Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 3
Merci à tout le monde pour vos commentaires ! Ça m'encourage pour la suite.
Judicaëlle
Assis autour d'une table dans la brasserie, Gabin me fixe comme s'il essayait de lire en moi. Cependant, il n'y parviendra pas. Il ignore qui je suis et ce que je suis prête à faire pour échapper aux gens qui cherchent à me contrôler.
J'ai appris que la liberté, c'était comme une grosse pomme rouge et juteuse : c'est bien meilleur quand on y mord à belles dents.
— D'où viens-tu ? me demande le chef des Midnight Demons.
— De très loin, lui réponds-je.
— Et tu as décidé de tout abandonner et de repartir à zéro, récapitule-t-il avec un soupçon de doute dans la voix.
— Exactement.
Je croise les bras sur ma poitrine afin de me donner le courage d'affronter ce mec qui semble peu avenant. Ses potes ainsi que Maisie sont assis à la même table et semblent un peu plus décontracté.
— Pourquoi es-tu partie ? me demande Gabin en poursuivant son interrogatoire.
— Ce n'est pas de tes oignons, réponds-je brusquement.
L'homme s'appuie sur son siège et croise également ses bras.
— Je ne suis pas né de la dernière pluie, annonce-t-il. Je reconnais cet éclat au fond de tes yeux. Ce sont les démons de ton passé. Tu as fui quelque chose. On ne part pas de chez soi sur un coup de tête, pas plus qu'on n'arrête dans une ville précise afin de se chercher un travail. Il y a toujours une raison, et je veux savoir laquelle.
Il est insistant, ce type !
— Le goût de partir à l'aventure, réponds-je avec un petit rictus.
Il hausse un sourcil tandis que j'ai envie de me marrer.
— Seule ? Tu n'as pas de copine ou de petit ami avec qui tu aurais pu faire ce voyage ?
Au mot « petit-ami », je me crispe et il le remarque. Jonas et Austin suivent notre échange avec intérêt. Maisie, elle, pianote sur son téléphone. J'ignore si elle écoute la conversation, ou si elle est trop concentrée par son correspondant.
— Il n'y a pas de petit-ami ou qui que ce soit, rétorqué-je.
— Et ta famille ? Sont-ils au courant de ta présence ici ?
Mais pour qui se prend-il ? Un flic ?
— Ma vie ne regarde que moi, m'obstiné-je. Je pars demain et je ne vous reverrai plus jamais, alors arrêtez avec vos questions débiles.
— Pourtant, c'est pertinent, répond-il en se levant. Bébé, tu devrais aller te reposer pendant que je règle...ceci, dit-il à l'intention de Maisie.
« Ceci » étant moi. Néanmoins, je ne veux pas qu'elle me laisse seule avec eux. Ils m'intimident et je sens poindre la panique.
— Tu en es certain ? lui demande-t-elle hésitante
— Oui, je vais la conduire au club et je te rejoins par la suite.
Il se tourne ensuite vers moi.
— Tu n'as qu'à nous suivre avec ta voiture, me dit Gabin. Nous prendrons nos motos.
Il se dirige à l'extérieur de la bâtisse et je le suis, incertaine.
C'est juste pour une nuit. Au matin, je file et je ne reviendrai plus jamais dans cet endroit perdu. Je conduirai plus à l'ouest, là où je ne croiserai plus de gang.
Les hommes démarrent leurs motos, qui font un boucan d'enfer. Je ne suis pas fan de ces engins. Je préfère ce qui est silencieux et qui ne m'agresse pas les oreilles.
Je suis les bikers jusqu'à un quartier industriel rempli d'usines et d'entrepôts. Nous nous arrêtons devant l'une d'elles, qui parait vieille et défraîchie. Je suis presqu'étonnée qu'elle tienne encore debout. Elle a été construite avec des brisques rouges et les lierres ont grimpé sur la surface du bâtiment. Certaines fenêtres ont été brisées, les plus hautes, et les autres ont été recouvertes de barricades de métal. Charmant !
- Ne te fie pas à l'extérieur, me dit Gabin, qui m'a rejointe sur le trottoir de l'immeuble.
Je me pince les lèvres, me retenant de répliquer que l'intérieur de la bâtisse doit être aussi détérioré que l'extérieur. Il n'y a aucune lumière, bien que le soleil soit couché depuis un bon moment. L'endroit semble désert, abandonné, et l'idée de rester seule dans cet endroit glauque me fiche la trouille.
Gabin sort un trousseau de clés, trouve la bonne et le cliquetis de la vieille porte résonne dans la nuit.
- Nous t'attendons ici, dit Jonas à Gabin.
- Surveillez bien mon bébé.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas de quel bébé il parle puisque Maisie n'a pas encore accouché. J'espère qu'il ne parle pas de sa moto !
Le biker allume un interrupteur et un globe suspendu au bout d'un câble éclaire l'entrée. Je dois cligner des yeux plusieurs fois afin de m'habituer à la lumière. Puis, j'aperçois enfin les lieux et j'en reste sidérée. L'immense entrepôt a été transformé en une salle de gym. Si, de l'extérieur, les murs étaient délabrés, ici ils brillent comme s'ils avaient été brossés pendant une éternité. Les briques rouges éclatantes donnent de la chaleur au lieu. Des tapis noirs et épais recouvrent le sol. À gauche de l'entrepôt se trouvent plusieurs appareils de musculation ainsi que quelques tapis roulants. Un énorme ring de dresse fièrement au milieu de la salle et à droite, des sacs de boxe pendant du plafond. Ce dernier est très haut et est constitués de poutres de métal. J'aperçois un deuxième étage, accessible par un escalier en colimaçon.
- Les chambres sont en haut, m'informe Gabin. Tu n'auras qu'à en prendre une qui est inoccupée. Par là, il y a les vestiaires ainsi que les douches si tu veux te débarbouiller. Il y a également une petite cuisine de l'autre côté des vestiaires, mais je suppose que tu ne prendras pas le temps de te faire cuire quelque chose...
Il a tout compris. J'ai quelques barres protéinées dans mon sac, alors je ne prendrai pas la peine de salir la cuisine de cet individu qui semble si aimable. Notez l'ironie !
Gabin prends congé et je me retrouve seule dans cette immense entrepôt reconverti en club de boxe. Je prends une longue inspiration, profitant de la quiétude des lieux. En temps normal, cet endroit rempli de sportifs doit empester la sueur. Pourtant, l'odeur de propreté m'étonne. Soit le propriétaire possède une excellente équipe de ménage, soit il fournit des tonnes d'anti sudorifique à ses membres. À moins qu'il ne possède plusieurs Lampes Berger afin d'assainir l'air. Cette idée me fait sourire et je finis par en déduire qu'il doit être accro à la propreté.
Ce lieu me plaît instantanément. Je ne m'y sens pas confinée, probablement à cause de la taille de la bâtisse. Les poutres de métal sont si hautes que je vois à peine le plafond. Des puits de lumières éclairent la bâtisse et donnent l'impression de se trouver à l'extérieur. Seul le deuxième étage, situé sur la mezzanine, semble dans la pénombre.
Je me promène à travers les équipements d'entraînement, où tout est parfaitement rangé.
Je ne me suis pas entraînée depuis belle lurette. Il y avait une salle de conditionnement physique à mon collège. J'y allais chaque midi, durant l'heure du lunch. J'appréciais beaucoup faire du sport. Ma tête s'allégeait, ainsi que mon humeur. Malheureusement, lorsque j'ai arrêté l'école, j'ai également cessé l'entraînement en salle. Au lieu de cela, je grimpais dans les échelles du verger afin d'aider à la cueillette des pommes. Mon entraînement s'est limité à cela pendant bien des années. Ce n'était certes pas très exigeant physiquement, c'est pourquoi ma taille n'est pas aussi filiforme que je l'aurais souhaité.
Pendant un instant, j'ai envie d'essayer les divers appareils cardiovasculaires afin de me changer les idées, mais je réalise à quel point je suis fatiguée, autant physiquement qu'émotionnellement. J'aurais besoin d'une bonne douche chaude, mais je préfère garder mon énergie pour « escalader » cet escalier en colimaçon. En effet, ce dernier suffit à me faire haleter. Pour la forme, on repassera !
J'entre dans une chambre déserte où un lit simple ainsi qu'une petite commode occupent la pièce. Personne ne semble vivre ici. C'est impersonnel. Si j'y habitais, je décorerais un tant soit peu. Un cadre au-dessus du lit ou quelques coussins sur ce dernier. Une unique housse de couette immaculée le recouvre. Pourtant, ça ne me dissuade pas de me coucher sur l'objet de mes rêves. Heureusement, le lit est moelleux et confortable. Je ferme instantanément les yeux et dors comme un loir jusqu'au lendemain matin.
Je me réveille en forme et prête pour le voyage qui m'attend. J'espère parcourir plusieurs centaines de kilomètres vers l'ouest, où je m'arrêterai dans une ville totalement inconnue et où j'essaierai à nouveau de me trouver un travail. C'est tout de même désolant, car la brasserie de ces bikers est un job que j'aurais certainement apprécié. Les employés, du moins, ceux que j'ai rencontrés, étaient fort sympathiques et paraissaient soudés.
Normal, c'est un gang.
Gang.
Ce mot me fait frissonner de terreur. Je chasse les images qui me viennent en tête et essaie de songer à autre chose. Les Midnight Demons sont peut-être différents du groupe que j'ai côtoyé, mais je ne prendrai pas le risque de courir après les ennuis. Ceux-ci me courent déjà après, alors mieux vaut ne pas m'en attirer d'autres.
Je mange une barre protéinée, puis me rends dans le vestiaire afin de prendre une bonne douche chaude. J'ignore si le club ouvrira ses portes aujourd'hui. Gabin ne m'a donné aucune information à ce sujet, alors je me dépêche de me savonner en vitesse. Je m'essuie, puis je sors de la petite cabine en essorant ma chevelure. Je penche ma tête vers le sol afin que ce soit plus facile.
C'est seulement lorsque je vois deux énormes bottes dans mon champ de vision que je réalise que je ne suis plus seule...
Les deux personnages principaux sont sur le point de faire connaissance. Avez-vous hâte ?
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