Addicted to you-TOME 1- Chapitre 29
Gabin
Nous arrivons au belvédère vers vingt-deux heures. Ce dîner a été très révélateur. J'ai pu en apprendre plus sur la très chère demoiselle qui se trouve à mes côtés. Cette nana me plaît de plus en plus. J'adore la voir s'énerver pour un rien. La rendre mal à l'aise me fait jubiler.
C'est tellement bon de sentir son petit corps blotti contre le mien que je décide de faire un détour en contournant la ville. En plus, nous avons amplement de temps devant nous. La route est dégagée et le soleil couchant nous offre une vue splendide. Je ne peux voir le visage de Maisie, mais je sais qu'elle admire le panorama. J'ai bien hâte de lui montrer celui du belvédère, qui mérite amplement l'effort physique qu'elle s'apprête à effectuer.
Il se situe sur le sommet d'une montagne qui s'érige au-delà de notre région. Très prisée par les touristes, surtout pour ses sentiers de randonnées pédestres, mais aussi pour son observatoire et ses belles chutes, la montagne est très visitée. Une rivière à sa base sillonne la forêt, ou un terrain de camping attire les gens qui aiment la nature. Je sens que je vais facilement convaincre les mordus de cet endroit de signer notre pétition. Le centre de villégiature nuirait assurément à ce lieu touristique.
Je gare ma moto à côté d'une voiture et sors une couverture soigneusement pliée du petit coffre latéral accroché à ma bécane.
Maisie hausse un sourcil, probablement surprise que j'aie songé à apporter de quoi nous installer.
- Je pensais que notre travail était de récolter des signatures pour la pétition, me dit-elle.
- Rien ne nous empêche de faire une pause pour observer les étoiles.
Elle a l'air de douter, mais ne fait aucun commentaire.
- C'est ici ? demande-t-elle en observant les alentours.
Je me suis arrêté directement au pied d'un gros escalier avec plusieurs paliers, sept, exactement.
- Ne me dis pas que nous allons monter par là ! s'exclame Maisie.
- Pourquoi ? Il n'y a que cent cinquante marches.
Je l'entends jurer entre ses dents et me marre.
- Je vois que tu n'es pas une très grande sportive, remarqué-je.
Son regard noir lui donne un air de petit chaton qui sort ses griffes. Ce que j'adore l'agacer !
- On pourrait rester en bas et récolter des signatures ici, suggère-t-elle avec espoir.
- Le spectacle est en haut, bébé, ajouté-je d'une voix taquine. Tu ne verras rien, ici.
- Arrête de m'appeler comme ça, me rabroue-t-elle en croisant ses bras d'un air bougon.
- Préfères-tu que je t'appelle Chaton ? la nargué-je.
Elle grimace et dit :
- Appelle-moi seulement Maisie. Ce n'est pas compliqué, il me semble !
- Sauf que mes potes t'appelle ainsi...et je ne suis pas ton pote.
- Ça, c'est clair, Gabin.
Je voulais lui faire remarquer notre complicité pendant le dîner, cette tension sexuelle entre nous et nos valeurs communes. Elle n'a absolument rien saisi.
Je tâche de garder mon sang-froid et de ne pas lui prouver dès maintenant qu'il y a plus qu'une relation platonique entre nous.
- En es-tu certaine ? la provoqué-je. Je vais te laisser y songer pendant que je t'attends en haut. À tantôt !
Sur ce, je la laisse bouche bée en bas de l'escalier pendant que j'effectue la montée. Je suis habitué à venir ici. C'est l'endroit touristique le plus prisé de la région puisque le paysage est incroyable. Néanmoins, quelqu'un venant pour la première fois trouve toujours l'ascension pénible. Nul doute qu'elle voudra m'étriper une fois arrivée en haut.
À peine cinq minutes plus tard, je suis sur le belvédère. Il y a déjà une foule monstre. Les gens sont en train de s'installer. Certains ont apporté des chaises pliantes, d'autres, comme moi, des couvertures, et plusieurs des jumelles. Certains ont même pique-niqué sur les lieux.
J'en profite pour sortir la feuille de signatures que m'a remise Marius. Mon blouson de cuir avec l'insigne des Demons of Hell est bien visible et tous me reconnaissent. Même les touristes semblent savoir qui nous sommes. Je suis d'ailleurs étonné que Maisie n'ait jamais entendu parler de nous avant d'arriver dans notre petite ville. Elle devait habiter très loin d'ici...
Un quart d'heure plus tard, je la vois arriver, essoufflée comme un bœuf et rouge comme une tomate. Malgré son état, je la trouve toujours aussi sexy. Ses pommettes rouges mettent en valeur son teint légèrement halé et ses lèvres écarlates. De la sueur perle sur son front et ses cheveux sont légèrement humides. Elle doit ressembler à cela après une partie de jambes en l'air...
- Espèce de sale...commence-t-elle, mais je l'interromps en plaçant un doigt sur ses lèvres voluptueuses.
- Il fallait me le dire, bébé, si tu voulais grimper au septième ciel avec moi.
Elle est sur le point de commettre un meurtre.
- Relaxe, la conseillé-je. L'activité physique, c'est bon pour le corps. Cela dit, le Kamasutra aussi, mais puisque tu ne le pratiques pas, il faut bien compenser quelque part.
- Gabin, si tu n'étais pas aussi...
- Beau ?
- Indispensable à ce travail, je te jure que je te balancerais en bas de cet escalier.
- Et tu n'aurais plus personne pour réchauffer notre lit, vilaine fille, rétorqué-je.
Elle s'aperçoit qu'elle ne ressortira pas victorieuse de notre petite joute verbale, alors elle pousse un long soupir et me tourne le dos.
Et c'est là qu'elle aperçoit le panorama. Je me décale légèrement pour voir son visage et je suis satisfait lorsque je remarque sa bouche légèrement entrouverte et ses yeux écarquillés qui fixent l'horizon, tout juste alors que le crépuscule nous fait l'honneur de ses superbes couleurs oranger, rose et bleu.
- As-tu toujours envie de me balancer en bas ? je la provoque d'un air espiègle.
Elle ne me répond pas et change d'axe afin d'apercevoir la vue à l'est. J'en profite pour me rapprocher et m'immobilise derrière elle.
- D'où viens-tu ? lui murmuré-je en me penchant juste au-dessus de son oreille.
Elle reste silencieuse et me pointe le nord.
- De là-bas, me répond-elle. Là où il y a de la neige six mois par année, où la terre se couvre de gel en ce temps tardif, où ma famille m'a rejetée et où j'ai perdu l'être qui comptait le plus pour moi.
Elle se tourne alors pour me faire face.
- Là où j'ai quitté mon ancienne vie pour en rebâtir une nouvelle avec mes enfants.
Je hoche la tête, troublé par ses paroles légèrement poétiques.
- Dans ce cas, regarde au Sud et dis-moi ce que tu vois, lui dis-je.
Elle se tourne une fois de plus et je l'entends pousser une légère exclamation de surprise.
- Eh oui ! C'est la mer que l'on voit au loin. Nous sommes si hauts que, même à une heure et demie d'ici, on voit l'océan se dessiner à l'horizon.
- C'est magnifique ! s'extasie la jeune femme.
- En effet. C'est un paysage dont on ne peut se lasser.
Elle m'adresse un sourire et je sens mon cœur faire une loupe. C'est la première fois que ses yeux semblent aussi brillants. Extatiques. Charmés.
- Viens, lui dis-je alors, brisant l'ambiance sereine. Il est temps de se mettre au travail.
Je ne suis pas une personne timide, alors je prends les devants et abordent les gens en leur parlant de notre projet de nous opposer à la construction du centre de villégiature. Tous, sans exception, apposent leur signature, au grand étonnement de Maisie.
- Ton blouson les intimide, à ce que je vois ? commente-t-elle.
- Tu n'es pas contente qu'ils soient de notre côté ?
- Si, mais...
Elle hésite à poursuivre.
- Mais quoi ?
- Je me demande pourquoi ils vous craignent tant.
Son ton me donne l'impression qu'elle me reproche d'être un biker, d'être celui que je suis.
- Ils savent seulement qu'ils ne doivent pas s'opposer à nous, réponds-je en haussant les épaules.
Si elle savait de quoi les Demons sont capables, elle fuirait sans doute à toutes jambes. Si elle est un tant soit peu intelligente, elle aura compris que nous ne sommes pas des enfants de cœur. Nous défendons ce à quoi nous tenons ; nos proches, notre art et nos principes. Ceux qui se dressent contre nous sont expédiés au-delà de ces montagnes et ne reviennent jamais. Ce Scott Becker n'y échappera pas. Marius y veillera.
Maisie n'insiste pas et nous poursuivons notre collecte. Vers minuit, plus de deux cent noms se sont rajoutés. Ma compagne se contente se sourire aux gens tandis que je parle. Plusieurs la reconnaissent puisqu'elle travaillait à la clinique médicale et certains lui disent même qu'elle leur manque. Je remarque que leurs paroles la touche et cela me donne presqu'envie d'aller refaire le portrait des médecins. Cependant, je vais m'en abstenir puisqu'on ne sait jamais quand on aura besoin d'eux.
Nous prenons enfin une pause et j'installe la couverture au sol, un peu en retrait des autres visiteurs.
- Pourquoi s'installe-t-on ici ? me demande-t-elle.
J'étouffe un rire. Nous dormons tous les soirs dans le même lit et elle a encore peur de moi ? Sérieusement ?
- Relaxe, nous serons plus tranquilles ici pour contempler les perséides, réponds-je.
Je m'allonge et elle en fait autant après une courte hésitation. Nous avons de la chance, ce soir. Le ciel est dégagé et nous apercevons très bien la voie lactée.
- Profite de ce moment de répit, conseillé-je à la jeune femme. Ça ne doit pas être toujours facile de s'occuper de deux jeunes enfants.
- En effet, mais l'amour que je reçois en retour vaut tout l'or du monde, me répond-elle en fixant la voûte étoilée.
- Je t'envie, avoué-je alors.
- Pourquoi ?
- J'aurais aimé avoir un ou même deux autres enfants afin de former une belle petite famille, de les emmener jouer au baseball, de se baigner à la piscine municipale, d'aller au brunch du dimanche avec eux, bref, faire des activités. J'aurais aimé qu'Audélie ait un frère ou une sœur pour pouvoir vivre tout ça. Elle a été choyée, mais la présence des adultes ne compensait celle d'autres enfants. Certains de mes frères ont une famille, mais ils ne vivent pas avec nous, alors elle ne les voit pas souvent.
- Je comprends, mais Audélie devait avoir d'autres amis à l'école. Certaines personnes sont enfants uniques, mais leurs amis deviennent leurs frères ou sœurs de cœur.
Je pousse un léger soupir.
- Elle a toujours été trop sérieuse pour son âge, lâché-je. Elle n'avait pas beaucoup d'amis, probablement parce que les parents des jeunes nous craignais. Elle n'a également jamais eu de petit ami, du moins, à ma connaissance.
Maisie étouffe un petit rire.
- Je les comprends. Tu dégage une aura terrifiante, surtout pour ces jeunes garçons.
Elle se moque de moi, mais j'ai l'impression qu'il y a une part de vérité dans ce qu'elle dit.
Je cligne des yeux et, au même instant, j'aperçois une trainée de lumière dans le ciel.
- Tu as vu ça ? demandé-je à Maisie.
- Quoi ?
- Regarde bien.
Deux respirations plus tard, le spectacle commence et j'entends fuser des « Oh » autour de nous. J'aurais bien aimé être seul avec la jeune femme, mais tant pis ! Une autre fois, peut-être.
Le visage de Maisie s'illumine lorsqu'elle aperçoit sa première étoile filante.
- Wow ! s'exclame-t-elle. C'était génial !
- On les voit très bien en ce temps de l'année, c'est pour cette raison que c'est la nuit des perséides. Ça n'arrive que deux-trois fois par an.
D'autres perséides traversent le ciel et nous restons silencieux pendant que les autres autour de nous s'extasient. Maisie est aux anges et elle me regarde avec des étoiles dans les yeux, sans jeu de mots. Je passe mon bras autour de ses épaules et la rapproche de moi. Serrés ainsi l'un contre l'autre, je ressens la chaleur de corps, son délicieux parfum fruité et j'aimerais qu'elle reste ainsi dans mes bras pour toujours.
Malheureusement, nous devrons bientôt revenir sur Terre et descendre du belvédère.
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