Addicted to you-TOME 1- Chapitre 28
Maisie
Je suis un peu nerveuse à l'idée de sortir seule avec Gabin. Je sais que ça fait partie de notre objectif de la soirée, mais l'idée de rester assise devant lui tout en le regardant dans le blanc des yeux m'angoisse. Depuis que je le connais, nous avons plutôt agis comme chat et chien. Il m'a menacée, engueulée, intimidée et j'en passe. Néanmoins, il est toujours aussi attirant à mes yeux.
Ce soir, je vais pourtant rester professionnelle avec lui afin que nous effectuions efficacement notre boulot, c'est-à-dire récolter des signatures pour la pétition. Retrouver ma maison reste ma priorité et ce n'est pas ce mec qui va m'en détourner. Je vais me montrer courtoise avec lui et nous allons nous comporter comme deux personnes civilisées qui dînent ensemble.
Je cesse de rêvasser et me dépêche à enfiler une paire de jeans et un débardeur en dentelle noire. Puisque la nuit sera probablement fraîche, je n'ose pas porter une robe. Je me glisse dans ma veste en faux-cuir qui ne rivalisera jamais avec celle de Gabin, mais que j'aime malgré tout. Elle me donne un air de « bad girl », ce que je ne suis assurément pas. Je jette un coup d'œil à mon derrière en me regardant dans le miroir. Ai-je pris du poids ? Le pantalon ne me semblait pas aussi serré, auparavant. À moins qu'il n'ait rétrécit dans la sécheuse. Je préfère songer à la dernière option. Je n'ai malheureusement pas le temps d'étendre mes vêtements sur la corde à linge, alors j'opte pour l'option la plus rapide. Lorsqu'on est mère célibataire, il faut choisir ses priorités et les vêtements n'en font plus partie. J'aime mieux passer du temps avec mes enfants que faire continuellement la lessive.
Je décide de laisser mes cheveux cascader dans mon dos. Je les attache toujours parce que c'est plus pratique, mais, aujourd'hui, j'ai envie de me sentir féminine et désirable.
Lorsque j'arrive au salon, je remarque qu'Audélie, Charlotte et Jonas ont cessé de jouer au ballon et se sont installés sur le sofa, non loin de Théo et de Gabin. Ce dernier s'amuse avec mon fils et ne m'a pas entendue arriver. Charlotte, elle, me dévisage lorsque qu'elle me voit.
- Wow ! Tu es super belle, maman, me dit-elle avec des yeux pétillant d'admiration.
C'est à ce moment-là que Gabin se redresse et pose son regard sur moi. Il me reluque avec une certaine surprise. Et oui, mon grand ! Je ne suis pas la gamine que tu croyais que j'étais lorsque tu m'as croisée.
Il se racle la gorge en se levant. Audélie prend Théo dans ses bras et le biker me rejoint en trois enjambés.
- Bonne soirée, les amou...euh... les amis, nous souhaite Jonas en se reprenant devant le regard noir de Gabin. Soyez sages.
Je ne vois pas vraiment quel genre de bêtises nous pourrions faire. Après tout, nous allons seulement regarder les étoiles filantes. Et encore ! Je n'en ai jamais aperçues de ma vie. Probablement parce que je ne suis pas assez patiente. Ou que je dors habituellement pendant ce phénomène. Qui serait assez cinglé pour se lever entre une heure et deux heures du matin pour tenter d'apercevoir des perséides ?
Toute la ville, apparemment.
Je souhaite bonne soirée aux enfants, puis Gabin et moi descendons dans le stationnement. Aussitôt arrivés, une grosse motocyclette noire rutilante se dresse sur notre chemin. Gabin s'en approche immédiatement tandis que je reste immobile.
- Ne me dit pas que nous allons monter sur ce truc ! m'exclamé-je.
- Ce truc, comme tu dis, c'est ma fierté, m'annonce-t-il.
Je hausse un sourcil. Il exagère, là !
- Allez, monte ! m'ordonne-t-il en me tendant un casque, sinon tu vas l'offusquer.
Ce type est malade ! Il agit comme si c'était une créature vivante, ma parole !
- Ce n'est qu'une moto, je grommèle.
- Non, c'est plus que ça, rétorque-t-il.
- Je n'en reviens pas, fais-je en enfilant le casque. Tu es en amour avec une moto.
Il éclate de rire.
- Serais-tu jalouse, par hasard ?
- D'une moto ? Absolument pas. Je ne comprends juste pas ton addiction pour ce machin.
- C'est parce que tu n'as jamais connu la sensation d'une balade, je me trompe ?
En effet, je n'ai jamais tenté cette expérience. C'est trop dangereux pour moi et je ne suis pas une adepte des sensations fortes.
Gabin me fait signe de monter et je m'exécute sous son regard scrutateur. Il s'installe à son tour et la moto s'abaisse de plusieurs centimètres, signe que Gabin fait son poids. Celui-ci tourne la clé et un rugissement vient perturber le silence des lieux.
- Accroche-toi, me conseille-t-il.
Où ça ?
J'ai à peine le temps de passer mes bras autour de ses hanches que la moto démarre avec une puissance qui me stupéfie. Je resserre ma prise et nous filons à travers les rues de la ville. Gabin conduit avec précision. Il se faufile entre les voitures avec une habileté déconcertante. C'est un conducteur expérimenté et sa petite démonstration m'effraie autant qu'elle m'émoustille.
Il avait raison ; rouler en moto devient rapidement une addiction.
Le paysage défile devant mes yeux tandis que mes cheveux détachés s'envolent dans mon dos. Le biker roule rapidement, mais je n'ai pas peur. Étrangement, je lui fais confiance. Il semble savoir où aller, quand ralentir et quand accélérer. Son corps épouse parfaitement les mouvements de l'engin. Il s'incline en même temps que la moto et je réalise enfin pourquoi elle a une telle importance pour lui ; elle donne l'impression de s'envoler.
Je ferme les yeux en percevant cette sensation grisante.
Nous arrivons hélas trop vite au restaurant. Le biker se gare devant l'édifice et m'aide à descendre.
- Alors ? me demande Gabin en enlevant son casque. As-tu aimé l'expérience ?
- C'était amusant, réponds-je avec un enthousiasme que j'essaie de dissimuler.
Je comprends désormais son obsession pour la moto. Le sentiment de liberté que l'on ressent est formidable. J'ai eu l'impression de ne plus avoir aucun souci, que ma vie était en pause le temps de cette balade. C'était extraordinaire, surtout ce sentiment de flottement comme si l'engin ne touchait plus le bitume.
- Seulement amusant ? répète-t-il, horrifié. Ce n'est pas une auto tamponneuse dans une fête foraine.
Je hausse les épaules en essayant de ne pas trahir mon amusement devant sa réaction.
- C'est ici ? lui demandé-je en changeant de sujet.
J'observe baie vitrée et l'enseigne éclairée où il est inscrit « La casa Calzone ».
- Italien ? j'interroge.
- Oui. Les pâtes sont délicieuses et le personnel super chaleureux, me répond Gabin.
- Viens-tu souvent ici ?
- De temps en temps. Audélie adore cet endroit.
Je suis tout de même rassurée de savoir qu'il n'apporte pas ses conquêtes dans ce lieu.
Une hôtesse vient nous accueillir. Elle est très grande et mince et possède des yeux bleus d'une beauté rare. Ses cheveux sont plutôt clairs, ce qui fait ressortir son regard incandescent. Elle est habillée totalement en noir, porte de longues boucles d'oreilles or et un rouge à lèvre carmin.
Je me sens tout d'un coup insignifiante contrairement à cette femme fatale.
Elle sourit aussitôt qu'elle aperçoit Gabin et je vois la modification de son comportement opérer. Elle rejette ses longs cheveux derrière son dos d'une façon un peu trop provocatrice à mon goût et bat des cils pour séduire son interlocuteur, en l'occurrence, Gabin.
- Bonjour, Valentina, la salut-il avec chaleur. Une table pour deux, s'il te plaît.
- Bien sûr, suivez-moi.
C'est à peine si elle me jette un regard. Elle nous escorte jusqu'à la terrasse chauffée près d'un petit foyer électrique. Un immense candélabre doré est suspendu au-dessus de notre table et cette dernière est séparée des voisins par un voilage blanc vaporeux.
Nous nous asseyons et un serveur vient aussitôt nous offrir des rafraichissements. Gabin commande une bouteille de vin sous mon regard médusé.
- Qu'y a-t-il ? me demande-t-il. Tu ne bois pas de vin ?
- Oui, mais je croyais que nous étions en mission.
- Bien sûr, mais j'ai l'impression que tu as besoin de te détendre un peu, alors profite du moment et tente d'oublier tes...mésaventures.
- Ma situation ressemble plus à une catastrophe qu'une mésaventure, je le reprends.
- Lorsque tu auras récupérer ta maison, tu en riras.
- Sauf que, pour l'instant, j'ai seulement envie d'en pleurer, répliqué-je.
Il soupire en secouant la tête comme si mon cas était désespéré.
Le serveur revient entre-temps et nous sert un vin rouge d'Italie. Je ne suis pas une grande amatrice. Quiconque me montrerait une bouteille provenant de la supérette du coin et je n'y verrais aucune différence. Gabin, lui, semble apprécier. Ça ne m'étonne point. Après tout, il travaille dans le domaine de l'alcool.
- Est-ce que ça fait longtemps que tu...euh...fais partie des bikers ? lui demandé-je.
- Depuis que je suis adolescent, me répond-il. Pourquoi ?
- Pour savoir.
Il me fixe en fronçant les sourcils.
- Que veux-tu savoir sur moi ? questionne-t-il.
- Pourquoi avoir décidé de faire partie de ce gang ?
- Et pourquoi pas ? J'ai l'impression que tu portes un jugement contre nous.
- Non, je...
Il m'interrompt sèchement.
- Je suppose que, pour toi, être un biker qui travaille frauduleusement doit être un échec, m'accuse-t-il Tu dois être le genre de femme qui trouve que quelqu'un qui réussit sa vie doit travailler honnêtement. Être un comptable ou un homme d'affaire, peut-être ? Ou bien un dentiste ?
- Qui est-ce qui porte un jugement, maintenant ? riposté-je. Et je n'ai jamais sous-entendu que tu avais gâché ta vie en faisant ce job.
- Je sais que tu le penses, alors arrête de prétendre le contraire.
J'ai envie de me lever et de partir. Néanmoins, je me tais et boit mon vin. Le silence pesant démontre à quel point l'atmosphère est tendue.
Gabin croit que je juge son choix de vie. Au début, c'était le cas, mais maintenant que je commence à connaître son groupe, je trouve qu'ils sont tous très compétents dans leur domaine. Fabriquer de la bière, ce n'est pas n'importe quoi non plus. Cela demande différents niveaux de compétence et j'ai été agréablement surprise de découvrir ce monde. Toutefois, leur club de striptease me laisse un peu plus dubitative. L'argent doit se faire facilement, mais exploiter le corps de jeunes femmes pour attirer la clientèle ne me plait pas du tout.
- Désolée, m'excusé-je alors. Je ne voulais pas te vexer. Je me demandais seulement comment on faisait pour devenir biker. Vous ne devez pas accepter n'importe qui...
- Dans mon cas, ça a été plus facile puisque Marius est mon oncle. C'est lui qui m'a aidé à m'en sortir. Si je ne m'étais pas joins au Demons, qui sait où je serais aujourd'hui ? Mon père m'a mis à la porte alors que je n'étais qu'un adolescent, alors j'errerais peut-être encore dans les rues à l'heure qu'il est ou je serais peut-être mort affamé.
Sa réponse me stupéfie. Je n'avais pas fait le lien entre Marius et lui et, pour cause, ils ne se ressemblent absolument pas. Marius a les cheveux blonds-cendré, le visage rond et un possède menton oblong tandis que Gabin est plus grand et plus carré que son oncle. Son nez est moins volumineux et même leurs yeux sont différents. Jamais je n'aurais cru qu'ils avaient un lien de parenté.
- Alors, nous sommes de lointains parents, en déduis-je, épouvantée.
- Absolument pas, bébé. Marius et mon père n'avaient pas la même mère. Or, ta grand-mère était la sœur et la mère à Marius.
Ouf ! J'en suis rassurée.
Le serveur arrive au même moment et nous tend les menus. Nous regardons scrupuleusement les choix, puis commandons ; Gabin, une pizza aux champignons portobello, jambon et brie, et moi, des pâtes carbonara.
- Et tes parents, où se trouvent-ils ? me demande tout à coup Gabin.
Mon visage se ferme automatiquement.
- Ce ne sont pas de tes oignons, lui balancé-je brusquement.
- Pardon ? Je viens te confier comment j'étais entré parmi les Demons. Tu peux bien répondre à ma question.
Sauf que je n'ai pas envie de ressasser mes souvenirs d'enfance. Je m'entendais bien avec mes parents, même s'ils étaient plutôt sévères, jusqu'à ce que je tombe enceinte. Ils avaient d'autres projets pour moi. Mon père était un excellent avocat et il avait pour projet de m'employer dans son cabinet après mes études. Études que je refusais de faire. Le droit ne m'a jamais intéressé. Je crois que c'est plus ce point qui l'a vexé que le fait que je tombe enceinte à peine sortie du lycée.
Gabin semble se radoucir lorsqu'il voit mes yeux se remplir d'eau.
- Tu n'es pas en bon terme avec eux, toi non plus, en déduit-il.
- En bon terme ? ricané-je. Ils m'ont complètement rayée de leur existence lorsque je suis tombée enceinte. Ils disaient que j'étais trop jeune pour avoir un enfant et que je ruinerais ma vie...et la leur. Ils n'étaient que des individus égoïstes avec des idées préconçues pour mon avenir, alors je suis partie et ne les ai jamais revus.
- Tu as bien fait. Tu as désormais ta propre famille. Tu n'as pas besoin d'eux.
Il manque néanmoins un membre très important que nul ne pourra remplacer : James.
- Et puis, tu nous as, nous, ajoute-t-il.
Je hoche la tête. Une boule se forme dans la gorge et m'empêche de parler.
- J'ai une idée, me dit-il soudainement. Puisque nous avons de la difficulté à communiquer, nous pourrions jouer à un jeu afin de mieux nous connaître.
- Un jeu ? fais-je, surprise.
- Oui. Nous nous posons des questions chacun notre tour et l'autre doit répondre ou...il paie le resto.
J'ouvre la bouche, incrédule. Il n'est pas sérieux, si ?
- C'est un jeu pour lycéens, je proteste.
- Et alors ? Rien ne nous empêche de nous amuser. À moins que tu préfères ignorer tout de moi...
Il marque un point. J'ai envie de savoir quel homme se cache derrière le Coyote.
- D'accord, accepté-je.
- Parfait ! Alors, toutes les questions sont permises.
J'espère qu'il n'ira pas jusqu'à me demander la couleur de mes sous-vêtements.
- Je commence, annoncé-je. As-tu le bec sucré ou la dent salée ?
- Salé, me répond-il. À mon tour, maintenant.
- Tu ne veux pas savoir ce que je préfère ?
- Non, je sais que tu as une préférence pour le sucre puisque tu as choisi le maïs soufflé au caramel au cinéma.
Jamais je n'aurais songé qu'il remarquait ce genre de détail. Encore une chose sur laquelle je m'étais trompée sur son compte.
- Si tu ne pouvais apporter qu'une seule chose avec toi sur une île déserte, qu'est-ce que ce serait ? me demande-t-il.
Waouh ! Je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de question.
- Euh...
- À part tes enfants, bien sûr.
- Du chasse-moustique. Je suis allergique aux piqures d'insectes.
Je gonfle comme un ballon lorsque je me fais piquer. Il suffit d'une piqure et je deviens défigurée.
- Intéressant à savoir. Une chance que j'aime bien l'odeur de la citronnelle.
- À quel âge as-tu eu ta première moto ? lui demandé-je.
- À dix-huit ans. Marius me l'a offerte pour mon anniversaire. Quel est ton secret le plus obscur ? me questionne Gabin à son tour.
J'hésite à le lui dévoiler, car je crains une fois de plus son jugement envers moi.
- Jamais je n'utiliserai cette information contre toi, me rassure le biker. Et je te promets de la garder pour moi.
- Eh bien...après avoir accouché de Théo, je n'allais vraiment pas bien et j'ai fait une dépression postpartum. Ça fait seulement trois mois que je vais mieux.
Il reste silencieux.
- Tu ne dis rien ? j'ajoute.
- Après avoir appris ce que tu as traversé jusqu'à présent, je ne peux qu'admirer ta force et ton courage, me dit-il en me fixant droit dans les yeux.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je crois que c'est la plus belle chose qu'il m'ait dite jusqu'à présent...à part la fois où il avait affirmé qu'il aurait aimé que sa fille ait une mère comme moi.
J'en suis tellement bouleversée que je reste muette pendant de longues secondes. Ce n'est que lorsque Gabin se racle la gorge que je reviens au moment présent.
- Quel a été le plus beau moment de ta vie jusqu'à présent ? lui demandé-je.
- Lorsque ma fille m'a appelé « papa »pour la première fois.
Si ça continue ainsi, je vais me mettre à pleurer. Je deviens émotive, ma parole !
- Où as-tu eu ton premier baiser ? m'interroge Gabin.
- À l'arrêt de bus, ricané-je.
Il hausse un sourcil.
- C'était avec mon voisin, lui expliqué-je. On flirtait ensemble, à l'époque, et il m'avait proposé de me « réchauffer » en attendant l'autobus.
Le serveur arrive avec nos plats et je dois avouer que je suis surprise par l'excellent goût.
- C'est délicieux ! m'exclamé-je.
- Je sais. C'est le meilleur restaurant en ville.
Je n'ai pas testé les autres, mais je le crois.
- As-tu une autre question pour moi ? me dit Gabin en découpant sa pizza.
- Je commence à être à court d'idée, je lui avoue avec un petit sourire dépité.
- Allez ! Je suis certain que tu te poses d'autres questions sur moi.
Il y en a en effet une, mais je n'ose pas la lui demander.
- Euh...je...balbutié-je.
- Vas-y. Je ne te mangerai pas, bien que je sois certain que tu sois aussi succulente que cette pizza.
Mes joues prennent feu devant le sous-entendu.
- Je me demandais avec combien de femmes avais-tu fait l'amour ? je le questionne, gênée.
J'ai vraiment osé lui demander ça ?
- Aucune, me répond-il.
Hein ? Il n'est tout de même pas puceau !
- Tu n'as jamais eu de relation sexuelle ? m'étonné-je.
Il éclate d'un rire tonitruant qui dure un long moment. Il finit par s'essuyer les yeux, encore hilare.
- Tu m'as demandé avec combien de femmes j'avais fait l'amour, pas avec combien j'avais couché, ajoute-t-il, amusé.
- Tu n'as jamais aimé personne ?
- Il faudrait que tu décides quelle question tu veux me poser, bébé, me dit Gabin, taquin.
- Combien ? insisté-je.
- Plus d'une centaine. Je n'ai jamais vraiment compté.
Je suis estomaquée par sa réponse. Une centaine ? À côté de lui, je suis inexpérimentée. J'espère qu'il n'apprendra jamais le nombre d'amants que j'ai eus. Hélas, il semble lire dans mes pensées ou, plutôt, il aperçoit mon trouble, car il me demande à son tour :
- Et toi, Maisie, à combien estimes-tu le nombre d'amants que tu aies eus ?
Eh merde !
Dois-je lui avouer ?
- À moins que tu veuilles perdre notre petit jeu, m'agace-t-il.
Je lui lance un regard noir, puis décide de lui répondre franchement.
- Un, lui avoué-je.
Il toussote lorsque le morceau de sa pizza passe mal dans sa gorge.
- Tu veux dire que...
- James a été mon unique et unique partenaire sexuel, complété-je à sa place.
Il me fixe en écarquillant les yeux.
- Eh bien ! s'exclame-t-il. Pour une surprise, ça en est toute qu'une !
- Qu'y a-t-il de mal à ça ?
- Rien. Rien du tout. Tant qu'à être dans les confidences, dis-moi quelle est ta position favorite ?
- Ma position de yoga ? fais-je innocemment.
J'espère réellement qu'il dira oui, mais non.
- Tu sais de quoi je veux parler, me dit-il bien sérieusement.
Mes joues virent cramoisies.
- Oh ! Euh...je suppose que c'est la position du missionnaire.
- Tu supposes ? me lance Gabin.
- Je n'ai pas essayé tout le Kamasutra ! riposté-je.
- Tu as certainement tenté la levrette, les petites cuillères ou bien la position d'Andromaque, non ?
Mais de quoi est-ce qu'il parle ? Je me sens mal à l'aise. La conversation a pris un chemin déroutant.
- Nous n'étions pas très...
- Actifs ? me coupe-t-il.
- Imaginatifs !
- Pourtant, ce sont les positions les plus connues.
Je commence à devenir irritée. Que veut-il me prouver ?
- J'ai toujours été satisfaite sur le plan sexuel, merci de t'en préoccuper, lui balancé-je, mécontente. En plus, ça ne te regarde pas.
- Pas encore...
- J'ai une dernière question pour toi, le coupé-je en ignorant son commentaire. Fais-tu exprès pour m'irriter ?
- Non, ce n'était pas pour...
- Parce que j'ai l'impression que tu veux me démontrer à quel point je suis nulle.
Gabin s'offusque à son tour.
- Arrête de te braquer. Nous parlons comme deux amis qui apprennent à se connaître.
- Et à quoi ça te servira de savoir que je ne pratique pas la levrette ?
Il se mord la lèvre.
- Bébé, ne dis plus jamais ce mot devant moi. C'est terriblement sexy lorsque ça sort de ta bouche.
Je lève les yeux au ciel, mais il est parvenu à me faire sourire.
On nous apporte finalement l'addition.
- Une dernière question, me dit alors Gabin. Me trouves-tu de ton goût ? interroge-t-il.
Je manque de m'étouffer avec mon tiramisù.
- Libre à toi de répondre ou pas, ajoute-t-il avec un sourire en coin, mais pense à l'addition.
Ce mec est un vrai démon...sans jeu de mots.
- Oui, je réponds enfin après un moment. Content ?
- Très.
Le biker appelle ensuite le serveur et lui tend sa carte de crédit.
- En passant, me dit Gabin avec un petit sourire narquois, c'est Marius qui paye. J'avais oublié de le préciser.
Je jure que je vais tuer ce mec pendant son sommeil.
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