Addicted to you-TOME 1- Chapitre 23
Gabin
Ça fait vingt minutes que je contemple Maisie dormir et je ne m'en lasse pas. Elle a glissé sa main sous sa tempe, ce qui la rend encore plus adorable. Sa respiration est régulière, signe qu'elle se trouve toujours au pays des songes. Ses lèvres rosées sont légèrement entrouvertes et ses longs cils noirs dissimulent ses paupières closes. Elle a dormi vêtue de ses vêtements de la veille. J'ai hésité à les lui enlever, mais je redoutais un autre coup de poing de sa part. Cette fille a une force physique étonnante pour sa taille ! Ma joue peut en témoigner. Toutefois, j'ai déjà vécu beaucoup pire. Seule une légère brûlure me rappelle de ne pas risquer de me prendre un autre coup...du moins pour l'instant. J'aime tant la provoquer que je vais peut-être risquer ma chance une autre fois...
J'ai envie de déposer mes lèvres sur les siennes pour la goûter, mais je me suis promis de ne pas sauter d'étape. Dixit celui qui l'a invitée à dormir avec lui. J'étouffe un petit rire à cette pensée. La situation est ironique, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est la première fois qu'une femme dort ici. Habituellement, je les baise au club, dans un petit salon privé, ou chez elles. Jamais chez moi.
Mais avec Maisie, c'est différent. J'ai envie d'elle, ça ne fait aucun doute, mais j'ai également le goût de passer du temps en sa compagnie. Cette femme est une énigme pour moi que j'aimerais éclaircir.
Cependant, je ne souhaite pas de relation amoureuse. Seulement amicale. Avec bonus, évidemment.
Maisie se retourne sur le dos et j'en profite pour la reluquer à ma guise. Elle ne me permettrait jamais de le fixer ainsi si elle était éveillée. J'avoue que j'ai profité de la situation pour la faire dormir avec moi. J'aurais pu lui installer un matelas gonflable dans le salon, mais l'égoïste que je suis préfère la garder pour lui seul.
Une sonnerie me fait sursauter et Maisie se réveille subitement. J'ai juste le temps de reculer un peu afin qu'elle ne me prenne pas pour un psychopathe. Cependant, elle ne me calcule même pas et saisit son portable, encore à moitié endormie.
- Allô, fait-elle d'une voix ensommeillée en répondant.
Elle arrondit alors ses yeux comme deux soucoupes.
- Je suis vraiment désolée, s'excuse-t-elle en se redressant, paniquée. J'ai eu des problèmes cette nuit et...oui, je sais, mais...
Elle arrête alors de parler, probablement parce que son interlocuteur ne lui laisse pas en placer une.
- Oui, je comprends, merci, répond-elle d'un ton morne. Au revoir.
Elle raccroche et pousse un long soupir.
- Je viens de me faire licencier, m'annonce-t-elle d'une voix dénuée d'expression.
Elle parait lasse et démoralisée.
- Pourquoi ? lui demandé-je. C'est samedi...
- Je travaille le samedi et j'ai passé tout droit. J'aurais dû être à la clinique depuis au moins une demi-heure pour déverrouiller la porte aux patients. Puisque j'étais la nouvelle, c'est moi qui faisais les chiffres de fin de semaine. Il parait que les patients ont attendu dehors pendant trente minutes.
Pauvre Maisie ! Le sort s'acharne sur elle.
- Ne t'en fais pas, essayé-je de la rassurer. Je pourrais peut-être parler aux docteurs...
- Non, m'interrompt-elle. Ce ne serait que retarder l'inévitable. Et en plus, je ne veux pas qu'on me garde pour mes « contacts », mais plutôt pour mes compétences.
- Ce n'était peut-être pas un job pour toi.
- J'ai étudié pour devenir secrétaire médicale, me coupe-t-elle. C'est cette carrière qui me tenait à cœur.
- Sauf que tu as désormais des enfants à t'occuper et tes horaires de travail variables ne sont pas adaptés à ta vie familiale.
Elle me lance un regard noir.
- C'est juste en attendant de prendre de l'ancienneté, affirme-t-elle. Ensuite, je pourrai avoir un horaire régulier.
Qui essaie-t-elle de convaincre ? Elle ou moi ? Je connais sa collègue Nancy depuis qu'elle travaille à la clinique, c'est-à-dire depuis environ sept ans, et elle a toujours travaillé les soirs et les weekends. Et c'est sans compter le temps supplémentaire qu'elle fait très souvent.
- De toute manière, il n'y a pas d'autre clinique médicale en ville, soupire Maisie. Je suppose que je devrai me trouver un emploi comme serveuse dans un restaurant. Ou aller vivre ailleurs...
Ailleurs ? Pas question !
- Dire que je suis maintenant une sans-abri ! s'exclame-t-elle d'un ton dramatique. Je vais devoir demander le bien-être social si ça continue.
Je vois bien qu'elle n'a pas le moral. Elle a perdu sa maison et son job dans la même journée. Hélas pour elle, je J'aimerais lui remonter le moral, mais j'ignore comment. Je ne suis pas le genre de mec à réconforter autrui, mais j'essaie tout de même de la rassurer.
- Tu as un toit, je lui assure. Ici.
- Ce n'est pas chez moi.
- Au moins, tu n'es pas dehors. Je suppose que c'est préférable d'habiter avec un gang de bikers qu'avec un gang de rats, non ?
- Vu ainsi...
Ma petite blague n'a pas fait mouche. Elle n'a même pas esquissé un semblant de sourire.
- On devrait aller récupérer tes enfants chez Nancy, je propose alors. Mais avant, je suppose que tu dois avoir faim.
Elle hoche la tête.
- Tu peux aussi prendre une douche si tu veux.
- Est-ce que tu veux insinuer que je pue ?
- Non, je pensais seulement que les meufs aimaient se débarbouiller le matin.
Elle esquisse une petite moue adorable.
- Ça me réveillerait, en effet. Mes vêtements sont dans ma voiture.
- Nous t'aiderons à sortir tes effets tout à l'heure.
Elle opine et sort du lit. Ses cheveux emmêlés lui concèdent un petit air affriolant. Je détourne les yeux avant d'être tenté de faire quelque chose que je regretterais.
Je sors de la chambre et me rends à la cuisine le temps qu'elle se prépare.
Jonas, Marius et Austin s'y trouvent déjà. Ils sont en train de discuter tout en prenant un café. J'en profite pour m'en préparer un également.
- Et puis ? me demande Marius. Comment va la demoiselle ?
- Pas très bien. Elle vient de se faire congédier.
Austin grimace.
- Outch ! s'exclame-t-il. Au moins, tu étais là pour la consoler...
Son petit air railleur me pique.
- De quoi parles-tu ? je lui demande brusquement.
- Arrête ! On a tous compris tes intentions lorsque tu l'as emmenée dans ta chambre, hier.
Marius me fixe d'un air désapprobateur.
- Je ne pensais pas que tu irais si loin avec elle, me dit-il.
- Je ne suis allé nulle part avec elle, nié-je.
- Alors, pourquoi te comporter en mâle dominant ? rétorque le biker.
Oui, pourquoi ?
« Parce qu'elle t'intéresse » me répond ma conscience. Je décide de l'ignorer et réplique :
- Je voulais seulement qu'elle soit à l'aise.
Austin ricane.
- Ouais, sous toi.
Je fais un pas menaçant vers lui, mais Marius m'en empêche.
- Gabin, m'interpelle-t-il, nous allons l'aider à récupérer sa maison, mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée que tu la fréquentes.
- Pourquoi ?
- Elle n'est pas ton genre de femme. Habituellement, tu aimes qu'elles soient plus extroverties et sans attache. Celle-ci a un lourd bagage derrière elle. Et beaucoup de responsabilités.
- Je sais, mais rien ne nous empêche de nous amuser, je le coupe.
- Alors, tu dois être prêt à en assumer les conséquences. Habituellement, tu ne prends aucun risque et tu couches une seule nuit avec les femmes.
- Et tu as vu ce que ça a donné ? J'y ai gagné un bébé tandis que cette salope s'est barrée.
Je parle bien sûr de la mère d'Audélie.
- Je ne referai pas la même erreur, cette fois-ci, j'affirme alors.
Un bruit dans l'entrée de la cuisine nous fait sursauter. Mon cœur s'arrête subitement en découvrant ma fille, effarée.
- Alors, je suis une erreur ? me demande-t-elle en me fixant avec aversion.
- Chérie, je parlais de ta mère, pas de toi, je lui réponds. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée.
- Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre, rétorque-t-elle, en colère.
Elle se retourne, mais je l'appelle pour qu'elle s'arrête. Je ne veux pas qu'elle croie que je regrette que sa mère m'ait laissé sa garde.
- Vas chier, papa, me lance-t-elle en détalant.
J'ouvre la bouche de stupéfaction. Jamais elle n'a été grossière à ce point avec moi.
- Laisse-la partir, me conseille Marius. Tu discuteras avec elle lorsqu'elle se sera calmée.
- Elle pensait que je parlais d'elle, mais c'était de sa mère, précisé-je.
- De la façon dont tu l'as évoquée, c'était comme si celle-ci t'avais laissé un poids sur les bras, me dit Jonas. Et tu as quand même traité sa mère de salope. Ce n'est pas très flatteur.
Pourtant, c'est ce qu'elle était. Elle s'était tapé tous les garçons de ma classe, à l'époque.
Maisie avait peut-être raison. Notre façon de parler laisse à désirer. Celle-ci arrive justement dans la cuisine. Je lui lance un regard noir. Après tout, c'est de sa faute si j'en suis venu à parler de la mère d'Audélie.
- Euh...est-ce que je dérange ? demande-t-elle d'une voix hésitante.
- Ce qu'elle est perspicace ! je m'exclame avec hargne.
Elle arrondit ses grands yeux mouchetés d'or, stupéfaite, et recule de deux pas comme si je l'avais giflée.
Je suis frustré par la tournure de cette matinée. Je voulais seulement passer du temps avec Maisie et me voilà en train de l'envoyer balader. Bravo, Gabin !
Je pourrais m'excuser, mais ce n'est pas dans mes habitudes, alors je fais la seule chose que je sois capable en cet instant : je sors de la pièce en la laissant plantée comme une cruche dans la cuisine.
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