Addicted to you-TOME 1- Chapitre 37
Gabin
J'arrive à la distillerie hors de moi. C'est vraiment la pire journée de ma vie. D'abord, l'enlèvement de Maisie, puis notre divergence d'opinion sur notre relation. Comment pourrais-je la convaincre de rester avec moi ?
De toute façon, biker ou non, cette querelle avec Nathan aurait eu lieu. Ce dernier était défoncé. On parle ici d'un règlement de compte. J'aurais été comptable et ça n'aurait rien changé. Il aurait tout de même voulu me faire du mal et se venger. En plus, Scott Becker voulait la maison de Maisie et ça n'avait aucun rapport avec les Demons, cette fois-ci. C'était uniquement parce que ce salaud voulait s'approprier ce terrain.
Nathan et Becker se sont alliés afin de parvenir à leurs fins, mais c'était un regrettable concours de circonstances. En tant que nouveau patron des bikers, je ferai tout mon possible pour nous éviter ce genre de problèmes.
Je me dirige vers le sous-sol, où Jonas, Austin et plusieurs bikers m'attendent.
La production de bière est restée telle qu'elle était lors de l'incendie. Les bassins sont pleins, mais la bière n'est plus bonne puisque la fumée s'est incrustée partout dans la bâtisse.
J'arrive en rogne et seul le fait d'apercevoir Nathan aggrave mon humeur. Mes frères l'ont suspendu à une poutre à l'aide d'une corde et d'une poulie, juste à côté d'un tonneau. Il est pas mal amoché à cause des coups que je lui ai envoyés à la chapelle, mais pas encore assez à mon goût.
Il est toujours conscient, mais un peu sonné.
- Il est en manque, me dit Austin. Il tremble et marmonne des trucs incohérents.
Je hoche la tête, pas surpris le moins du monde. Je connais les symptômes.
- Il est à toi si tu veux le tuer, ajoute Jonas en regardant le drogué avec dégoût.
- Les plans ont changé, les informé-je. J'ai besoin de lui pour témoigner contre Scott Becker. Cet enfoiré doit aller en prison.
Le rire démoniaque de Nathan me répond. Celui-ci me regarde en souriant méchamment.
- Jamais, me crache-t-il. Tu devras me tuer.
- Si tu insistes...
Je fais signe à mes frères de déplacer la corde à laquelle Nathan est suspendu au-dessus d'un bassin de bière. Celui-ci est assez profond pour que l'on puisse s'amuser.
- On va jouer à un petit jeu, après tout, tu adore l'alcool, mon frère, lui dis-je. Si acceptes de témoigner contre cet escroc, on te gardera en vie, sinon, tu pourras expérimenter la vraie expression « se noyer dans l'alcool ». Qu'en dis-tu ?
- Vas te faire foutre.
- Mauvaise réponse.
Je fais signe à Gregory d'actionner le levier et Nathan plonge dans le bassin. Au début, il ne bouge pas, probablement parce qu'il retient sa respiration. Tout le monde l'observe, immobile. Des bulles remontent à la surface, signe que l'air s'évade de ses poumons. Le liquide remue et tourbillonne autour de lui en même temps qu'il s'agite. La mousse accumulée sur la surface nous empêche de bien le discerner, mais je sais qu'il fait moins le fier. J'attends qu'il agonise, que le liquide s'infiltre dans ses poumons, qu'il soit sur le point de se noyer. Il bouge finalement, se débat et je jubile. Je veux qu'il souffre, qu'il regrette ce qu'il a commis.
Puis, Gregory relève le traître, qui tousse tout en ayant des haut-le-cœur. La bière sent la moisissure et, mélangée aux vapeurs de fumée, en avaler une infime quantité doit être dégueulasse. Néanmoins, il mérite amplement son sort.
- Remet-le, j'ordonne à mon pote.
Nathan plonge à nouveau dans le liquide et son calvaire recommence. Cette fois-ci, on le laisse plus longtemps. Lorsqu'il cesse de gigoter comme un vers de terre, Gregory le sort à nouveau du bassin. Il respire à peine, mais je m'approche de lui, puis lui envoie un coup dans la poitrine, ce qui a pour effet de lui faire cracher le liquide qui s'était engouffré dans ses poumons.
- On peut poursuivre ainsi jusqu'à ce que tu crèves, je lui dis en reculant.
Il tousse tellement qu'il en vomit.
- Tu...as...besoin de moi, dit-il à bout de souffle.
- Ça ne m'empêchera pas de te faire souffrir autant que tu l'as fait pour Maisie. Et puisque je suis en rogne, ça va être dix fois pire pour toi.
- Je ne l'ai presque pas coupée, se défend-il. C'était de la frime.
- Eh bien, sache que, moi, je ne frime pas.
Et il replonge. Gregory refait le même exercice encore et encore, jusqu'à ce que Nathan s'écrie :
- D'accord, je vais le faire. Pitié, arrêtez.
Il pleure comme une gonzesse, mais je suis satisfait de sa réponse. Il a tout de même résisté longtemps. Toutefois, je fais signe à Gregory de recommencer. Celui-ci fronce les sourcils, mais obéit.
Éreinté, Nathan ne tarde pas à perdre conscience. Mes frères le raniment et je me penche sur le traître.
- Tu vas avouer que Scott Becker était le cerveau de cette opération. Tu vas tout raconter aux jurys et leur confier qu'il voulait démunir Maisie de sa maison et qu'il t'a demandé de la torturer afin de l'y convaincre.
Il hoche la tête.
- Et toi, j'espère que tu vas finir en prison avec cette crapule, lui lance Jonas.
- Ne crains rien, je vais m'en assurer, lui réponds-je. Tu te souviens de Thor, pas vrai ? Je suis sûr qu'il va être super content de te revoir, surtout lorsqu'il apprendra que tu as tué Marius.
Nathan tressaille. Thor, c'est le surnom que nous avons donné à l'un des nôtres et ça le représente parfaitement. Celui-ci sait frapper où ça fait mal et, en tant que sosie du Dieu du tonnerre avec sa haute taille toute en muscle et ses longs cheveux blonds, nous lui avons attribué ce surnom. Personne ne se rappelle de son vrai prénom. Sauf que notre pote, au lieu d'utiliser un marteau, il se sert de ses poings. Boxeur hors pair, il défonce tous ses adversaires. Malheureusement, il en a tué un lors d'un règlement de compte. Il a été accusé de meurtre avec homicide involontaire et a écopé d'une peine d'emprisonnement de trente-six mois. Marius allait souvent le visiter, mais je ne l'ai pas revu depuis deux ans.
- J'étais défoncé, nous donne Nathan comme excuse. Je n'ai pas fait exprès. J'espère que Thor va comprendre...Après tout, lui aussi a tué quelqu'un.
- Sauf que le « quelqu'un » qu'il a tué l'avait attaqué. Il s'est défendu, tandis que toi, tu as tué l'homme qui t'a aimé depuis que tu es arrivé parmi les Demons.
- Il ne m'a jamais aimé, crache Nathan. Il n'avait d'yeux que pour toi.
J'ai envie de lui faire reprendre un bain de bière, mais je me contente de lui envoyer un coup dans le ventre.
- J'espère que Thor te fera regretter d'être né, lui dis-je avant de partir.
Mes frères s'occuperont de son cas en attendant le procès.
Je retourne au club et me couche, mais je ne parviens pas à fermer l'œil. Je songe à un moyen de convaincre Maisie que je suis l'homme qu'il lui faut.
Le lendemain, après une longue nuit blanche, je m'installe au bureau du deuxième étage et passe plusieurs coups de fil. J'apprends, grâce au notaire, que Marius m'a légué la brasserie et le club.
Je prends alors la décision de faire de grands changements au sein des Demons of Hell. Je parle d'abord au directeur de la société des alcools, puis j'appelle notre avocat et, enfin, je contacte un architecte.
À la fin de la journée, je suis satisfait et j'ai bon espoir de pouvoir récupérer la femme que j'aime. Les choses vont changer et j'espère qu'elle comprendra que je suis prêt à tout pour la récupérer.
. Jonas m'apprend que la jolie demoiselle est sortie de l'hôpital et qu'il s'est assuré qu'elle soit installée confortablement chez elle avec ses enfants.
Je décide de lui laisser un peu de temps pour se remettre de sa mésaventure et j'attends une semaine, le temps d'avoir tous les outils nécessaires à la proposition que je vais lui faire.
Lundi matin, je décide qu'il est temps pour nous de discuter. J'attends que l'heure du petit-déjeuner soit passée, puis je m'habille, grimpe sur ma bécane et file chez elle.
Elle m'ouvre avant même que je ne frappe à sa porte.
- Salut, me dit-elle d'une voix hésitante. Je t'ai entendu arriver.
- Salut, je peux entrer ?
- Bien sûr.
Une merveilleuse odeur de tarte à la citrouille me parvient aussitôt.
- Ça sent bon, remarqué-je.
- J'étais en train de cuisiner, me répond-elle.
Je suis sur le point de lui faire remarquer qu'il est à peine neuf heures, mais une masse me percute et m'en empêche.
- Gabin, s'écrie Charlotte en m'étreignant la jambe, tu es revenu ?
- Bien sûr, vous me manquiez, lui avoué-je.
Et ce n'est que trop vrai.
Maisie détourne les yeux, mais j'ai le temps d'apercevoir de la mélancolie au fond de ceux-ci.
- Veux-tu venir jouer avec moi ? me demande la fillette.
- Tantôt. Pour l'instant, je dois parler à ta maman.
- D'accord.
Elle retourne au sous-sol tandis que Maisie et moi restons debout.
Un ange passe, puis la jeune femme s'éclaircit la voix.
- Veux t'asseoir ? m'offre-t-elle.
- D'accord.
Nous sommes mal à l'aise et j'hésite à lui parler tout de suite de nous. Néanmoins, je ne veux pas tourner éternellement autour du pot.
- Tu sembles aller mieux, remarqué-je.
- Oui, je n'ai presque plus mal à la lèvre et ma coupure est en train de guérir.
- Tant mieux Je veux que tu saches que Scott Becker est derrière les barreaux en attente de son procès. Tu devras par contre témoigner afin de raconter ce que tu as vécu.
Elle hoche la tête, résignée.
- Si cela peut aider à envoyer ce fraudeur en prison, alors je le ferai, affirme-t-elle. Je suis certaine qu'il a berné d'autres personnes.
- Malheureusement, les autres n'avaient pas assez de preuves pour l'inculquer. Nathan va également témoigner. Nous l'avons convaincu.
- Ah oui ? Crois-tu qu'il fera de la prison ?
- Peut-être pas très longtemps. Puisqu'il était sous l'emprise de la drogue, il a une bonne excuse. Au pire, il fera douze mois de prison ferme, puis sera envoyé en maison de désintoxication. Toutefois, jamais plus il ne s'approchera de toi. Je t'en fais la promesse.
- J'aimerais bien te croire...
Il le faudra bien.
- J'ai procédé à quelques changements au sein du club, lui dis-je finalement.
Je sors les plans et les étend sur sa table.
- Qu'est-ce que c'est ? me demande-t-elle en désignant les documents.
- Ce sont les plans de notre nouvelle brasserie, lui réponds-je avec un grand sourire. Nous avons décidé d'en construire une neuve qui sera ouverte au public.
- Hein ?
- J'ai demandé un permis de vente d'alcool et je suis fier de t'annoncer que nous l'avons obtenu. Nous pourrons ainsi vendre notre bière au public. Le commerce illégal, c'est terminé. Regarde le plan. Il y aura une petite boutique où les gens pourront acheter nos délicieux produits. J'ai aussi songé à offrir certaines confitures que fabrique Madame Deveau. Elles sont succulentes. Et à vendre aussi des fromages d'ici. Je connais le propriétaire d'une petite fromagerie et il a quelques difficultés depuis quelques temps. Ça serait bénéfique pour lui.
Ses grands yeux écarquillés démontrent qu'elle est abasourdie par l'idée.
- Et vos acheteurs américains ? Le gouvernement va sans doute vous imposer des taxes pour exporter...
- Nous ferons des bénéfices autrement. Ce sera moins dangereux, surtout pour toi. Les gros camions vont moins circuler devant ta maison, alors ce sera plus sécuritaire et moins bruyant.
Son regard s'attarde sur le dessin.
- Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle en me pointant le plan.
- Cela, ma jolie, c'est ta maison.
- Je ne sais pas lire des plans, Gabin, mais elle semble immense.
- C'est à cause de l'annexe que nous ajouterons. Je ferai construire un garage et il y aura trois chambres au-dessus.
Elle me fixe comme si j'avais perdu la tête.
- Es-tu en train de me dire que tu as pris cette décision sans m'en parler ? me sermonne-t-elle. Cette maison est la mienne et le terrain, également.
- Le terrain voisin du tien m'appartient désormais, la provoqué-je avec un petit sourire malicieux. Je pourrais y construire un si gros building qu'il ferait de l'ombre sur ta maison.
- Tu n'oserais pas ! me coupe-t-elle.
- Ne me met pas au défi, Maisie.
Elle lève les yeux au ciel.
- Tu m'a dis que tu ne voulais pas être avec moi à cause du danger. J'ai modifié nos activités pour ne plus vous exposer à cela.
- Il ne fallait pas !
- Bien sûr que si. Je t'aime et je ferais tout pour toi.
Elle arrondit ses yeux, stupéfaite de ma confidence.
- J'aimerais que nous formions une famille, lui révélé-je. Toi, moi, tes enfants et Audélie. Ce serait une bonne idée de faire un agrandissement, afin qu'il y ait assez de chambres pour tout le monde, qu'en dis-tu ? Nous le ferons en même temps que la construction de la brasserie.
- Je...je...
Elle est à court de mot.
- Dis oui, bébé, persisté-je.
Un sourire apparaît sur son visage.
- Si c'est pour éviter à ma maison d'être dans l'ombre, alors je suis prête à tenter le risque d'être avec toi, m'agace-t-elle. Mais je dois t'informer que je ne tolèrerai aucune réunion de bikers chez moi.
- Aucun problème.
Elle remarque alors quelque chose dans la légende du plan.
- The Gates of Paradise, lit-elle.
- Il faut donner un nom un peu moins...diabolique à l'endroit, si on veut avoir des visiteurs, lui expliqué-je. De plus, je me sens plus au paradis qu'en enfer depuis que je t'ai rencontrée.
- Attention, Gabin, me prévient-elle, amusée. Tes paroles dégoulinent de mièvrerie.
- Avec un mélange d'amertume et de douceur, ça fera une recette parfaite, qu'en dis-tu ?
- Parles-tu de bière ? me demande-t-elle en haussant un sourcil.
- Je parle de notre couple, bébé.
- Dans ce cas, c'est un bon équilibre, pouffe Maisie.
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