Addicted to you-TOME 1- Chapitre 19


     Gabin

Jonas et moi sortons de la maison et courons vers la remise. J'aperçois de la fumée noire s'échapper au-dessus de la bâtisse. Je n'espère qu'une seule chose : que notre précieuse distillerie soit épargnée.

Dehors, Marcus, Nathan et Austin nous y attendent déjà.

- Nous n'avons rien vu aller, me dit le chef d'un air furieux. Nous prenions un verre, puis nous avons entendu une explosion. Nous n'avons même pas eu le temps d'aller vérifier ce qui se passait que tout l'entrepôt était déjà rempli de fumée. Nous n'avons même pas pu descendre au sous-sol afin de sortir l'alcool de là.

- Hé merde ! m'exclamé-je. Si les flammes atteignent la cave à bière...

Alors là, nous aurons droit à un putain de beau feu d'artifice !

Je jette un regard vers la maison de Maisie. Est-elle assez éloignée ou est-ce préférable de les évacuer ? Je n'ai pas le temps de m'attarder sur la question que les pompiers arrivent déjà. Quelle chance d'avoir un ami qui travaille parmi eux ! C'est beaucoup plus rapide que de passer par le service d'urgence téléphonique.

- Salut, Chad, je lance au pompier.

Je lui explique les faits pendant que ses collègues sortent le matériel. Il fronce les sourcils.

- L'origine semble suspecte, affirme-t-il. Lorsque le feu sera éteint, nous pourrons vérifier ce qui l'a déclenché.

Je hoche la tête pendant qu'il rejoint les autres pompiers.

Un coup de tonnerre me fait tressaillir et, quelques secondes plus tard, la pluie se met à tomber. Nous sommes immédiatement trempés.

- Quel temps de merde ! s'exclame Austin en frottant ses bras pour se réchauffer. Comme si on avait besoin de ça !

- En réalité, c'est peut-être ce qui sauvera notre brasserie, alors arrête de geindre, lui dit Marius.

Il n'a pas tord. L'averse aidera les pompiers à éteindre l'incendie, surtout si elle reste aussi forte que présentement. On ne voit que dalle tellement le rideau de pluie est opaque !

- Nous en avons pour un bout de temps, m'informe Chad. Vous devriez vous abriter. Je ne crois pas que rester dehors par ce temps soit une bonne idée.

Puisque nous sommes venus en moto, il ne reste qu'une option. Marcus et moi échangeons un regard et je devine immédiatement à quoi il pense.

- Tu crois qu'elle dort ? me demande Jonas en parlant de Maisie.

- Un incendie a lieu à quelques mètres de chez elle. Penses-tu réellement qu'elle soit capable de fermer l'œil ?

- Dans ce cas, dit Marius, peut-être acceptera-t-elle de nous accueillir en attendant que les pompiers fassent leur travail.

Ou peut-être nous chassera-t-elle à coup de balai. Ça vaut toutefois le coup d'essayer.

- Allons voir, annoncé-je en croisant les doigts.

En tout, nous sommes dix bikers à avoir besoin d'un endroit où patienter.

Je frappe à la porte de sa maison et celle-ci s'ouvre immédiatement.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi y-a-t-il autant de fumée ? demande-t-elle avant que je n'aie pu placer un mot.

- Le hangar est en feu, lui répond Marius. Nous ignorons encore comment cela s'est produit. Excepté Nathan qui se trouvait à l'extérieur pour patrouiller.

Il se tourne vers le biker en question.

- Tu es sûr de n'avoir rien vu de suspect ? interroge-t-il.

- J'en suis certain. Je n'ai rien entendu et tout paraissait normal.

- Au moins, personne n'est blessé, conclut Maisie.

- Penses-tu que nous pourrions...euh...attendre ici ? lui demande Jonas. Nous n'avons nulle part où nous abriter.

Je vois qu'elle hésite un peu mais, probablement parce que c'est Jonas qui le lui a demandé, elle finit par accepter.

- Ne réveillez surtout pas les enfants, nous prévient-elle, mais c'est surtout moi qu'elle fixe.

Je hausse les épaules en faisant semblant de ne pas saisir son allusion. C'est tellement plaisant de la contrarier ! C'est devenu mon passe-temps préféré.

- C'est joli, chez toi, la complimente Nathan en lui souriant de toutes ses dents.

Quel lèche-cul, celui-là !

- Merci, lui dit Maisie en lui retournant son sourire.

- Ce papier-peint est très...artisanal.

Il veut sans doute parler de cette affreuse chose qui orne les murs du corridor.

- Tu t'enfonces, mon gars, je lui chuchote à l'oreille afin que lui seul m'entende.

Il me lance un regard noir.

- C'est ma grand-mère qui l'a posé il y a quelques décennies, lui répond la jeune femme. J'attends d'avoir une minute pour l'enlever.

- Ah...

Je lève les yeux au ciel.

Mes potes prennent place sur le canapé et d'autres s'assoient sur la moquette tandis que je me dirige vers la cuisine pour un deuxième refile de café.

À ma plus grande satisfaction, Maisie me suit.

- As-tu une idée de ce qui s'est passé ? me demande-t-elle alors.

Je remarque le liquide noir dans sa tasse. Il faut croire que c'était sa seule solution pour ne pas plonger dans les bras de Morphée. Toutefois, elle semble encore plus sur les nerfs qu'avant.

- Je suis sûr que les vauriens que nous avons vus rôder l'autre jour y sont pour quelque chose, réponds-je.

Elle hoche la tête, signe que ma théorie tient la route.

- Qu'allez-vous faire ?

- Pour l'instant, nous attendons de savoir si on pourra réchapper quelque chose de la bâtisse. J'espère que les pompiers la sauveront.

Elle ne répond rien, mais prend une gorgée qui la fait tousser.

- Ça va ? je lui demande en lui donnant de petites tapes dans le dos. On dirait que la caféine passe mal.

Je l'agace, mais elle réagit en un quart de tour et se dégage.

- Habituellement, je le prends avec du lait, mais des idiots ont fini ma dernière pinte.

- Quels égoïstes ! je m'exclame en faisant semblant de ne pas comprendre. Il te reste toutefois une autre alternative, j'ajoute en fixant sa poitrine.

- Espèce de pervers ! rétorque-t-elle.

- Quoi ? Ce n'est pas ce que tu as fais la dernière fois ?

C'était lorsqu'elle nous avait apporté du café, à Jonas et moi, pendant que nous construisions son mur de chambre.

- C'était du lait en poudre !

- Ark ! J'avais remarqué que ce café était mauvais !

Elle secoue la tête de gauche à droite, apparemment découragée.

- Ce n'est pas grave, je le prendrai noir. J'espère au moins que tu as du sucre.

- Dans l'armoire, répond-elle en sortant de la cuisine.

Je dois vraiment apprendre à devenir sympa avec elle, sinon elle finira au lit avec Nathan...ou Jonas et c'est hors de question. Si quelqu'un doit toucher cette femme, ce sera moi.

Je me demande pourquoi je suis aussi possessif envers Maisie. Elle est attirante, mais pas au point de faire une crise de jalousie. Pourquoi, alors ?

Lorsque j'entends son éclat de rire provenant du salon, je décide de tout faire pour qu'elle devienne accro autant que le suis.

Deux heures plus tard, les pompiers contrôlent l'incendie, qui a considérablement diminué. Nous sommes tous plantés devant la porte patio, qui donne une vue sur la remise, et nous regardons attentivement les opérations. Maisie a fait du pop corn et j'ai l'impression que nous regardons un film d'horreur, surtout quand le bol passe de main et main.

Sauf que nous ne sommes pas au cinéma, mais dans la vraie vie. Et notre boulot est en train de partir en fumée.

- Si je trouve celui qui a fait ça, je jure qu'il ne vivra pas longtemps, peste Marius.

- Nous allons l'écorcher vif et...poursuivit Austin, mais une voix enfantine l'interrompt.

- Écorcher qui ? demande Charlotte.

Nous nous retournons tous d'un même mouvement et découvrons la fillette en robe de nuit illustrée « La Reine des Neiges » qui nous fixe de ses grands yeux céruléens.

- Euh...c'est juste une expression, ma chérie, répond Maisie en jetant un regard assassin à Austin, qui semble dans ses petits souliers.

Je retiens un éclat de rire.

- Est-ce que, moi aussi, je peux écorcher quelqu'un ? questionne Charlotte.

Mes potes étouffent une toux pendant que sa mère essaie de trouver une réponse.

- Tu devrais retourner te coucher, princesse, lui conseille Maisie. Le soleil n'est pas encore levé.

Je jette un coup d'œil à ma montre et réalise qu'il est quatre heures du matin.

- Mais j'ai plus sommeil, moi ! s'exclame la petite fille. Et pourquoi vous êtes debout, vous ?

- Parce que nous sommes de grandes personnes, répond Marius d'une voix radoucie.

- Moi aussi, je suis grande. Pas vrai, maman ?

- Tu vas devoir manger plus de croûtes si tu veux être aussi grande que Gabin, répond la jeune femme.

- D'accord.

Je souris à la fillette. Elle est si mignonne que j'en oublie l'incendie dehors.

- Aimerais-tu faire une cabane avec des couvertures ? lui proposé-je.

- Ouiii, crie-t-elle.

- Je vais vous aider, annonce Jonas. Je suis un pro des cabanes.

- Moi, aussi, dit Grégory.

Maisie sort alors de grandes couvertures que nous installons par-dessus les fauteuils et les chaises et que nous fixons à l'aide d'épingles à linge. À la fin de notre réalisation, on dirait qu'un château se dresse dans le salon.

- Wow ! fait Charlotte, éblouie par la construction improvisée. Est-ce que je peux dormir dedans ?

- Bien sûr, je réponds. Il y a de la place pour tout le monde.

Nous nous entassons donc dans la tente de couverture, à l'exception de Marius, trop angoissé à l'idée de perdre son gagne-pain. Il reste devant la fenêtre en se rongeant les ongles.

Les autres savent que, de toute façon, nous ne pouvons rien faire pour l'instant alors, quitte à perdre notre temps à stresser, nous préférons nous occuper en attendant le verdict.

Maisie semble exténuée et n'arrête pas de bailler discrètement, mais rien ne m'échappe la concernant.

Je profite de l'étroitesse de la tente pour me coller contre son corps. Elle se raidit pendant un court instant, puis se détend en réalisant que je ne la mangerai pas. Du moins, pas cette nuit.

Tous les oreillers de la maison se retrouvent sous nos corps, ce qui rend notre abri plutôt confortable. Je m'allonge dans un coin pour laisser de la place à mon gabarit de géant. Toutefois, je ne lâche pas la jeune femme et elle se retrouve vite aculée entre la tente et moi. J'en profite pour me coller un peu plus contre son corps chaud en faisant semblant de m'étirer.

- Aie ! Tu es en train de m'écraser ! s'exclame Maisie en essayant de trouver un vide pour s'écarter.

- Ce n'est pas de ma faute si mon corps musclé prend toute la place, je plaisante.

- On dirait plutôt Obélix après avoir mangé un troupeau de sangliers, raille-t-elle.

Elle veut plaisanter ? Dans ce cas, allons-y ! Je n'attendais plus que ça.

- Tu es bien sûre ? la provoqué-je. Je crois que tu as besoin de lunettes. À moins que tu ne veuilles toucher...

Ses pommettes se teintent immédiatement. J'en conclus que je lui fais de l'effet, sinon elle ne serait pas aussi mal à l'aise.

- Je...euh...bafouille-t-elle.

- Poussez-vous un peu, l'interrompt Marius en me donnant un coup de coude dans le dos.

Il vient d'entrer dans la tente et les autres se pressent pour lui faire de la place.

- Que se passe-t-il ? lui demandé-je.

- Le feu est enfin éteint, répond-il.

Nous poussons tous à l'unisson un soupir de soulagement.

- La pluie n'a cependant pas cessé, avise-t-il. Gabin, veux-tu appeler ton pote le pompier pour lui demander ce qu'il en est ?

Je hoche la tête, puis passe l'appel. Chad me répond qu'ils ont réussit à sauver le sous-sol, mais que tout le premier étage y est passé. Ils n'ont pas complètement terminé leur travail et il me suggère d'attendre encore une heure ou deux avant d'approcher. Ils doivent inspecter le bâtiment pour s'assurer que la structure n'est pas trop endommagée. Il ne manquerait plus que la bâtisse ne s'écroule.

- Parfait et merci pour ton aide, je réponds.

- De rien, Gabin. Bonne chance pour la suite.

- Merci.

Je raccroche et annonce à mes frères :

- La bonne nouvelle, c'est que le sous-sol est intact. La mauvaise, c'est que l'entrepôt et la brasserie sont lourdement endommagés.

Marius jure entre ses dents et Jonas secoue la tête avec tristesse.

- Nous allons avoir du pain sur la planche pour remettre la distillerie en état, dit Austin.

- Mais avant, il faut attraper les malfaiteurs, souligne Marius. Ensuite, nous nous occuperons des lieux.

Tous approuvent et nous décidons de faire un petit roupillon avant d'aller constater les dégâts.

Je me serre davantage contre Maisie tandis que sa fille s'est déjà endormie contre mon flanc droit.

Je soupire de bien-être et profite du corps de la jeune femme à mes côtés.

Dorénavant, je devrai faire attention, car je pourrais m'y habituer...

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