Addicted to you-TOME 1- Chapitre 36
Maisie
J'entends la voix rassurante de Gabin m'appeler, mais je suis tellement bien que je ne fais aucun effort pour me réveiller. Je suis couchée sur un nuage, du moins, c'est l'impression que j'aie après être restée assise pendant des heures sur une chaise en bois inconfortable.
À moins que je ne sois morte et que je me trouve au paradis. Mais si c'était le cas, je ne l'entendrais pas.
Une éternité plus tard, plusieurs voix me parviennent. Est-ce des anges ?
- Non, nous sommes les Demons of Hell, pas les Anges, me dit quelqu'un.
Ai-je posé la question à voix haute ?
J'ouvre les yeux quelques secondes plus tard. D'abord, tout est flou, puis les contours s'éclaircissent. La lumière m'éblouit et j'entends une voix ordonner qu'on ferme les stores.
- Maisie ? Est-ce que tu m'entends ?
Je tourne la tête et aperçois Gabin. Il s'approche de moi et prends ma main dans la sienne.
- Comment te sens-tu, bébé ? me demande-t-il
Je ne lui réponds pas tout de suite. Je fixe nos mains liées, incertaine.
- Es-tu capable de parler ? ajoute-t-il. As-tu mal quelque part ? Les médecins t'ont donné de la morphine parce que tu souffrais à ton arrivée à l'hôpital, mais ils ont dit que tu guérirais en quelques jours.
J'en suis assez surprise. Les coups de Nathan étaient douloureux, surtout celui sur la bouche. Je n'aurais pas dû l'insulter étant donné ma situation précaire. Pour le reste, il s'est contenté de me frapper après avoir découpé mes vêtements en lambeaux.
Au moins, je n'ai mal nulle part, si ce n'est une grosse migraine et une fatigue intense. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours.
- Ça va, lui réponds-je d'une voix enrouée. Je suis fatiguée, mais je n'ai pas mal.
Du moins, pour l'instant. Je ne doute pas un seul instant qu'une fois que les médicaments ne feront plus effet, la douleur reviendra comme un boomerang.
Je remarque quelques visages familiers, dont celui de Jonas et d'Austin. Ils semblent rassurés de me voir réveillée. Nancy est également présente et me regarde en souriant. Elle tient un gros bouquet de fleurs dans ses mains.
- Salut, me dit-elle. Lorsque j'ai su ce qui t'était arrivée, j'ai voulu venir t'offrir un peu de soutien.
- Merci, c'est gentil à toi.
- Je ne veux pas te déranger trop longtemps, mais je reviendrai plus tard, lorsqu'il y aura un peu moins de testostérone dans les parages, ajoute-t-elle en me faisant un clin d'œil.
Elle salue les bikers, puis sort après avoir déposé le bouquet de fleur sur ma table de chevets. Ses doux effluves me parviennent et je les respire avec bonheur.
- Comment m'avez-vous retrouvée ? demandé-je alors aux bikers.
- En fait, tu peux remercier ta fille.
- Charlotte ? m'étonné-je.
- Oui, répond Gabin. Lorsque Nathan m'a envoyé la vidéo de toi, j'ai remarqué l'éclairage coloré et Charlotte a aperçu le même détail sur la vieille chapelle dans ton rang. J'ai immédiatement fait le lien.
- Ah bon.
Ma fille m'a sauvée la vie. En partie. Je suppose que c'est grâce aux hommes ici présents que je suis toujours vivante.
- Qu'est-ce que cet enfoiré t'a fait ? me demande alors Gabin.
Je n'ai pas envie de lui raconter tous les détails. Je veux seulement oublier ce moment dont le souvenir, j'en suis certaine, hantera longtemps mes nuits.
- Je veux savoir, insiste-t-il.
- Il a découpé mes vêtements avec la lame de son couteau, lui réponds-je en déglutissant. Je crois que c'était plus pour m'effrayer que pour me blesser. Il a toutefois appuyé plus fort à certains endroits jusqu'à me faire saigner. C'était comme se couper avec une feuille de papier, mais en pire. Puis, je l'ai un peu provoqué et il a disjoncté. Il m'a frappé avec le manche de son poignard et m'a éclaté la lèvre.
- Est-ce qu'il t'a...
Je devine ce qu'il veut me dire et secoue la tête de gauche à droite. Il laisse échapper une longue expiration, comme s'il avait retenu son souffle tout ce temps.
Je me souviens soudain d'un élément d'une importance capitale.
- Il était de connivence avec Scott Becker, annoncé-je aux bikers. Celui-ci voulait m'obliger à lui vendre ma maison et Nathan devait me...persuader de le faire.
Fou de rage, Gabin donne un coup de pied dans le fauteuil à côté de mon lit, ce qui me fait tressaillir. J'ai vu assez de violence pour le restant de mes jours.
- Désolé, s'excuse-t-il.
Il sort son téléphone portable de la poche arrière de son jeans et compose un numéro.
- Sean, dit-il. Fait arrêter Scott Becker. À cause de lui, ma nana a failli perdre la vie. Si j'ai des preuves ? Je suis présentement avec la victime et elle pourra témoigner contre lui. Il a engagé quelqu'un pour la torturer ? Un témoin ? Oui. Ne t'inquiète pas, il parlera. D'accord.
Il raccroche, puis annonce :
- C'est la fin du règne de Scott Becker. Nous le tenons et il ne s'en tirera pas à si bon compte. Sa vie va devenir un enfer.
J'espère vraiment qu'il va être jugé et ira en prison.
- Et Nathan ? je m'enquiers.
- Ne t'inquiète pas, bébé. Il ne te fera plus jamais de mal.
- Où est-il ?
Il ne répond rien et je le vois échanger un regard avec ses potes. Ils me cachent assurément quelque chose, mais ai-je réellement envie de savoir ce qu'il est advenu de lui ? Pas vraiment, pourvu qu'il ait eu ce qu'il mérite.
- Les visites se terminent dans dix minutes, annonce alors une infirmière.
Jonas et Austin nous laissent seuls, Gabin et moi. Celui-ci reprend ma main, mais je dégage mon bras.
- Qu'est-ce qui se passe, bébé ? me demande-t-il.
Je ris jaune.
- Ce qu'il se passe ? L'un des tiens m'a battue !
- Cet enfoiré n'était pas mon pote, se défend-il. Je n'ai jamais pu le supporter.
- Si tu avais été plus sympathique avec lui, peut-être ne s'en serait-il pas pris à moi ? répliqué-je.
- Il était accro à la drogue, Maisie. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Marius a essayé de l'aider, mais il était déjà trop tard.
- S'il avait vraiment tenu à lui, il l'aurait obligé à faire une cure de désintoxication, comme toi, rétorqué-je en croisant mes bras. À cause de l'aveuglement de Marius, j'ai dû subir...ça. J'espère qu'il va regretter son manque de jugement.
Gabin reste silencieux pendant plusieurs secondes.
- Ça aurait sans doute été le cas s'il s'en était sorti.
Bouche bée, je dévisage le visage grave du biker. Puis, je vois dans ses yeux une tristesse infinie qui me fait aussitôt comprendre.
- Il...il est mort ? questionné-je
- Oui. Il s'est pris une balle en essayant de me sauver la vie.
- Oh !
Je suis désolée pour lui. Je respectais énormément Marius, malgré les erreurs qu'il avait commises. Après tout, être un chef devait être difficile par moment. Il fallait prendre les bonnes décisions, mais on devait toujours craindre que nos choix aient certaines conséquences.
- Il m'a nommé chef des bikers, m'annonce alors Gabin. Il me considérait comme son fils, alors il voulait que ce soit moi qui lui succède.
Je cligne des yeux, croyant d'abord avoir mal compris.
- Ça veut dire que tu vas les diriger ? demandé-je.
- Oui. Il va y avoir certains changements au sein du club et j'espère que ce sera positif pour tout le monde.
Il se penche sur mon lit et caresse ma joue.
- Dès aujourd'hui, il y aura toujours quelqu'un qui surveillera ta maison, de jour comme de nuit, Maisie. Je ne veux plus jamais qu'il ne t'arrive malheur.
Ses paroles auraient dû me réconforter mais, au lieu de cela, elles me font reculer.
- J'aimerais partir loin d'ici, lui avoué-je, mais, en même temps, je veux rester dans cette maison, surtout après m'être battue pour la garder.
- Je comprends.
- Alors, tu comprendras que, nous deux, ça ne pourra pas fonctionner.
Ça me fait mal au cœur de le rejeter, mais je dois d'abord songer au bien-être de mes enfants, et jamais je ne pourrai vivre en paix en sachant que le chef d'un gang rôde autour de nous.
Gabin arrondit ses yeux de stupeur.
- Es-tu en train de...rompre ? me demande-t-il.
- Gabin, je ne veux pas être mêlée à vos règlements de compte. Ce qui s'est passé aujourd'hui m'a fait comprendre que je devais rester loin de toi et, puisque tu es désormais à la tête des Demons, ça confirme mes pensées.
Il recule, interloqué, et me fixe d'un regard lourd de reproches.
- Je t'ai sauvée de Nathan, me dit-il d'un air offusqué.
- Peut-être, mais le mal était fait. Pendant combien de temps crois-tu que je devrai consulter un psychologue pour chasser ces souvenirs de ma tête ? Chaque fois que je sortirai de chez moi, je craindrai de me faire enlever par un de tes ennemis. Désolée, Gabin, mais je ne peux pas continuer ainsi.
- Je te protègerai, insiste-t-il.
- Tu ne seras pas toujours là. Un jour, quelqu'un finira ce que Nathan a commencé et je ne veux pas que mes enfants deviennent orphelins à cause de tes règlements de compte.
Il secoue la tête de droite à gauche, comme si refusait d'accepter la vérité.
- Monsieur, les visites sont terminées, annonce une infirmière.
- Laissez-nous encore quelques minutes, s'il vous plaît, la prie Gabin, mais celle-ci se montra inflexible.
- Revenez demain, elle a besoin de se reposer.
Il laisse échapper un long soupir et se tourne vers moi.
- Ce n'est pas la fin. Ce n'est que le début, m'assure-t-il juste avant de sortir de ma chambre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top