Addicted to you-TOME 1- Chapitre 8


     Maisie

Je suis épuisée par ma semaine de travail. Par ailleurs, je viens de me taper douze heures d'affilées.

En ce vendredi soir, la salle d'attente était presque vide, contrairement à cet avant-midi. Parfois, j'ai l'impression que certains individus se rendent chez le médecin pour des sottises, comme cette dame qui s'est pointée pour un simple rhume. Elle a discuté avec tous les patients de la salle d'attente en racontant sa petite vie durant trois longues heures. Je crois qu'elle se trouvait là uniquement pour socialiser.

Lorsque j'arrive chez moi en songeant à un bon bain, mon cœur s'accélère tandis que j'aperçois une silhouette se dessiner dans mon entrée. Je me stationne en vitesse et sort de mon véhicule en me fichant de ma sécurité. Je songe d'abord à mes enfants et tant pis si cet individu est un psychopathe ! Mon Dieu, faites que je n'arrive pas trop tard !

L'individu s'avance vers moi et je suis prête à lui balancer ma bourse par la tête s'il se révèle agressif, quitte à n'avoir rien d'autre sous la main.

Sa démarche et son corps massif me laisse deviner qu'il s'agit d'un homme. Les lumières de la maison m'éblouissent, si bien que je ne vois rien d'autre. Je décide d'agir avant qu'il ne soit trop tard et prend de l'élan et élevant mon sac.

- Allais-tu m'attaquer avec ta sacoche ? lance une voix agaçante que je reconnais immédiatement.

Je stoppe mon geste dans les airs. Qu'est-ce qu'il fiche ici, celui-là ?

Gabin s'avance, me dominant d'une bonne tête, et s'arrête à quelques pas de moi.

- Es-tu cinglée ou accueilles-tu tous les gens ainsi ? me balance-t-il brusquement.

Je le discerne mieux, maintenant. Il porte une casquette noire à l'envers et je distingue bien ses yeux clairs. Son regard vif me détaille scrupuleusement et je sens qu'il me juge, encore une fois.

- Que fais-tu chez moi à cette heure-ci ? lui demandé-je en ignorant son commentaire abject. Je t'ai pris pour un voleur.

- Si j'étais un voleur, je me serais empressé de déguerpir en te voyant arriver.

Autant le tutoyer puisqu'il ne se gêne pas pour faire de même avec moi ! Il doit être âgé d'une trentaine d'années. Il est toutefois aussi attirant que dans mes souvenirs. Il a revêtu une veste de cuir entrouverte au niveau du buste qui laisse entrevoir des tatouages qui sillonnent son cou. Son t-shirt cache la majorité des dessins, mais je devine que son torse doit en être recouvert. Je ne distingue toutefois pas leur nature à cause de l'obscurité qui nous entoure. Sa petite barbe de trois jours lui confère une allure sexy, quoique dangereuse...probablement autant que le surnom qu'on lui donne.

- À moins que tu ne sois un fou pervers...

- Pervers, oui, mais pas fou.

J'écarquille les yeux, surprise par son franc-parler. Il vient de m'avouer qu'il est pervers. C'est de mieux en mieux ! Devrais-je lui balancer mon sac à main maintenant ou j'attends ?

- Mais ne crains rien, ajoute-t-il avec un sourire impertinent. Tu n'es vraiment pas mon genre.

- Super, raillé-je. Maintenant, vas-tu me dire ce que tu viens faire chez moi à cette heure ?

- Il n'est que vingt heures, chaton, raille-t-il.

Chaton ? Je hausse un sourcil, surprise par ce surnom.

- Chaton ? je répète, croyant avoir mal compris.

- Oui, tu as des yeux de chats.

De chat ? Je sais que j'ai des iris d'une couleur particulière, mais c'est la première fois qu'on les compare à ceux d'un félin et ça m'offusque.

- Je n'ai pas des yeux de chats, je crache en faisant un pas de côté.

Je n'ai pas le goût de discuter avec cet abruti après cette éprouvante journée de travail.

- C'était un compliment, rétorque-t-il, mais si tu le prends ainsi...

- Et comment devrais-je le prendre ? le coupé-je. Tu n'as vraiment pas le tour de complimenter les femmes. Tu aurais pu faire mieux.

Il lève les yeux au ciel en soupirant, puis les repose sur moi.

- D'accord, dit-il.

Il se tait quelques secondes puis reprend :

- J'aime tes yeux, mais je préfère les miens car, sans eux, je ne verrais pas les tiens.

J'hésite entre le remercier ou l'envoyer bouler. Je choisis de rétorquer :

- Les yeux sont aveugles ; il faut chercher avec le cœur.

Gabin éclate de rire.

- C'est l'amour qui rend aveugle, répond-il en croisant ses bras sur son torse.

- Si l'amour est aveugle, pourquoi la lingerie est-elle si populaire ?

Il en reste bouche bée. Puis, son regard balaie mon corps et je regrette aussitôt mes paroles. D'accord, il est pervers. Comme tous les hommes à qui on parle de lingerie !

- Est-ce une devinette ? me demande-t-il. Qu'est-ce qui se cache sous cette jupe moulante et ce chemisier presque transparent ?

- Rien qui ne te concerne.

Je laisse échapper un bâillement.

- Si tu permets, je vais rentrer. Cette journée a été épuisante.

- Quelle idée de travailler autant ! me balance Gabin en reprenant son air irritant. Tu as des enfants et tu n'es même pas présente pour eux. Qui va les élever ?

Là, je reconnais la brute en lui.

- Écoute-moi bien, espèce de salaud, je réplique, à bout de nerfs. Leur père est mort sans avoir fait de testament. Du coup, je n'ai rien d'autre que ce job pour nous faire vivre. Je n'ai aucune aide, alors je dois travailler si je veux pouvoir payer mes factures et trouver de quoi subsister, donc ferme ta belle gueule et fiche-moi la paix, une bonne fois pour toutes.

Je tourne les talons, mais il saisit mon bras.

- Tes beaux yeux m'ont fait oublier la raison de ma venue, me dit-il. Tu vois le hangar, là-bas ? Tiens-toi loin de lui, d'accord ?

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe là-dedans ? je demande, curieuse.

- Rien qui ne te concerne, répond-il en reprenant mes termes.

- En fait, oui, ça me regarde, puisque vos bécanes me réveillent lorsque vous passez devant chez moi, je rétorque. Et c'est sans compter le gros camion d'hier.

Il se rapproche et je dois lutter pour ne pas m'enfuir en courant. Ce type a une lueur dangereuse dans le regard. Il sait qu'il est intimidant et en profite pour essayer de me faire peur.

- Ne t'en approche pas, m'avertit-il. À moins que tu ne veuilles mourir. Ce qui se passe là-dedans est toxique, crois-moi.

Toxique ? Ils fabriquent des bombes ou quoi ? Et si ça explosait ? Ma maison est juste à côté.

- C'est une menace ? lui demandé-je.

- Non, un avertissement. Mais si tu mets en danger la vie des miens à cause de ta stupidité, ça pourrait en devenir une. Sur ce, passe une bonne nuit...et mets-toi des bouchons.

Il me tourne le dos en me laissant perplexe. Je le vois disparaître dans la nuit. Il retourne probablement dans cet endroit interdit. Au lieu de répondre franchement à ma question, il n'a fait que piquer ma curiosité. Je découvrirai bien un jour ce qu'ils cachent là-dedans.

Pour l'instant, je me concentre sur ma soirée. Lorsque j'entre dans la maison, j'entends des voix provenant de la chambre de Charlotte. En passant devant celle de Théo, je remarque qu'il dort profondément dans son petit lit. Je m'approche et observe amoureusement mon petit bébé qui grandit à vue d'œil. Il aura bientôt huit mois ainsi que deux dents. Je lui donne un baiser sur le front, puis sors silencieusement de sa chambre en prenant soin de fermer la porte derrière moi. Puis, je me dirige vers celle de Charlotte. Audélie est en train de lui lire une histoire et, si je comprends bien, il est question d'un prince et d'une princesse.

- Maman ! s'écrie ma fille en m'apercevant. Tu es revenue ? Audélie me lit une histoire. Regarde. On a fait une couronne.

Elle me pointe sa tête sur laquelle est déposé un petit diadème en carton.

- Moi aussi, je suis une princesse.

Je souris, amusée.

- Mais les princesses dorment, elles aussi, je précise. C'est l'heure de te coucher si tu veux être en forme pour vivre d'autres aventures demain.

- Est-ce que tu restes faire dodo ici ? demande Charlotte à sa gardienne.

- Non, je dois retourner chez moi, mais je reviendrai demain, lui promet-elle.

- D'accord.

Elle lui fait un bisou et nous la laissons dormir. Elle va probablement rêver au prince charmant. J'adore la naïveté des enfants de cet âge. Quant à moi, il y a bien longtemps que j'ai cessé de rêvasser, depuis qu'on m'a subitement arraché l'homme de ma vie.

- Comment ça s'est passé, aujourd'hui ? je demande à Audélie en la payant.

- Super bien. Ils sont de vrais petits anges.

Je souris ; avec moi ils montrent souvent leurs petites cornes, comme quoi même les anges peuvent aussi se transformer en démons.

- Désolée si je suis arrivée un quart d'heures plus tard, m'excusé-je. J'ai été interceptée par un enfoiré. J'espère qu'il ne t'a pas trop importunée.

Elle fronce les sourcils, puis, lorsqu'elle comprend de qui je parle, elle éclate de rire.

- Non, pas du tout, répond-elle. Ne t'en fais pas. Il aboie, mais il ne mord pas.

- Comment le sais-tu ?

- C'est mon père.

Je la dévisage. Elle blague, n'est-ce pas ? J'éclate de rire, mais lorsque je vois qu'elle ne m'accompagne pas dans mon hilarité, j'arrête immédiatement.

- Tu es sérieuse ? Ce sa...ce type est ton père.

Elle hoche la tête.

- Il t'a eu à quel âge ?

- Quinze ans, je crois.

Alors là, je suis sur le c** !

- Et ta mère ?

- Elle était plus vieille, mais elle n'est plus dans le décor depuis longtemps. Je ne l'ai jamais connue.

- Ah bon...

Pourquoi est-ce que je suis soulagée ?

- J'ai été élevée par des bikers, mais je n'aurais pas pu avoir une meilleure famille. Ils sont géniaux. Et mon père est vraiment quelqu'un de bien. Il a eu beaucoup de responsabilités sur le dos très jeune, mais il a eu de l'aide et s'en est bien tiré. C'est vraiment un bon père.

- Il est si...

- Grognon ? Brusque ? Détestable ? c'est une facette qu'il se donne. Une sorte de protection contre autrui. Il n'aime pas être provoqué.

- J'avais remarqué.

Elle ricane.

- C'est quelqu'un d'austère aux premiers abords, mais il est très gentil, tu verras.

Sauf que je n'ai pas l'intention de le connaître davantage. Les quelques fois que nous nous sommes vus m'ont suffit.

- Je n'ai pas l'intention de le revoir, j'insiste sur ce point.

Elle me sourit d'une façon qui signifie qu'elle ne me croit pas.

- Pourtant, je suis certaine que tu parviendrais à faire fondre son masque de glace.

- Je vais m'en abstenir.

- Dommage. Il mérite quelqu'un comme toi. À demain !

Elle s'en va, me laissant songeuse. Est-ce que je viens de discuter d'un mec avec une fille de quatorze ans. Je secoue la tête et me prépare un thé. Je dois relaxer, sinon je ne parviendrai jamais à m'endormir.

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