Addicted to you- TOME 1-Chapitre 4
Maisie
- Je vais les étriper ! m'exclamé-je lorsque, vers cinq heures du matin, le bruit des motos se fait à nouveau entendre.
Je regarde par la fenêtre et aperçois le groupe quitter la bâtisse délabrée au bout de mon terrain. J'espère seulement qu'ils ne viendront pas tous les jours, sinon je vais devenir complètement folle.
Aucune considération pour les voisins, ceux-là ! Même si je suis pas mal la seule dans le coin...
Théo et Charlotte se sont également réveillés, car leur sommeil est beaucoup moins profond à l'aube.
J'ai emmené le strict minimum en termes de nourriture. Je sors donc le pain et le pot de beurre d'arachide et nous fais des rôties.
Vers neuf heures, je suis déjà exténuée et la journée de fait que commencer. Les déménageurs arrivent enfin, rentrent le mobilier dans la maison et je peux alors défaire les boîtes. Ils placent mes meubles dans les pièces attitrées. Puisque la maison comporte trois chambres, j'ai décidé d'installer les enfants séparément. Ils seront heureux d'avoir leur propre espace lorsqu'ils seront plus vieux.
J'ai l'intention de m'installer définitivement dans cette petite ville et d'y refaire ma vie. Je possède une formation en secrétariat. Durant mon premier congé de maternité, j'ai suivi des cours à distance et me suis spécialisée en secrétariat médical. J'ai travaillé durant un an avant de tomber enceinte de Théo, donc je n'ai pas beaucoup d'expérience dans le domaine. Toutefois, n'importe quel job en secrétariat fera l'affaire, pourvu que je travaille. Je ne vais pas faire ma difficile non plus. Dès demain, je ferai des démarches pour me trouver un emploi, car la paie de mon congé de maternité ne suffit plus. Être seule avec deux enfants entraîne beaucoup de dépenses. De plus, le gouvernement rembourse une partie des frais de service de garde, alors j'aurai un peu d'aide
Dire que ce malotru de biker m'a prise pour une adolescente ! Je parais jeune, mais tout de même ! Je soupire en essayant d'oublier cet incident. De toute façon, je ne le reverrai probablement jamais
En après-midi, nous passons au supermarché, puis à la quincaillerie afin d'acheter de la peinture pour colorer les murs. Charlotte veut sa chambre rose et verte, tandis que je choisis du gris chaud pour le reste de la maison. J'opte pour du vert pomme pour la chambre de Théo et, finalement, un beau rouge vif dans la salle de jeu des enfants.
Après le dîner, je décide de me mettre au travail. Plus vite je commencerai et plus vite je terminerai. J'enfile une salopette courte et sors mes pinceaux. Charlotte veut m'aider, alors je lui en prête un. Elle le plonge dans le gallon rose et entreprend de peindre un arc-en-ciel, ou plutôt un uni-ciel rose.
Je dépose ensuite Théo dans sa balançoire pour sa sieste et débute le boulot.
Je commence à peinturer le salon et le couloir, puis continue les chambres au sous-sol. Je suis tellement concentrée par mon ouvrage que j'entends à peine la sonnette d'entrée.
Quel mauvais timing ! Charlotte vient de renverser le sceau de peinture rouge et il y en a partout. J'ai les mains écarlates et probablement que mon visage en est également maculé. J'essaie de peine et de misère d'essuyer le plus gros et monte les escaliers en courant. La sonnette retentit à nouveau et j'ouvre sans vérifier l'identité de mon visiteur.
La stupéfaction me pétrifie sur place lorsque je reconnais le biker de la veille...plus beau que jamais. Sa veste en cuir et ses cheveux ébouriffés lui confèrent un petit look sexy. Je le compare immédiatement à un ange...ou plutôt, à un ange de la mort.
Gabin, si je me souviens bien.
Le Coyote. Ce surnom lui va encore mieux. Un prédateur, c'est probablement ce qu'il est.
Il reste aussi étonné que moi. Ses yeux me détaillent rapidement et il fronce les sourcils en voyant la peinture rouge qui me recouvrent.
- Encore toi ? s'exclame-t-il.
Qui s'attendait-il à voir ? Je suis chez moi, après tout !
- Que voulez-vous ? répliqué-je.
- Mais qu'est-ce que tu fabriques ? Es-tu en train de tuer quelqu'un ?
Quoi ? Oh ! La peinture rouge ! Je dois avoir l'air d'une tueuse en série.
Toutefois, avant que je ne puisse répondre, j'entends un gros boom et le cri de Charlotte me glace le sang. Je me précipite au sous-sol, les nouveaux venus sur les talons, et mon cœur fait une culbute lorsque je vois Charlotte étendue par terre avec un bras dans une drôle de position. Elle est grimpée dans l'escabeau et celui-ci est tombé.
- Nom de Dieu ! s'écrie Gabin en courant vers ma fille.
Celle-ci pleure à chaudes larmes.
- C'est ainsi que tu t'occupes des enfants ? me reproche le biker en prenant Charlotte dans ses bras.
- Hey ! le houspillé-je. Si je n'étais pas allée vous ouvrir, jamais mon attention n'aurait été détournée.
- N'essaie pas de mettre la faute sur notre dos, me crache-t-il. Cette petite doit aller à l'hôpital.
- Il y a une clinique à dix minutes d'ici. Je connais un médecin qui y travaille, dit l'ami de Gabin. C'est un vieil ami de famille. Je suis certain qu'il voudra examiner...
- Charlotte, réponds-je. Elle s'appelle Charlotte.
- D'accord, on y va, me dit-il.
- Non, elle reste ici, rapplique Gabin en me désignant. Elle doit s'occuper du bébé.
Ce type me sort par les deux oreilles. Il n'a pas le droit de me dicter ce que je dois faire. Jamais je ne laisserai ma fille aux soins de deux bikers, si vaillants soient-ils. Et encore...je ne les connais même pas. Ils pourraient la kidnapper, qui sait ?
- J'emmène Théo, et ce n'est pas discutable, affirmé-je sèchement.
- Écoute-moi, tu as assez fait de dommage comme ça...
Je suis sur le point de lui coller mon poing au visage lorsque Charlotte m'appelle :
- Maman, pleure-t-elle. J'ai mal...
Je m'agenouille à côté d'elle et la prends dans mes bras.
- On va aller soigner ton bobo, lui dis-je en caressant sa joue, d'accord ?
Elle acquiesce en sanglotant toujours.
Lorsque je me tourne vers les deux hommes, ma fille dans mes bras, je vois qu'ils me regardent les yeux ronds comme des billes.
- C'est...c'est ta fille ? me demande Gabin.
- Bien sûr ! lui réponds-je.
- Ça alors ! fait son ami. Tu as quel âge, au juste ?
- J'ai vingt-deux ans. Alors quoi ? Vous pensiez que j'en avais dix-sept ?
Leur silence est révélateur. J'éclate d'un rire jaune.
- Alors, elle est où cette clinique, que la mère indigne que je suis puisse emmener sa fille se faire soigner ?
- Je vous accompagne, me dit le biker dont j'ignore le nom.
Tiens ? On me vouvoie, maintenant ?
- Moi aussi, annonce Gabin.
Je ne dis rien, mais je me serais bien passé de sa présence désagréable. J'habille rapidement Théo, enfile un jeans, puis nous prenons mon véhicule tandis que le biker me donne les directions.
- Au fait, je m'appelle Jonas, se présente-t-il. Et cet ours mal léché, c'est Gabin.
- Je suis Maisie, lui dis-je sans toutefois le regarder puisque je conduis.
Je jette un coup d'œil dans le rétroviseur et avale un rire en voyant Gabin assis entre les deux sièges des enfants. Théo le fixe en babillant tandis que ma grande fille est encore en train de pleurer. Mon cœur de maman se serre.
- On arrive bientôt, ma chérie, lui dis-je pour la rassurer. Le médecin va pouvoir examiner ton bras.
- J'ai mal, pleurniche-t-elle.
Pas besoin d'être un docteur pour voir que son bras est cassé étant donné son angle étrange.
Gabin, lui, parait avoir avalé quelque chose de travers. Il ne pipe mot, mais je vois bien que quelque chose le dérange...et c'est probablement moi.
Nous arrivons enfin à la clinique. Celle-ci se trouve dans un bâtiment neuf où un bel ascenseur nous évite de nous casser le cou avec les enfants dans les bras. La salle d'attente, qui peut contenir facilement une cinquantaine de personnes, est pleine à craquer. Jonas parle à la secrétaire, qui hoche la tête et qui nous fait signe de nous asseoir près d'une petite salle de jeu. Charlotte n'a pas du tout envie de s'y aventurer, alors je la garde dans mes bras tandis que monsieur « Grognon », alias le Coyote, soutient maladroitement Théo. Si je n'avais pas été aussi remontée contre le biker, j'aurais pu trouver le tableau marrant. Je n'image vraiment pas ce type dans un rôle de père !
À peine un quart d'heures plus tard, on nous fait entrer dans le bureau du médecin. Ce dernier salue tout de suite mes compagnons d'infortune, puis examine Charlotte avec soin. Celle-ci nous fait une petite crise et crie :
- Je veux mon papa !
Cela me fend le cœur et des larmes s'échappent de mes yeux.
- Papa n'est pas là, mon cœur, lui réponds-je la voix tremblante.
- Je veux papa.
Mes nerfs sont sur le point de lâcher, mais avant que ça ne se produise, Gabin s'agenouille devant Charlotte. Il sort quelque chose de sa poche et le tend à ma fille. Je remarque une drôle de pièce de couleur argent avec un dessin de loup gravé dessus.
- C'est mon porte-bonheur, lui dit-il. Je te le prête pour qu'il te porte chance également, ok ?
Elle hoche la tête et se calme aussitôt. Je suis si soulagée que je pourrais embrasser Gabin. Mais je ne le fais pas puisque ce mec me sort par les deux oreilles.
Le docteur nous donne finalement son diagnostic, qui ne me surprend guère. Il fabrique un plâtre à ma fille, qui le veut rose, évidemment. Grâce à ma carte-soleil, cet accident ne me coûte rien. Vive la régie de l'assurance-maladie !
Avant de prendre l'ascenseur pour repartir, mon regard est intercepté par un tableau d'affichage. La clinique recherche une secrétaire médicale. Sous le regard des deux hommes, je prends les informations en photo avec mon cellulaire. Puis, j'aperçois l'annonce d'une gardienne d'enfant qui propose ses services. J'en aurai grand besoin si je me trouve un job, alors je prends également ses coordonnées.
Lorsque nous sommes de retour chez moi, je suis vannée. Charlotte n'arrête pas de crier que son plâtre la démange et Théo veut son lait.
- Sont-ils toujours comme ça ? me demande Jonas.
- Dieu merci, non, réponds-je. Au fait, qu'est-ce que vous me vouliez ?
Ils ne sont sans doute pas venus cogner chez moi pour me vendre du chocolat !
- Maman ! hurle Charlotte. Ça gratte !
- Euh...répond Jonas, mal à l'aise. Nous voulions te parler de quelque chose, mais ça ira à une autre fois.
Il fait signe à son ami et ils partent. Gabin se tourne alors vers moi et me lance :
- On reviendra.
Est-ce une promesse ou une menace ?
***La Régie de l'assurance maladie du Québec administre les régimes publics d'assurance maladie et médicaments et rémunère les professionnels de la santé.
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