Addicted to you-TOME 1- Chapitre 26
Maisie
Cette journée était vraiment bizarre. Et je n'exagère même pas.
Aller au cinéma avec Gabin !
Jamais je n'aurais cru que ça arriverait un jour. Nous étions comme chien et chat. Comme le feu et la glace. Comme...comme deux personnes qui ne s'entendront jamais.
Et pourtant...pourtant nous sommes restés pendant plus de dix minutes dans la même pièce sans nous crêper le chignon.
Je pensais qu'il me prenait seulement en pitié en m'offrant le gîte. Finalement, c'est peut-être pour une autre raison. Est-ce que parce qu'il aime bien mes enfants ? Ou parce qu'il m'aime bien, moi ? Ça me semble impossible. Depuis le début, il est hargneux et belliqueux, alors pourquoi un retournement aussi fulgurant ?
Cela va bientôt faire plus d'un mois que je le connais. Peut-être qu'il a décidé d'abandonner son côté hostile et de montrer sa véritable nature, comme il me l'a expliqué. J'ai du mal à concevoir que cet homme puisse agir autrement, mais j'ai pu entrevoir une subtile différence en moins de deux heures, alors peut-être qu'il a raison. Peut-être que le Gabin que je connais n'est en réalité qu'une fausse façade qu'il s'est donné.
Cet homme ne me laisse pas indifférente. Il a un petit je-ne-sais-quoi qui brouille mes cartes, qui réchauffe mon visage lorsqu'il se tient devant moi, qui provoque une brusque accélération cardiaque en moi et qui, je ne sais comment, semble me réveiller d'une longue hibernation. J'ai l'impression que mon caractère bouillonne, souvent de colère, lorsqu'il se trouve devant moi, mais pas que. Le moment qu'on a passé dans la chambre froide de ma maison m'a empêché de dormir pendant deux nuits. C'était si...chaud. C'est tout de même ironique puisqu'il faisait à peine trois degrés. Si jamais je récupère ma maison, je vais changer cette foutue porte !
La douce euphorie qui m'avait habitée depuis mon retour du cinéma s'envole brusquement lorsque je songe à ma demeure qui est sur le point d'être démolie. La voilà, ma réalité ! Cesse de rêver, Maisie ! Tu n'as plus de job, plus de toit, plus d'argent et tu es obligée de vivre aux dépends de bikers qui font un travail douteux.
Alors que je tergiverse seule en rangeant la cuisine, Marius vient me rejoindre.
- J'ai quelque chose à te proposer, me dit-il alors.
Je fronce les sourcils, incertaine.
- Un travail, précise-t-il.
J'écarquille mes yeux de stupeur. J'ai envie de lui casser une assiette sur la tête tellement je suis outrée qu'il ose me proposer de me trémousser dans son bar. J'ai trop de dignité pour cela.
J'hésite entre lui cracher avec mépris ma façon de penser au visage ou à seulement m'en aller.
- Jamais je ne danserai nue, est-ce clair ? lui balancé-je.
Il éclate de rire. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle dans ce que j'ai dit. C'est mon choix et il ne me fera certainement pas changer d'avis.
- Tu as cru que...que je t'offrais un job de danseuse ? pouffe-t-il.
Son éclat de rire a attiré l'attention et j'aperçois Gabin et Jonas venir vers nous.
- Qu'y a-t-il de si drôle, Marius ? lui demande Gabin.
- Vous auriez dû voir le visage de Maisie lorsque je lui ai proposé de travailler pour nous ! C'était à mourir de rire. Elle m'a craché à la figure que jamais elle ne danserait nue.
Les deux autres l'accompagnent dans son hilarité.
Vexée, je recule d'un pas et je m'apprête à partir lorsque Marius ajoute :
- Jamais je ne t'aurais offert ce genre de job. Je veux seulement que tu t'occupes de la paperasse. Tu es secrétaire, pas vrai ? J'ai besoin de quelqu'un pour communiquer avec nos clients. Il faut leur envoyer des messages afin de leur expliquer que notre prochaine livraison sera retardée. J'aimerais aussi que tu conçoives les horaires des danseuses et des serveuses. Depuis que Dalila est partie, c'est un vrai foutoir. Et je ne peux confier la tâche à aucune d'entre elles sans qu'elles ne profitent de la situation et s'avantagent. Je ne veux pas non plus créer de conflit entre mes employées. Elles sont déjà assez compétitives comme cela, alors j'ai besoin d'une aide extérieure.
- Ah...
Je me sens quelque peu honteuse d'avoir trop vite sauté aux conclusions.
- N'empêche que je suis certain que tu ferais une excellente danseuse, me nargue Gabin avec un petit sourire pervers.
Je décide de ne pas répondre à sa provocation. Qui sait jusqu'où ça pourrait nous mener ?
- Alors ? Qu'est-ce que tu en dis ? me demande Marius. Je ne pourrai sans doute pas te donner le même salaire que tu gagnais à la clinique, mais tu n'auras aucun loyer à payer. Et tu pourras travailler à l'étage juste en-dessous. J'ai un bureau vacant.
J'avoue que sa proposition est tentante. Audélie gardera les enfants et je pourrai moi-même créer mon horaire selon ses dispositions.
- D'accord, accepté-je finalement.
- Parfait. Tu commenceras demain. Je t'expliquerai tes tâches.
Je hoche la tête.
- Au fait, nous avons eu une idée pour le centre de villégiature, me dit Marius. Nous ferons signer une pétition au gens de la ville afin de s'interposer contre le projet.
- Et vous pensez que ça va suffire ?
- Au moins, ça va le retarder. Ils n'ont pas agit correctement afin de s'approprier le terrain. Il faudra monter un dossier solide avec des preuves.
- C'est un milliardaire qui peut avoir les meilleurs avocats du pays, je précise. Nous n'arriverons jamais à le démonter.
- Il suffit de frapper là où ça fait mal, me répond Jonas. Laisse faire les professionnels.
Je doute que leur méthode soit réglementaire, mais je m'abstiens de leur en faire part. Rendue où j'en suis, je ne peux pas faire ma difficile.
- Hey ! s'écrie un biker du salon. Venez voir ça !
Tout le monde accourt en même temps et nous nous retrouvons presque trente personnes entassées dans la pièce à fixer la télévision.
- Demain matin, la démolition débutera, annonce la journaliste, qui se trouve sur mon terrain.
On aperçoit ma maison en arrière-plan et j'en ai les larmes aux yeux. Je n'écoute pas la suite...mon esprit est ailleurs.
Je sursaute lorsqu'on touche mon épaule.
- Ne t'inquiète pas, me rassure Jonas. On va se battre pour notre brasserie et pour ta maison.
Je lui adresse un faible sourire, mais je suis loin d'être rassurée.
- C'est décidé, annonce Marius. C'est ce soir que nous agirons.
Je ne comprends pas de quoi il parle, mais je ne pose pas de question. Bizarrement, je leur fait confiance. Ils sont mon dernier espoir...
Il est tard lorsque je me couche. Les enfants dorment depuis un moment déjà. J'ai essayé de lire pour décompresser, mais je n'ai pas réussi à me concentrer. Gabin et les bikers ont déserté les lieux depuis vingt-et-une heures. J'ignore où ils se trouvent. Probablement au bar, en bas. J'ai un petit pincement au cœur en songeant que Gabin se trouve probablement avec l'une des danseuses pour un petit plus. Je ne devrais pas être jalouse puisque lui et moi ne sommes rien l'un pour l'autre, mais il est séduisant et son corps viril doit en attirer plus d'une.
Je reste éveillée dans mon lit, ou plutôt, dans celui de Gabin. Je dois avouer qu'il est fort confortable. Je parle du lit, bien sûr. Normalement, je dormirais depuis longtemps, toutefois, savoir que ma maison est sur le point de se faire détruire m'empêche de fermer l'œil. Je compte les secondes, les minutes qui s'écoulent et je perds le fil du temps. Est-il minuit, une heure ou deux heures du matin ? Je n'ose pas vérifier.
Un bruit de pas me fait tressaillir et j'entends la porte grincer. Je me fige, craignant qu'un tueur en série n'ait pénétré dans l'appartement, mais je me détends en reconnaissant la silhouette de Gabin. Malgré la pénombre, je le vois évoluer dans la chambre. Il me tourne le dos, alors je n'aperçois que son dos tatoué lorsqu'il enlève sa veste et son t-shirt. Une douce chaleur envahit mes membres lorsqu'il enlève ses pantalons. Va-t-il dormir nu ? Pitié ! Faites que non !
Il garde cependant son boxer et je souffle de soulagement. Il s'est déjà assez dénudé ainsi ! Je songe alors que je ne suis guère mieux avec ma petite nuisette de soie. À quoi ai-je pensé en faisant mes bagages ? Me voilà avec ce seul morceau de vêtement. C'était soit cela, soit dormir en sous-vêtements, alors le choix n'était pas bien difficile.
- Tu ne dors pas ? me demande le biker en se glissant sous les couvertures.
- Non, je lui réponds seulement.
- Ne t'inquiète pas pour ta maison. Nous allons empêcher ce milliardaire de la détruire.
J'aimerais être aussi optimiste que lui.
Il se tourne vers moi et, au même moment, son pied frôle le mien.
- Tes pieds sont des glaçons ! m'écrié-je en frissonnant.
- Désolé, mais la nuit était froide et la douche était occupée.
J'avoue que deux salles de bain pour tout un gang de bikers, c'est fort frustrant lors de l'heure de pointe.
- Je vais devoir me trouver une autre façon de me réchauffer, ajoute-t-il en se rapprochant de moi.
- N'y songe même pas ! je l'arrête lorsque je devine ce qu'il veut faire.
- Tu ne vas tout de même pas me laisser geler ! Je t'ai aidée, moi, dans la chambre froide !
Je me demandais quand il reviendrait sur ce moment !
Avant que je n'aie pu contester, son corps se colle contre le mien. Un long frisson me parcourt. C'est vrai qu'il est frigorifié.
- La nuit, faire de la moto est un inconvénient, me dit Gabin.
Je ne parviens pas à répondre. J'ai l'impression que mon corps est paralysé. Sentir sa peau contre la mienne me perturbe au plus haut point. Nous sommes face à face et je sens son souffle à quelques centimètres de mes lèvres.
- Merci de partager ta chaleur avec moi, me dit soudain Gabin.
Je rougis jusqu'aux oreilles mais, par chance, il ne s'en aperçoit pas.
Il enroule alors sa jambe autour de la mienne.
- N'exagère pas, je l'avertis.
- Jamais, bébé.
Je lève les yeux au ciel.
- Bonne nuit, je lui souhaite en me retournant.
J'espérais qu'il prendrait ses distances mais, au lieu de cela, il se cale contre mon dos.
- Bonne nuit, Maisie, me répond-il. Fais de beaux rêves.
- Toi aussi.
- Ça, c'est certain.
Après quelques minutes, sa respiration ralentit et il s'endort collé tout contre moi. Je m'assoupis à mon tour, bercée par son souffle dans mon cou.
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