s'empare de moi, mais elle me dit alors :

— Je n'ai pas été blessée, Thor.

— Mais...fais-je en fronçant les sourcils.

Je lève la tête et aperçois alors l'ordure de mafieux par terre, baignant dans son propre sang. Il a reçu une balle entre les deux yeux. Qui a bien pu l'abattre ?

Lorsque mon regard croise celui de Jonas, qui tient un fusil dans ses mains, je comprends.

Mon frère de cœur vient de nous sauver la vie. Il se tient un peu plus loin et nous fixe avec détermination tandis que les quatre hommes de main de Dominique sont attachés et semblent tétanisés par la mort de leur chef. Dave s'assure qu'ils ne bronchent pas car s'ils pouvaient bougés, ils massacreraient certainement sans hésitation le meurtrier de Dominique.

— Merci, mon frère, dis-je à Jonas.

Celui-ci me fait un signe de la tête. Il faut être courageux pour tirer ainsi sur un homme et lui enlever la vie. Je suis sûr que, plus tard, il regrettera son acte...tout comme moi. Cet événement marque un individu pour le reste de sa vie, à moins qu'il n'ait pas toute sa tête.

— Son gang voudra venger sa mort, avertis-je Jonas.

— Qu'ils viennent, je les attends, me répond-il, la mâchoire contractée.

— NOUS les attendrons, le corrigé-je. N'oublie jamais que nous formons une grande famille et que nous nous entraidons toujours, peu importe la situation.

Un pour tous et tous pour un ! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top