Addicted to you-TOME 1- Chapitre 20

     Maisie

J'ignore comment je suis parvenue à m'endormir. Probablement parce que j'étais morte de fatigue. Toujours est-il que, lorsque j'ouvre les yeux, je reconnais tout de suite ce parfum qui me fait perdre la tête. En pivotant vers l'origine de cette odeur oh combien attirante, je reconnais le visage de Gabin...enfoui dans mes cheveux.

Charlotte, quant à elle, dort comme un ouistiti accroché à la jambe du biker. J'étouffe un rire en détaillant les autres personnes dans la tente. Jonas a le visage imprimé dans un oreiller et la bouche grande ouverte, Marius...reste toujours aussi patibulaire malgré son état endormi et les autres ronflent comme des motocyclettes. Certains sont entassés sur les autres.

Mince ! Si j'avais un appareil photo, j'immortaliserais ce moment.

Au lieu de quoi, j'essaie de bouger subtilement afin de m'éloigner de quelques millimètres de l'homme qui me perturbe. Je ne comprends pas pourquoi je suis autant attirée par lui. Depuis le début, il a toujours été détestable avec moi. J'ai l'impression que notre petite joute verbale l'amuse et qu'il fait exprès pour me faire sortir de mes gonds. Quoique je ne sois pas certaine qu'il se force pour m'admonester et me juger. Ça semble lui venir si naturellement.

Ce mec est imbuvable et se comporte comme un mufle, sans oublier son air menaçant qui freinerait n'importe qui de l'approcher. Est-il ainsi uniquement avec moi ? Alors, pourquoi a-t-il passé son bras autour de mes hanches ? Et pourquoi est-ce que ses lèvres sont-elles dans mon cou ?

Je sursaute lorsque je les sens bouger. Ses yeux sont toujours fermés, mais son petit sourire railleur ne laisse aucun doute ; il est réveillé.

Qu'est-ce qu'il fiche ? Ça chatouille, bordel ! J'ai toujours été sensible à cet endroit. Je remue ma tête pour qu'il cesse son petit jeu, mais il accentue la pression de ses lèvres contre mon épiderme.

- On est chatouilleuse, à ce que je vois, me chuchote le biker à l'oreille. Si tu ries, tu vas réveiller tout le monde.

- Alors, arrête, je réplique, furieuse d'être prise au piège.

- D'accord.

Quoi ? Il obéit ?

Au lieu de retirer ses lippes de ma peau, il l'aspire silencieusement. Ça semblait trop beau pour être vrai !

Je lui donne une tape sur l'épaule pour lui signifier que c'est assez et, la seconde suivante, sa bouche est à la hauteur de la mienne.

- Qu'est-ce que tu fiches ? je lui demande, sur les nerfs.

- J'ai senti ton corps se frotter à moi toute la nuit, alors je n'ai pas pu m'empêcher de profiter de quelques instants pour respirer le doux parfum de tes cheveux.

- Et le suçon, c'était pour quoi ?

- C'est une promesse, bébé ! Celle qu'un jour, ton joli corps sera sous moi.

Quel mec arrogant ! Il vient de m'inviter à coucher avec lui, n'est-ce pas ? Il mériterait un coup qui le rendrait stérile pour le reste de ses jours.

- Alors là, tu rêves ! je rétorque. Je ne couche pas avec les abrutis crâneurs et imbus d'eux-mêmes.

- Moi non plus !

Il fait exprès ou quoi ? Ce doit être l'humour à la Gabin. Et moi qui croyais qu'il n'avait aucun sens de l'humour !

Une sonnerie me fait tressaillir. C'est mon téléphone qui doit se trouver sur la table du salon.

- Merde ! je peste. Je vais être en retard.

- Où ça ?

- Au travail. Je suis déjà sur la corde raide.

- S'ils te renvoient, tu viendras travailler avec nous, ricane Gabin.

- Sauf que je te rappelle que votre précieuse distillerie vient de flamber.

- Je ne parlais pas de là...

Le souvenir des danseuses de leur club me revient et, outrée qu'il ait pu songer un seul instant que je puisse exercer ce travail, je me redresse.

- Je préfèrerais ramasser les ordures que de danser pour des déchets comme toi, je lui crache.

J'ai vraiment postillonné sur lui car, horrifiée, je le vois essuyer sa joue.

- Je préfèrerais échanger ma salive avec toi autrement, bébé, plaisante-t-il.

J'écarquille mes yeux d'horreur. En fait, je ne sais plus si je dois rire ou pleurer. La veille, il m'engueulait et, aujourd'hui, il me parle de rapprochements physiques. Est-ce qu'il a perdu la boule ? Sans doute.

Je me lève et passe sous la couverture de la tente. Je saisis mon téléphone et m'enferme dans ma chambre. Je prends une bonne inspiration, puis j'appelle Audélie afin de m'excuser pour mon comportement. Elle répond immédiatement, à mon grand soulagement, et accepte de revenir garder les enfants. Je la remercie tout en priant pour qu'elle arrive à temps.

Je passe ensuite par la salle de bain et m'habille d'un pantalon noir et d'un petit veston beige. Je brosse ensuite ma longue tignasse toute emmêlée (oh mon Dieu ! Gabin m'a vue ainsi !) et les attache en vitesse. Me voilà prête.

Lorsque je reviens au salon, les bikers sont réveillés et ramassent les couvertures. Charlotte a l'énergie d'une pile électrique et crie : « Libérée, Délivrée ! » en dansant.

- Ma puce, tu devrais aller t'habiller, lui conseillé-je. Audélie arrive bientôt.

- Pourquoi ?

- Parce qu'on ne garde pas son pyjama en plein jour.

- Pourquoi ?

Lorsqu'elle commence à répondre sans cesse des « pourquoi », je lève les yeux au ciel et abandonne. Tant pis pour elle !

Je vérifie sur le moniteur si Théo dort toujours et, puisque ma marmotte n'est pas encore réveillée, je décide de le laisser se reposer. Il y en a au moins un qui va être en forme aujourd'hui.

- Nous partons, m'annonce Jonas. Nous avons hâte de constater les dégâts de la brasserie.

- Bonne chance, leur souhaité-je. Dites-vous que c'est seulement du matériel et qu'il n'y a aucun blessé. Une vie, c'est beaucoup plus important.

Aucun bien matériel ne remplacera jamais la présence d'un être cher. Je suis la mieux placée pour le savoir.

Gabin me fixe d'un drôle d'air, mais je l'ignore. A-t-il deviné que je parlais de James ?

Il tourne les talons sans même me dire au revoir. Quel sauvage, celui-là ! Les autres me remercient pour mon hospitalité et s'en vont rapidement, pressés, ce qui est tout à fait normal.

Il y a toujours un camion d'incendie, mais les pompiers semblent avoir rangé leur tuyau.

Je reste seule avec Charlotte, toujours aussi excitée, jusqu'à l'arrivé d'Audélie. Il y a un léger malaise au début, mais il se dissipe lorsque je lui explique que Charlotte n'a pas beaucoup dormi et de ne pas sauter sa sieste de l'après-midi ou elle se transformera en un charmant démon.

L'adolescente rit de ma comparaison et m'assure que tout se passera bien. Je pars donc au boulot, rassurée, mais encore épuisée. Un jour, la fatigue aura raison de moi.

La journée passe encore une fois rapidement et je veille à ne commettre aucune erreur. Nancy a de la jasette aujourd'hui, contrairement à moi qui somnole les yeux ouverts. Je suis trop distraite, mais je n'y peux rien.

Lorsque je reviens du travail, il est près de dix-huit heures. Je ne rêve qu'à mon lit, mais la journée est loin d'être terminée. Je dois faire le repas, laver les enfants, jouer avec Charlotte, lui lire une histoire, ranger la cuisine, faire un peu de lavage et finalement...je pourrai relaxer. Ou plutôt tomber raide morte dans mon lit.

Avant de rentrer chez moi, je ralentis devant la distillerie des bikers. De loin, elle ne semble pas très endommagée, mais lorsqu'on se rapproche, on remarque le mur gauche entièrement brûlé.

Quelques motos y sont stationnées et quelques bikers sortent de gros tonneaux d'acier inoxydable. Le seul d'entre eux que je reconnais, c'est Nathan. Je sors de ma voiture et le salut.

- Les dommages sont-ils importants ? lui demandé-je.

- Il y en a pour plusieurs milliers de dollars, me répond-il en soupirant, mais rien qui ne puisse être réparé. Nous devrons travailler d'arrache-pied afin de tout reconstruire le plus rapidement possible.

- Vous ne préférez pas vous...euh...vous installer ailleurs ?

Il secoue la tête.

- Marius tient énormément à cet endroit. Ce terrain appartenait à sa mère et puisque celle-ci nous a quittés, il refuse de vendre.

Dans ce cas, pourquoi ne comprend-il pas que, moi aussi, je veuille rester dans la maison de ma grand-mère ? L'héritage, c'est important.

- Sa mère faisait-elle partie de votre gang ? questionné-je, curieuse.

Il secoue sa tête de gauche à droite.

- Non, mais je n'en sais pas plus. Tu devrais lui poser la question.

Sûrement pas ! Je devine que ce doit être un sujet délicat. Ça l'est toujours pour les gens qui perdent un membre de leur famille.

- Bon, je dois rentrer, je l'informe. Audélie doit avoir hâte de retourner chez elle.

- Pas de problème. Repasse quand tu veux.

Je hoche la tête et me retourne, mais il m'appelle :

- Maisie ! Je voulais savoir...euh...si tu aimerais venir au restaurant avec moi mercredi soir. Je connais un endroit sympa pas très loin d'ici.

Il me prend de court.

Nathan est vraiment un bel homme et il est sympa, mais il ne m'attire pas. Pourtant, il a tout pour plaire : son charme, sa belle gueule, sa gentillesse.

Néanmoins, il lui manque un petit quelque chose que je n'arrive pas à identifier. Suis-je devenue si difficile depuis la mort de James ? Je l'ignore. Peut-être que quelque chose cloche sur moi.

- Euh...merci, mais je ne peux pas cette semaine.

- Je comprends. Une autre fois, peut-être ?

Qu'est-ce que je lui réponds ? Je ne veux pas lui faire de peine.

- Je ne suis pas sûre...

- Juste en amis pour apprendre à se connaître. Et si nous développons quelque chose, on verra par la suite, qu'en dis-tu ?

- Je...je ne suis pas prête à fréquenter quelqu'un, que ce soit amical ou pas, je réponds. Je suis sincèrement désolée, mais avec les enfants, c'est difficile et je n'ai pas encore fait mon deuil.

- D'accord. Je vais attendre que tu sois prête, dans ce cas.

Il est borné ou quoi ?

Je hoche toutefois la tête et pars avant que ce soit encore plus embarrassant.

Ma réponse était à-moitié vraie. J'hésite à rencontrer un homme parce que je ne suis pas certaine qu'il apprécierait que j'aie une famille. C'est quelque peu rebutant pour un mec de devoir partager une femme pour qui ses enfants sont toute sa vie. Je ne pourrais hélas jamais le faire passer avec eux. Ce sera difficile de trouver un homme qui le comprendra.

Lorsque j'arrive, Charlotte, Théo et Audélie regardent un film. Je paie la gardienne, puis nous mangeons des macaronis au fromage, faute de temps.

Une fois le repas terminé, les enfants prennent leur bain, puis Charlotte et moi jouons à un jeu de société pendant que Théo se promène à quatre pattes dans la maison. Je dois constamment le surveiller du coin de l'œil, car il porte tout à sa bouche. J'ai toujours peur qu'il mange quelque chose et s'étouffe avec.

Je couche les enfants vers dix-neuf heures, puis me laisse choir sur le fauteuil.

J'ai mal partout, aux yeux, à la tête, à la mâchoire. Je rêve d'un bon petit jacuzzi. Malheureusement, je devrai me contenter d'une douche rapide si je veux me coucher avant vingt-deux heures.

Je fais ensuite une brassée de lavage, range la cuisine et me lave.

Toutefois, on sonne à la porte alors que j'éteins les lumières. Je crains que les truands de l'autre jour ne soient revenus.

La sonnette retentit à nouveau et j'ose un coup d'œil par la fenêtre.

Deux hommes vêtus avec classe attendent dehors. L'un d'eux tient une mallette dans ses mains tandis que l'autre, en retrait, regarde sa montre, impatient.

Mais qui sont ces types ? Notaires, comptables, journalistes ?

Je décide d'ouvrir.

- Bonjour, me salue l'homme qui tient la valise. Désolé de vous déranger à cette heure, mais je devais vous remettre ceci.

Il me tend un paquet de feuilles.

- Qui êtes-vous ? lui demandé-je. Et pour quelle raison me remettez-vous ceci ?

- Je suis huissier. Et ceci est votre avis d'expulsion.

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