Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 28

     Thor

Je suis en colère. Très en colère. Je pensais que je serais calmé après ce...sport de chambre, comme je me plais à l'appeler, mais ça a seulement calmé mes hormones, pas mes nerfs. Judicaëlle me prenait pour un tueur en série ou quoi ? Cela fait plus d'un mois que nous vivons ensemble et lui ai-je donné une raison de craindre que je l'attaque ? Non.

Je me rhabille tandis qu'elle cherche ses vêtements, que j'ai jetés par-dessus le garde-corps de la mezzanine sans m'en rendre compte.

— Où vas-tu ? me demande-t-elle.

— Travailler.

— Ah...

— Et toi, tu ne vas pas rejoindre les rats ? lui dis-je brusquement.

— Qu...quoi ? fait-elle en clignant des yeux, surprise par mon ton rude.

— Je pensais que tu devais déménager. Libre à toi de partir.

Elle ouvre la bouche d'un air courroucé. J'attends qu'elle explose de rage, elle aussi.

— Tu me baises et ensuite tu me jettes dehors ? s'écrie-t-elle.

— C'est toi qui voulais partir, je te rappelle. Tu avais peur que je t'assassine et que j'enterre ton corps quelque part.

— Je n'ai pas dit ça...

— Tu allais prendre la poudre d'escampette, alors ne mens pas.

Elle prend un chandail dans son sac à dos et enfile des pantalons de jogging.

— Et dire que j'ai manqué mes visites de logement à cause de toi, éclate-t-elle.

— Tu n'as pas manqué grand-chose, crois-moi.

— Tu es un connard, m'envoie-t-elle juste avant de me tourner le dos et de descendre l'escalier.

— Et toi, une connasse, rétorqué-je. Voilà un point que nous avons en commun.

Elle ne me répond pas et claque la porte du bâtiment.

Je souffle, excédé. Cette fille me rend dingue.

J'observe le canapé sur lequel je viens de la sauter et je sens mon sexe durcir à nouveau en me remémorant son joli derrière. À moi...

Je n'ai jamais été aussi possessif envers une meuf. Alors pourquoi l'ai-je laissée partir ? Je suis tenté de la rattraper, mais mon orgueil m'en empêche. Elle reviendra bien lorsqu'elle se rendra compte à quel point je suis un mec formidable...ou lorsqu'elle sera lassée des souris et de la moisissure.

Je me dirige vers la brasserie. À mon grand étonnement, une file de motos y est stationnée. Bordel ! J'avais oublié la réunion hebdomadaire. En fait, depuis que Maisie a accouché, nos rassemblements de bikers ont été espacés et personne n'a songé à me prévenir de celui de ce soir.

Je me gare derrière la moto de Jonas, puis rejoins les gars dans la cour arrière du bâtiment. Lors des soirées chaudes d'été, les réunions se font à l'extérieur. Nous sommes moins serrés. En outre, le nombre de bikers faisant partie des Midnight Demons a atteint la cinquantaine.

— Les ventes de la brasserie vont très bien, annonce Gabin. Nous avons de plus en plus de clientèle et j'ai même des demandes d'approvisionnement en bières pour des occasions spéciales comme des fêtes et des grands rassemblements.

— Il faut dire que Judicaëlle fait du bon travail, remarque Jonas. La clientèle l'adore. Et Maisie aussi...

— Oui, comme nous tous. À propos d'un autre sujet, je voulais vous annoncer quelque chose. J'ai vendu le bar.

Un silence lui répond.

— Quoi ? Comment ça ? s'écrie Austin.

— Marius aimait beaucoup « The Gates of Hell », mais je préfère me concentrer sur la brasserie. Le nouveau propriétaire m'a assuré que ceux qui le voudront pourront continuer à travailler là-bas.

— C'est mon gagne-pain, s'écrie Dave.

— Tu as deux options, lui dit Gabin. Soit tu continues de travailler au bar, soit tu travailles à temps plein pour la brasserie en tant que mixologiste.

— Comment ça ?

— J'ai un projet d'agrandissement afin de pouvoir accueillir tous nos invités pour notre mariage, à Maisie et moi, et j'aimerais par la suite qu'on l'exploite pour recevoir la clientèle. J'aurais besoin d'aide et de gens qui pourront servir les clients.

— Pourquoi n'as-tu pas gardé le bar si c'est pour servir de l'alcool ?

Gabin souffle, de plus en plus énervé par la réaction des autres.

— Je veux que les gens viennent pour notre bière, et non pour les danseuses nues. Est-ce que c'est si difficile à comprendre ?

— Et notre loyer ?

— Vous pourrez continuer d'y rester ou vous pourrez toujours vous louer un appartement en ville.

— Mais il faudra payer ! Marius nous a toujours exemptés de le faire.

— Cette décision va vous aider à être plus autonome financièrement.

— Tu veux qu'on soit autonome ? s'écrie Mike. Dans ce cas, je me barre. J'en ai ras-le-bol de tes décisions de merde. Depuis que tu t'es casé, tu te fiches de nous et tu ne penses qu'à toi et ta petite famille.

Sur ce, il tourne les talons, suivi par deux autres gars. Les autres bikers ne bougent pas.

— Moi, je trouve que c'est une bonne idée, approuve Jonas. Sa décision de reconstruire la brasserie a amélioré notre qualité de vie, alors je lui fais confiance pour les autres décisions. Il nous a prouvé qu'il savait faire de bons choix.

— En plus, le nouveau propriétaire est un pote à moi, ajoute Gabin. Vous vous sentirez encore comme chez vous, vous verrez. Et vous pourrez demander le salaire que je suis incapable de vous donner.

Les bikers semblent un peu plus enthousiastes après ces argumentations.

— Pour conclure cette réunion, n'oubliez pas notre road trip annuel la semaine prochaine. Je veux que tout le monde soit présent, sans exception.

— Où irons-nous ? demande Grégory.

— Je n'ai pas encore pris de décision.

— On pourrait se promener dans les Rocheuses, suggère Austin. Il parait que c'est génial.

— Ou à Las Vegas, ajoute Dave.

Gabin hausse les épaules, pas encore convaincu. Une fois par an, les Midnight Demons font road trip à moto et tout le monde y va, sans exception. En tout, une cinquantaine de motos parcourent les routes d'Amérique. C'est un événement à ne pas manquer. Quelques bikers emmènent leur meuf mais la plupart préfèrent conduire seuls.

— Bonne soirée, les gars, nous souhaite Gabin.

Sur ce, le groupe se disperse et chacun retourne à ses occupations, certains chez eux, d'autres au boulot. Minuit approche et il me reste deux heures de travail. Je décide de me promener dans la bâtisse. Je commence par la distillerie, mais les gars ont besoin de concentration, alors je ne m'attarde pas. Puis, je passe par la chambre froide, la boutique et termine par la cuisine et le salon des employés, désert à cette heure-ci. Enfin...presque.

Je m'arrête net dans l'entrée en remarquant un individu couché sur le canapé. Et quelle n'est pas ma surprise lorsque je reconnais ma colocataire ! Elle dort à poings fermés.

Je me sens comme le pire des cons de l'avoir poussée à partir. J'aurais dû réaliser qu'elle n'avait nulle part où aller.

— Qu'est-ce qu'elle fait là ? demande Gabin, qui vient d'arriver.

Sa grosse voix résonne dans la pièce, mais à part gigoter, Judicaëlle ne se réveille pas.

— Il est interdit de dormir ici, ajoute-t-il. Je ne veux pas que la brasserie devienne une auberge !

Je fais signe à Gabin de se taire, puis nous sortons du petit salon.

— Tu devrais la réveiller, me dit-il. Pourquoi se trouve-t-elle là ?

— Eh bien...probablement parce qu'elle n'avait aucun autre endroit où aller.

Il ne semble pas comprendre de quoi je parle.

— Nous nous sommes disputés et je lui ai dit de dégager, lui avoué-je.

Il fronce les sourcils en comprenant la situation.

— Pourquoi as-tu fait ça ? explose-t-il.

— C'est elle qui voulait partir, réponds-je. Elle a appris que j'ai assassiné quelqu'un, alors elle a paniqué.

— Elle avait seulement besoin d'être rassurée, « bro », lâche-t-il.

— Je lui ai assuré que c'était un accident.

— Et quoi d'autre ?

Mieux vaut que je ne lui confie pas tout ce que je lui ai dit en la baisant.

— Pas grand-chose, réponds-je. Nous étions plutôt occupés, si tu vois ce que je veux dire...

Il comprend immédiatement mon sous-entendu et son visage prend un air sévère.

— Je crois que je vais devoir te payer des cours pour que tu apprennes comment te comporter avec les femmes, Thor. On ne les rejette pas après leur avoir fait l'amour, surtout si on tient à elles.

— Je ne...

— Arrête de mentir. Elle te plait, tu lui plais, alors cessez de vous faire la guerre et assumez. Vous n'êtes plus des gamins.

Sur ce, il me tourne le dos et part.

Il a raison : j'ai été un enfoiré avec elle. Je ne suis pas le genre de personne qui s'excuse, mais si je veux qu'elle revienne, je dois faire quelque chose, alors je prends un papier et un crayon déposé sur la table du salon et griffonne :

« Je suis désolé. Reviens.

Thor. »

J'espère qu'elle n'est pas trop rancunière. J'ajoute trois petits x à la fin de mon message pour qu'elle comprenne que je tiens à elle. Eh merde ! Je suis devenu une chiffe molle. Je place le papier dans sa main et pars sans la réveiller.

Judicaëlle revient au club le lendemain, mais elle m'ignore complètement. Elle fait ses petites affaires, mais s'obstine à ne pas m'adresser la parole, même lorsque je tente de briser la glace.

Finalement, elle est rancunière.

La jeune femme m'évite pendant une semaine. Elle n'assiste plus aux cours de boxe et n'est jamais là les soirs. Je sais qu'elle fait de la moto avec Lewis et j'espère que ce n'est que pour ses leçons de conduite.

Ce mardi soir, beaucoup de bikers assistent à mon cour, mais je connais la raison et ça m'agace. Tout le monde attend le retour de Judicaëlle car elle est en train de passer son examen de conduite. C'est donc avec une certaine excitation dans l'air que mes potes s'entraînent.

Vers vingt-et-une heure, la porte de l'édifice s'entrouvre et tout le monde cesse ses activités. La jeune femme reste surprise par l'accueil. Habituellement, personne ne se soucie de son arrivée.

— Et puis ? lui lance Jonas.

— Euh...c'est-à-dire que...

Je suis sûr qu'elle l'a échoué, mais, à ma grande stupéfaction, son visage s'illumine et elle s'écrie : « Je l'ai réussi ».

Des « Hourra » et des « Bravo » fusent d'un peu partout. Je suis content pour elle, mais je déteste qu'on perturbe mon cour.

— Maintenant, au travail, grogné-je à voix haute.

Je retourne dans le ring, où j'entraîne deux gars qui ont grand besoin de mes conseils.

— Maintenant, tu es une vraie bikeuse, lui dit Austin. Bienvenue parmi les Midnight Demons.

— Merci.

Le téléphone de Judicaëlle sonne au même instant et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel en entendant ce bruit déplaisant. Cependant, mon agacement se transforme en appréhension lorsque j'aperçois le visage de ma colocataire blêmir d'un coup.

Quel message vient-elle de recevoir ?


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