Addicted to you-TOME 1- Chapitre 25

Gabin

Je m'assois à table en poussant un long soupir.

- Tu l'avais cherché, mec, me dit Austin.

Je lui jette un regard noir.

- Si j'étais toi, je règlerais ça avant qu'elle ne m'étrangle pendant la nuit, ajoute-t-il, hilare. En plus, Nathan lui a proposé de sortir avec lui.

- Quoi ?

- Il parait qu'elle a refusé.

Ouf ! Je ne sais pas ce que j'aurais fait, sinon. En fait, si, j'ai bien une petite idée...

Je me dirige vers ma chambre et, au même moment, Maisie en ressort. Elle s'arrête en m'apercevant.

- Écoute, ce que j'ai dit tout à l'heure, ce n'était pas contre toi, je lui certifie.

Elle hausse un sourcil en croisant ses bras. Son langage corporel m'indique qu'elle ne me pardonnera pas si facilement.

Oui, je sais que ce sont de biens piètres excuses, mais c'est le mieux que je puisse faire. Je ne me suis jamais excusé pour mes paroles. Mes frères sont habitués à mon comportement et oublient presqu'instantanément à quel point je peux être odieux, parfois. Elle, non, apparemment, si je me fie à son air courroucé.

- S'il faut que tu me parles ainsi chaque fois que tu te disputes avec ta fille, je te garantis que je ne resterai pas un instant de plus ici, m'assure-t-elle.

- C'est une menace ?

- Non, seulement la vérité. Depuis que nous nous sommes rencontrés, tu n'arrêtes pas de me traiter comme de la merde.

J'ouvre la bouche pour répliquer, mais elle me coupe :

- Tu m'humilies devant tes potes et tu me fais sentir comme si j'étais la pire mère qui soit. Je ne sais même pas pourquoi j'accepte encore de te parler.

- Parce que je suis beau gosse ?

J'essaie de détendre l'atmosphère, mais ça ne fonctionne pas. Elle pousse un long soupir en se passant la main sur le front.

- Il n'y a pas que la beauté extérieure qui compte, rétorque-t-elle.

- Donc, tu me trouves beau, en déduis-je, satisfait.

- Là n'est pas la question. Tu pourrais être le plus bel homme sur cette Terre, je ne serais pas attirée vers toi si tu étais laid en-dedans.

Elle pointe son cœur pour me faire comprendre qu'elle parle de la beauté intérieure. Est-elle en train de m'insulter ? Je commence à rire un peu moins, là !

- Que veux-tu insinuer ? je lui demande, très sérieux, cette fois.

- Rien du tout. Je veux seulement préciser que je ne me fie pas seulement à ce que je vois chez un individu.

- Et si tu n'avais entraperçu que la surface ? Et si cette personne n'était pas la même en temps normal ? Qu'elle dissimulait une personnalité différente ?

Elle ne se souvient vraiment pas de la conversation que nous avons eue devant chez elle l'autre jour. Il faut dire qu'elle était vraiment éméchée. J'essaie de me préserver avec elle, sinon je crains qu'elle n'abatte toute mes barrières et je ne suis pas prêt de me mettre à nu, du moins, pas encore.

- Lui donnerais-tu une seconde chance ? je la questionne.

Elle semble hésiter.

- Ce serait la dernière, finit-elle par dire.

- Dans ce cas, reprenons du début. Bonjour, moi c'est Gabin. Enchanté !

Elle me fixe comme si j'étais fou, mais entre quand même dans le jeu.

- Maisie, me répond-elle.

- Alors, Maisie, que fais-tu dans la vie ?

- Pour l'instant, je suis mère à temps plein.

- Ça tombe bien, mon job a brûlé, alors je suis disponible.

La jeune femme éclate de rire. Son rire me donne l'impression de m'envoler. Il est clair et doux, tout comme elle.

- Dans ce cas, que dirais-tu que l'on combine nos moments libres ensemble ? J'ai entendu dire qu'il y avait un super film d'action qui venait de sortir au cinéma.

- Ah oui ? Lequel ?

- La Reine des Neiges.

Elle écarquille ses yeux comme si j'avais dit une absurdité.

- Ce n'est pas un film d'action, pouffe-t-elle.

- Si, c'est un film d'action...pour les enfants.

Son regard s'adoucit et mon cœur ballotte comme une chaloupe.

- Je suis certaine que Charlotte en serait enchantée.

- Dans ce cas, allons-y après sa sieste. Je crois qu'il y a une représentation vers quinze heures. Audélie pourra s'occuper de Théo pendant ce temps.

Elle hoche la tête et file vers la salle à manger. Cependant, je lui lance :

- En passant, j'aurais aimé qu'Audélie ait une mère comme toi.

Son expression en ce moment restera à jamais gravée dans ma mémoire. D'abord stupéfaite, puis joyeuse et, enfin embarrassée. Elle s'enfuit au moment où ses pommettes deviennent écarlates et j'étouffe un petit rire ravi. Maisie est une bonne mère malgré toutes les remontrances que je lui ai faites. Je ne la connaissais pas et je l'ai trop vite jugée. Comme on dit, il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée. Et si elle connaissait toutes les bêtises que j'ai faites avec Audélie lorsque j'étais une petit jeunot, elle ne me regarderait plus de la même manière. En outre, jamais je ne les lui confierai. Et jamais elle ne saura que j'emmenais Audélie avec moi au club alors qu'elle n'était qu'un bébé...

L'après-midi passe trop lentement à mon goût. Maisie s'occupe de son fils et joue avec lui tandis que tous les mecs la fixent comme si elle était un ange descendu du ciel. Bon, j'exagère peut-être, mais je leur fait discrètement signe d'arrêter de la fixer ainsi. C'est vrai qu'elle détonne un peu parmi nous ( et qu'elle est super sexy vêtue de son petits jeans moulant et de son débardeur bleu poudre). Je lance un regard meurtrier à Nathan lorsqu'il la mate sans vergogne alors qu'elle ne penche pour ramasser son bébé. Son petit cul est fort invitant, mais personne ne le verra (à part moi, bien sûr).

Charlotte se réveille vers quatorze heures et saute de joie lorsque sa mère lui annonce que nous irons voir son film préféré au cinéma. Elle est quelque peu surprise que je les accompagne, mais je remarque qu'elle en est heureuse.

- Je ne me souviens pas de la dernière fois que je suis allée au cinéma, me confie Maisie dans la voiture.

- Tu ne sortais pas avec ton...copain ? je lui demande.

- Oui, lorsque nous étions adolescents, mais quand Charlotte est née, nous n'en avons plus eu l'occasion.

- Dis-toi que, cette fois-ci, ça va être mémorable, je lui assure.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il va y avoir plus d'enfants que d'adultes dans la salle.

Elle s'esclaffe et je souris à mon tour. C'est la première fois que l'ambiance est aussi décontractée entre nous.

Une fois arrivés, nous achetons un immense sac de maïs soufflé, puis nous nous installons confortablement. Charlotte est si excitée qu'elle parle sans arrêt. J'essaie de suivre l'histoire, mais je dois avouer que Maisie me déconcentre grandement. Je passe presque tout mon temps à l'observer, à observer ses réactions, les différentes émotions qui traversent son visage et ce spectacle vaut plus que n'importe quel film.

Lorsque nous revenons chez nous, la fillette s'empresse de raconter son après-midi à tout le monde. Les bikers sont amusés au début, mais ils se lassent vite, surtout lorsqu'elle chante à tue-tête la chanson qu'elle a retenue. Ils trouvent tous une excuse pour s'enfuir. Quels lâches !

Jonas nous rejoint au salon.

- Où étais-tu ? je lui demande.

- Je me reposais, me répond-il en baillant. Nous sommes allés jouer au parc ce matin et cette petite m'a tué.

- Es-tu monté avec elle dans les jeux ?

- Oui. Et je suis même resté coincé dans un tunnel.

Je me tords de rire.

- La prochaine fois, joue au requin. Je peux t'assurer qu'elle va s'amuser et que tu vas beaucoup moins te fatiguer.

- Le requin ? Qu'est-ce que c'est ?

- Tu fais semblant que le sol, c'est de l'eau, et tu essaies de lui attraper les pieds. De cette façon, tu restes en bas et c'est moins difficile pour ton corps d'athlète.

Il rit tout en me remerciant pour l'idée. Nous savons tous les deux que le seul sport qu'il pratique, c'est la moto...si on peut considérer cela comme un sport.

- Moi aussi, j'aimerais te donner un conseil, me dit alors Jonas en redevenant sérieux. Si Maisie t'intéresse, tu devrais arrêter de faire l'abruti et te lancer.

Je m'emmure automatiquement.

- Je ne veux pas de relation sérieuse, je lui affirme.

- Qui essaies-tu de persuader ? Toi ? Tous les bikers ont vu à quel point cette fille te plait. À part peut-être Nathan... Gabin, tu vas bientôt avoir trente ans. Veux-tu vivre ainsi pour le reste de tes jours ?

- Je vous ai, vous ! Et cette famille me convient très bien.

- Alors, pourquoi être allé voir un film d'enfant au cinéma ? Habituellement, tu n'en fais pas autant pour mettre une femme dans ton lit.

- Elle n'est pas comme les autres, je lui assure.

- Je sais. C'est justement pour cette raison que tu devrais la considérer autrement qu'une amante potentielle.

Est-il en train de me faire la morale ?

- Tu es comme un frère pour moi, et je sais que notre vie n'a pas toujours été facile, mais aimer et être aimé en retour n'a pas de prix.

- Tu parles par expérience ?

- Non, mais je le sais, c'est tout. Le but ultime de l'être humain, c'est d'être heureux.

- Mais je le suis !

- Tu le serais encore plus avec une VRAIE famille. Toi et elle, vous êtes pareils. Vous vous insultez, vous vous détestez, mais, au final, vous avez les mêmes valeurs.

Je devine un peu de quoi il veut parler.

- La famille, complète Jonas. Cette fille a perdu un être cher, mais elle donnerait sa vie pour ses enfants. Tout comme toi. Alors, arrête de te comporter en gros ours mal léché et invite-la à dîner une bonne fois pour toutes. Apprenez à vous connaître et vous pourrez échanger autre chose que du mépris.

Il n'a pas tord. Cependant, je ne suis pas prêt à m'investir dans une relation amoureuse. Toutefois, si nous devenions amis, peut-être que nous pourrions être capable de discuter sans nous chamailler. Et peut-être même de faire des activités un peu plus charnelles. Je ne doute aucunement de notre compatibilité sur ce point. La tension sexuelle que nous dégageons lorsque nous nous trouvons à proximité l'un de l'autre ne ment pas.

- Tu m'écoutes ? me demande Jonas.

- Oui, j'ai bien compris ce que tu essaies de me dire. Je vais arrêter de me comporter en connard avec elle et on verra bien ce que ça va donner.

Il souffle, rassuré.

- Au moins, tu commences à comprendre. Le parcours sera long, mais c'est un bon début.

Ce qu'il ne sait pas, c'est que ça a déjà commencé. Qui aurait cru qu'un simple film me procurerait autant de plaisir ? Pas le Gabin d'hier, en tout cas !

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