Direct to the heart-TOME 2- Chapitre 25

Judicaëlle

Je me demande encore ce qu'il m'a pris de coucher avec Thor. D'accord, c'était un instant magique, mais je m'étais juré de ne plus me laisser séduire par un homme que je ne connais presque pas. Lui et moi vivons ensemble depuis bientôt trois semaines, mais je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand-chose sur lui.

Malheureusement, la journée passe super lentement. Le milieu de la semaine est toujours plus tranquille et j'ai beau faire du ménage et changer la présentation des étalages, je m'ennuie royalement.

Je pousse un long soupir en vérifiant l'heure sur mon Smartphone. Quinze heures. Il me reste encore deux heures et demie avant la fermeture de la boutique. S'il n'y a pas de clients, je vais fermer plus tôt.

Mes collègues doivent être occupés, car aucun d'entre eux n'est venu me voir.

Mince ! Je n'arrête pas de songer à Thor et à notre rapport sexuel. Maintenant, je ne sais plus comment agir avec lui. Il a beau insinuer le contraire, je crois que les choses ont changé entre nous. Ai-je toujours envie de le trucider ? Oui. Ai-je encore envie de l'embrasser ? Oui. Alors que dois-je faire ? Ce conflit intérieur bousille mon cerveau. J'ai de la difficulté à comprendre comment deux personnes comme nous, qui n'arrêtent pas de se chamailler, peuvent à ce point se compléter au lit.

— Ce n'est que du sexe, me répété-je.

J'ai ressenti un pincement au cœur lorsque Thor a prononcé ses paroles. J'aurais dû me douter que je ne l'attirais que physiquement, après tout, il déteste qu'on le défie et je ne cesse de le faire depuis mon arrivée.

La sonnette d'entrée tinte et Maisie entre. Sa beauté m'étonne à chaque fois. Elle est resplendissante.

— Coucou ! me dit-elle. Ça va ?

— Oui, c'est un après-midi tranquille.

— Je sais. Les mardis et mercredis sont toujours ainsi. J'en profite souvent pour m'occuper de la paperasse lorsqu'il y a moins de clients.

Sauf que la paperasse, ce n'est pas mon truc.

— Et puis ? Comment avancent les cours de moto ? s'enquiert-elle.

— J'ai ma première leçon avec Lewis ce soir, lui réponds-je.

— Cool. Je n'ai jamais été intéressée à apprendre à conduire cet engin. Je préfère lorsque c'est Gabin qui est aux commandes.

Je toussote et elle éclate de rire en comprenant le double sens de ses paroles.

— Désolée, s'excuse-t-elle. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit passée. Mon amoureux m'a emmenée observer les pluies d'étoiles filantes. C'était magnifique !

J'ignorais que Gabin était aussi romantique. À première vue, il n'a pas l'air de ce genre de mec. Quoique j'ignorais que Thor pouvait être aussi charmeur. La preuve que la vie comporte son lot de surprises.

— Regarde ce qu'il m'a offert, rajoute Maisie en me présentant sa main.

Une magnifique bague orne l'annulaire de sa main gauche. Elle est en or sertie de petits diamants.

— Wow ! m'exclamé-je en comprenant. Il t'a demandée en mariage ? Félicitations !

— Merci, répond-elle d'une voix enjouée. Il m'a complètement surprise.

Je n'en doute pas une seule seconde.

— Je voulais te demander si tu aimerais devenir ma demoiselle d'honneur.

J'ouvre la bouche de stupéfaction. Moi, demoiselle d'honneur ?

— Euh...

— J'aimerais qu'Audélie et toi soyez à mes côtés durant ce moment important.

— D'accord. As-tu une idée de l'endroit où vous allez organiser le mariage ?

— Oui, ici.

Je ne m'attendais pas à cette réponse.

— Te souviens-tu de la fois où tu m'as demandé si nous organisions des mariages à la brasserie ?

— Oui, c'était lors de mon embauche.

— Exactement. Lorsque Gabin m'a demandé de l'épouser, j'ai compris que je voulais m'unir à lui à l'endroit autour duquel gravite notre vie.

J'avoue que c'est une bonne idée.

— Voudrais-tu m'aider avec la préparation du mariage ? me demande-t-elle. Je ne veux pas que tu t'y sentes obligée, mais lorsque tu as visité les lieux le jour de ton arrivée, tu semblais avoir plein de bonnes idées.

— Avec plaisir.

J'ignore où je trouverai du temps, mais Maisie est si gentille avec moi que je suis incapable de refuser. Sans elle, je ne sais pas où je me trouverais actuellement. Et si je peux contribuer à rendre cet événement inoubliable, alors je le ferai.

— Super !

Elle est excitée et je me surprends à l'être aussi.

— Et toi, comment va la cohabitation avec Thor ? Il n'est pas trop dur avec toi ?

Mon cœur bondit dans ma poitrine en entendant ce nom qui hante mon esprit depuis le début de la journée.

Je hausse les épaules d'un air que je veux désinvolte.

— C'est toujours un connard, mais il a compris que je ne me laisserai pas marcher sur les pieds.

Maisie pouffe.

— Je veux bien le croire. Et qu'en est-il de votre relation ?

Je me ne souvenais plus que Gabin et elle nous avaient surpris en train de nous dévorer la bouche à la petite fête de l'autre jour.

— Euh...ce qu'il s'est passé à la fête était une erreur. Nous avions bu et l'alcool nous a désinhibés.

— Donc, vous n'avez aucune attirance l'un pour l'autre ?

Devrais-lui avouer la vérité ? Que Thor m'attire... et encore plus depuis notre rapprochement physique ? Non.

Je décide de ne pas lui le confier pour la simple et bonne raison que je ne veux pas qu'elle se fasse des idées. C'est seulement arrivé une fois et, maintenant que c'est fait, Thor va probablement se désintéresser de moi. Il a lui-même dit qu'il ne cherchait rien de sérieux. Quant à moi, je me méfie des hommes. J'ai peur de tomber à nouveau sur un enfoiré qui me fera souffrir. Thor n'est peut-être pas comme Dominique, mais je le connais trop peu pour le savoir. Il vaut mieux que je garde mes distances sur le plan émotionnel bien que j'en sois incapable physiquement.

— Nous sommes seulement colocataires, affirmé-je.

— Je vois...

Elle ne semble pas me croire et elle a raison : je suis une piètre menteuse.

— De plus, les rares fois où nous nous croisons, ce qui n'arrive pas souvent puisque nous ne possédons pas les mêmes horaires de travail, il se comporte comme un gougeât. Et lors de l'entraînement de boxe, il s'acharne sur moi et me dévalorise. C'est vraiment insupportable.

La ferme, Judicaëlle ! Tu en as assez dit.

— Tu sais, commence-t-elle, Gabin se comportait également ainsi avec moi au début de notre relation. J'ai découvert que c'était parce qu'il était déstabilisé par les sentiments qu'il ressentait pour moi. Les hommes essaient de cacher leurs émotions, mais il y a toujours une raison à leur comportement. À mon avis, Thor est ainsi.

— Il préfère la solitude à ma compagnie.

— En es-tu certaine ?

— Oui, il me l'a dit. Moins nous nous voyons et mieux nous nous portons.

— Si tu le dis...

Bon, elle abandonne enfin. Je préfère ne plus parler de Thor car je ne sais plus quoi penser de lui.

Maisie reste encore une demi-heure, puis elle part et je me retrouve à nouveau seule jusqu'à la fermeture. J'ai hâte d'avoir mon premier cours de moto, même si je suis quelque peu nerveuse. J'ai peur de ne pas réussir à contrôler l'engin.

Je retourne au club de boxe à pieds car je n'ai plus un rond pour payer le taxi. J'arrive donc chez Thor vers dix-huit heures. Le gym est rempli et les boxeurs pratiquent le combat sous la supervision du coach. Celui-ci se trouve à un mètre du ring et je ne peux m'empêcher de le trouver impressionnant. Il se tient bien droit, les bras croisés sur sa poitrine d'un air sévère et magistral. Ses yeux ne quittent pas les boxeurs et, parfois, il leur aboie des instructions. Je prends garde de ne pas m'approcher et me dirige à pas de souris vers la cuisine, où je me fais un sandwich. Je meurs de faim et je pourrais avaler n'importe quoi, ou presque, du moment que ce n'est pas une quiche ou quelque chose qui comporte des œufs.

Après avoir dévoré mon goûter, je me rends sur la mezzanine et me change pour une tenue plus décontractée. Mon cours avec Lewis est à vingt heures et il est supposé venir me chercher. Il reste une heure avant qu'il n'arrive. Je n'ai pas envie de faire du sport, alors je préfère rester cachée afin que Thor ne me remarque pas. Il pourrait me forcer à me joindre aux boxeurs, ce qui serait tout de même ironique puisqu'il m'a demandé de me tenir loin d'eux. Toutefois, ce type a en tête de m'entraîner jusqu'à ce que je devienne une quasi-athlète et je sais qu'il n'abandonnera pas avant d'avoir réussi. Il est vraiment tenace et prend à cœur ce défi de m'apprendre l'art du combat.

Je décide de passer un coup de fil à ma mère pour savoir comment mes parents se portent, alors je compose leur numéro de téléphone.

— Allô ! répond ma génitrice.

— Salut, maman, c'est Judicaëlle.

— Oh ! Comment vas-tu ? Nous nous inquiétions de ne pas avoir de tes nouvelles.

— Bien, je travaille pas mal et je n'ai pas beaucoup de temps libre. J'ai aussi commencé des cours de moto et de boxe.

— De moto ? répète ma mère. N'est-ce pas dangereux ? Et où as-tu trouvé une moto ? N'as-tu pas ta voiture ?

— Euh...je l'ai vendue et remplacée par ma moto. Je trouvais que ça me coûtait trop cher d'essence, mens-je.

— Ah...fais bien attention. Les accidents de moto sont fréquents.

Si elle savait que j'en ai eu un avec ma voiture, elle serait encore plus récalcitrante à l'idée que je conduise un engin à deux roues.

— Et vous, comment vous portez-vous ? demandé-je en changeant de sujet.

— Eh bien...j'ai dû aller chez le médecin la semaine passée.

— Quoi ! Pourquoi ?

— Je sortais du bureau de poste et un individu m'est rentré dedans. Je me trouvais en haut des quatre marches pour atteindre le trottoir, alors, je suis tombée en bas.

— Tu es tombée en bas de l'escalier ?

— Oui, le monsieur m'a aidée à me relever en s'excusant et en me disant qu'il ne m'avait pas vue. J'ai par la suite appelé ton père et il m'a conduite à la clinique où on m'a informée que je m'étais fracturé la cheville. Je suis au repos pour huit semaines.

— Oh !

— Ce n'est pas grave. Ton père est aux petits oignons avec moi.

— N'empêche que cet individu aurait pu faire attention.

— Il paraissait pressé.

— Mouais...

Je déteste les gens qui ne songent qu'à leur propre personne et se fichent des autres.

— Sinon, ça ne passe bien au verger ? questionné-je. Patrice s'en sort comment ?

— Il y a eu quelques problèmes, mais rien qui ne se soit pas réglé.

— Tant mieux.

Je sursaute lorsque je vois Thor apparaître dans le studio.

— Je dois te laisser, maman, lui dis-je. Repose-toi bien et prends soin de toi.

— Toi aussi, ma chérie, À bientôt.

— Bye.

Je raccroche et fixe mon regard sur le géant à quelques mètres de moi.

— Un problème ? s'enquiert-il.

— Quelqu'un a bousculé ma mère et elle a raté les marches. Résultat : une cheville cassée.

— C'est malencontreux, reconnait-il. Je venais m'informer si tu avais mangé ?

— Oui.

— Quoi ?

— Quelque chose qui s'appelle « ce n'est pas de tes affaires ».

Il s'avance vers moi avec cet air intimidant que je lui connais si bien. Cependant, il lui en faudra plus pour me faire ployer devant lui.

— Écoute-moi bien, me dit-il en inclinant son corps massif vers moi, ce n'est pas en mangeant n'importe quoi que tu obtiendras des résultats. Je ne veux pas que tous ces efforts soient vains.

— Tu me trouves grosse ou quoi ? m'indigné-je.

— Je n'ai pas dit ça. Tu dois te muscler un minimum et manger comme il faut pour y arriver.

— Je veux seulement savoir me défendre, pas devenir championne de boxe, argué-je.

Il se penche encore plus et son visage s'arrête à quelques centimètres du mien.

— Le but est de se surpasser à chaque entraînement, énonce-t-il, Si tu apprends à te comporter comme une championne à la boxe, alors tu deviendras une championne dans la vie de tous les jours.

— Une championne en quoi ?

— En ce que tu veux.

Les lèvres de Thor sont si près des miennes que je pourrais l'embrasser. J'en ai très envie, mais il croirait que je suis accro à lui. De plus, je n'ai aucune raison de le faire. Ou peut-être que si...Je n'ai qu'à le provoquer un petit peu...

— Est-ce ainsi que tu te sens ? lui demandé-je. Comme un champion ? Ou essaies-tu d'oublier ta défaite en te concentrant de les « vrais » vainqueurs.

Il ne répond pas, mais je sais que ma phrase a fait mouche. J'entends un grognement provenir du fond de sa gorge et je ne peux retenir un sourire victorieux ; je lui en ai bouché un coin.

Les mains de Thor se posent alors sur mes bras et il m'attire vers lui. Je m'écrase contre son torse et me disloque presque le cou pour planter mon regard dans le sien.

— On a tous nos moments de victoire, me dit-il, alors profite du tien.

Sa bouche s'arrime à la mienne et nos dents s'entrechoquent tant notre baiser est brutal. Je passe mes bras autour du cou de Thor tandis que ses mains agrippent mes cuisses pour me soulever. J'enroule mes jambes autour de sa taille et nous nous accrochons l'un à l'autre en nous embrassant avec passion. Je savoure ce moment, ma petite victoire, comme il l'a si bien dit. Je savoure également la bouche de mon amant. Je n'ai pas embrassé beaucoup d'hommes dans ma vie, mais je suis certaine d'une chose : c'est un champion de l'art de la langue.

Un raclement de gorge nous interrompt et nous nous détournons vers la provenance de ce bruit. En haut de l'escalier, Jonas et Dave nous fixent comme s'ils venaient d'apercevoir un yéti. Et ils ont raison. Notre position est assez compromettante : moi dans les bras de Thor et lui me soutenant par la taille tandis que je me cramponne à lui.

— Euh...Lewis est arrivé, balbutie Dave. Il attend Judicaëlle.

Thor me lâche et je me recule, les joues en feu. Que vont-ils penser de moi ? Que je suis une fille facile qui tombe dans les bras de son colocataire ? Je n'ai pas songé au fait qu'ils pourraient venir nous chercher sur la mezzanine.

— Lewis ? se renseigne Thor.

— Oui, pour le cours de moto.

Son visage se ferme et il annonce d'une voix glaciale :

— Dites-lui de foutre le camp. Je conduirai Judicaëlle là-bas. De toute façon, c'est toujours dans le stationnement du grand complexe commercial que les cours ont lieu.

Les deux bikers hochent la tête et se retournent, mais Thor les retient.

— Et ne parlez à personne de ce que vous venez de voir, ajoute-t-il.

Ils font semblant de zipper leur bouche, puis s'en vont, l'air amusé.

— Crois-tu qu'ils vont se taire ? demandé-je à Thor.

— Tu veux rire ? Ils sont aussi pipelettes que des femmes.

— Ce qui veut dire...

— Que d'ici demain, Gabin va être au courant de notre embrassade.

Merde ! Et moi qui viens d'assurer à Maisie qu'il ne se passe rien entre nous. Elle va me considérer comme une menteuse, ce que je suis, à bien y songer.

— Quoi ? fait Thor en m'apercevant blêmir.

— J'ai dit pas plus tard qu'aujourd'hui à Maisie que nous nous étions embrassés par erreur à la petite fête. Si cette information parvient à ses oreilles, elle va m'en vouloir.

— C'était à toi de ne pas mentir, me reproche Thor.

— Et en plus, elle vient de me demander d'être sa demoiselle d'honneur à son mariage.

— Pourquoi ? Elle ne te connait presque pas.

— Toi non plus, et pourtant tu as couché avec moi.

— Ce n'est pas pareil. C'était seulement du sexe. Ce qu'elle te demande, c'est beaucoup plus significatif.

Alors, pour lui, ce rapprochement physique ne représentait rien ? J'ai l'impression que mon cœur vient de dévaler ma poitrine et de s'écraser à mes pieds. Les larmes me viennent aux yeux et je m'efforce de les retenir.

— Dans ce cas, tu m'excuseras, mais je n'ai pas envie de perdre mon temps avec un abruti comme toi, lui dis-je en tournant les talons.

J'ai autre chose à faire que de batifoler avec un type qui est incapable de voir plus loin que le bout de sa queue. 

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