Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 30

Thor

Après le travail, je me dépêche de retourner chez moi afin d'avoir une bonne conversation avec Judicaëlle. J'ai effectivement des sentiments pour elle, bien que je me sois juré de ne pas tomber dans les filets de l'amour. Néanmoins, cette fille est spéciale et je ne pourrais désormais plus vivre sans elle. Elle fait partie de ma vie et je dois lui avouer ce que j'éprouve pour elle.

J'arrive donc au club vers deux heures du matin. Elle doit être revenue. Je décide de la réveiller même si elle dort. Notre conversation ne peut plus attendre. J'allume donc la lumière en arrivant dans la chambre mais...elle n'est pas là. Étrange...Est-elle restée chez Lewis ? J'espère que non, sinon je jure que je tue cet enfoiré de mes propres mains.

Je m'approche du canapé et aperçois un papier sur la petite table de salon. Je le prends et mon pouls s'accélère lorsque je lis les trois mots qu'elle y a écrits.

— Putain ! m'écrié-je. Elle est partie.

Pourtant, ses effets personnels sont toujours dans les tiroirs de la petite commode, mais son sac à dos a disparu. Où a-t-elle bien pu aller ?

Je compose son numéro, mais elle ne répond pas. Je décide alors d'appeler Dave, qui doit encore travailler à cette heure. Il pourra me dire si elle est retournée au bar.

— Allô, hurle celui-ci dans le combiné.

La musique couvre presqu'entièrement sa voix.

— Où est ce connard ? interrogé-je.

— Il va falloir que tu sois plus précis, mec.

— Lewis, craché-je.

— Il est monté se coucher il y a une demi-heure. Pourquoi ?

— Judicaëlle n'est pas là.

— Pourtant, il est allé la porter et est revenu seul. Peut-être a-t-elle décidé de faire un tour ?

— Peut-être. ..

— Je dois te laisser, j'ai du travail Ciao !

Le fait de savoir qu'elle ne se trouve pas avec Lewis ne me rassure guère. Je réalise que sa moto n'est pas garée devant la bâtisse. Donc, elle est sortie en pleine nuit même si elle n'en avait pas le droit. Quelque chose cloche. Elle n'est pas aussi imprudente, d'habitude.

J'appelle donc Gabin. Peut-être s'est-elle rendue chez lui. Maisie et elle s'entendent bien. Peut-être qu'elle lui a dit où elle allait.

Le chef des bikers répond après plusieurs sonneries.

— Il est deux heures du matin, Thor ! s'écrie-t-il.

— Je sais, mais Judicaëlle a disparu.

— Disparu ?

— Ouais. Elle m'a écrit trois mots, sans information, ni rien.

— C'est bizarre. Elle est peut-être allée dormir au QG...

— J'en reviens et je ne l'ai pas croisée. Pourtant, j'ai fait le tour de la bâtisse avant de partir.

— Se serait-il passé quelque chose de spécial, ce soir ?

— Euh...Elle a réussi son examen de conduite de moto, puis nous nous sommes encore semi-disputés et elle a reçu un message de son ex-petit copain.

Je percute immédiatement ! Je suis sûr que sa disparition a un rapport avec lui. Serait-il venu la chercher ?

— Que lui a-t-il écrit ? me demande Gabin.

— Il la menaçait, d'après ce que j'ai compris, mais j'ai par la suite bloqué son numéro.

— Tu sais quoi, Thor ? Je crois qu'elle est retournée chez elle. Elle avait peut-être besoin de revoir ses parents ou même de discuter avec son ex.

— En pleine nuit ?

— Ça, c'était probablement pour te faire chier, mec. J'ai l'impression qu'elle t'en veut un peu, depuis quelques temps.

Il a probablement raison. Je n'ai pas toujours été correct avec elle.

— Passe-moi Maisie, lui ordonné-je alors.

— Quoi ?

— Je veux parler à ta copine.

— Elle dort, imbécile.

— Réveille-là, insisté-je. C'est elle qui a engagé Judicaëlle. Elle doit avoir son adresse quelque part.

— Tu es vraiment taré, marmonne-t-il.

Quelques minutes plus, tard, j'entends un « allô » ensommeillé.

— Maisie, c'est Thor. J'aurais besoin que tu me files l'adresse de Judicaëlle. Elle en a sans doute écrit une sur ses papiers.

— Thor, je ne peux révéler les renseignements personnels de mes employés...

— C'est ma petite amie, clamé-je, du moins, ce le sera lorsque j'aurai réglé certains points avec elle.

— Dans ce cas, laisse-moi une minute le temps de trouver les documents.

Elle me donne par la suite l'information et je lâche un juron.

— C'est à heures de route d'ici. Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ?

— Je ne le sais pas, mec, répond Gabin en reprenant le téléphone. Les meufs sont compliquées.

J'entends Maisie rouspéter derrière lui, ce qui me fait rigoler malgré la situation.

— Il ne me reste plus qu'à la rattraper, annoncé-je.

— As-tu besoin d'aide ? me demande Gabin. Nous devions partir demain pour notre randonnée annuelle, alors nous pourrions passer par là...

— Non, merci. Je ne serai peut-être pas revenu à temps pour le départ, alors allez-y sans moi. De toute façon, à mon retour, je crois que je voudrai me reposer.

— Profites-en pour changer d'air, me suggère-t-il. Tu ne fais que bosser depuis ta sortie de prison. Visite un peu le coin avant de revenir et profitez de votre petit séjour en amoureux.

Je grogne, ce qui le fait rire. J'ai décidément du mal à me faire à l'idée que je suis maintenant casé et, surtout, à une fille aussi sexy que compliquée.

— Je verrai en temps et lieu, réponds-je. Je pars immédiatement. J'écrirai un message sur la porte de la bâtisse pour annoncer que le gymnase est fermé.

— Pas de problème.

— Si je roule plus vite que d'habitude, il y peut-être une chance que je la rattrape.

— Fais tout de même attention.

— Ne t'inquiète pas, je respecterai les limites de vitesse...à peu près. Bonne nuit !

— Bonne route et si tu as des problèmes, fais-nous signe.

Je raccroche, prépare mon sac à dos pour les besoins du voyage ainsi que quelques collations, puis prends la route.

La nuit est calme et je ne croise pas beaucoup de véhicule. Tant mieux. Ça me permet de rouler plus vite. J'ignore si Judicaëlle est partie depuis longtemps, mais je suis certain qu'elle respecte la vitesse permise et peut-être va-t-elle même en-deçà. Il fait sombre et quelqu'un qui n'est pas habitué à conduire peut éprouver de la difficulté la nuit.

Trois heures plus tard, aucune trace de ma colocataire. Je dépasse les rares véhicules à toute allure et fais des stops à l'américaine. Pourtant, je n'ai pas sommeil. L'adrénaline me tient éveillé. Je songe à comment je vais parvenir à lui faire immobiliser sa motocyclette. Je ne ferai pas la même erreur que Gabin et ne la forcerai pas à freiner en me plaçant devant elle. J'espère seulement qu'elle coopèrera et je ne serai pas obligé de la pourchasser à travers le pays.

Alors que je suis perdu dans mes pensées, j'aperçois le feu arrière d'une moto. Mon cœur pulse dans ma poitrine en espérant que ce soit Judicaëlle. Je ralentis et arrive à sa hauteur sans faire gronder mon moteur afin de ne pas l'effrayer. Lorsqu'elle tourne enfin la tête, je lui fais signe de se garer en lui pointant le bas-côté.

Elle s'exécute immédiatement et je me range derrière elle. Je descends ensuite de ma moto, place la béquille sur le bitume et me dirige vers elle pendant qu'elle retire son casque. J'enlève également le mien et elle me dévisage comme si elle avait de la difficulté à assimiler le fait que je sois là. Ses cheveux sont légèrement emmêlés et elle semble encore plus fougueuse qu'à l'ordinaire. Sa veste en cuir lui donne un air de « bad girl » et que dire de son pantalon qui la moule comme une seconde peau. J'ai maté ouvertement ses fesses plus tôt dans la soirée et je dois avouer qu'elles sont parfaites.

Je me penche vers elle et elle se retrouve presque couchée sur le siège tant j'envahis son espace vital.

— Dis-le-moi en me fixant dans les yeux, lui intimé-je alors.

Elle cligne des paupières et ouvre la bouche. Si je ne me retenais pas, je prendrais d'assaut ses lèvres pour lui prouver à quel point je suis excité par cette course-poursuite.

— Je t'aime, Thor, répond-elle.

— Je t'aime, moi aussi, lui avoué-je, même si j'ai tout fait pour que ça n'arrive pas.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne voulais pas m'attacher à toi, ni à qui que ce soit. Les relations amoureuses, c'est compliqué et je ne voulais pas m'investir.

— Dans ce cas, ne te force pas à m'aimer, riposte-t-elle, et fiche-moi la paix.

Elle semble insultée, mais je poursuis sur ma lancée en secouant la tête.

— C'est tout le contraire, chérie. Avec toi, tout me semble naturel. Nous nous disputons comme un vieux couple, nous faisons l'amour comme si nous étions faits l'un pour l'autre et j'ai été incapable de résister au magnétisme de ta personnalité. Autant je voulais que tu partes, au début, autant je veux que tu restes pour toujours chez moi.

Elle lâche un long soupir.

— Et dire que ce moment aurait pu être parfait si je n'étais pas aussi angoissée dû à l'accident de mon père.

— Que s'est-il passé ?

— On l'a retrouvé inconscient dans le parc et il ne s'est pas encore réveillé. Ma mère m'a mise au courant et je suis partie en vitesse.

— Et tu n'aurais pas pu m'avertir de ton départ ?

— Je l'ai fait.

— La prochaine fois, sois un peu plus explicite.

— D'ailleurs, comment as-tu fait pour connaître mon parcours ?

— C'est mon petit secret.

Je remarque alors les cernes sombres sous ses yeux. Elle semble exténuée.

— Tu ne peux pas conduire toute la nuit, lui annoncé-je. Et tu as été vraiment imprudente. Si un policier t'avait interceptée, tu aurais perdu toute chance de conduire une moto pour un long bout de temps.

— Je sais, mais je n'avais pas le choix.

Son air désespéré m'empêche de poursuivre mes réprimandes.

— Trouvons-nous un endroit où nous reposer, dis-je en jetant un coup d'œil sur mon téléphone. Il y a un hôtel à environ un kilomètre d'ici.

— Je n'ai pas le temps de me reposer. Je dois me rendre à l'hôpital le plus rapidement possible.

— Tu as deux choix, chérie. Soit tu prends une pause de quelques heures et tu arrives là-bas en forme, soit tu risques un accident de moto et, si c'est le cas, c'est en ambulance que tu arriveras à l'hôpital.

Mon argument la convainc. Nous reprenons par la suite la route pour un court moment puisque l'hôtel se dessine bientôt devant nous. Situé sur le bord de l'autoroute, il est bien visible. J'espère qu'il y a encore quelqu'un à la réception, sinon je crois bien que nous devrons dormir sous un viaduc, ce qui ne sera pas très confortable.

Nous stationnons nos motos, puis pénétrons dans le hall d'entrée où un gamin d'une quinzaine d'années pianote sur son téléphone. Ce doit être lui qui travaille la nuit.

— Bonsoir, le salué-je. Vous reste-t-il une chambre de libre ?

Il détache à regret son regard de son portable et écarquille les yeux en nous remarquant. Il est probablement légèrement intimidé par mon gabarit et par nos vêtements de cuir qui nous donnent une allure de « durs à cuire ».

— Euh...fait-il en vérifiant sur un ordinateur, il reste une chambre avec un grand lit. Par contre, l'air climatisé ne fonctionne plus...

— Ce n'est pas grave, le coupé-je, nous ne resterons pas longtemps.

Je sors mon portefeuille et paie une somme beaucoup trop élevée pour ce qu'il nous propose. Toutefois, je n'ai pas envie de m'obstiner avec lui car j'ai hâte de dormir.

Je dirige ensuite ma compagne vers notre chambre portant le numéro quatre-vingt-quatre et nous entrons dans la pièce non ventilée. Une odeur de renfermé y règne et je m'empresse d'ouvrir le battant de la grande fenêtre. Mise à part l'odeur, la chambre est propre, le plancher recouvert d'un tapis moelleux et les murs sont peints de couleurs claires et chaleureuses. Le lit est plus petit que le mien et nous devrons nous serrer un peu, mais ça ne me dérange pas le moins du monde de sentir le corps chaud de la jeune femme tout contre moi. Cette dernière décide de prendre une douche dans la petite salle de bain attenante à la chambre pendant que j'ouvre mon sac à dos. Puis, je prends sa place lorsqu'elle sort et la trouve profondément endormie lorsque je reviens.

Je m'allonge à côté d'elle et la serre tout contre moi. Finalement, je pourrais m'habituer à dormir avec elle pour le reste de ma vie...



Demi stop plutôt qu'un arrêt complet lorsque la signalisation le demande.

sept

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