Addicted to you-TOME 1- Chapitre 5

Gabin

     Tandis que Jonas et moi retournons à notre quartier général, qui se situe aux abords de la ville, je songe à cette curieuse femme que nous venons de rencontrer. Jamais je n'aurais pensé qu'elle était mère de deux enfants ! Je croyais qu'elle était mineure et qu'elle était leur gardienne.

Lorsque la petite l'a appelée maman, j'en suis tombée sur le cul. Maisie est un fantasme ambulant, alors une mère aussi jolie et sexy qu'elle, c'est plutôt surprenant. Elle est si mince que jamais je n'aurais cru qu'elle avait accouché quelques mois plus tôt. Ses yeux ne sont pas cernés de noir et je suis certain qu'elle ne se maquille pas. Son petit look naturel fait changement des femmes que je suis habitué à côtoyer. Lorsque je l'ai aperçue dans sa petite salopette courte dévoilant ses longues jambes fines, je les ai imaginées pendant une seconde enroulées autour de mes hanches. Puis, sa fille est tombée de l'escabeau et je suis revenu sur terre.

Maisie n'est pas le genre de femme que je veux dans ma vie. En fait, le seul genre dont j'ai envi, c'est celui à passer une nuit dans mon lit et ensuite, bye bye. Je ne veux pas de sentiments et d'amour, seulement du sexe. De cette façon-là, il n'y a pas de complications. Quoique...j'en aie tout de même déjà eues, mais c'était il y a longtemps, durant mes jeunes années inexpérimentées. Maintenant âgé de vingt-neuf ans, j'ai suffisamment d'expérience avec le sexe opposé pour ne pas me laisser embobiner.

Nous arrivons enfin en ce lieu qui nous sert de club et de domicile. La bâtisse est composée de plusieurs étages, tous adaptés à nos besoins. Le rez-de-chaussée fait office de club tandis que le deuxième étage comprend les bureaux où nous travaillons, même si je n'y vais pas souvent. Je suis plutôt un homme de main, alors j'agis plus que j'étudie. C'est plutôt notre président, la secrétaire et le comptable qui y travaillent.

Le troisième étage est réservé aux bikers. Ce sont des amis, mais je les considère comme ma famille. Ce niveau comprend une aire commune pour mes frères, une cuisine, des chambres et une grande salle de gym où nous passons beaucoup de temps. C'est une façon pour nous de garder la forme tout en nous divertissant. En après-midi, plusieurs d'entre nous travaillent et, en soirée, nous profitons parfois du club (et des femmes). Nous retournons par la suite à la brasserie pour une bonne partie de la nuit. Je me lève toujours tôt, contrairement aux autres bikers, quitte à ne pas beaucoup dormir. Je suis le genre de personne à vouloir profiter à fond de la vie, car cette dernière est courte et peut se terminer à tout instant. Lorsque je pense au père des deux enfants qui ne pourra pas les voir grandir, mon cœur de glace se fendille. C'est triste pour cette famille brisée, mais je suis certain que cette jeune femme va finir par rencontrer un homme qui remplacera son défunt mari. Alors que cette pensée me passe à l'esprit, je ressens une pointe de jalousie. C'est n'importe quoi ! Je ne la connais même pas ! Ses enfants sont mignons, mais pas au point de vouloir jouer le rôle de père. Je n'en reviens toujours pas d'avoir prêté ma pièce porte-bonheur à la fillette, Charlotte. Celle-ci est aussi mignonne et sa mère.

Je grogne en me laissant tomber sur le fauteuil lorsque je réalise la tournure de mes pensées.

- Gabin est de mauvaise humeur, raille Nathan.

Il me tend une bière, que j'accepte avec plaisir.

- Nous venons de rencontrer la nouvelle voisine, lui répond Jonas à ma place.

- Et puis ? Comment est-elle ?

- C'est la meuf que Gabin a engueulée hier, rigole mon ami.

Nathan éclate de rire.

- Ça va me faire des points de plus, plaisante-t-il.

- Sauf que personne ne s'en approche, je grogne.

- Pourquoi ?

- Tu as assez de filles au club. Laisse celle-ci tranquille.

- Vous auriez dû voir Gabin la mater lorsqu'elle est apparue à la porte vêtue d'une petite salopette moulante, ricane Jonas. Il aurait bien aimé la serrer tout contre lui. Au lieu de ça, c'est son bébé qu'il a dû prendre dans ses bras.

Mes potes éclatent de rire pendant que je lève les yeux au ciel. Nathan veut évidemment en savoir plus, alors mon traître d'ami se fait un plaisir de lui raconter les détails. À la fin de son récit, une dizaine de bikers se sont joint à nous et ils sont tous morts de rire.

- Ça suffit ! je m'exclame en me levant.

Marius arrive à ce moment-là et m'interroge à son tour. Sauf que le sujet est beaucoup plus sérieux, alors mes fidèles compagnons désertent la place, feignant avoir des choses à faire.

- Et puis ? s'enquiert le boss. La nouvelle voisine va-t-elle rester discrète ?

J'hésite pendant un court moment. Comment lui expliquer le fiasco de cet après-midi ?

- Nous avons eu de légères complications, je lui réponds.

- Quel genre de complications ? Gabin, je te fais confiance, alors ne me déçois pas.

- Le genre de complication que la gosse de la fille s'est cassé le bras tandis qu'on sonnait à sa porte, répond Jonas à ma place. Nous avons dû les emmener d'urgence à la clinique. Nous n'avons pas pu aborder le sujet avec la femme parce que sa fille hurlait à nous en défoncer les tympans.

Voilà qui résume bien cette journée.

Marius pousse un long soupir.

- Ne t'inquiète pas, le rassuré-je. Le problème sera réglé en un rien de temps. J'y retournerai demain.

- Bien. En passant, nous avons de nouveau clients qui passeront vendredi au hangar. Ils ont acheté cinquante tonneaux de notre nouvelle bière brune. Je compte sur toi pour que le transfert se déroule bien.

Je hoche la tête pendant qu'il se lève.

- Cette transaction ne passera pas inaperçue, ajoute-t-il. Le gros camion va sûrement déranger la voisine. Il ne faut absolument pas qu'elle porte plainte, sinon nous risquons d'attirer l'attention sur nous.

- Les policiers sont de notre côté, répliqué-je.

- Ce ne sont pas eux qui me font peur, mais ces mystérieux hommes d'affaires du club. Ils semblent manigancer quelque chose, bien que je ne sache pas encore de quoi il s'agit. Fais attention, Gabin. Les potins se répandent vite dans cette ville.

- Compris, patron.

Lorsqu'il part, je pousse un long soupir. Marius a l'étoffe d'un boss. Il est imposant et sait se faire respecter. Certains le trouvent même intimidants, mais lorsqu'on apprend à la connaître, on perçoit en lui une bonté hors du commun.

- Ton oncle a une confiance absolue en toi, me dit Jonas.

Marius est effectivement mon oncle. C'est le demi-frère de mon père, car ils n'ont pas la même mère. Ils n'ont jamais été en bon terme, alors, avant mes treize ans, je n'avais jamais eu de contact avec Marius. J'étais un adolescent turbulent, drogué, impertinent et qui séchait les cours, alors mon père m'a mis à la porte après une énorme dispute. Il n'en avait certes pas le droit, mais il ne s'est tout de même pas gêné. J'aurais pu être récupéré par les services sociaux, mais je n'ai jamais porté plainte contre lui. Au lieu de cela, je suis allé frapper à la porte de mon oncle. Ce dernier ne m'a même pas reconnu et j'ai dû lui expliquer qui j'étais. Je ne sais pas si c'est par pitié ou à cause de nos liens familiaux, mais il m'a pris sous son aile à partir de ce jour-là. Mon père était quelqu'un de très sévère et me reprochait sans cesse ma conduite. Il me rabrouait à chacun de mes faits et gestes et je me sentais toujours jugé. Marius est un homme également sévère, mais au lieu de me dicter ma conduite, il m'a simplement laissé apprendre de mes erreurs. Lorsque j'ai failli mourir d'une overdose, il m'a laissé deux choix : poursuivre cette voie et finir dans le même cimetière que ma mère ou faire une cure de désintoxication et promettre de ne plus jamais toucher à cette merde. J'ai finalement opté pour la deuxième option.

Mon oncle m'a laissé expérimenter par moi-même des tas de choses, il ne me freinait pas, mais était toujours présent pour me sortir de mes problèmes. Je ne répétais jamais deux fois les mêmes erreurs. J'ai commencé à l'âge de seize ans à travailler pour lui dans la distillerie et plus le temps passait, plus j'héritais de différentes responsabilités. J'ai monté les échelons pour devenir l'un des bikers les plus respectés du gang et celui sur lequel mon oncle peut toujours compter. Plus que son fils, Dennis. Ce dernier a trois ans de moins que moi et n'a aucun respect pour ses semblables. Il veut toujours prouver qu'il est le meilleur, même si tout le monde sait que c'est faux. Il pense que, parce qu'il est le fils du boss, il peut tout se permettre. Nous ne nous entendons pas très bien. Heureusement, il est souvent absent et je ne le croise que très rarement. Il est toujours aux études car il veut devenir politicien (la bonne blague !) et vit sur le campus en colocation.

- Papa, je me suis enfin trouvé un job ! s'écrie ma fille Audélie en arrivant dans le salon.

Audélie est ma fille de quatorze ans. Je sais ce que vous vous dites. Je suis trop jeune pour avoir une fille de cet âge. En réalité, j'avais seulement quinze ans lorsque je suis devenu père. Cela fait partie de mes nombreuses frasques. À l'époque, j'ai couché avec une nana lors d'un party très arrosé. C'était d'ailleurs ma première expérience sexuelle et c'est avec une fille plus âgée que moi que ça s'est passé. Je ne l'ai revue qu'un an plus tard lorsqu'elle est débarquée au club avec un bébé âgé d'à peine trois mois. Elle m'a alors appris que j'étais le père et nous avons effectué des tests de paternité pour en être certains.

Un beau jour, elle m'a appelé en panique car elle avait, disait-elle, une sortie urgente et m'a demandé de garder Audélie le temps d'une soirée. J'étais un peu nerveux, car je n'avais aucune expérience avec les bébés, mais j'ai tout de même accepté.

Ce fut la dernière fois que je vis la mère de ma fille. Elle n'est jamais revenue chercher le bébé. Au fond de moi, je savais le genre de femme qu'elle était et je me suis longtemps demandé pourquoi elle avait décidé de ne pas avorter lorsqu'elle avait appris qu'elle était enceinte. Toutefois, ce fut la meilleure décision de sa vie car, sinon, jamais je n'aurais pu connaître la joie d'être père. Marius et le doyen des bikers, Roland, m'ont toutefois beaucoup aidé, si bien, qu'Audélie les appelle mon oncle et papy. Elle a été élevée parmi des hommes, mais ma fille n'est toutefois pas un garçon manqué comme on aurait d'abord pu le croire. Je dois avouer que j'ai joué à la poupée et que je lui ai laissé m'appliquer du vernis à ongles un nombre innombrable de fois. J'ai fait jurer à mes frères de ne jamais, oh grand jamais, divulguer ce secret à qui que ce soit. Je serais obligé de tuer ce traître.

À l'exception d'Audélie, aucune visiteuse féminine n'est acceptée dans notre antre. Les femmes restent au club, un point c'est tout. Beaucoup de gens pensent que nous ne faisons que baiser dans nos temps libres. C'est faux. Nous aimons beaucoup cette activité, mais elle est réservée à nos fins de soirée. Ça arrive qu'une danseuse m'amène dans un petit cubicule prévu à cet effet dans le bar mais, la plupart du temps, elle me ramène chez elle pour une nuit inoubliable. Par ailleurs, jamais je n'ai commis une deuxième fois la bêtise de ne pas mettre de préservatif. D'abord, j'ai dû passer des tests pour le VPH et autres virus et, deuxièmement, je n'ai pas le goût d'avoir un autre enfant. Un me suffit amplement. Audélie n'était pas une enfant difficile. Je crois qu'elle me faisait un peu penser à Charlotte lorsqu'elle était petite. Ce doit être pour cela que cet enfant m'a attendrie. Je me suis rappelé à quel point être père a été la plus grande leçon de ma vie. Audélie m'a toujours obéi, n'a jamais commis de délit, obtient toujours de bons résultats à l'école et sort rarement à des soirées. Elle est en train de devenir une jeune femme mature et responsable. C'est pour cette raison que je ne suis guère surpris qu'elle m'annonce avoir trouvé un travail. Je ne veux pas la mêler à nos activités clandestines et elle le comprend très bien. Je veux ce qu'il y a de meilleur pour elle, qu'elle fasse des études et aie un travail honnête. Pas comme moi. Ni comme sa mère.

- Je commence demain, m'annonce ma fille, toute excitée.

- C'est bien. Veux-tu que j'aille te porter ?

- Pas la peine, j'irai en scooter. Ce n'est pas bien loin. La dame a l'air très gentil, en plus. Je suis sûre que je vais adorer travailler là-bas.

- Je l'espère aussi.

- Bon, Stacy et Maria m'attendent. Nous allons faire un peu de shopping avant que ça ferme.

- As-tu besoin d'argent ?

- Non, papa. Il m'en reste. De toute façon, je n'ai pas besoin de grand-chose.

- Parfait, appelle-moi s'il y a quoi que ce soit.

Elle hoche la tête, salut Jonas, puis s'en va.

Je sais que je suis un peu trop papa-poule avec elle, et mes copains me le font souvent remarquer, mais je n'y peux rien.

- Quand veux-tu aller revoir la voisine sexy ? me demande Jonas.

- Attendons à demain. Laissons-là gérer ses enfants. Elle doit être épuisée, la pauvre.

Me voilà condescendant, maintenant ! Je suis vraiment tombé sur la tête.

- D'accord. Cette fois-ci, on s'y prendra autrement, m'annonce mon ami.

- Ah oui ? Qu'as-tu derrière la tête ?

- Tu verras, me répond-il avec un petit sourire conspirateur.

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