Addicted to you-TOME 1- Chapitre 6
Maisie
Je me laisse tomber dans mon fauteuil en poussant un soupir de bonheur. Je suis exténuée ! D'abord, l'emménagement, ensuite l'arrivée de cette chère brute de Gabin, puis l'accident de Charlotte et, finalement, mon entrevue comme secrétaire à la clinique médicale. Je suis retournée en fin de journée porter mon curriculum vitae et le médecin présent m'a fait passer une courte entrevue. Il m'a malheureusement reconnue, mais n'a fait aucun commentaire sur ma visite précédente. Durant ce temps, Charlotte a montré son beau plâtre à tous les patients de la clinique. Le docteur m'a immédiatement engagée après m'avoir posé quelques questions. Je ne suis pas très expérimentée, mais il lui a semblé que j'avais tous les qualifications nécessaires pour l'emploi. Je commence dès demain et, en plus, j'ai réussi à trouver une gardienne pour mes amours. C'est une adolescente mais, après lui avoir longuement parlé au téléphone, j'en ai déduit qu'elle adorait les enfants et qu'elle était responsable. Elle arrive vers sept heures demain matin et, le temps que je lui fasse visiter les lieux et lui donne quelques informations sur les enfants, je devrais être à l'heure pour mon tout premier jour de travail. Je suis un peu nerveuse et j'appréhende ce nouveau boulot, mais tout devrait bien se passer. Il le faut !
Il est presque vingt-deux heures et je rêve de m'allonger dans mon bain. Au lieu de cela, je prends une douche rapide. Puis, je me couche, exténuée.
Toutefois, à peine viens-je de déposer ma tête sur l'oreiller qu'un énorme klaxon de camion me réveille. Je me redresse dans mon lit avant même que mes yeux soient ouverts. Ai-je rêvé ?
J'entends à nouveau un bruit, cette fois-ci, un vrombissement de moteur et c'est loin d'être une moto.
Je me lève, alarmée. J'ai verrouillé toutes les portes, alors je ne devrais pas m'inquiéter, mais puisque je ne connais pas encore les habitants de ce nouvel endroit, j'angoisse pour un rien.
Je jette un coup d'œil par la fenêtre et ne remarque rien de spécial...jusqu'à ce qu'un immense camion apparaisse devant ma fenêtre. Il recule...mais où ? Il n'y a qu'un champ dans le coin !
Je l'observe s'exécuter et réalise qu'il s'arrête devant le vieux hangar. Étrange...
Je reste devant la fenêtre pendant plus d'une heure, puis je vois le camion repartir. Les questions se bousculent dans ma tête. Devrais-je aller voir ce qui se passe dans cette bâtisse ? Ce n'est pas de mes affaires, mais c'est tout de même à côté de chez moi. Je ne veux pas être témoin d'activités criminelles.
J'ignore tout de ces bikers qui rôdent près de chez moi, mais je découvrirai bien ce qu'ils trafiquent...
Je décide de me recoucher. Je suis curieuse, certes, mais puisque je travaille dans quelques heures, je veux être en forme. Je ferai ma petite enquête plus tard.
Je retourne donc dans mon lit et me réveille au petit matin, loin d'être fraîche et dispose, lorsque Charlotte saute dans mon lit en hurlant : « C'est le matin ».
J'essaie de me cacher sous mon oreiller, mais ça ne fonctionne pas. Bien entendu, Théo se réveille au même moment et pleure aussitôt. Je vais le chercher et le prépare tandis que ma grande fille s'habille seule. Le problème, c'est qu'elle met toujours son chandail à l'envers, mais je ne fais aucun commentaire ; elle s'en rendra bien compte plus tard...
Je commence à préparer le petit-déjeuner. Rien de bien compliqué : des rôties à la confiture et des œufs brouillés. Charlotte dévore le tout pendant que je nourris Théo avec des céréales de riz. Ce dernier me crache dessus pour rigoler mais, ce matin, ça ne me fait pas rire. Je pars donc me changer une deuxième fois et enfile un pantalon noir et une blouse bleu poudre. J'attache mes cheveux en une queue de cheval et applique du cache-cernes ; il ne faudrait pas que je fasse peur à la clientèle. Je viens tout juste de terminer de me préparer qu'on sonne à la porte.
Je m'empresse d'aller ouvrir et une jeune fille d'environ quinze ans se tient devant moi, tout sourire.
- Bonjour, madame, me dit-elle. Je suis la nouvelle gardienne. Nous nous sommes parlé hier, au téléphone.
Je lui souris en retour.
- Enchantée, tu peux m'appeler Maisie. Entre, je vais te présenter les enfants.
Charlotte est devant la télévision et regarde son émission préférée, la Pat Patrouille.
- Charlotte, je l'appelle, je te présente...
- Audélie, termine celle-ci en souriant. Je suis contente de te rencontrer. Tu aimes les poupées ?
Ma fille, un peu gênée, hoche la tête.
Audélie sort alors de son sac une petite poupée avec les cheveux bleus et une queue de sirène.
- Elle, c'est Océane, lui explique la nouvelle gardienne. Elle aime nager avec les poissons et elle chante super bien.
Ma fille observe la poupée avec des étoiles plein les yeux. Eh bien ! Si j'avais su que c'était le truc pour la faire décoller de la télévision, j'aurais essayé bien avant !
- Je te la donne, ajoute Audélie.
Charlotte la prend en souriant de toutes ses dents et l'adolescente remarque au même instant le plâtre de ma fille.
- Oh ! Tu t'es fait mal ? Il est chouette, ton plâtre. J'ai apporté de la peinture. Aimerais-tu qu'on le décore ensemble ?
- Ouiii.
Je crois que Charlotte vient de se faire une nouvelle amie.
- Et voici Théo, je dis en lui présentant mon fils.
- Oh ! Il est trop mignon ! s'exclame Audélie en le prenant dans ses bras.
Théo se met à babiller en essayant de lui tirer les cheveux, ce qui la fait rire. Cette fille semble vraiment aimer les enfants et je suis rassurée de mon choix. Je lui explique ensuite les habitudes des enfants, ce qu'ils mangent et l'heure de leur sieste. Lorsque je jette un coup d'œil à ma montre, il est l'heure de partir si je ne veux pas être en retard pour ma première journée de travail.
Je conduis jusqu'à la clinique. Celle-ci n'est pas encore ouverte, alors j'entre par la porte arrière, comme on me l'a conseillé. Une femme âgée dans la mi-trentaine est déjà assise à son ordinateur et semble lire plusieurs dossiers.
- Bonjour, me dit-elle en m'apercevant.
- Bonjour, lui réponds-je. Je suis Maisie, la nouvelle secrétaire.
- Enchantée. Je m'appelle Nancy. Assieds-toi. Je vais t'expliquer tes tâches avant que la clinique n'ouvre. L'avant-midi, c'est toujours très affluent, alors je n'aurai pas beaucoup de temps pour toi par la suite.
- D'accord.
J'essaie de cacher ma nervosité. Je suis de nature anxieuse mais, en prenant plusieurs grandes inspirations, cela m'aide et je me calme rapidement. Après tout, j'ai déjà travaillé dans une clinique médicale et je parvenais facilement à exécuter correctement le travail. Je ne vois pas pourquoi j'en serais incapable ici.
- Alors, la première chose que tu dois faire en arrivant, c'est prendre les messages du docteur Thivierge. Je m'occuperai de ceux du docteur Côté. Tu peux inscrire les plus urgents sur cette feuille qu'il récupère en arrivant. Les autres, tu les lui envoies par courriel. Il est très technologique. Nous avons un calendrier numérique sur chacun de nos ordinateurs indiquant tous les rendez-vous de la journée. Les espaces vides que tu vois, ce sont les moments alloués aux clients qui viennent sans rendez-vous. À chaque tranche de trente minutes, il faut laisser du temps « libre » aux docteurs pour cela.
Je hoche la tête pour signifier que j'ai bien compris.
- À huit heures et demie, nous déverrouillons les portes et la clientèle fait la file pour nous présenter leurs cartes et nous donner leur présence.
- D'accord.
- Par la suite, lorsque tout le monde est installé, c'est au tour des télécopieurs et emails. L'hôpital nous envoie les diagnostiques des patients ainsi que les résultats de leurs tests. Il y a aussi le suivi des femmes enceintes. Nous recevons les résultats de leurs échographies et, s'il y a quelque chose d'anormal, tu dois en informer le médecin. Il y a aussi l'infirmière qui devrait bientôt arriver. C'est elle qui s'occupe des suivis de grossesse.
- D'accord.
- Avant chaque rendez-vous du docteur, tu sors les dossiers du patient et les place sur le coin du comptoir. Il les ramasse avant de retourner dans son bureau et les ramène à la fin de ses rendez-vous. Tu dois ensuite les classer et les organiser dans notre gigantesque classeur. Je vais t'expliquer comment il fonctionne.
Elle me montre une dizaine d'étagères sur roulettes et les pousse pour entrer dans la rangée désirée. Le tout est en ordre alphabétique, bien sûr.
Nancy m'explique les tâches connexes et, très vite, il est temps d'ouvrir la clinique. Les patients défilent. Certains sont de bonne humeur, d'autres semblent souffrir. Je leur réponds avec un sourire aimable. Les téléphones sonnent à n'en plus finir et je décroche, prends les rendez-vous et les inscrit dans les agendas. L'infirmière arrive vers neuf heures. Elle se nomme Béatrice et a la mi-vingtaine. Elle est très sympathique et nous salue avec amabilité avant d'aller chercher son premier rendez-vous de la journée, une jeune femme enceinte avec une énorme bedaine.
Vers l'heure du déjeuner, je suis déjà exténuée. Je jette un coup d'œil à mes messages et souris en voyant la photo qu'Audélie m'a envoyée. Les enfants et elle font la pose dans notre cour arrière et montrent à la caméra un gros papillon orange.
- Ce sont tes enfants ? me demande Nancy, qui a vu la photo sur mon cellulaire.
- Oui.
- Ils ont l'air adorable. Mon conjoint et moi essayons depuis cinq ans d'en concevoir, mais c'est plutôt compliqué pour nous.
Je lui souris, ne sachant pas quoi dire. Je suis facilement tombée enceinte les deux fois, surtout que la première fois n'était pas prévue.
En début d'après-midi, il y a un peu moins de patients qu'en matinée, mais la salle est tout de même presque remplie. J'ai été obligée, ce matin, de mentionner à quelques-uns de revenir après le déjeuner puisque les médecins n'avaient plus de place sur leur plage horaire. Les revoilà à la tête de la file qui me fixent d'un air furieux et qui me tendent leurs cartes d'assurance-maladie l'air de dire « Tu ne peux pas me virer, cette fois-ci ».
- Chaque jour, je dois en renvoyer plusieurs chez eux, me chuchote Nancy à l'oreille. Ils sont toujours furibonds, mais ils reviennent quand même. Je les vois patienter pendant des heures à la porte afin d'être les premiers à pouvoir rencontrer un docteur. Il y en a même qui hurlent, parfois.
- Comment peut-on s'y habituer ?
- Parce que c'est ainsi. Il y a toujours trop de patients pour les deux docteurs que nous avons dans cette ville. Et personne ne veut attendre dix heures à l'hôpital, alors...
Je réalise que j'ai eu de la chance, la veille, d'avoir pu rencontrer un médecin aussi vite. En fait, je ne pourrais pas dire que Gabin soit une chance, mais au moins, celui-ci m'a aidée.
L'après-midi se déroule encore plus rapidement. Entre les patients, les transmissions de fax à l'hôpital et les divers rendez-vous à inscrire dans l'agenda des médecins, je ne vois pas le temps filer. Vers seize heures, je commence à avoir de la difficulté à fonctionner tellement mon cerveau est en compote. La salle d'attente s'est graduellement vidée et les téléphones ont diminué.
Alors que je songe au gros camion de la nuit précédente, des éclats de voix me font sursauter. C'est avec stupéfaction que je vois une dizaine de bikers entrer dans la clinique. Ils supportent l'un d'eux et l'aident à avancer avec difficulté. Lorsque je reconnais l'homme, mes yeux s'écarquillent de stupéfaction...et lorsque je vois tout le sang sur lui, je laisse échapper un cri d'effroi. Il a vraiment l'air mal en point. Son t-shirt est couvert de sang et son teint blafard démontre qu'il est sur le point de s'évanouir.
- Un médecin ! Vite ! s'écrie un biker alors que je détache difficilement mes yeux de Gabin, qui vient de me reconnaître également malgré son état affaibli.
- Ils...ils sont occupés présentement, je bafouille.
- Allez chercher le docteur Thivierge, m'ordonne un homme qui a une posture menaçante. Immédiatement.
- Il ne doit pas être dérangé, j'ajoute.
Les bikers à ses côtés s'avancent vers moi avec des yeux d'assassins et je recule, terrifiée. Il faut dire qu'ils sont beaucoup plus costauds que ma frêle personne et me regardent, menaçants.
- Si vous tenez à rester entière, je vous suggère d'aller le chercher, ajoute l'homme froid. Dites-lui que Marius est là et que c'est une urgence.
Apeurée, je hoche la tête et me précipite dans le couloir. Je frappe à la porte du docteur et entre précipitamment dans son bureau. Je m'immobilise brusquement en apercevant le médecin avec sa patiente, qui est allongée sur la table d'auscultation avec les pieds dans les étriers. C'est bien ma veine ! Il fallait que je tombe sur un examen gynécologique !
Si je pouvais disparaître sous le plancher, je le ferais, surtout lorsque le médecin lève des yeux accusateurs sur moi.
- Mademoiselle, c'est absolument interdit d'entrer dans mon bureau lorsque je suis en consultation, me réprimande-t-il.
- Je...désolée, je bredouille, confuse, mais il y a un certain Marius qui vient d'arriver avec son groupe de bikers et un homme en sang et ils m'ont menacée...
- J'y vais, m'interrompt-il alors.
Puis, il s'adresse à sa patiente et l'aide à se relever.
- Tout est beau pour le bébé. Vous devriez accoucher d'ici une semaine, mais venez me revoir jeudi prochain si ce n'est pas le cas.
La jeune femme hoche la tête et se rhabille pendant que le docteur tire le rideau pour son intimité.
Quant à moi, je suis encore rouge pivoine. Docteur Thivierge sort de son bureau avec moi sur ses talons et, juste avant de refermer la porte, il me dit :
- Vous ne devez entrer sous aucun prétexte dans mon bureau lorsque je suis occupé. Appelez-moi, mais n'entrez jamais. Je serai indulgent puisque c'est votre première journée, mais, à la moindre erreur, c'est la porte. Nous sommes une clinique réputée et je ne peux permettre ce genre de maladresse. Est-ce clair ?
- Oui, docteur.
Sur ce, il s'en va à la rencontre de ces bikers de malheur. Depuis que je les ai rencontrés, ils ne font que me pourrir la vie. Mais c'est terminé. Je ne me laisserai plus faire. Ils vont bientôt connaître la véritable Maisie William, celle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Docteur Thivierge accompagne Gabin, Jonas et Marius dans une petite salle d'opération tandis que je retourne derrière le bureau de la réception. Je croise alors le regard de Gabin. Ses yeux gris-verts me fixent et un petit rictus étire sa lèvre, ce qui me met en colère.
Lorsque la porte se referme sur eux, je ferme les yeux en me morigénant mentalement ; pourquoi ce type me déstabilise autant ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top